3Puyazos : une Feria par et pour les aficionados
3Puyazos : une Feria par et pour les aficionados
Il est un coin d’Espagne où les aficionados se sont pris en main pour organiser une Féria qui correspond à leur philosophie de la tauromachie. La France est un modèle pour eux et l’association des 3Puyazos recueillle en son sein quelques uns de nos compatriotes. Une philosophie bien définie, un engagement financier, qui les rend indépendants mais aussi fragiles, une démocratie participative, tels sont les trois piliers sur lesquels repose la feria des aficonados qui se déroule à San Agustin de Guadalix les 26 et 27 avril prochains. Cette année sera la quatrième édition.
Tertulias a rencontré Alberto Palacios (président)et Serge Villetorte (membre) afin de mieux connaître 3Puyazos et sa feria à la connotation très torista
Tertulias : « Qui sont les fondateurs de l’association 3Puyazos? »
Alberto Palacios : « L’association a été créée à Madrid en juin 2020 en pleine pandémie de la COVID. Quand nous avons créé l’association nous étions dix membres fondateurs. Petit à petit nous ont rejoints des aficionados venant d’horizons divers, dont Serge et les aficionados de Parentis. Le nombre des membres de l’association a augmenté petit à petit. Pour la première feria en 2021, nous étions 42. A ce jour, nous sommes 59. »
Tertulias : « Pourquoi avez-vous créé cette association ? »
Alberto Palacios : « Nous l’avons créée parce que nous étions « fatigués » par les festejos qui nous voyions dans la majorité des arènes espagnoles. Le modèle français d’organisation avec les commissions taurines et les clubs taurins organisateurs nous plaisait beaucoup. Les modèles de fonctionnement de Parentis, Céret et Vic nous intéressaient. On ne retrouve pas ce modèle en Espagne. Nous avons donc décidé de créer une association d’aficionados dont la philosophie est de positionner le toro comme protagoniste du spectacle et de mettre en avant sa lidia et en particulier le tercio de varas. En Espagne ce tercio est devenu de moins en moins important lors des corridas. Nous souhations créer un spectacle comparable à celui qui se déroule dans certaines arènes françaises. C’est pourquoi nous avons décidé de créer 3Puyazos. »
Tertulias : « Comment a réagi le monde taurin ? »
Alberto Palacios : « Nous n’avons pas de contact avec l’organisation « empresariale» espagnole. Nous pensons qu’il ne nous aime pas beaucoup parce que nous représentons une fiesta que ces organisateurs ont dénigrée pendant de nombreuses années. J’imagine que cela ne leur plait pas qu’un groupe d’aficionados se réunissent pour faire ce type de travail. De manière directe, nous n’avons jamais entendu quelqu’un du monde taurin s’exprimer sur le projet. Nous avons surtout entendu les paroles favorables de ceux qui sont venus à notre feria. Mais nous pensons que nous ne sommes pas particulièrement appréciés dans le monde professionnel. »
Tertulias : « Qu’est-ce qui vous a amené à organiser une feria de l’aficionado ? »
Alberto Palacios : « La première année, nous avons organisé une seule journée, avec une novillada le matin et une corrida l’après-midi. La seconde année en 2023, nous pensions faire la même chose. Mais nous avons eu la possibilité de faire lidier une corrida de Miguel Reta. Nous avons accepté la proposition du ganadero et avons organisé une corrida supplémentaire. Quand nous avons vu comment les gens ont réagi, nous en avons conclu qu’il était plus facile de mobiliser le public extérieur à Madrid , les Français notamment, pour une feria de deux jours avec trois spectacles que pour une seule journée. Le risque économique est plus fort, mais le résultat est meilleur.
Cette formule sur un samedi et un dimanche est la meilleure. Nous la maintenons donc cette année. Je pense que les aficionados qui viennent de loin apprécient également de pouvoir aller voir une corrida torista intéressante le dimanche après-midi à Madrid. D’ailleurs, nous pensons que Madrid a fait sa programmation pour attirer les aficionados qui viennent à 3Puyazos. »

Tertulias : « Pourquoi avoir choisi San Agustin de Guadalix ? »
Alberto Palacios : « Nous avons choisi San Agustin tout d’abord pour sa proximité de Madrid. C’est une arène avec une capacité raisonnable (2500 places), adaptée à un spectacle de ce type. Colmenar Viejo qui a une plaza plus grande et mieux équipée est trop grande. Pour nous , il était aussi important que la mairie soit en faveur du projet.
Nous sommes, en tant que club taurin, indépendant au plan financier, nous n’avons pas d’aide de quelque type que ce soit. Nous avons besoin d’une mairie « amie » qui nous aidera au moment de préparer la plaza ou pour régler tous les problèmes que nous pourrions rencontrer. Il est difficile de monter une féria dans un village politiquement instable dans lequel nous aurions du nous battre pour avoir les arènes. San Agustin et son environnement nous permet de maintenir et consolider notre projet.
Le Maire et le conseil de San Agustin nous ont appuyé dès le début du projet. Tout le monde en Espagne pensait que ce projet serait compliqué à mettre en œuvre et ce fut bien pour nous de rencontrer un maire qui y a cru.
L’arène a des qualités et des défauts mais elle est près de Madrid, de la route principale. Même s’il n’y a pas d’hôtels, il y a de bons restaurants qui permettent aux aficonados de partager des moments de convivialité dans de bonnes conditions. »
Tertulias : « Serge, vous êtes un groupe de français à vous être associés à cette aventure. Pourquoi l’avoir fait ? »
Serge Villetorte : « Ce qu’il faut savoir, c’est que si nous nous sommes faits exclure de la conduite des affaires taurines à Parentis en 2020, nous étions un certain nombre à avoir une expérience en la matière en organisant des novilladas depuis plus de quinze ans. Nous nous sommes retrouvés sans projet. Le projet collectif étant mort sur Parentis, certains d’entre nous avons décidé de s’intéresser à ce qui se passait à San Agustin. Bien entendu, l’intérêt était réciproque et 3Puyazos savait ce que nous pouvions amener en matière d’expérience de l’organisation. Nous avons travaillé autour du projet et on a décidé de s’investir dans 3Puyazos. Nous sommes un dizaine à être devenus socios de ce club taurin. »
Tertulias : « Comment s’est faite la connexion ? »
Serge Villetorte : « Elle s’est faite à la sortie d’une corrida de Vic Fezensac. Nous nous sommes rencontrés et avons discuté avec Alberto. 3Puyazos avaient déjà pris contact avec Céret, Vic. Les choses se sont faites au fur et à mesure et j’insiste sur le fait qu’il s’agit d’une démarche purement individuelle, hors ADA Parentis. »
Tertulias : « Comment choisissez-vous les toros et les toreros ? »
Alberto Palacios : « Le club fonctionne de façon démocratique. Un premier vote des socios établit une pré-liste des ganaderias. La commision Campo, fait un tour des différentes ganaderias pré-désignées. La commission rapporte aux socios ce que proposent ces élevages. A partir de ces informations, l’assemblée de tous les socios se réunit. La commission présente le bilan de ses visites au campo. Les socios votent alors pour les ganaderias qui ont leur préférence. »
Serge Villetorte : « Nous sommes 59 socios. Chaque toro, chaque élevage est choisi par le vote des socios et chaque voix compte. C’est empirique comme système mais c’est une forme de démocratie qui est très originale. »
Tertulias : « De la démocratie à l’anarchie, la frontière est très étroite, non? »
Alberto Palacios :« Le plus important, si on ne veut pas tomber dans l’anarchie, est de structurer le processus, de bien organiser le déroulement de ces votes. Tous les socios, nous avons la même information, compilée et présentée par ceux qui sont allés au campo. Avec le même niveau d’information, chaque socio est libre de choisir ce qu’il souhaite voir lors de la Féria. Les votes ont lieu lors d’une assemblée et les options qui remportent le plus de voix sont celles qui sont retenues. »
Serge Villetorte : « En fait, quand nous avons besoin de parler des élevages, chaque socio est susceptible de proposer un certain nombre de ganaderias. On va donc voir celles qui ont eu le plus de voix dans ce premier choix pour les visiter, faire le point sur la situation sanitaire jusqu’à la négociation. »
Tertulias : « Quelles difficultés avez-vous rencontré pour monter la première féria ? »
Alberto Palacios : « La première année nous n’avons pas eu de problème avec les ganaderos que nous avions choisis. Néanmoins, nous avons observé une différence quand la marque 3Puyazos a été plus connue. Les ganaderos sont devenus plus ouverts à travailler avec nous. Pour la première année, tous les ganaderos que nous avons contactés comme Raso de Portillo, Prieto de la Cal, Valdellan et Peñajara étaient ouverts à la discussion. Ce sont des éleveurs qui ont les mêmes valeurs que nous.
Personne ne savait si l’expérience allait se solder par un désastre ou un succès. Le plus gros problème que nous avons rencontré est de faire en sorte que le projet soit viable économiquement. La première année, fut la féria la plus difficile au plan économique. Les arènes furent à moitié pleine et la journée taurine a été très déficitaire. »

Tertulias : « Comment financez-vous le montage de cette feria ? »
Serge Villetorte : « C’est très simple. Quand tu es socio du club taurin 3Puyazos, tu as une cotisation relativement importante. Pour pouvoir être socio, il y a une mise de départ de 1500 euros au pot commun. A partir de là, le projet a démarré avec des années très déficitaires au début . Petit à petit nous sommes en train de faire notre nid. Nous n’avons plus les mêmes difficultés. Mais il fallait au départ avoir les reins solides et s’arrimer pour se lancer dans un tel projet. C’est un projet de dingues. En même temps, c’est tellement enrichissant. »
Alberto Palacios :« Si en France, des partenaires locaux contribuent à sponsoriser la feria, ce n’est pas possible en Espagne. Il est difficile de trouver des personnes et entreprises qui veulent financer la tauromachie. C’est plus difficile chez nous que chez vous. »
Serge Villetorte : « Le travail sur le partenariat et le sponsoring au niveau des toros ce n’est pas du tout bien vu. Autant autrefois, il y avait des marques, qui finançaient -il y avait même des publicités sur les burladeros – autant aujourd’hui, cela ne se fait plus du tout. Il est difficile de convaincre un partenaire de donner 1000 euros en Espagne. Même ici, les toros n’ont pas bonne presse bien que ces évènements taurins ont des retombées économiques considérables sur les localités qui organisent des corridas. Cela se quantifie, nous l’avions fait à Parentis. »
Tertulias : « Ce sont donc vos cotisations et la billetterie qui financent les festejos. »
Serge Villetorte : « Tout à fait. Nous avons quelques partenaires. Mais cela repose essentiellement sur la taquilla. C’est une Aficion militante. Ceux qui viennent chez nous, font un acte militant. Par exemple, il n’y a aucune invitation y compris pour les professionnels qui viennent. Le système repose sur le fait que chacun paye son billet. »
Tertulias : « Il est souvent difficile de convaincre picadors et toreros de privilégier le premier tercio et une lidia éthique . Comment avez-vous procédé et y êtes-vous arrivés ? »
Alberto Palacios :« Quand nous votions pour choisir un torero, une des choses importantes que nous prenons en compte c’est de choisir des toreros qui ont de l’envie, qui ont faim de toréer. Ils doivent avoir une motivation suffisante en lien avec notre philosophie. Ils doivent faire dans le ruedo ce que nous avons envie d’y voir se dérouler. Quand un torero va à Céret, Orthez il connait la philosophie des organisateurs et ce qu’attend le public.
En France dans les arènes toristas, quand le picador pique mal, tout le public proteste. Ce travail pour 3Puyazos est encore à faire. Il important quand un torero vient à San Agustin, qu’il sache qu’il doit mettre en lumière le toro, le tercio de varas. Il est important qu’il mette en œuvre, notre philosophie. Avec les toreros qui actuent dans ce type de circuit, ce n’est pas trop compliqué à obtenir. »
Tertulias : « Et avec les picadors ? »
Alberto Palacios :« Pour les picadors, il est très important que leur comportement soit en phase avec nos attentes. Nous prenons contact et parlons avec tous les picadors avant le jour de la corrida par téléphone. Nous leur expliquons notre philosophie. A partir de cela, quand nous avons échangé avec tous, ils comprennent tous et sont en accord avec notre philosophie. Dans la plaza, certains restent en phase avec les échanges et les engagements pris au téléphone mais pas tous. Il est important d’avoir des picadors qui ont de l’aficion. Il y en a d’autres qui piquent comme « d’habitude » sans respecter notre philosophie.
Discuter avec les picadors le jour du festejo ne sert à rien. C’est pourquoi nous les contactons avant pour avoir plus d’effet et d’impact. Il est important que le matador donne des consignes à sa cuadrilla. Le picador est un sujet central mais très compliqué de notre projet. Nous mettons un prix de 300 euros au meilleur piquero de chaque festejo. On les met en évidence, en particulier en mettant leurs noms sur l’affiche, en les annonçant lors du festejo. Nous avons eu de bonnes expériences, et à chaque feria, l’un d’entre eux s’est illustré. »

Serge Villetorte : « L’an passé, cela ne s’est pas bien passé le samedi. Mais sur ces trois années, il y a toujours eu quelqu’un qui a joué le jeu, même si nous aimerions que tous le jouent. »
Alberto Palacios :« Cette année, nous organisons un desafio entre piqueros français et espagnols lors de l’encerrona de Damian Castaño. Cela devrait être spectaculaire. »
Tertulias : « N’êtes-vous pas déçus de voir des piqueros ne pas vraiment s’impliquer? »
Alberto Palacios :« On leur a expliqué la philosophie du club et les attentes des gens qui viennent à 3Puyazos. Nous sommes habitués à un tel comportement dans d’autres arènes. Nous autres, les aficionados de Madrid, à Las Ventas nous voyons les pires tercios de varas de toutes les arènes. Si c’est un peu mieux à San Agustin , c’est réconfortant. »
Tertulias : « D’où vient le public qui fréquente les arènes de San Agustin ? »
Serge Villetorte : « Nous en parlons très souvent avec Alberto. Le public qui vient à San Agustin est à l’image du club. Il y a des gens qui sont membres de 3Puyazos qui sont grecs, qui vivent au Danemark, qui sont à Murcia. Le public est un patchwork qui vient de toute l’Espagne et de France. Il y a énormément d’aficionados français. J’en vois beaucoup qui font le déplacement à San Agustin. »
Alberto Palacios :« Pour moi, il y a trois groupes. Le premier est constitué d’aficionados madrilènes qui vont habituellement à Las Ventas. Le second est un bloc très important qui a regroupé l’an passé plus de 400 Français. Et une partie qui vient des environs de Madrid et de toute l’Espagne. Il vient beaucoup de groupes du Nord, de Bilbao, de Castilla y Leon, de la Rioja, de Navarra, de Valencia, Castellon. En Espagne, c’est compliqué pour l’Aficion torista qui ne vit pas à Madrid. Il est difficile de trouver des festejos à sa convenance dans sa feria locale. La majorité des ferias sont majoritairement toreristas. Les toristas sont dispersés sur le territoire espagnol et sont frustrés par les spectacles qui leur sont proposés près de chez eux. Au final, ils vont aux fiestas toristas de France et à celle des 3Puyazos. »
Tertulias : « C’est un public fidèle ? »
Serge Villetorte : « C’est un public très fidèle. »
Alberto Palacios :« Nous avons l’avantage, et c’est bien un avantage, que 90 % des aficionados qui viennent à San Agustin reviennent. Nous venons de commencer la rénovation des abonnements. J’en ai parlé avec Emilia qui s’occupe de la taquilla qui m’a dit que quasiment tout le monde renouvelle son abonnement et en demande même d’autres. C’est vraiment un public très fidèle. »
Tertulias : « Quel est votre objectif pour l’édition 2025 ? »
Alberto Palacios :« C’est l’objectif de chaque année, et c’est le principal, celui de ne pas perdre d’argent. Je pense que 2025 pourrait être la première année où nous n’en perdrons pas. C’est possible car la fréquentation sera la meilleure que nous ayons jamais eue. Autre objectif important et que nous aurons chaque année, celui de maintenir notre philosophie du toro et de la liturgie de la lidia. En tant qu’aficionado, l’objectif est de voir des tercios de varas comme nous les aimons et de voir des toros encastés qui resteront dans notre mémoire d’aficionados. Chaque année nous avons eu des toros qui ont marqué la feria. La première année, un toro de Peñajara, la seconde un Dolores Aguirre. En 2024, ce fut la corrida de Dolores qui a été remarquable ainsi qu’un novillo de Isaias y Tulio Vasquez. Nous souhaitons ressentir et vivre l’émotion que prodiguent ces toros encastés.
Il y aura aussi un évènement très particulier avec l’encerrona de Damian Castaño. Nous souhaitons tous que ce soit un grand moment. Damian le mérite. C’est un défi risqué et généreux de sa part . Beaucoup de gens nous ont dit que c’était une folie. Nous souhaitons que cela se passe bien et nous revendiquons de programmer ce festejo. Il est difficile de trouver des toreros généreux avec le public et les toros. Nous devons les aider et leur donner leur chance. »
Tertulias : « Cristobal Reyes sera au cartel de San Agustin le samedi et confirmera son alternative le lendemain à Madrid . Est-ce un risque ou une opportunité pour San Agustin ? »
Alberto Palacios :«Nous n’en savons rien. »
Serge Villetorte : « Cela n’était pas prévu. Nous nous posons bien entendu la question. Sa prestation de Cenicientos est pour beaucoup dans le vote des socios de 3Puyazos. Il a été sollicité pour aller à Madrid, c’est autre chose. C’est un torero qui a faim de toréer. »
Alberto Palacios :« Il est clair qu’il ne peut refuser aucune opportunité. Nous savons que son engagement à Madrid est très important. C’est un torero habitué à combattre des toros très sérieux. Nous verrons s’il toréera en pensant à son contrat de Madrid. »
Tertulias : « Pourquoi une encerrona de Damian Castaño. Qui en a eu l’idée et qu’attendez-vous de ce festejo ? »
Alberto Palacios :« Nous sommes allés à un colloque du Club Taurin Cocherito de Bilbao. Damian était là et nous a dit qu’il allait m’appeler pour me faire une proposition. Damian n’avait pas encore triomphé avec les Dolores Aguirre. Il m’a contacté quelques jours plus tard pour me proposer l’’encerrona. »

Tertulias : « Comment s’est passée la sélection des toros pour ce solo ? »
Serge Villetorte : « Selon le même processus que pour le choix des autres toros. Damian nous a proposé son encerrona. Nous lui avons expliqué la manière de fonctionner que nous avions dans le club. Le choix des toros se fait avant et il est validé par les socios. Ensuite, et ensuite seulement, on parlera de l’encerrona. Nous avons choisi les toros qui nous convenaient chez Dolores Aguirre. Damian ne nous a adressé aucune demande particulière quant au choix du bétail. Nous avons fait ce que nous avons voulu. S’il y a un échec ganadero, ce sera notre responsabilité pas la sienne. »
Alberto Palacios :« A ce jour, Damian n’a pas vu la corrida. Il a simplement vu les photos que nous avons publié. Nous avons choisi en premier les toros et quand nous l’avons fait, nous n’avions pas encore décidé si nous faisions l’encerrona ou pas. Ce n’est qu’une fois les ganaderias annoncées, que nous avons choisi les toreros et validé l’organisation du solo. »
Tertulias : « Le dimanche, aura lieu un desafio international France-Espagne de picadors. Comment avez-vous choisi les picadors qui vont intervenir? »
Alberto Palacios : « Quand Damian a proposé son encerrona, nous lui avons dit que les cuadrillas et les picadors sont pour nous des acteurs importants. Le club a choisi cinq des six picadors. Nous avons proposé le contrat à certains picadors dont Alberto Sandoval qui est un très bon piquero. Nous avons pensé à Francisco Peña qui ne peut pas venir car il va toréer avec Manuel Escribano cette année. Javier Marin est le picador de confiance de Damian va toréer lui aussi toute l’année avec Damian et il sera présent à San Agustin. Le troisième espagnol sera Adrian Majada.
Côté Français , il y a Jean Loup Aillet qui a actué lors la Féria de 2023. Les deux autres français seront Gabin Rehabi et Luc Tosselo que nous avons vu à son avantage lors de la novillada de Barcial à Céret. Pour les autres festejos, chaque matador et novillero a choisi un picador et nous avons choisi le second pour compléter la cuadrilla. »
Tertulias : «Qui seront les sobresalientes ? »
Serge Villetorte : « Ce seront Aberto Pozo et Francisco Montero. »
Alberto Palacios : « Nous avons discuté avec les deux. En cas de blessure de Damian Castaño, ils alterneront pour assurer la lidia des toros restants. Il nous parait normal qu’ils puissent, si besoin, toréer tous les deux. Pour nous toréer, pour un sobresaliente , cinq toros seuls, comme l’a fait Alvaro de la Calle, à Madrid, c’est trop lourd. Nous en avons parlé avec le Président de la corrida. En cas de problème, souhaitons que non, le festejo se transformera en mano à mano. »
Tertulias : « Que sera pour 3Puyazos un feria 2025 réussie? »
Serge Villetorte : « Une feria où pour la première année nous gagnerons de l’argent. »
Alberto Palacios : «Serge..pas que nous en gagnions mais que nous n’en perdions pas! (rires)»
Serge Villetorte : « Nous ne sommes pas une entreprise de spectacles taurins. Ce que nous voulons, c’est avoir les moyens de reconduire notre feria et de développer ce projet dans lequel on est tous bénévoles. Nous voulons avoir les moyens de donner un futur à cette feria. Elle le mérite en particulier sur le domaine de l’éthique. »
Tertulias : « De manière générale, qu’espérez-vous de la feria au plan artistique? »
Alberto Palacios : « En premier, il nous plairait que les novillos Alicia Chico soient intéressants. Une des composantes de la philosophie de notre club est de faire connaître des ganaderias que l’on ne voit pas dans d’autres lieux. Cette ganaderia est vraiment la plus atypique de celles que nous présentons. Nous espérons que 3Puyazos lui ouvre des portes par exemple en France. Ensuite, pour le desafio du samedi, ce sont deux ganaderias (Prieto de la Cal, Cuadri) très romantiques avec deux ganaderos qui sont totalement dans la philosophie de 3Puyazos et des aficionados toristas.
Le samedi, la corrida est très bien présentée. Les deux ganaderos vont amener leur tête de camada. De ce desafio, nous attendons beaucoup. Les trois toreros sont des matadors jeunes. Ce ne sont pas des toreros typiques des corridas dures. Pour Luis Gerpe, ce sera la première fois qu’il sera chef de lidia. Pour Damian Castaño, je lui souhaite de récolter les fruits de sa générosité avec les toros et les aficionados. Ce sera la première fois qu’un matador s’enfermera seul face à une corrida de Dolores Aguirre. Notre succès, en tant qu’aficionado, sera de sortir contents des arènes. Comme le dit Serge, il est important de pouvoir survivre au plan économique, mais en tant qu’aficionados il est primordial de vivre des moments d’émotion. Nous voulons donner un shoot d’Aficion en particulier aux aficionados de Madrid en attendant la San Iisidro. »
Tertulias : « Quelle est la politique tarifaire?»
Alberto Palacios : « Ici, nous proposons des tarifs qui vus par les français sont économiques. En Espagne, normalement, les spectacles taurins sont moins chers qu’en France. Nous savons que nous ne devons pas proposer des tarifs à la française car les gens ne viendraient pas. Logiquement nous devrions afficher des prix plus élevés. On essaie de se mettre à l’équilibre avec des prix qui culturellement sont acceptables. »
Tertulias : « Peux-tu me donner trois raisons pour un aficionado d’acheter un billet pour cette Féria? »
Alberto Palacios : « Tout d’abord, elle est organisée par des aficionados. Les aficionados qui sont derrière cette organisation se préoccupent de tous les détails. Nous pouvons, et nous nous sommes déjà trompés, mais le soin et la passion avec lesquels nous préparons la feria diffèrent d’une grande empresa.
La seconde , c’est que nous allons voir un spectacle dont le protagoniste est le toro avec sa lidia complète. C’est aujourd’hui devenu rare. 3puyazos, la France torista, Cenicientos ou Vllaseca proposent une autre tauromachie très différente de celle de Nîmes ou Séville. Pour moi la tauromachie vraie est celle que nous vivons et proposons à 3Puyazos. L’autre c’est autre chose, un spectacle festif.
La dernière raison c’est, autour des arènes, une ambiance très aficionada. Nous croyons que beaucoup de gens qui viennent à San Agustin parce que c’est un lieu de rencontres entre aficionados. C’est un week-end où tu vas rencontrer des gens qui partagent ton aficion. Certaines années, ce qui se passe dans le ruedo sera plus ou moins bon mais tu es sûr que ce sera un moment avec une belle ambiance entre aficionados. Personnellement je vais à Céret principalement pour l’ambiance qui règne autour des arènes.
Je pense que ce sont trois raisons suffisantes pour venir à San Agustin de Guadalix »
Tertulias : « Un dernier mot peut-être? »
Serge Villetorte : « Je suis d’accord avec ce que dit Alberto. Je dirai que c’est notre marque de fabrique. Ce sont des aficionados qui organisent pour des aficionados. C’est vraiment notre slogan et notre raison d’être. Nous sommes dans ce concept. Nous n’avons pas d’ambition en dehors d’une ambition éthique sur pour nous, ce qu’est la tauromachie. En dehors de cela, notre objectif c’est de pouvoir recommencer en 2026 à organiser la cinquième et de continuer à amener quelque chose de différent et de continuer à nous améliorer. On le fait pour les aficionados et pour nous. Nous prenons du plaisir à le faire de façon bénévole. Mais nous le faisons aussi pour que les aficionados s’y reconnaissent et y prennent du plaisir. »
Alberto Palacios : « Quand nous avons commencé, la plupart n’avait pas d’expérience de l’organisation. Nous nous sommes appliqués et apprenons de nos erreurs pour ne pas les renouveler. »
C’est une bonne conclusion. Merci Alberto et Serge.
Rappel de la programmation de la feria de l’Aficionado
- 26 Avril
- Matin. Novillos de Barcial et Alicia Chico pour Miguel Andrades, Jesus de la Calzada
- Après-midi. Toros de Prieto de la Cal et Cuadri pour Luis Gerpe, Juan de Castilla, Cristobal Reyes
- 27 Avril
- Matin. Toros de Dolores Aguirre pour Damian Castaño en solitaire
Pour ceux qui veulent se rendre à cette Féria de San Agustin, les places sont en vente le renouvellement des abonnements a commencé le 03 février. La vente des nouveaux abonnements commencera le 03 mars, celles des places isolées le 31 mars. Ces réservations se font par internet sur le site : reservas@3puyazos.com ou par téléphone au 34 722 392 934 .

Propos recueillis par Philippe Latour et Thierry Reboul