Magie!
L’orage gronde, la pluie tant attendue depuis des semaines se met à tomber à grosses gouttes. Extatiques les spectateurs restent stoiques sous le déluge et à gorges déployées hurlent le nom de Daniel Luque. Le maestro de Gerena savoure, prend son temps et fait une vuelta trophées en main. Il a raison de savourer le bougre!
Profite Daniel, profite comme on jouit des saveurs d’un plat étoilé. Le bonheur se vit au ralenti !
Avec ce cinquième toro de La Quinta, cette encerrona bascule dans ce moment magique où le rationnel se fout le camp pour juste laisser les émotions prendre le pouvoir. N’est-ce pas aussi pour ça que nous allons aux corridas ? S’abandonner à l’exaltation de l’instant, laisser tomber toute logique, remiser au placard la moindre analyse, bref se sentir vivant l’espace d’un tour de piste.
Maître tacticien, maître technicien dans sa muleta même un charolais finirait par charger. Daniel Luque à l’apogée de sa carrière, en pleine plénitude sublime les qualités de chaque toro qu’il croise. En ce jour à Dax, la famille Conradi peut lui ériger une statue à l’entrée de la finca. Chaque muletazo est une invitation a embestir. Presumido finit par prendre le carton et ne plus arrêter de le faire avec cette charge très mexicaine des Santa Coloma d’outre atlantique. La piste n’était que boue lorsque l’ultime Sardinero fit sa sortie. Les deux partenaires n’en eurent cure et repartirent pour un pas de deux sans fin.
Dax en fête, ivre de pluie , d’enthousiasme pouvait exulter , et sans équilibre et sans mesure crier de bonheur et de joie!
« Luque, Luque, Luque » gueulait si fort l’arène que même jusqu’à la frontière, on avait compris qu’il se passait quelque chose de grand du côté du parc Théodore Denis. La magie nous entraîne dans un monde merveilleux où tout devient possible…
Garder dans un coin de la tête qu’un jour à Dax , nous avons vécu ce qui sera peut-être le plus beau jour de la carrière d’un torero , et que cela valait bien de perdre un peu la raison.
Philippe