Bayonne,corrida de Pedraza: Dorian Canton à hombros
Nouveau triomphe français à Bayonne avec la sortie à hombros de Dorian Canton lors de la corrida de l’avenir.
Un marathon, c’est un départ rapide, un passage à vide et un final à fond. La course de ce samedi a suivi le même schéma. Un départ avec des toros intéressants et des toreros qui au moins avaient quelques capacités. A l’équateur de la course, passage à vide avec des toros qui ne pouvaient pas et des toreros qui ne voulaient ou ne savaient pas. Le final avec un Dorian Canton motivé et en très grand progrès, qui est sorti vainqueur de la course.
Bien présentés, sans excès compte tenu de l’encaste, les Pedraza de Yeltès ont tenu leur rôle à la pique. Pas de grands tercios, mais ils sont venus au cheval avec une certaine bravoure et ont essayé de pousser le groupe équestre. Il leur a manqué du poder et pour certains de la force. A la muleta, ils ne permettent pas l’erreur. Ils ont un fond de noblesse pour certains (1er, 2nd, 6ème) et un manque de race pour les autres. Les meilleurs ont été les premier et sixième. En résumé une corrida de Pedraza en demi-teinte avec du bon et du moins bon mais toujours du danger en piste.
Morenito de Aranda a été un très bon chef de lidia. Il a lidié avec intelligence et classe l’intéressant premier. Malheureusement, comme d’habitude il a mal tué.
Sebastian Ritter, avec un bicho exigeant, a fait preuve de beaucoup de courage.
Daniel Crespo, avec un toro compliqué à gauche, aurait pu couper s’il avait bien tué.
Angel Tellez a fait piquer plus que de raison le plus toro du lot. Après il n’y avait plus rien à voir.
Juanito n’a pas les compétences pour résoudre les problèmes d’un Pedraza compliqué.
Dorian Canton a eu bon toro. Encore fallait-il le toréer. Le béarnais a franchi un cap depuis Aire sur Adour et Villeneuve de Marsan. Il a construit une faena intelligente, sincère et avec des muletazos élégants. Son estocade est un modèle du genre. Il est sorti à hombros après avoir coupé deux oreilles.
Fiche technique :
- Arène de Bayonne , 2ème corrida de la Féria de l’Atlantique.
- 6 toros de Pedraza de Yeltes pour
- Morenito de Aranda : salut (un avis)
- Sebastian Ritter : salut (un avis)
- Daniel Crespo : salut au tiers
- Angel Tellez: silence
- Joao Silva « Juanito »: silence (un avis)
- Dorian Canton: deux oreilles
- Treize rencontres pour douze piques, cavalerie Bonijol
- Salut de Azuquita au cinquième et Manolo de los Reyes au sixième
- Président : Georges Lecloux
- Public : moitié d’arène
- Météo : ciel bleu de fin d’été
Le reportage photos de Philippe Latour ⤵️
Toro à toro :
Morenito de Aranda attend le premier à porta gayola. Il le fixe par véroniques. Le toro pousse à la première rencontre. Il part du centre à la seconde et pousse. Le picador a relevé systématiquement le fer au contact. Début de faena à genoux, le Pedraza est noble mais manque de force. Il met la tête dans la muleta de Morenito. La deuxième série à droite est bien conduite.
Cite de loin, le toro vient bien et la série est sincère et templée. A gauche, le toro est plus exigeant, le torero aguante. Il baisse la main et le toro fléchit à la troisième passe. Aranda a su utiliser la noblesse du toro tout en gérant sa faiblesse ; Bonne série à gauche pour finir. Entrée à matar, l’épée résulte basse. Le toro tarde à tomber. Le puntillero le relève, Le torero s’y reprend à plusieurs reprises pour descabeller. Ovation au toro, salut au tiers
Le second est colorado haut et costaud. Au capote, il est réservé. Mal piqué, il part de loin et pousse à la première rencontre. La pique est trasera. Il pousse aussi à la seconde en partant du centre. Le toro est violent. Sebastian Ritter commence sa faena à gauche. Le toro a une charge très courte. A droite, il finit par mettre la tête mais s’arrête à mi-passe. Le torero s’applique. Cite de près à droite, il faut se battre pour lui arracher les passes. Le colombien finit par se faire bousculer. Le toro est compliqué et exigeant, le torero ne s’est pas échappé. Demie habile, deux descabellos et le toro finit par tomber. Palmitas au Pedraza et salut au tiers pour le torero.
Le troisième est le plus lourd de la course. Première rencontre, il soulève le cheval mais ne pousse pas vraiment. Il repart seul pour une seconde rencontre. Il ne pousse pas car il manque de poder. En début de faena, le toro est dans les planches. Daniel Crespo le met au centre. Le Pedraza est noble et répète avec du tranco. Deux bonnes séries à droite, sur un pecho le toro a averti le torero. Sur le suivant il lui vient droit dessus. La corne gauche est difficile. A droite il demande les papiers mais il passe quand même. Beaucoup d’application et d’envie chez le torero. Les trois derechazos suivants sont excellents. Toro et torero ont transmis une vraie émotion. Le torero pinche avant de mettre un demie en avant, puis une entière tombée. Palmas au toro, salut au tiers pour Daniel Crespo.
Le quatrième est le plus jeune, le plus léger mais le mieux armé de l’encierro. Première pique carioquée et sciemment trop forte, le toro ne pousse pas au début puis reste collé au peto. Il fléchit, puis prend un picotazo. Le Pedraza accuse le coup après ce tercio de varas. Le picador est sifflé. A droite, le toro n’avance pas et tombe. A gauche, c’est la même chose. Angel Tellez abrège et entre à matar pour un vilain bajonazo évidemment rapide d’effet. Sifflets à l’arrastre, silence pour le torero.
Le cinquième est le plus âgé de l’envoi. A un mois près il a six ans. Placé au centre, il ne part pas. Rapproché, il vient au cheval. Le piquero tombe le palo. La seconde est mieux gérée, le toro pousse un peu. Remis en suerte, il se défend à la troisième rencontre. Bien banderillé, Azuquita salue. Juanito met le Pedraza au centre. Premières séries à droite, le toro est réservé et court de charge. A gauche, le torero se fait désarmer au premier muletazo. Un peu électrique, le torero ne se croise pas ce qui n’arrange rien. Le Pedraza finit par partir aux planches. Pinchazos prudents, le portugais met une entière en place. Il peine à descabeller, le puntillero n’est pas plus efficace. Sifflets au toro, silence pour le torero.
Le dernier est pour Dorian Canton à qui le public est tout acquis. C’est un joli toro typé Garcigrande. Il est abanto.Il prend une très grosse première pique sans vraiment pousser. La seconde est plus légère. Bon quite de Morenito de Aranda auquel répond de belle manière Dorian. Deux belles paires de banderilles, Manolo de los Reyes est invité à saluer.
Début par doblones, Le toro est noble et répète à droite. Une bonne première série à droite, le béarnais toréé à gusto. Il tombe devant le toro, heureusement sans mal. Une autre série de derechazos avant de prendre la main gauche. Il y a beaucoup de finesse et de sincérité dans les enchaînements de naturelles. Le toro part aux planches où Dorian lui sert les derniers muletazos, dont de très bons derechazos, avant de prendre l’épée. Le torero s’engage pour une bonne entière efficace. Deux oreilles méritées, pour le jeune français, et palmas au toro.
Thierry Reboul
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