Madrid: les toreros pouvaient et voulaient plus que les toros.
Souvent les aficionados râlent parce que les toreros ont été en dessous du potentiel des toreros. Ce vendredi à Madrid, ce sont les toros d’El Pilar qui n’ont pas été à la hauteur de l’envie et des moyens des toreros. Hétérogènes de présentation, légers pour des Aldeanuevas, ils ont tous manqué de forces. Quelconque au cheval, ils n’ont eu ni présence ni chispa au troisième tiers. Fades et rapidement éteints ils ont offert peu d’options aux toreros .
Diego Urdiales s’est appliqué. Professionnel, il a fait ce qui était possible que ce soit avec le premier et surtout avec le quatrième.
Juan Ortega a été excellent à la cape. Avec le cinquième il a touché le plus mauvais toro du lot. Avec patience, intelligence et application, il l’a obligé à s’investir et en a tiré de très bons et beaux muletazos à droite . Il a bien tué à l’issue d’une faena un peu trop longue. Le second s’est vite éteint et ne permettait pas grand-chose.
Motivé, Pablo Aguado a réalisé les plus belles passes de cape de la soirée. Son début de faena au troisième est bon avec beaucoup d’allure mais le toro est allé, à menos. Le dernier manquait de forces et de race et aurait mérité une faena plus courte. Le sévillan n’a pas très bien tué ses deux toros.
Fiche technique
- Arènes de Las Ventas : quatrième corrida de la Féria d’Automne
- 6 toros de El Pilarhétérogènes de présentation mais justes de force et avec peu d’options pour
- Diego Urdiales : silence, silence
- Juan Ortega :silence (un avis), vuelta
- Pablo Aguado : salut au tiers, silence (un avis)
- Douze piques, cavalerie Garcia
- 20096 spectateurs selon les organisateurs
- Ciel laiteux
Voir le reportage photos de Philippe Latour ⤵️
Toro à toro
Le premier est léger mais bien armé. Juste de forces Il vient quand même deux fois au cheval avec envie. Mal piqué, il met les reins mais manque de poder et n’a pas la force de bouger le groupe équestre. Diego Urdiales le double et le met au tercio. Le toro est noble mais a peu de charge. Urdiales le torée par le haut à droite. Après une bonne série de derechazos, le torero prend la main gauche. Il ne se croise pas et le 7 le rappelle à l’ordre. Par la suite les naturelles sont d’un autre niveau. Progressivement ,le bicho part vers les planches et baisse de rythme. Forcément les derechazos finaux manquent de chispa et de transmission. Urdiales tue d’une entière un peu en avant. Silence pour le torero et pitos pour le toro.
Juan Ortega accueille le second par une très belle série de véroniques données avec temple .La première pique est trop longue pour un toro faible. La seconde est plus légère. Les doblones genoux ployés déclenchent les olés . Malheureusement le toro fléchit. Le torero toréé avec élégance mais le manque de forces et de mobilité du toro empêche toute émotion. Le Pilar s’éteint, s’avise à gauche et le torero ne peut rien faire de plus. Ortega prend l’épée mais pinche à la première tentative. Après avoir mis un tiers de lame, Ortega prend le descabello ce qui n’est pas du goût du public. Il reprend l’épée et place une entière basse et suffisante. Un avis et silence pour le torero et pitos pour le toro.
Bien que léger, le troisième est bien fait et surtout bien armé. Pablo Aguado le toréé avec finesse et suavité à la cape. Bien et joliment mis en suerte mais mal piqué le toro ne s’emploie lors de la première rencontre. Le quite du sévillan entre les deux piques est superbe Le public ovationne le torero., le second puyazo non. La faena commence par des doblones genoux ployés à droite. Le torero a envie et le premier tiers de la faena est à la fois élégant et intéressant avec des derechazos et naturelles sincères et avec une classe certaine. Malheureusement le toro va à menos et la faena perd de l’intensité. Pablo Aguado salue après une épée basse mais suffisante.
Le quatrième est lui aussi contesté. Il ne s’emploie pas au cheval. Le Pilar manque de charge. Il faut vraiment peser sur la passe pour qu’il aille au-delà de la demie passe. Diego Urdiales insiste à droite et finit par enchaînement deux ou trois derechazos dans lesquels le toro s’investit. Quand il prend la main gauche, le bicho est éteint. Urdiales est sincère, élégant même, mais le toro manque trop de transmission. Une quasi entière conclut une faena fade faute de toro. Silence pour le torero et pitos pour le toro.
Le cinquième est vilain et boite. Il est fuyard. On passe aux piques sans que le toro soit fixé. Mal piqué à deux reprises il tombe à la sortie de la seconde rencontre . Le 7 s’énerve. Début de faena avec un torero qui a bien plus d’envie et de classe que le toro. Muleta sur le museau , avec élégance et efficacité Juan Ortega signe une belle série à droite. Le toro manque de race mais les derechazos suivants sont beaux. A gauche, le Pilar passe mal,
Le toro devient parado et pense aux planches . Poco à poco, Ortega, avec patience, en tire deux bons derechazos. La dernière série n’apporte rien à la faena et manque d’intérêt parce que le toro est allé à menos. L’épée entière et un peu en avant est portée avec sincérité et engagement. Elle est suffisante. La pétition est importante mais le torero doit se contenter d’une vuelta pour cette bonne faena, avec une série de trop, face à un mauvais toro.
Le dernier est très typé Aldeanueva .Il est le seul toro à pousser un peu au cheval. Pablo Aguado le cite de loin pour la première série à droite. Le Pilar est noble mais manque d’alegria. Rapidement toro et torero s’éteigne. Un pinchazo, une petite demie, et trois descabellos termine cette corrida d’El Pilar de Madrid gâchée, comme celle d’hier par les toros d’El Pilar. Silence pour le torero.
Thierry Reboul
Corrida d’El Pilar de Madrid, vue et photographiée en barrera au tendido 4
Les novillos laissaient présager le pire, et les Pilar ont confirmé les craintes de programmer en fin de temporada des ganaderos qui ont beaucoup vendu, obliger de râcler les fonds de tiroir pour former des lots. Cela fait longtemps que le problème touche Zarqgoza pour sa feria, et même Madrid n’y échappe pas. Éternelles questions d’une Feria d’Automne qui programme sans originalité ganadera et des ganaderos qui vendent du réebus au prix fort d’un toro de lidia. Et pourtant, il y a de quoi faire en fréquentant un peu les chemins de traverse ganaderos, suivre l’actualité ailleurs, du côté du Portugal par exemple, et un peu plus bas dans l’Escalafton. Mais il faut préserver le « Systène » en pensant à la prochaine temporada, même quand on s’appelle Casas !