Et on se dit
Rion des Landes au mois de novembre.
Le soleil est sorti de sa tannière mais, malgré le réchauffement climatique, ce n’est pas l’été en automne. Au loin, l’odeur de la croupionnade avive le sens olfactif et réveille les papilles. Ca sent le café, le vin du matin. Ca parle, ça discute, ça se voit, ça se revoit .. Tous les visages de ceux qui ont traversé la temporada se retrouvent là pour une dernière sortie avant l’hibernation.
La fiesta campera de Rion, c’est une manière de fermer le livre de la saison, pour un moment de convivialité et de partage de notre passion, autour des toros et des toreros. Le charme des arènes en bois opère…C’est pas Versailles ici, mais on s’y sent bien! Côté toros, l’ambiance est à la bienveillance, le public réceptif, les oreilles généreuses sans que personne ne trouve rien à y redire.
Quand vient le moment de se séparer après le repas sous chapiteau, qui rassemble des centaines de personnes, on se dit de bon coeur « à l’an prochain » pour de nouvelles aventures…Oui mais cette année ce goût de la revoyure est un peu gâché par les incertitudes liées à cette proposition de loi du bobo animaliste et de son projet de civilisation du vivant!
La photo de fin se veut symbolique, et réconfortante. De l’est et de l’ouest du sud, petits et grands, jeunes et vieux, se regroupent pleine piste pour revendiquer l’attachement à nos valeurs sans avoir besoin de manier l’invective et l’insulte comme le camp d’en face sait si bien le faire. Le camp d’en face ? En fait au fond de nous on s’en balance et tamponne la coquillette car on ne revendique rien d’autre qu’on nous oublie et nous laisse tranquille!
Je n’ai personne à convaincre, et encore moins ceux qui ne veulent rien entendre. Ce monde est bien malade, pas parce que la corrida existe et perdure. Non bien au contraire ! Je ne veux pas de ce monde aseptisé, incolore et indolore. Un vrai déni de notre évolution (mais faudrait-il encore ne pas réfuter le rôle capital de la consommation de viande dans le processus de celle-ci). L’anthropomorphisme de Walt Disney, non merci!!! Et que dire quand la défense du vivant à tout prix comme seule solution de sauvegarde de notre planète fait dire (ou plutôt écrire) au député de la république Caron ce genre de propos :
- Humain, je crois que j’ai cessé de t’aimer. Tes qualités, si peu exploitées, ne suffisent plus à compenser tes tares rédhibitoires au premier rang desquelles je place la stupidité. Car tu es désespérément idiot (Vivant, p. 21).
- Tous les viandales* ne sont pas des salauds, mais tous sont des assassins (…) L’éleveur, le boucher et le mangeur de viande sont des assassins » (Vivant p. 161-162). *(contraction de « viandard »et de « vandale » pour ceux qui ne savent pas)
- « Imaginez que vous devez choisir entre sauver la vie de votre animal (chien, chat ou poule) et celle d’un humain (…) En ce qui me concerne, je sais qu’il n’y a quasiment aucune chance que je choisisse de sacrifier l’un de mes chats plutôt qu’un copain, un collègue ou, a fortiori un inconnu (…) Tout simplement parce que je les aime plus, et qu’eux aussi m’aiment plus »[p1] (Vivant p. 185).
Je ne sais s’il faut en rire ou en pleurer. Se mettre en colère serait faire trop d’honneur à l’auteur de telles inepties. Au fait, que faudra t’il leur dire à nos toutous et à nos minous, quand leurs croquettes et leurs pâtés se feront à base de tofu?
Mais je m’égare et m’éloigne de cher petit village landais. Alors oui cette année, on a gardé le sourire que la matinée au goût de tous, avait mis sur les visages. On a refait le monde autour d’un plat roboratif. On a parlé de la prochaine temporada et on s’est donné rendez-vous pour la prochaine sortie taurine.
Et en attendant le 24 novembre*, on s’est dit comme on se dit chaque année « à l’an prochain »!
*date d’examen de la proposition de loi
Philippe
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