Gamarde, la belle aventure continue.
C’est à Gamarde qu’a lieu la première corrida de la temporada française. Tertulias a rencontré François Lassalle, le président de la Peña Gamardaise. Avant de nous parler de la corrida de 2023, François nous a raconté l’histoire de la tauromachie espagnole dans ce village de Chalosse.
Tertulias : « Depuis quand sont organisées des corridas à Gamarde ? »
François Lassalle : « C’est la 8ème corrida que nous organisons. Effectivement, on a commencé en 2015 mais il y a eu le COVID entre. Nous avons créé la Peña en 2014. Un soir, après un repas entre amis, nous avons pris la décision de monter une corrida chez nous. On était une dizaine d’amis. Après que deux d’entre nous aient lancé l’idée, la décision a été prise. »
Tertulias : « Est-ce qu’il y avait déjà eu des corridas à Gamarde ? »
François Lassalle : « Monsieur Gomez, qui habitait le village, avait monté il y a quelques années avant, une corrida puis une Fiesta Campera. »
Tertulias : « Comment s’est déroulé le début de cette aventure ? »
François Lassalle : « C’était en 2014. On est parti tout doucement. On en a discuté. Bien entendu, il fallait mettre la main à la poche parce qu’une corrida, ça ne se monte pas comme ça. On n’avait aucune connaissance. Parmi nous, il y avait Patrick Brethes qui connaissait la corrida et qui était ami avec Thomas Dufau. Thomas a accepté de nous aider et nous voilà partis pour monter un premier spectacle Il nous a mis en contact avec Juan Leal et son apoderado Maurice Bérho. Eux aussi étaient prêts à nous donner un coup de main.
On était fin 2014 et nous avons fait la corrida le 30 mai 2015. Tout s’est monté en moins de quatre mois. Nous sommes partis au Portugal pour aller chercher les toros. On a rencontré un jeune, Manuel Dias Gomes, qui voulait prendre l’alternative. Nous avons été reçus par la télévision dans les Arènes de Lisbonne. Cela a été une belle aventure. La première corrida a été un succès avec un bon remplissage des arènes. »
Tertulias : « Qu’est-ce qui vous a conforté dans votre décision ? »
François Lassalle : « Ce qui a aidé notre décision, c’est aussi le fait qu’on avait la structure pour, avec des arènes couvertes, une salle de réception juste à côté. Donc on avait à la fois la garantie de pouvoir faire la corrida quel que soit le temps, et d’assurer des repas dans de bonnes conditions. C’est ce qui nous permet de nous positionner au mois de mars. Nous sommes la première corrida de la Temporada française.
On peut remercier l’ancien maire de Gamarde, Monsieur Cazaux, qui a fait, il y a quelques années un travail énorme pour doter le village d’une structure taurine de très bon niveau. Ces arènes ont été montées par des bénévoles. Le fait d’avoir une structure couverte nous a permis de prendre des risques. Nous ne sommes pas pénalisés par la météo. »
Tertulias : « Comment l’aventure a-t-elle continué ? »
François Lassalle : « La première année, les toros étaient de Benjumea. On n’avait pas eu beaucoup de choix. Il y avait juste sept toros, pas un de plus. L’année suivante, on est monté en gamme puisqu’on a fait venir des toros de Bañuelos. À l’affiche, il y avait Pepe Moral, Thomas Dufau et Roman Perez. Roman est aujourd’hui l’apoderado de Clémente. A nouveau, la corrida s’est bien passée et on est monté en affluence.
L’affluence en fait, s’est toujours maintenue, sauf une année. C’était pourtant la plus belle affiche avec le mano à mano, Daniel Luque, Ginès Marin. Mais là, il y a eu un peu moins de monde. Il est vrai que c’était en 2021 et on sortait du COVID. »
Tertulias : « Comment équilibrez-vous votre budget ? »
François Lassalle : « Même si on peut rajouter quelques gradins supplémentaires, les arènes font 2400 places. L’affluence moyenne pour une corrida est de 1600 à 1800 personnes avec les partenaires. Il ne faut pas oublier que Gamarde, n’est qu’un village de 1400 personnes. Nous avons la chance d’avoir des partenaires qui nous aident. Ils assurent un quart du budget ce qui est loin d’être négligeable. La commune nous aide un peu, mais la subvention et ça se comprend, est proportionnelle à la taille de la commune. En comparaison avec des arènes comme Aire-Sur-Adour, Saint-Sever, qui montent des corridas, nous avons les mêmes problématiques, mais pas les mêmes aides. »
Tertulias : « D’où viennent ces partenaires ? »
François Lassalle : « Ce ne sont pas que des partenaires locaux. On a des vignerons de de Bordeaux, des entreprises de Dax, de Mont-de-Marsan, de toute la région. Ce sont des partenaires qui reviennent régulièrement et il est relativement facile de les faire revenir. Nous avons une vingtaine d’entreprises qui nous aident régulièrement. Nous leur proposons la journée complète avec le repas, les tapas, et la corrida. Ils invitent leurs clients et ça se passe très bien. C’est ce partenariat qui nous permet d’assurer l’équilibre économique de notre organisation. »
Tertulias : « Quel est l’origine géographique de votre public ? »
François Lassalle : « Nous n’avons pas qu’un public local. Nous avons un public qui vient de partout avec des gens d’Espagne, de Valence, de Camargue, de Gironde. Ce qui nous fait un peu défaut, ce sont les peñas taurines des Landes, du Pays basque qui ne se déplacent pas beaucoup dans nos petites arènes. Si chacune pouvait venir ne serait-ce qu’avec 10 personnes, cela ferait un bien énorme à la taquilla. »
Tertulias : « Quelle a été la corrida la plus marquante ? »
François Lassalle : « La corrida la plus marquante a été celle de 2019. Il y avait au cartel Luque, Garrido et Aguado. Pablo Aguado nous a dit qu’il avait touché le meilleur toro de sa jeune carrière ce jour-là. Daniel Luque avait aussi été très intéressant. Les toros étaient de Castillejo de Huebra. Ils étaient très bien présentés, très encastés et ont donné beaucoup de jeu. Cette course avait lancé une excellente temporada pour Pablo Aguado. On a aussi eu de très bons toreros avec Curro Diaz, Thomas Dufau et Joaquin Galdos. Clemente a été bon l’an passé. »
Tertulias : « Comment êtes-vous organisés ? »
François Lassalle : « Nous sommes aidés bénévolement par Hervé Touya qui connait bien les toros et les toreros. Au bureau de la Peña nous sommes 16 personnes. Et il y a 6 à 7 personnes qui sont les plus actives autour de l’organisation de la corrida. Nous faisons tout du choix des toros, des toreros jusqu’à la rédaction des papiers le jour de la course. Nous n’avons pas d’impresario. La Peña fait tout de A à Z. Le jour venu, nous ne sommes pas moins de 150 personnes à travailler à l’organisation de la billetterie aux repas. »
Tertulias : « Quel est programme de la journée du 26 mars? »
François Lassalle : « La journée commencera par la tienta de 2 vaches. Elle sera assurée par Victor Cerrato. C’est un jeune novillero inconnu en France, mais qui a déjà toréé en Espagne et remporté pas mal de succès. Sa carrière est gérée par Gérard Ducès, un apoderado gersois. À midi, il y aura bien entendu le repas. avec l’apéritif et tapas avant.
Pour les toros, nous souhaitions faire un desafio entre 2 ganaderias qui avaient très bien fonctionné chez nous, à savoir, José Cruz et Castillejo de Huebra. Malheureusement, le second élevage vient d’avoir un problème de tuberculose et nous avons dû nous résoudre à remplacer les trois toros prévus par trois José Cruz. »
Tertulias : « Qui sont les toreros au cartel ? »
François Lassalle : « Côté toreros, il y a Juan Leal qui sera chef de lidia. Il y aura également Clémente qui entame une temporada importante pour lui. Le cartel sera complété par le jeune Angel Tellez qui est sorti l’an dernier à hombros à Madrid. Nous avons pris deux matadors français. On nous a reproché de ne pas prendre des toreros nationaux. Pourtant, depuis le début, ils sont plusieurs à être venus à Gamarde. Le cartel plait car nous avons plus de réservations que les autres années. »
Tertulias : « Qu’est ce qui fait que ton équipe et toi seront contents dimanche soir? »
François Lassalle : « Pour moi c’est ce qui va se passer dans l’arène et la fréquentation qui comptent. Certes les repas contribuent au résultat financier, mais c’est la taquilla qui le garantit. Le plus important, c’est le nombre de billets vendus. Côté toros, c’est la loterie. Les grandes arènes font six à sept corridas. Nous n’en faisons qu’une. On n’a pas le droit de se tromper. Les toros choisis sont gaillards et je sais que les toreros feront l’effort nécessaire pour que la corrida soit bonne. »
Merci François pour cet échange, suerte à toute ton équipe et rendez vous dimanche 26 mars dans les arènes de Gamarde. La réservation se fait par téléphone au 06 33 44 85 55.
Propos recueillis par Thierry Reboul