Mugron, novillada, un goût d’inachevé
La novillada de Baltasar Iban à Mugron laisse un goût d’inachevé. Les Ibanes, correctement présentés , ont constitué un lot de trois et trois. Les trois premiers étaient typés Contreras, les trois derniers avaient de faux airs de Pedraza de Yeltès. Ils ont donné des premiers tiers intéressants en poussant au cheval.
Au troisème tiers, ils étaient compliqués. ils se comportaient plus en toros de quatre ans mansos qu’en novillos. Il fallait les obliger, corriger les défauts et se coltiner avec eux, ce qui nécessitait une expérience que les jeunes novilleros n’avaient pas (encore). Entre les mains de toreros valientes comme Alberto Lamelas ou Lopez Chaves on aurait vu une corrida « torista » intéressante. Dans le contexte du jour, on a vu des piques et puis plus grand chose après.
Tristan Barroso a coupé une oreille récompensant une bonne faena au novillo le plus noble du lot.
Sergio Rodriguez est passé sans peine, ni gloire.
Marcos Linarès est un très bon capeador. Il a coupé une oreille que l’on peut discuter au cinquième, le toro le plus complet du lot, après une faena bien commencée mais qui est allée à menos.
Fiche technique
- Arènes de Mugron, novillada. Six novillos correctement présentés de Baltasar Iban pour
- Sergio Rodriguez : silence, silence
- Marcos Linares : silence, une oreille
- Tristan Barroso : une oreille (un avis), silence (un avis)
- Treize piques,une chute, cavalerie Heyral
- Présidente: Colette Lacomme
- 3/4 d’arène
- Des nuages et du soleil.
Reportage photographique de Philippe Latour ⤵️
Toro à toro
Le premier, le plus léger du lot, sort abanto. Sergio Rodriguez se fait accrocher la cape dès les premières passes. Le toro prend un premier puyazo en poussant et en restant collé au cheval. Il prend en suivant un picotazo. Début par doblones, sur les premières séries le Baltasar Iban vient de loin et se retourne vite. Il va vite aller à menos d’autant plus que le novillero ne fait rien pour le faire aller à mas. Il finit quasi parado. La mise à mort est laborieuse . Silence pour le torero, pitos pour le toro.
Le second est un plus costaud. Marcos Linares est un bon capeador. Il le montre dans sa réception de toro et dans la première mise en suerte par chicuelinas. Le bicho prend deux piques en poussant. Le toro a une corne droite qui offre quelques possibilités. La gauche est plus compliquée. Il se retourne vite, demande qu’on l’oblige par le bas. Marcos Linares ne s’impose pas et subit . De ce fait la faena va à menos au fur et à mesure que le toro baisse de ton. Une entière prudente après une entière atravesada valent un silence poli au jeune torero.
Tristan Barroso faisait ses débuts en novillada piquée en France à Mugron. Le troisième , plutôt bien armé, est typé Contreras. Il sort abanto et le jeune novillero français le fixe rapidement et avec élégance. Le toro prend deux piques. La première en sortant seul, la seconde sans pousser. Tristan conclut le premier tiers par un bon quite par chicuelinas. Après avoir brindé au ciel, il commence sa faena par des doblones. Le toro est noblote et se laisse faire à la muleta. Tristan enchaîne deux bonnes séries à droite. C’est plus compliqué quand il prend la main gauche. Les premiers muletazos sont accrochés puis le novillero prend le dessus sur le toro et les naturelles suivantes sont meilleures. A la sixième série, le toro baisse nettement de rythme. Tristan Barroso termine sa faena par des naturelles de face. Il coupe une oreille après une entière efficace .
Le quatrième est comme les deux suivants typé Pedraza. Il se défend dans le peu de capotazos donnés par Sergio Rodriguez. Le toro envoie des coups de tête en fin de passe. Il prend un premier puyazo en poussant et se défendant vers le haut. Collé au cheval, il finit par le mettre au tapis. Les deux autres piques sont moins appuyées mais toujours prises en se défendant et poussant vers le haut. Le Baltasar Iban arrive à la muleta avec le même défaut , il envoie des coups de tête vers le haut. Sergio Rodriguez ne va ni s’engager, ni lidier pour corriger le problème posé . Il va même l’accentuer en donnant systématiquement la sortie par le haut. La faena manque d’intérêt et n’est pas relevée par un final trémendiste. Silence pour le torero après une entière efficace.
Le cinquième est le plus Pedraza du lot. Il est haut, long et très armés. Il va prendre deux puyazos, tête baissée et en restant collé au cheval. Ceci confirmant cela. Blendo au second tiers, il est noblote au troisième. Marcos Linarès commence sa faena par des derechazos faisant baisser la tête du toro. Le novillero aura du mal à rester dans le bon sitio et après une bonne naturelle , les séries à gauche manquent de poder. Le toro va à menos et ne transmet plus grand-chose. Après des naturelles de face, le novillero entre à matar pour une entière caidita rapide d’effet. Le protégé d’Alberto Aguilar coupe une oreille.
Le sixième est le mieux présenté du lot. Il prend deux piques à la Pedraza en poussant et mettant les reins. Le picador est applaudi. Le toro vient de loin sur les premiers cites de Tristan Barroso au troisième tiers. Il suit mollement et sans grande conviction la muleta du jeune novillero français. Il manque de chispa et de transmission. Très rapidement, en fin de passe, il cherche à partir vers les tablas. Tristan s’applique mais le toro qui n’a jamais transmis d’émotion va à menos et la faena parait bien longue. Silence après une entière atravesada et une autre basse.
Ainsi se termine à Mugron , par une novillada en demi-teinte, le week-end taurin pascal dans le Sud-ouest. Prochain rendez-vous à Aire le 1er mai pour la novillada des Arsouillos.
Thierry Reboul
Totalement d accord avec la reseña.
Je soulignerai hier ce qui m’a marqué = à savoir que les novilleros se comportent déjà comme des señoritos attendant systématiquement qu’on leur place le novillo et ils sont incapables d’aller chercher le toro au cheval pour le sortir à la pique.
Pitos à Sergio Rodriguez totalement inefficace en chef de lidia et passif lors du passage du cheval mis à terre.
Ne parlons pas non plus du cheval de pique qui devrait être raccompagné a la porte par le novillero suivant. Je me demande si les novilleros en ont entendu parler ?
Dommage que la terna n’eut pas le niveau car les novillos sont sortis compliqués mais intéressants