Madrid: l’émotion d’un grand Escolar Gil
Quand il y a des toros, il y a de l’émotion et les corridas sont entretenues. La corrida d’Escolar Gil de Madrid en est la preuve. Très bien présentés, les Albaserradas étaient tous exigeants. Les trois premiers, les meilleurs, transmettraient cette émotion qui a manqué aux quatre premières corridas de cette San Isidro. Tous ont été bravitos au cheval et ont humilié à la cape et au troisième tiers. Même le cinquième, le plus faible du lot, a permis au torero de construire une faena qui est allé à mas. Le sixième soso a été le moins intéressant .
Le troisième a été honoré d’une vuelta al ruedo, celle-ci justifiée. Ce toro de grande caste et de grande classe sera très certainement le toro de la San Isidro.
C’était le dernier paseo de Domingo Lopez Chaves à Madrid. Son premier toro avait du genio, mais le torero de Ledesma a instrumenté une bonne faena. Si les aciers, une fois encore, ne l’avaient pas trahi, il aurait couper une oreille. Son second s’est vite éteint.
Avec le second Escolar , un toro encasté, Fernando Robleño a réalisé une faena sincère et avec beaucoup de transmission qui a porté sur le public de Madrid. Le cinquième manquait de chispa mais Robleño, poco à poco, a construit une faena qui est allé à mas avec deux séries superbes de naturelles pour conclure. Les deux faenas auraient du permettre au Madrilène de couper à chaque fois une oreille. Malheureusement l’épée…………………………
Gomez del Pilar a touché le troisième toro monument de caste et qui a embisté du premier capotazo au dernier muletazo. Sa faena, droitière, sincère avec de bons passages lui a permis de couper une oreille. Mais il a laissé le toro inédit à gauche et est resté en dessous du potentiel d’un Escolar de deux oreilles à Madrid. Son dernier ne permettait pas grand chose.
Merci au ganadero et aux trois toreros pour cette tarde qui nous remonte le moral après quatre corridas sans toros dignes de ce nom. On reviendra à Madrid pour voir des Escolar Gil.
Fiche technique
- Madrid: cinquième festejo de la San Isidro 2023, Toros de José Escolar Gil très bien présentés pour
- Domingo López Chaves : salut( un avis), silence
- Fernando Robleño : salut (un avis), salut (un avis)
- Gómez del Pilar : une oreille (un avis), silence
- douze piques et treize rencontres
- Vuelta (méritée) au troisième.
- Domingo Lopez Chaves a été appelé, par la public, a salué à l’issue du paseo.
- Président: José Luis Gonzales Gonzales
- il fait plus froid qu’à Séville
- 20026 spectateurs
- Durée de la corrida: 2 heures et vingt minutes
Toro à toro
Le premier est le plus lourd de l’envoi.Applaudi à son entrée en piste mais il s’abime un piton en tapant dans un burladero.Suelto,il désarme Domingo Lopez Chaves qui le reçoit au capote. Il prend un premier puyazo appuyé sans trop pousser. Le torero le place plus loin pour la seconde rencontre. Il tarde à charger mais vient avec un belle arrancada mais ne pousse pas. Le picador Angel Rivas est applaudi.
Lopez Chaves brinde au public. Le toro est exigeant, le torero commence sa faena par des doblones. La corne droite est compliquée. Domingo insiste et se fait bousculer par le toro heureusement sans mal. Avec vaillance, il arrache une série de derechazos à un toro qui charge à contrecœur. A gauche, l’Escolar accepte les deux premières naturelles. La suite est plus compliquée. L’épée n’a jamais été le fort du torero de Ledesma. Il met une demie tendida au troisième essai. Un avis et salut.
Le second, veleto, est très typé Saltillo. Fernando Robleño le reçoit à la cape avec efficacité. L’Escolar a du rythme. Il prend un premier puyazo appuyé en poussant sans faire bouger le cheval. Il ne pousse pas à la seconde rencontre. Début de faena classique par doblones, le toro humilie. Robleño continue à droite et après un temps de flottement enchaîne trois bons derechazos. Le vent est gênant et le toro exigeant. Série de derechazos sincères avant de prendre la main gauche, Sur ce piton, le bicho est aussi exigeant et transmet une émotion certaine. Après une bonne série de naturelles, les derechazos et les deux pechos, sincères et vibrants, suivants sont ovationnés par le public. Dommage, la mise à mort laborieuse prive Robleño du trophée acquis avec la muleta. Un avis et salut pour le torero et palmas au toro.
Le troisième est un toro sérieux de présentation. Bien reçu à la cape par Gomez del Pilar, le toro a de la caste. Il prend une première pique sans pousser. Le torero le place au centre pour la seconde. L’Escolar vient avec une belle arrancade mais n’est quasiment pas piqué. Brindis à Lopez Chaves, le toro a du rythme et humilie avec classe. Début par doblones, le bicho encasté, met la tête et est exigeant.
Gomez del Pilar reçoit une ovation après deux séries à droite sincères. Le toro ne permet aucune faute et accroche le torero au début de la troisième série de derechazos. A gauche, le toro embiste et transmet beaucoup d’émotion car il exige beaucoup. Del Pilar renonce et laisse le toro vainqueur. Il le change de terrains et reprend la droite. Les derechazos sont superbes même si la faena reste en dessous du potentiel de ce grand toro. Epée entière, mort de toro brave, oreille pour Gomez del Pilar et vuelta pour l’Escolar un bicho de deux oreilles. Un avis.
Le quatrième est lui aussi sérieux de présentation. Il prend un puyazo appuyé sans pousser. Il est juste de forces, la seconde rencontre est un simple picotazo. Lopez Chaves brinde à son frère Ignacio. Début de faena au tercio par derechazos, le toro est tardo et quasi parado. Le torero insiste sur le piton droit. Il arrache au toro quelques muletazos. Cela ne sert à rien et Domingo va chercher l’épée de muerte. Silence
Le cinquième humilie mais est juste de forces, il prend trois piques, les deux dernières insignifiantes. Il ne pousse pas mais reste très longtemps collé au peto lors de la première. Il est vraiment faible même s’il humilie quand Robleño le cite avec son capote. A la muleta il est noble, humilie mais manque de rythme et de chispa. Avec sincérité et application, Robleño lui impose deux séries à droite puis deux à gauche. C’est bien fait mais manque de vibration et d’émotion. Les derniers derechazos sont de trop. Epée de muerte en main, les naturelles d’adorño sont les meilleurs moments de la faena. Un pinchazo et une quasi entière basse pour conclure, un avis et salut.
Le sixième est très bien présenté. Il est suelto. Il met les reins à la première rencontre mais manque de poder. La seconde rencontre est anecdotique. Gomez del Pilar brinde au public. Début de faena , le bicho perd les mains sur le premier doblone. Le torero le cite à mi-hauteur. L’Escolar est soso. Le torero a envie mais le toro ne permet pas grand-chose. Frustré, il prolonge inutilement la faena. La mise à mort est laborieuse et le puntillero mauvais. Un avis et silence.
Thierry Reboul corrida vue sur Mundotoro TV
Dommage que cette course ait été a menos. L’analyse de Thierry Reboul correspond parfaitement à mon ressenti, inutile donc d’écrire davantage dessus. Il n’en reste pas moins que la première partie fut passionnante avec des toros et des hommes enfin dignes d’une plaza comme Madrid. Il était temps.
Nous ne pouvons que regretter que Plaza1 ait décidé de supprimer les courses torista pour favoriser un triomphalisme ridicule sur des chèvres, d’autant plus que la course d’Escolar a obtenu une fort belle entrée.
Vivement le plaisir de revoir cette ganaderia à Pamplona et à Céret.
Entièrement d’accord avec la resena. Par contre un bémol sur la vuelta » méritée » du 3é. Doit-on récompenser d’une vuelta un toro qui ne prend qu’une pique suivie d’un encuentro? C’est la porte ouverte aux vueltas abusives après la monopique, souvent carioquée, des congénères d’un certain encaste plus connus pour leur noblesse que la bravoure!!!
Para Rematar ….. Hay que Matar
Je verrais en différé ce Jeudi férié les Escolar Gil de Madrid, mais j’ai mal au ventre pour les Domingo & Fernando :
– Domingo Lopez Chavez (47 ème esacalafon en 2022 10 corridas) :
o apodéré depuis 2019 par Andres Sanchez,
o des triomphes retentissants qui auraient dû lancer sa carrière, mais pas d’épée : revoir sur Plaza Toros les Cuadri de Madrid 2006 (Puerta grande en vue mai PB épée), mais 2 oreilles sur les Francisco Galache – Salamanque 20022 (1 épée),
– Fernando Robleno (51 ème esacalafon en 2022 9 corridas) :
o apodéré par Angel Guzman (4 ans) puis Nacho de la Serna en 2023,
o des triomphes retentissants qui auraient dû lancer sa carrière : revoir sur Plaza Toros les Victorino 2004 / Rehuelga de Madrid 2017 / Escolar Gil Madrid 2019
Cesar Rincon était petit par la taille, mais quel matador (revoir sur Plaza Toros le combat du siècle Bastoncito Baltasar Iban Madrid 1995).
Quel gâchis messieurs les X apadoderados de Domingo / Fernando. Vous auriez pu définir un Plan d’Amélioration :
– Brainstorming sur leurs mises à morts et celles du boulanger El Juli (son roulage dans la farine du public via ses Julipie),
– On lance des algorithmes sur les vidéo des Domingo / Fernando / El Juli,
– Analyse des causes principales (80/20) : techniques, psychologiques, on garde du peps Domingo / Fernando pour la Suerte A Matar !!!!
– 1 mois de stage commando (type XV de France Légion – Calvi) : entrainements intensifs de salon, on se forge un mental, quelques tientas …..
Et, en Happy End, Puerta grande des Domingo en 2021 (Escolar Gil Vic, Pedraza de Yeltes Mt de Marsan), Fernando en 2022 (Escolar Gil Madrid pour la meilleure faéna madrilène 2022). Malheureusement, Domingo / Fernando n’auront pas de ranch à leur fin de carrière. El Juli, excellent ganadero avec El Freixo et certainement au Top dans ses placements financiers.
NB : Mundo Toro TV et sa coquille vidée de nos + 30 ans d’histoire taurine (Je ne vous remercie pas les Don Simon, Ramon Valencia, ANOET d’avoir viré Plaza Toros) : où en sont les négos du Football Business sur la rediffusion du catalogue TV Taurin Plaza Toros ? Les caisses sont vides, ou véto du Son & Lumière espagnol ?
Au Plaisir
D.ROGER
La fameuse prestation de Domingo sur Hoyo de la Gitana le dimanche matin de pentecôte 2021, les Escolar Gil, c’était l’après-midi.
Une superbe journée, ma dernière journée de photo taurine en comparant la même prise (un Hoyo de la Gitana plein de fougue, sortant du tauril vicois avec les 2 vicois posant la devise verte-blanche, chemise rouge, chapeau noir, masque anti-covid noir), avec celle prise par Philippe Latour (un métier) :
– Fond d’écran PC professionnel : l’Hoyo de la Gitana,
– Fond d’écran Mobile : j’ai rechuté Philippe, même année, Pedraza de Yeltes Mt de Marsan le Pecho d’Alberto Lamelas (Violet / Or) écrasé par le physique & cornes du Pedraza, callejon médusé,
– Pour les 2 superbes corridas, un Domingo Lopez Chavez au Top, qui méritait uns sortie sur les épaules, mais comme d’hab, pas d’épée …..
Merci à mes chers amis de Tertulias, faute sur la saisie d’écran avouée à moitié pardonnée, l’autre moitié en partageant un petit Madiran sur Vic le dimanche ?
Au Plaisir
D.ROGER
va pour le partage du Madiran 😉
Dommage.
Il aurait fallu switcher le 3 et le 6 pour Gomez del Pilar et on serait tous restés avec le souvenir d’une grande corrida.
Mais je ne boude pas mon plaisir, j’ai passé une bonne tarde… Ça nous change.
J’ai écrit un peu plus bas le plaisir que j’ai eu à me trouver sur les gradins hier. DES TOROS et des HOMMES. Passionnante la première partie et même le 5° grâce à Robleño. Ce dernier a pour moi fait une faena de deux oreilles à son premier; mais je ne suis pas assez connaisseur pour analyser ce qui pêche chez lui au moment de l’entrée a matar, cependant Robleño a retrouvé le sitio de 2011 et 2012.
Gomez del Pilar est valeureux il l’a déjà démontré, il est encore jeune. Sa faena aurait été parfaite s’il avait dominé à gauche, mais oreille amplement méritée.
Encore une fois nous étions bien loin des sardines et limaces de La Quinta, n’es déplaise aux dacquois.
Vivement Céret pour revoir les Escolar avec presque le même cartel qu’hier.
P.S. pour ceux qui ne connaîtraient pas Madrid : La vinoteca Plaza de Santa Ana calle del Principe; Tinto y tapas calle de San Pedro 22, Le Darkom calle del Infante, 4 bar à Shisha pour les amateurs endroit très sympa tenu par des marocains très sympas et très sérieux
Beñat
Bonjour Beñat,
Effectivement en réel, ce devait être bien agréable. Souhaitons que Robleño conserve ce sitio retrouvé comme déjà constaté l’an dernier. Comme pour Lopez Chaves, que de trophées perdus à l’épée. Gomez Del Pilar, avec de l’expérience acquise, peut être dans l’avenir un torero intéressant sur nos courses.
Comme vous dîtes, cela change des indultos des limaces des bords de l’Adour. Hier nous avons eu des toros et des hommes. Que demander de plus ?
Bon séjour à Madrid si vous y êtes encore. Vous pouvez faire l’économie des corridas (?) programmées ces prochains jours.
Vivement Pamplona et Céret pour revoir les Escolar.
Notre problème, depuis bien longtemps, c’est cette interminable monopique. Si ce premier tercio était donné dans les règles pour son efficacité et dans l’esprit pour l’intérêt de c tercio, les braves y viendraient quelques piques de plus….
Il ne nous reste bien souvent qu’une noblesse encastée pour honorer un toro puissant plutôt que brave pour ne le voir arrastré avec l’amertume d’être resté inexploité faute d’avoir comme adversaire une rareté de nos jours : un lidiador !
Aussi rare qu’un aficionado de verdad vivant sa passion 365 jours par an dans ce cirque, véritable » piste aux étoiles » !
Entièrement d’accord avec vous Lazaro
Beñat