Millas, une novillada en Pays Catalan
Le département des Pyrénées Orientales est un département taurin. En Catalogne Française , il y a deux arènes qui organisent des corridas. La Féria de Céret vient de se terminer. Ce sera bientôt le tour de Millas, village situé à 17Km de Perpignan, d’organiser sa novillada. le dimanche 06 août. Tertulias a rencont ré Yannick Florenza en charge de la communication à Millas qui nous l’a présentée .
Tertulias : « Quand a eu lieu la première Féria de Millas ? »
Yannick Florenza : « . C’est à partir de 1984, que la Féria a été structurée. A Millas, ce n’est pas la Mairie qui gère la Féria. C’est une association, le Comité d’Animations Culturelles de Millas, qui l’organise. L’association a été créée en 1971 sous la houlette de Bernard Lopez qui en est encore à ce jour le président. Au début son objectif était d’organiser les fêtes locales. Au début, elles n’étaient pas encore taurines.
Petit à petit, la tauromachie a figuré au programme des animations proposées. Les premières bêtes à cornes sont arrivées à Millas en 1975 dans des abrivados et des jeux inter-villes locaux. En 1984 et 1985, il y a eu un spectacle de la troupe comico-musico taurine El Gallo. En même temps ont été organisées des becerradas et capeas sans mise à mort. Grâce à Luc Jalabert de 1986 à 1989, il y a eu des corridas portugaises à Millas. En 1990, le Comité a décidé de franchir le pas et d’organiser un spectacle avec mise à mort. Le 12 août 1990 a eu lieu la première novillada piquée. »
Tertulias : « Quand ont été construites les arènes ? »
Yannick Florenza : « A partir de 1975, on utilisait les arènes portatives de la manade Jean de Leucate. Fin 1985, nous avons acheté à Raphael Solera, le père de Maxime, les arènes de Banyuls sur Mer. Les organisateurs de Millas les ont beaucoup rénovées. Elles sont toujours en place, propriété de l’Association, installées sur un terrain loué par la Mairie au prix symbolique d’un euro par an. . Ce sont des semi-portatives. Elles ont une structure métallique, mais le callejon, les talanquères et les burladeros sont en bois. Les planches des gradins sont démontées et remontées chaque année pour en préserver l’intégrité. En 1990 des corrales et des chiqueros ont été ajoutés à l’ensemble.
Les arènes ont une capacité aujourd’hui de 1650 places assises. Le ruedo est un petit peu plus petit que Céret. »
Tertulias : « Quelles ont été depuis 1990, les moments forts des novilladas de Millas ? »
Yannick Florenza : « La première novillada marquante a été la première. Elle a été montée avec André Viard qui est toujours le prestataire. Les novillos étaient de la ganaderia Vicente Ortiz de Urbina La novillada était très forte et très armée. Au cartel, il y avait Juan Carlos Belmonte, Domingo Valderrama. Complétait l’affiche un novillero nîmois Thierry Duran qui s’est coupé la coleta après avoir reçu à la cape son premier novillo. Valderrama parti à l’infirmerie, Belmonte a du tuer quatre toros. La course, très et trop forte, a fait l’objet de nombreuses critiques.
Autre fait marquant, en 1995 José Tomas est venu toréer une novillada de Valdefresno à Millas. André Viard , après l Féria de Primavera à Nîmes nous l’avait présenté comme la future grande figura. Au cartel, il y avait aussi Luisito et Antonio Ferrera.
Manuel Escribano, Joselito Adame (à trois reprises) qui a été gravement blessé en 2005, Alberto Lamelas (deux fois) Pablo Aguado, Juan Bautista, Joaquin Galdos et Clemente sont également venus dans nos arènes. Côté toros, Valdefresno, Baltasar Iban ont amené des lots très intéressants. »
Tertulias : « Millas fait la part belle aux élevages français, quelle en est la raison ? »
Yannick Florenza : « En 2006, on a commencé à se tourner vers les élevages français pour diminuer en particulier les coûts de transport. Cette année-là, il y a eu la présentation en novillada de la ganaderia du Camino de Santiago. Cet élevage sera répèté en 2009 et 2010, année où José Arevalo a coupé une queue, la seule coupée à Millas. »
Tertulias : « D’où vient le public des novilladas de Millas ? »
Yannick Florenza : « Le public est très local avec une part d’aficionados venant de la Catalogne Française, de Carcassonne, Béziers, Montpelier. Il y a peu d’espagnols. Il y a tous les ans des gens qui viennent de Barcelone pour soutenir l’Aficion Catalane. On a un public de gens du village qui sont là pour la fête et qui voient une corrida par an. Il y a une part de jeunes qui font Céret puis Millas. Et, même si on n’est pas dans le même créneau, il a un groupe de personnes de l’ADAC qui viennent pour nous soutenir. En fonction des novilleros, certains , en particulier les Français, ont des Peñas qui les suivent et nous amènent du monde à la taquilla. Les cartels sont montés pour satisfaire le public moins connaisseur et les aficionados »
Tertulias : « Comment s’équilibre le montage financier de la novillada ? »
Yannick Florenza : « On a fait un ou deux « No Hay Billetes » dans les années 2010-2015. Le COVID est passé par là. Nous n’avons rien pu organiser en 2020 et 2021. Pour la reprise on a fait un joli ¾ d’arènes.
Les résultats économiques de la novillada sont intégrés dans ceux de la Fête. Le comité reçoit des subventions et des aides de sponsors pour l’ensemble des activités qu’il organise pendant la Féria. Il a l’exclusivité des buvettes et lieux de restauration montés pour la Feria. Pour l’inter-villages en 2022, de nombreuses personnes sont restées devant les portes des arènes. L’ensemble des recettes (animations diverses, concerts, buvettes, repas, spectacles taurins) contribuent à l’équilibre financier des Fêtes de Millas. Le village a une forte identité catalane que l’on retrouve dans les spectacles organisés (Géants, Castellers, messe en catalan, Correfoc). La subvention a pour but de défendre cette culture locale. La novillada est le seul spectacle payant de la Féria. »
Tertulias : « Pourquoi organisez-vous une novillada concours ? »
Yannick Florenza : « En 2011 , 2012 on a monté deux novilladas, plutôt toristas, avec des novillos de Moreno de Silva. Ces deux festejos ont été décevants. Les deux courses ont été difficiles et le public n‘a pas apprécié. A partir de 2013, on a opté pour une novillada concours. La première a été montée, pour marquer le coup, avec des élevages de prestige comme Miura, Victorino Martin le seul novillo de ce fer lidié en France), Urcola, La novillada est bien sortie avec un très bon Valdefresno qui a fait la vuelta. En 2014, la course a été en dessous de celle de 2013.
A partir de 2015, le Comité a décidé de maintenir la novillada concours mais en restant uniquement sur des novillos français. Sur le plan financier , les coûts de transports sont moindres et les novillos français avaient donné de bons résultats. Depuis nous avons maintenu cette politique en instaurant une rotation entre les élevages français. Pour des raisons logistiques, on privilégie les novillos du Sud-est. Les bichos sont chargés le matin de la novillada en Camargue. . Aujourd’hui les ganaderos jouent le jeu tant sur la présentation que sur les origines de ce qu’ils nous proposent. Ils nous réservent leurs meilleurs produits. »
Tertulias : « Comment sont choisis les novillos ? »
Yannick Florenza : « Pour monter la course, André Viard fait une pré-sélection des toros et des toreros qu’il soumet au président du Comité. A Millas on renouvelle systématiquement la ganaderia qui a remporté le concours et le novillero triomphateur de l’année précédente.
C’est pour cela que la ganaderia Cuillé, vainqueur en 2022, avec un très bon novillo a été renouvelée automatiquement. L’an dernier en première position, il y avait un novillo de Fernay qui avait beaucoup souffert de la chaleur. Le ganadero nous a demandé de lui donner une nouvelle chance. On a une sympathie particulière pour l’élevage de Yonnet qui nous envoie toujours des novillos très bien présentés. On recherche, même si c’est compliqué, une variété des encastes. C’est pourquoi il y aura un novillo de La Golosina (Santa Coloma- Buendia) qui sortira en sixième position.
En second, il y aura un Blohorn. C’est une ganaderia qui a de très bons résultats depuis quelques années et qui a sorti deux bons novillos à Brocas , l’an dernier. Le troisième, il y aura un Jalabert. En quatrième sortira un « Héritiers de Christophe Yonnet » ce qui permettra au novillo de Charlotte Yonnet de ne pas sortir en premier quand le public manque encore de réactions. En cinquième ce sera le Cuillé puis en dernier le La Golosina. »
Tertulias : « Et les novilleros ? »
Yannick Florenza : « Une fois les toros choisis, et donc l’ordre de sortie, on contacte les novilleros. A Millas, en particulier pour trouver un novillero, on souffre de la concurrence de Parentis et Soustons qui eux aussi mettent des toreros français à l’affiche.
André Viard a proposé le contrat en octobre à Nino Julian. C’est un coup de poker gagnant car le jeune novillero nîmois réalise un très bon début de temporada avec de bonnes courses à Istres, Mauguio, Tarascon et Boujan.
L’an dernier, le triomphateur a été Victor Hernandez. Le novillero, qui pensait prendre l’alternative à Santander, a tardé à nous répondre et nous avons décidé de ne pas le renouveler parce qu’il fallait prendre une décision. André Viard a repéré Diego Bastos. C’est un torero fin avec un style andalou ce qui plait à Millas. Il triomphe un peu partout et sera à Nîmes pour les Vendanges. Il a été engagé et arrive à Millas très motivé.
Pour le poste de chef de lidia, nous recherchons un torero classique et avec du métier. C’est Jorge Martinez qui succèdera à Diego Pesseiro. Jorge Martinez a été intéressant en France l’an dernier. Il est bien sorti à Madrid à deux reprises. Ce sera sa despedida de novillero car il prend l’alternative, courant août, à Almeria. »
On a voulu, avec ces trois novilleros, monter un cartel très complémentaire. »
Tertulias : « Contrairement aux premières annonces, il n’y aura pas de novillos de Fernay cette année. Pourquoi ? »
Yannick Florenza : « Olivier Fernay nous a contacté pour nous dire que le novillo choisi s’était blessé. Il nous a dit, compte tenu de ses engagements à Madrid et à Nîmes, ne pas être en mesure de nous proposer un novillo de présentation et d’origine similaires à celui prévu initialement. On l’a remplacé par un novillo de Gallon, d’origine Joselito, qui sortira lui aussi en premier car plus ancien que Blohorn. »
Tertulias : « Quelle est la philosophie de cette novillada concours ? »
Yannick Florenza : « Pour cette concours on met en évidence le premier tiers, avec la possibilité d’une troisième rencontre avec la pique de tienta. On veut aussi que la le tercio de piques soit conduit de manière que le novillo garde du potentiel au troisième tiers pour que le torero puisse s’exprimer. C’est ce qu’attends notre public »
Tertulias : « Qu’est ce qui fera que les organisateurs auront le sourire à l’issue de la novillada concours du 06 août? »
Yannick Florenza : « En premier, la taquilla doit être bonne. Puis forcément si le compte tenu numérique est important cela portera dans la presse. Ce qui est vraiment important, c’est que le public soit content à la sortie des arènes et ait envie de revenir l’année prochaine. »
Merci Yannick et suerte pour cette novillada du dimanche 06 août 2023 dans les arènes de Millas. Renseignements et réservation par téléphone au 07 78 31 66 48.
Prix des places 35 euros à l’ombre , 30 euros au soleil. Les places populaires sont à 25 euros. Demi-tarif pour les enfants de 10 à 16 ans et gratuit pour les moins de 10 ans. 100 places, à retirer aux guichets, seront offertes, en partenariat avec l’UVTF aux jeunes de moins de 25 ans.
Propos recueillis par Thierry Reboul
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