Bayonne , corrida blanche: le courage de Clemente
Trois quarts d’arène pour cette corrida « blanche » des Fêtes de Bayonne 2023, le public est avant tout un public jeune et festayre aux réactions parfois surprenantes.
Correctement présentés les toros de Juan Manuel Criado ont été inexistants au cheval à l’exception du dernier. Faibles, ils ont manqué de de durée au troisième tiers. A l’exception du compliqué et avisé quatrième, et de l’encasté sixième ils n’ont pas transmis d’émotion.
Les toreros ne sont pas des hommes comme tous les autres. Clemente reprenait l’épée moins d’une semaine après sa blessure de Mont de Marsan. Son premier toro avait peu d’option à offrir au torero. Soutenu par le public, le Français a enchainé quelques bonnes séries avant de tuer d’une épée « efficace » et de couper une oreille. Visiblement gêné par les séquelles de sa blessure, Clemente a livré un combat très courageux et souvent dominateur face à un manso décasté et violent. Le landais a montré qu’il était aussi , en plus d’être un artiste, un torero « valiente ». La mise à mort l’a privé d’un trophée, elle n’aurait pas du le priver d’une vuelta .
Jésus Enrique Colombo, avec sa tauromachie marginale, est passé à côté du noble et faible second. Au cinquième, la faena a été superficielle mais a porté sur le public. L’estocade a été de celles qui plaisent aujourd’hui basse et rapide d’effet d’où une oreille pour le Vénézuélien.
Le premier toro de Dorian Canton s’est éteint à mi-faena au point de se coucher avant que le torero ne porte l’estocade. Au dernier le Béarnais a construit une faena intéressante, la meilleure de la tarde, appliquée avec de très bons passages à gauche. C’est du travail très bien fait mais le torero n’a pas réussi à compenser le manque de transmission d’un toro qui a tardé à tomber après une épée basse.
Fiche technique
- Arènes de Bayonne, corrida des Fêtes 2023, six toros de Juan Manuel Criado pour
- Clemente: oreille, silence
- Jesus Enrique Colombo: salut, oreille
- Dorian Canton: silence, vuelta
- douze piques, cavalerie Bonijol
- Président: Dédé Lascoumes
- 3/4 d’arène
- tdouceur d’une fin de journée au Pays Basque
Le reportage photographique de Philippe Latour ⤵️
Toro à toro
Luminoso Clemente
Le premier est un toro bas mais charpenté. Il est reçu avec élégance par Clemente et prend deux puyazos sans pousser. Colombo inaugure les échanges de quite par deux bons capotazos. Début par le haut, le toro est juste de forces. Les derechazos de Clemente sont templés mais le toro fléchit si on l’oblige. Le toro est soso à gauche et regarde les planches dès la seconde série de naturelles. Le toro a plus de rythme à droite et le torero finit sa faena sur ce piton. Beaucoup de classe et d’envie chez le torero mais le toro, qui ne transmet rien, va à menos . L’épée est entière et légèrement tombée mais très efficace. Clémente coupe la première oreille de la tarde.
Jarana Colombo
Le second est faible. L’accueil à la cape, par Colombo, est électrique et finit par un désarmé. Le bicho prend deux picotazos. Dorian essaie de faire un quite, le toro tombe. Jésus Enrique Colombo pose les banderilles, la dernière dans le berceau. Premiers derechazos à mi-hauteur, le toro est noble mais tombe si on l’oblige. Il baisse de rythme dès la seconde série. Le bicho est meilleur à gauche. Le torero enchaîne les passes sans construire une faena. Marginal, il toréé surtout le public. Dommage on ne saura jamais si le toro permettait plus .Entrée à matar à la va-vite, Colombo tue d’un bajonazo rapide à faire effet. Salut
Mimoso Dorian Canton
Le troisième prend deux picotazos sans s’employer. Dorian Canton fait un bon quite par chicuelinas. Début de faena par le haut, Dorian cite de loin, le toro a plus de violence que de noblesse. Le torero s’applique et fait bien les choses mais le toro ne transmet rien et va à menos. A mi-faena, le Criado commence à se comporter comme un toro en train de mourir. Le toro tombe tout seul avant l’épée , finit par se relever. Il est mort debout quand le torero entre à matar pour mettre une demie. Salut pour le torero et pitos pour le toro.
Anarquista Clemente
La corne droite du quatrième est escobillée, la gauche aussi. Sans mise en suerte, il prend une pique carioquée et un picotazo. Medhi Savalli pose une très bonne paire de banderilles. Début par doblones, le toro est violent et donne des coups de tête. Il finit par accrocher le torero sur un pecho. A gauche, le toro est compliqué. Clemente, avec beaucoup de courage, porté par le public s’arrime dans un combat qui passe à passe porte sur le toro. Clemente, qui se ressent des effets de sa blessure de Mont de Marchand pinche avant de mettre une demie puis plusieurs descabellos. Silence, le public ce soir n’a pas su reconnaître et récompenser le courage et l’implication du torero face à un toro avisé et dangereux.
Dinero Colombo
Le cinquième est plus lourd que les précédents. Il prend deux puyazos sans s’employer et sort seul de la seconde rencontre. J.E Colombo pose trois paires à cornes passées. Début de faena assis sur l’estribo. Le toro est le meilleur de la course, Il est noble et embiste. Les derechazos sont sur le pico et ne guide pas le bicho. Les naturelles sont brouillonnes. Aucun muletazo ne pèse sur le Criado qui permettait plus que ce que le Vénézuélien nous a proposé. La faena, sans fil conducteur, s’achève par des luquesinas et une entière basse et efficace. Une oreille et palmas au toro.
Travucon Dorian Canton
Le sixième, le plus lourd du lot, a presque 6 ans. Il sort abanto. Sans mise en suerte, il prend un puyazo sans mettre les reins. La’ seconde rencontre est un simple picotazo. Mathieu Guillon pose une bonne troisième paire de banderilles. Dorian commence par des doblones e5 et amène le bicho au centre. Le toro se défend sans conviction. Avec sincérité , le torero lie deux bonnes séries à droite. A gauche, les premiers naturelles sont accrochées les suivantes sont dominatrices et seront les meilleurs muletazos de la tarde. Les derechazos de conclusion sont excellents. La faena est une bonne faena appliquée mais toro et torero manquent de transmission. L’épée entière résulte tombée et verticale. Deux descabellos sont nécessaires. Vuelta pour le torero.
Thierry Reboul