Bayonne, Garcigrande: la leçon du Roi

Roca Rey a donné ce soir aux arènes de Bayonne au cinquième Garcigrande une leçon de tauromachie. Il a, avec le poder qu’on lui connait, soumis à sa volonté un toro complexe. Et quand le Roi décide, même les mansos con casta se soumettent. La fin de faena a été grandiose de domination. On se prend à regretter que le premier adversaire du Péruvien se soit blessé en début de faena.

Face à d’intéressants et encastés Garcigrande, Juan Leal a coupé trois oreilles après une faena classique au noblissime premier et un grand coup d’épée au quatrième.

Adrien Salenc, le moins bien servi par le sorteo, a fait preuve d’envie et d’application ce qui lui a permis de couper une oreille au dernier.

Les toros

Correctement présentés, les Garcigrande de Bayonne ont eu des comportements divers mais tous intéressants. Le premier était un monument de noblesse. Le cinquième, un toro compliqué, qu’il fallait soumettre, ce qu’a fait Roca Rey. Les autres à des degrés différents combinaient noblesse et exigence. Les Garcigrande ont permis que cette tarde soit une corrida de toros entretenue.

Les toreros

Le premier toro de Juan Leal est très noble et a du tranco. Le français exploite ses qualités pour construire une faena classique et élégante avec de très bons passages à gauche . Il coupe une oreille après une demie efficace. Puis le public insiste, l’arrastre traine et le président accorde la seconde. Son second manque de race et de moteur,  Juan Leal réduit les terrains ce qui lui vaut l’adhésion du public. L’épée en place et très rapide d’effet lui permet à elle seule de couper une oreille.

Le premier toro de Roca Rey se blesse en début de faena et le péruvien doit abréger. Dommage car le toro semblait avoir un potentiel certain.  Roca Rey envoute les toros et le public. Sa faena au cinquième est à la fois poderosa et profonde. Le toro, compliqué et sournois au début , est soumis par le torero. La faena est allée à mas et la fin est superbe.  L’épée, elle, est habile. Deux oreilles récompensent une leçon de tauromachie.

Adriano s’arrime et tire de bons muletazos à son premier un toro manso qu’il faut obliger. Malheureusement le torero tue mal. Le dernier est le moins bon du lot. Adrien Salenc s’applique et s’arrime une nouvelle fois, ce qui lui permet de tirer quelques bons muletazos et de couper une oreille après un coup d’épée efficace.

Fiche technique

• Arènes de Bayonne, première corrida de la Féria de l’Atlantique 2023, six toros de Garcigrande pour
  • Juan Leal: deux oreilles, oreille
  • Andres Roca Rey: silence, deux oreilles
  • Adriano: silence, oreille
• Vuelta généreuse au cinquième
• 12 piques, cavalerie Bonijol
• Salut de Marco Leal au premier et de Viruta au cinquième
• Président: Bernard Peytrin (qui faisait sa despedida)
• Plus de 8/10 ème d’arène
• Pluie à partir du cinquième
• Les photos ➡️Gallerie

Le résumé vidéo de Olivier Péant ⤵️

Toro à toro

Sazonador Juan Leal

Le premier est le plus léger du lot. Il sort abanto. La première pique est légère et trasera. Bien mis en suerte, il prend un picotazo à la seconde .Marco Leal salue après un bon tercio de banderilles. Début de faena par naturelles au milieu, les derechazos suivants, de rodillas, portent sur le public Le toro est noble et répète. La série suivante à droite est excellente.  Le toro a tendance à partir. Juan Leal le retient puis lie une bonne série de naturelles puis des redondos au tercio.  Le toro va à menos . Le Français termine cette faena classique sur un terrain réduit avant de placer une demie caidita qui sera suffisante. Deux oreilles, la seconde arrachée au Président.

Fardon Roca Rey

Le second est armé. Il est reçu avec classe par Roca Rey. Il prend deux piques en poussant à la première. Roca Rey répond avec classe  au bon quite de Salenc. Début de faena par le haut, le péruvien maîtrise son sujet mais le toro se blesse.  Le torero prend l’épée et tue d’un vilain bajonazo, silence.

Coraje Adriano

Le troisième est très armé . Mal piqué il prend un premier puyazo en se défendant. Il en est de même à la seconde rencontre . Le piquero est sifflé.  Adriano double le toro. Le Garcigrande met bien la corne à droite puis relève la tête en fin de passe. A gauche le défaut est accentué. Malgré les efforts du torero le toro va à menos. Avec aguante et courage, Salen arrache une bonne série à droite.  La mise à mort est approximative avec une entière basse et traversante suivie d’une entière tombée.  Silence

Dardo Juan Leal

Le quatrième commence par s’en prendre aux décoration des arènes. Nouvelle pique trasera, le toro pousse sur une corne. Il prend la seconde sans s’employer. Juan Leal commence sa faena par des doblones.  Le toro met la tête mais se défend dans la muleta. Il finit la passe en regardant les gradins. Il s’éteint rapidement quand le torero prend la main gauche. Juan Leal toréé par redondos et en réduisant les terrains. Cela porte sur le public.  L’épée entière et en place est fulminante. Elle justifie, à elle seule, l’oreille accordée.

Beneficiado Roca Rey

Le cinquième fait impression à son entrée en piste puis donne quelques signes de faiblesse. Bien piqué, il prend deux puyazos légers en s’employant à la première rencontre. Il est distrait au second tercio. Viruta, très efficace aux banderilles, salue.  Le péruvien met rapidement le toro au centre. Deux derechazos pour caler la distance puis Roca Rey embarque le toro à droite pour deux séries qui pèsent sur l’animal. Le torero a pris la mesure du Garcigrande. Les premières naturelles se cherchent un peu . Avec son pouvoir, Roca Rey soumet le toro et la faena va à mas. La série de derechazos qui suit est superbe. Le final encimiste, plein d’émotion, fait se lever une partie du public. Le péruvien entre à matar,  l’épée entière et basse est rapide d’effet.  Vuelta au toro (généreuse) et deux oreilles pour le torero.

Olivo Adriano

Adrien Salenc est désarmé en recevant le sixième. Le toro prend deux piques sans s’employer. Début par pechos et derechazos de rodillas, Adriano continue à droite. Le Garcigrande manque de charge et se retourne vite. A gauche, il est soso et malgré les efforts du torero la faena manque de transmission. Retour à droite le français arrache deux séries méritoires avant de tuer d’une bonne entière efficace. Une oreille vient récompenser l’envie et l’application du jeune torero français.

Thierry Reboul