Aline Gonzalez « retranscrire l’âme et le regard»

Aline Gonzalez « retranscrire l’âme et le regard»

Si vous passez dans les coursives des arènes de Bayonne durant la feria de l’Atlantique vous y trouverez une exposition de peintures aux thèmes d’inspiration taurine. Parmi les artistes exposants Aline Gonzalez qui aime à peindre sur la tauromachie. Aline Gonzalez, ancienne contrôleuse de la navigation aérienne à la tour d’Orly, aujourd’hui instructrice au sein de l’Ecole Nationale de l’Aviation Civile. Aline a obtenu en 2021 le titre prestigieux de peintre officielle de l’air et de l’espace (accordé par le ministère des armées). Elle n’en a pas pour autant abandonné la peinture dite « taurine ». Elle a créé une technique toute personnelle pour composer ses oeuvres. Tertulias l’a rencontré.

Tertulias : «Aline, peux-tu te présenter rapidement? » .

Aline Gonzalez: « J’ai grandi à Mont de Marsan, marié avec un bayonnais. Je vis en banlieue toulousaine.. Je suis contrôleur aérien, instructrice au sein de l’ENAC et artiste peintre .»

Tertulias : «Quel est ton parcours de peintre? » .

Aline Gonzalez: « Je suis autodidacte. De tout temps j’ai pratiqué le dessin avec un talent qui m’était reconnu. J’ai basculé vers la peinture sur le tard une fois installée dans ma vie profesionnelle. Je peignais à l’huile, à l’acrylique. C’est un évènement de vie qui m’a poussé à peindre à l’encre de chine. Suite à une grave opération cardiaque, durant ma convalescence j’ai repris mon activité artistique, et l’encre de chine m’est apparue comme une évidence. J’ai aimé la notion de  » pas de droit à l’erreur » , de minutie.»

Tertulias : «Comment en es-tu venue à peindre sur la tauromachie? » .

Aline Gonzalez : « C’est en rencontrant mon mari aficionado, que j’ai découvert la tauromachie. J’ai assisté à mes premières corridas, je me suis à lire sur le sujet. J’ai été vite fasciné par le taureau. Il faut dire que mon mari m’a beaucoup expliqué son comportement, son élevage. J’ai eu envie de représenter toutes les facettes de cet animal»

Tertulias : «Que souhaites tu exprimer au travers de ta peinture en tauromachie? » .

Aline Gonzalez: « L’échange qu’il y a entre l’homme et l’animal au travers de leurs regards croisés. C’est mon défi de capter de retranscrire l’âme qu’il y a derrière le regard que ce soit dans un portait de torero, de mayoral, mais aussi d’un taureau où je souhaite que sa représentation soit juste dans ses positions, ses attitudes , ses regards..»

Tertulias : «Tes peintures sont en noir et blanc, choix dicté seulement pas la technique (encre de chine)? » .

Aline Gonzalez: « J’ai peint de la tauromachie à l’ huile ou à l’acrylique. Dès que je me suis mise à l’encre de chine, cela m’a plu car ça donne libre cours à l’imagination de celui qui regarde. Mon but n’est pas de représenter la couleur mais de proposer quelque chose d’expressif. Peindre en noir et blanc obliqe le spectateur à s’attacher à l’attitude, aux regards, plutôt qu’à l’esthétisme des couleurs. C’est peut-être paradoxal en tauromachie où la couleur est très présente»

Tertulias : «En plus de l’encre de chine , tu as développé une technique bien particulière? » .

Aline Gonzalez: « Effectivement, c’est une technique inventée à base de tampon encreur. C’est une technique que j’ai développé dans les peintures sur l’aéronautique et que j’ai transposé à ma production sur la tauromachie. A la base, j’ai eu l’idée de faire un portrait d’Enrique Ponce en pointillisme avec des petits taureaux comme fil conducteur. C’était un toile en acrylique en noir et blanc et chaque taureau était peint. De près, on voit une foule de taureaux et en s’éloignant on voit le portrait du torero. De fil en aiguille, j’ai fait la tête de taureau avec des petits toreros. certains spectateurs pensaient que c’était réalisé avec des tampons encreurs. J’ai gardé cette idée en tête. J’ai donc fait faire des tampons encreurs sur mesure (des taureaux ,des arènes,..) dont je me sers pour composer certaines toiles. »

Tertulias : « Tu as une production artistique qui dépasse largement le domaine du taurin, est-ce que cette production taurine t’a occasionnée des désagréments? » .

Aline Gonzalez: « Non que ce soit pour mon référencement par le ministère ou par ceux qui me connaissent au travers de mes autres thèmes de prédilection, on ne m’a jamais rien reproché sur le sujet .»

Tertulias : «Quelle est la typologie d’un acquéreur de toile taurine? » .

Aline Gonzalez: « Très variée en fait et pas forcément aficionado. Comme je ne fais pas de scènes de corrida , il m’est arrivé de vendre des toiles à des gens qui ne connaissent rien à la corrida. J’ai une anedocte à ce sujet à Bayonne. Un couple du nord récemment emmenagé sur le quartier des arènes est venu par hasard sur le campo de feria et tombant amoureux d’une toile acrylique en grand format d’un toro sortant du toril l’a achetée. Depuis chaque année ils viennent me faire un petit coucou à chaque exposition à Bayonne. Et s’ils ne vont pas aux corridas, leur fille elle désormais y va.»

Tertulias : «En tant qu’aficionada quels sont tes goûts et qu’est ce qui attire ton regard? » .

Aline Gonzalez: « J’aime beaucoup le travail à la cape qui est très esthétique. Globalement, j’aime la docueur du geste et l’engagement réciproque du taureau et du torero. Je ne suis pas une experte en technique tauromachique mais j’aime ressentir des émotions. En 2012 pour le solo de José Tomas, l’encerrona de Luque à Dax l’an dernier sous la pluie, j’ai été transportée sans explication rationnelle.»

Tertulias : « Au dela de la visite de l’exposition durant ces trois jours , comment peut-on avoir accès à ton travail? » .

Aline Gonzalez: « J’ai un site alinegonzalez.fr (lien site ➡️ alinegonzalez) où il y a l’ensemble de mes oeuvres. Sinon je serai à disposition dans les coursives des arènes pour tout renseignement que ce soit pour les toiles exposées ou les repro existantes qui permettent d’offrir une palette de prix accesible au plus grand nombre »

Propos recueillis par Philippe Latour