Les Présidents de corridas contestables et contestés.
Les présidents de corridas sont de plus en plus contestés.
Il est peut-être proche le temps où on entendra dans les arènes scander sur l’air des lampions « aux ch….es le Président ». Depuis le début de cette temporada, plusieurs affaires secouent le monde taurin. Nombre de fans de toreros se posent en victime . Un « vilain monsieur » a privé leur idole d’un appendice auriculaire qui selon eux était plus que mérité. D’autant plus que la pétition, à l’aulne de leur compteur personnel, était majoritaire.
On touche là les limites d’un système qui petit à petit a dérivé. Aujourd’hui, même les plus grandes arènes, distribuent trophées, mouchoir bleus ou indultos à un rythme frénétique. Un publiciste connu aurait certainement écrit: « Si tu n’as pas eu des sorties à hombros et un indulto, tu as raté ta Féria » .
On ajoute à cela un public moins sensible à une certaine éthique taurine. Plus enclin à un certain triomphalisme il veut absolument exercer le pouvoir que le règlement lui donne. Plus le décalage télé visuel qui fait que l’on regarde des corridas de Madrid ou de Séville avec une grille d’analyse qui a cours dans d’autres lieux. Tout cela conduit à un certain désordre. Ainsi certaines arènes finissent par ressembler à ce que les reboussiers arlésiens qualifient de « Marché Saint Pierre ».
Le règlement est ce qu’il est et on se doit de l’appliquer si on revendique une certaine éthique taurine. La première oreille est celle du public. Si la pétition est majoritaire, on l’accorde. Ce n’est pas négociable. Les incongruités constatées aujourd’hui (récompenser par exemple un bajonazo parce qu’il tue vite) disparaîtront avec la montée en compétence et en exigence des publics. Il y a du boulot, mais on finira bien par y arriver.
En revanche le reste des récompenses est de l’autorité des Présidents et doit le rester. Pour que cela soit compréhensible de tous, il est nécessaire que, à niveau d’arènes comparable, les situations soient jugées de manière identique. Le travail fait par la FSTF avec le Corps des Présidents et des Alguazils y contribuera (cf flyer de la FSTF). Mais cela nécessite que ne montent au Palco que des personnes correctement formés et indépendants des organisateurs. Là aussi, il y a du travail avant d’y arriver.
En attendant, quelques règles de base devraient contribuer à garder le sérieux et l’éthique nécessaire à la crédibilité de tous nos arguments destinés à défendre la corrida.
- Sortir le second (ou troisième) mouchoir en même temps que le premier et ne pas donner l’impression de céder à la pression du public.
- Pendre en compte, la gestion des trois tiers dans l’attribution des récompenses.
- Pas de mouchoir bleu sans les deux piques règlementaires ou orange sans trois rencontres avec la puya règlementaire.
- N’autoriser la sortie à hombros que si le matador a au moins coupé deux oreilles à un même toro. La sortie en triomphe deviendra ainsi de la seule responsabilité du Palco.
- Ne pas pratiquer la politique de la compensation ou de la relativisation. Si le Président fait une boulette, il l’assume jusqu’au bout. Ce qui évitera bien des surenchères dans les récompenses.
Si on remet, ou met, un peu d’ordre dans le système on pourra continuer à rendre conciliables Ethique, Esprit de Fête et Expression des émotions ressentis. On évitera ainsi des dérives qui feraient ressembler les arènes à certains stades (cf Madrid samedi) .Ce n’est pas très compliqué à faire, il suffit que les organismes tels que l’UVTF jouent leur rôle et d’appliquer le règlement taurin français.
Ainsi les présidents de corridas seront moins contestables et contestés.
Thierry Reboul
Je sais que l’excellent compañero Thierry méditera avec bienveillance cette phrase que j’ai noté » …l’ordre parfait est le précurseur de la parfaite horreur … «
Mon très cher Maître , ne peut on dire même si cela est paradoxal que c’est dans l’ordre parfait que naît le désordre créatif?