Séville, une oreille pour Pablo Aguado

Pablo Aguado a coupé la seule oreille de la première corrida de la San Miguel de Séville 2023.

Il faisait beau à Séville. Les arènes étaient pleines. Au paseo ont défilé trois toreros artistes. On pouvait s’attendre à ce que la corrida soit belle. Hélas, comme à leur habitude, les toros de la Casa Matilla n’ont pas permis. De cette ouverture de la San Miguel 2023, ont retiendra la noblesse et le moteur du second et les chicuelinas superbes et le début de faena de grande classe de Pablo Aguado au troisième.

Les toros

Composé de trois Hermanos Garcia Jimenez et trois Olga Jimenez, le lot de toros de la famille Jimenez a été inégal de présentation et surtout de comportement. Tous ont été discrets au premier tiers. Le second, noble et avec du moteur, permettait plus que ce que Manzanares en a fait. Le troisième a bien commencé puis est allé à menos. Les quatre autres sont à oublier.

Les toreros

Morante de la Puebla est excellent à la cape quand il reçoit son premier toro. Le bicho est manso et s’éteint rapidement. Le torero n’insiste pas. Le quatrième manque de race et de moteur. Quelques muletazos appliqués puis Morante tue vite et mal. Deux silences, Morante reviendra ce week-end à Séville.

Le premier toro de José Maria Manzanares est un toro de troisième tiers. Il embiste, en particulier à droite, avec beaucoup d’alegria. Le torero d’Alicante enchaîne des séries de derechazos conduisant avec élégance mais systématiquement sur le pico. La faena est en dessous des possibilités du toro. Le cinquième noblote mais manquant de race est allé à menos et Manzanares l’a tué avec habilité.

Beaucoup de classe, de personnalité et d’élégance dans les capotazos et la première partie de la faena, à droite, de Pablo Aguado . Dommage que le Garcia Jimenez noble mais sans grande classe soit allée à menos. Le torero coupe la première oreille de la tarde. Rien à tirer du faible sixième, dommage car le torero était dans un jour « avec ».

Fiche technique

• Arènes de Séville, première corrida de la San Miguel 2023 , six toros de Hnos. García Jiménez (1,2,3) et Olga Jimenez pour
  • Morante de la Puebla : silence, silence
  • José Maria Manzanares : salut, silence
  • Pablo Aguado : oreille, silence
• 13piques, une chute
• Président :Jose Luque Teruel
• Lleno
• Météo caniculaire

Toro à toro

Veraneante Morante de la Puebla

Le tambour major fait une sortie père tranquille. Il a tendance à fuir quand Morante de la Puebla le reçoit par de bonnes véroniques. La seconde série de passes de cape est superbe et déclenche les olés d’un public acquis à la cause de Morante. Le Garcia Jimenez est manso. Suelto, il prend un premier puyazo sans pousser au picador de réserve. Il tombe deux fois avant de prendre une seconde pique par le piquero de turno. La mise en suerte est très « classe », le puyazo trasero, le toro pousse.

Début de faena par des statuaires dans le terrain des planches, Morante continue en toréant par derechazos. Le toro se défend en début de série puis se laisse faire. Premières naturelles, Morante baisse la main en début de passe puis relève la muleta. Le toro manque de race et n’embiste pas. A droite, le bicho passe de moins en moins et le torero prend l’épée de muerte. L’entrée à matar prudente se solde par un petit quart de lame. Le toro se colle aux planches et finit par tomber. Silence pour le torero, pitos pour le Garcia Jimenez.

Principal José Maria Manzanares

Le second est un peu plus sérieux de présentation que le premier. La corne gauche met en difficulté José Maria Manzanares quand il le reçoit à la cape. Sans mise en suerte, le toro prend une grosse pique en poussant sur une corne. La seconde est plus légère mais le bicho s’emploie mieux. Aux banderilles, il est distrait. Dès les premiers muletazos, le Garcia Jimenez est fuyard. Manzanares le double par le bas avec efficacité. Le toro reste dans la muleta et le torero peut lier une série de derechazos élégants.

Le Garcia Jimenez fait l’avion sur la corne droite. Dommage que le torero d’Alicante soit si souvent sur le pico. A gauche, le toro se livre avec noblesse mais cherche à sortir en fin de passe. Manzanares reprend la main droite pour une dernière série plus centrée à un toro qui boit toujours le leurre avec alegria sur cette cornz.  Première entrée à matar, premier pinchazo, la seconde se solde par une entière légèrement tombée et suffisante.  C’est joli mais le toro avait encore plus à offrir que ce que Manzanares nous a proposé. Ovation au toro, salut du torero.

Derribado Pablo Aguado

Le troisième humilie dans la cape de Pablo Aguado. Il fait chanter les étriers à la première rencontre avec le groupe équestre. Très bon quite par des chicuelinas lentes, le Garcia Jimenez prend un picotazo trasero. Le toro ne s’emploie pas mais le torero lui arrache une très belle série de véroniques. Pablo Aguado commence sa faena à droite avec suavité et classe. Le public de Séville apprécie. Aguado toréé à droite en gardant la tête du toro un peu en dessous de la mi-hauteur. Le toro est noble mais manque d’alegria. Les derechazos ont beaucoup de classe et de subtilité et de personnalité. A gauche, première série, le toro humilie un peu plus mais a baissé de rythme. Le torero prend l’épée de muerte. Le bicho bouge la tête juste avant que Pablo Aguado n’entre à matar. L’épée résulte trasera mais elle est efficace. Une oreille

Caramelo Morante de la Puebla

Le quatrième, un Olga Jimenez, est un toro sérieux de présentation. Il sort abanto et prend deux puyazos bien administrés mais appuyés en poussant sur une corne. Il accuse le coup à la sortie de ce premier tercio. Morante de la Puebla commence sa faena à droite. Le toro est noble mais manque de chispa. A la deuxième série, il commence à se défendre. Série suivante, le torero s’applique mais le toro manque de race et de moteur. Un enchaînement de naturelles, le bicho d’ Olga Jimenez n’est pas meilleur à gauche. Trois derechazos et Morante prend l’épée. Un pinchazo prudent précède une entière trasera, basse et suffisante. Silence pour le torero, pitos pour le toro.

Carcelario José Maria Manzanares

Le cinquième est bien reçu à la cape par José Maria Manzanares. Manso il fait le tour du cheval à la première rencontre et sort seul. Il renverse le groupe équestre à la seconde et sort seul de la troisième dans lequel il est rentré en freinant juste avant le contact. Le bicho sort du premier tiers sans avoir été beaucoup piqué. Il bouscule Abraham Neiro sur la dernière pose de banderilles (coup à la main droite). Début de faena par derechazos à mi-hauteur et sur le pico, le toro charge avec un fond de noblesse mais sans beaucoup de classe. A gauche, le toro se défend dans la muleta. Globalement toro et torero transmettent peu. Manzanares reprend la main droite, la meilleure corne de l’Olga Jimenez. Le toro va à menos et la faena s’arrête rapidement. L’épée est plus qu’habile mais elle est suffisante. Silence pour le torero, pitos pour le toro

Discreido Pablo Aguado

Le sixième est bien armée et a une hechura qui devrait l’aider à embister. Il accroche le capote de Pablo Aguado puis fait une vuelta de campana avec une forte torsion du cou. Le torero le met en suerte, il tombe. Il est économisé au cheval.  Le toro juste de forces sort très amoindri de ce premier tercio. Il ne se reprend pas au second tercio mais est maintenu en piste. Pablo Aguado le cite à mi-hauteur et de près pour le maintenir debout. Le bicho, bien que noble, est handicapé par sa faiblesse. Le torero s’applique mais faute d’opposition les muletazos ne transmettent pas malgré ses efforts. Il essaie à gauche mais c’est en pure perte. Déçu, Aguado entre à matar prudemment et tue d’une quasi entière de travers et basse. Silence pour le torero, pitos pour le toro

Corrida vue, sur One Toro TV, confortablement assis devant un écran d’ordinateur.

Thierry Reboul