Madrid, Castella énorme, Ureña courageux
Enormément d’émotion lors de cette corrida de Madrid grâce à deux grands toreros Sébastien Castella et Paco Ureña. Les Maestros face à deux mansos de gala de Toros de Cortés ont réalisé de grandes faenas qui ont fait se lever tout Las Ventas, Tendido 7 compris. S’ils avaient tué, les deux matadors seraient sortis par la Puerta Grande.Les quatre Victoriano del Rio qui complétaient le lot sont à oublier. Gnès Marin a été très mal servi par le sorteo.
Les toros
Hormis le premier noble mais qui a peu duré, les toros de Victoriano del Rio n’avaient ni bravoure, ni noblesse. Les deux Toros de Cortés étaient des mansos de gala. Le quatrième avait un fond de caste que Castella a su exploiter. Le cinquième, peu piqué et banderillé avec les veuves, était dangereux et avisé. Leurs lidias a transmis beaucoup d’émotion grâce au talent et au courage de Sébastien Castella et de Paco Ureña.
Les toreros
Le premier Victoriano est allé à menos. Excellent à la cape, Sébastien Castella commence sa faena par de bons muletazos en particulier à gauche. La fin de faena subit le manque de chispa du toro. Silence après une mise à mort « longuette ».
Et oui le manso con casta existe. Manso perdido, le quatrième aurait mérité les banderilles noires. Au second tiers, il a été supérieurement lidié par José Chacon et Rafael Viotti. Là où beaucoup auraient abandonné avant de commencer, Sébastien Castella réalise une grande faena soumettant dès les premiers muletazos le manso. Poder et classe, transmission, on cherche déjà les clés de la Puerta Grande. Hélas l’épée va priver le Français d’un nouveau triomphe à Madrid. Salut ovationné, le tendido 7 insiste pour qu’il fasse la vuelta. Castella est de manière incontestable le triomphateur de la temporada madrilène.
Le second pose des problèmes avec une charge violente et désordonnée que Paco Ureña n’arrive pas à résoudre. La mise à mort est à la hauteur de la faena. Le cinquième est lui aussi un manso de gala. Il est impossible à piquer. Condamné aux banderilles noires, il est compliqué et dangereux au troisième tiers. Ureña s’arrime. Avec courage, il arrache des derechazos méritoires puis termine par de superbes doblones. Comme il fallait s’y attendre la mise à mort est compliqué. Vuelta de gala pour Paco Valor.
Gines Marin a rapidement pris l’épée pour bien tuer un manso décasté qui est parti dans les planches au second derechazo. Le second ne permettait pas plus.
Fiche technique
- Arènes de Madrid, Seconde corrida de la Feria de Otoño 2023 , quatre toros de Victoriano del Rio et deux de Toros de Cortes (4ème et 5ème) pour
- Sébastien Castella : silence (avis), salut au centre qui se transforme en vuelta al ruedo.
- Paco Ureña : silence, vuelta al ruedo (deux avis)
- Gines Marin : silence, silence
- Une pique , quatre refilones pour le quatrième, dix refilones pour le cinquième et huit piques pour les autres. Deux chutes
- Le cinquième toro a été condamné aux banderilles noires
- Rafael Viotti (banderillero) et José Chacon (lidiando) ont salué au quatrième
- Ignacio Rodriguez a été ovationné après avoir piqué le sixième
- Président : Eutimio Carracedo Pastor
- Quasi lleno
- 30°,soleil ,ciel bleu au moment du paso
Toro à toro
Lastimado Victoriano del Rio Sébastien Castella
Le premier est sérieux de présentation. Il met bien la tête dans la cape de Sébastien Castella. Il est suelto. Première pique, le toro pousse sur une corne. Peu piqué à la seconde, Il met en danger Paco Ureña sur la dernière passe d’un bon quite par véroniques. Castella répond pae des tafalleras, demi et une superbe larga. Très bonne brega de Rafael Viotti au second tercio, le public apprécie. Entame de faena par statuaires , le Français cite le toro de loin. S’en suivent naturelles, trincheras et pecho.
Castella continue à gauche avec classe et poder. Le toro est noble mais il faut l’obliger. Une bonne série à droite, cite de loin sur la suivante, le Victoriano est plus réservé. Le torero termine sa faena par des naturelles et pechos à un toro qui ne transmet plus rien. Castella entre à matar, quand sonne le premier avis, pour une entière basse. Le bicho tarde à tomber malgré une tentative de descabello. Silence
Jungla Victoriano del Rio Paco Ureña
Le second est le plus bas du lot. Il est juste de forces et prend une première pique sans s’employer. La seconde rencontre se limite à un picotazo « light ». Dès le second tercio, il charge en se défendant par des coups de tête. Paco Ureña commence par le doubler mais il doit le faire en douceur car le toro est faible. A droite la charge est courte et le toro fléchit si on le force. Dommage car il a fond de race que sa faiblesse l’empêche d’exprimer. La faena manque de transmission et Ureña a du mal à résoudre les problèmes posés par le toro. A gauche, ce n’est guère mieux et le torero va rapidement chercher l’épée de muerte. Il pinche à plusieurs reprises avant de mettre une vilaine entière basse. Silence
Distante Victoriano del Rio Gines Marin
Le troisième sort abanto,suelto et distrait. Gines Marin tarde à l’aborder. Il prend un premier puyazo en se défendant et renverse le groupe équestre. Le cheval tarde à être relevé et c’est le réserve qui donne une seconde ration de fer à un Victoriano del Rio qui ne pousse pas. Début de faena classique par doblones puis derechazos, le toro part aux planches à la seconde passe. Marin doit le toréer dans la querencia. Le Victoriano est totalement décasté, le torero abrège à la seconde tentative de faire un enchaînement de muletazos. L’estocade est en place et efficace. Silence pour le torero et pitos pour l’arrastre.
Devoto Toros de Cortes Sébastien Castella
Le quatrième est un Toros de Cortes gordito. Dès les premiers capotazos, il a tout d’un manso de gala. Il est en plus faiblote et prend une première pique sérieuse en se défendant. Il sort seul des six tentatives de piques suivantes. Dans d’autres arènes, on aurait sorti le mouchoir rouge. Standig ovation pour Rafael Viotti (banderillero) et José Chacon (lidiando) qui ont réalisé un grand tercio. Sébastien Castella double avec autorité puis enchaîne trois grandes séries à droite à un toro qui se soumet. Le poder du français est impressionnant. A gauche, une série avant deux enchaînements derechazos, changement de main , naturelle pleines de domination et classe, c’est ainsi qu’on toréé un manso. Après une série de manoletinas superbes, Castella pinche à deux reprises, un avis sonne. Une entière à la troisième tentative conclut une grande faena du torero français. Grande vuelta pour le torero, pitos pour le torero
Andaluz Toros de Cortes Paco Ureña
Le cinquième du fer de Toros de Cortes est une « manso déclaré » dès son entrée en piste. Premier refilon au réserve, second au picador de turno etc , le toro passe devant le cheval et au contact une dizaine de fois au hasard de ses déplacements en piste, le Président sort le mouchoir rouge. Le manso sera banderillé avec les banderilles noires. Le bicho est excessivement dangereux à banderiller. Paco Ureña double un toro qui s’échappe à chaque muletazo. Il finit par l’amener au centre et lui arrache des derechazos. Le toro est avisé et le courage du torero mérite le respect.
Comme au précédent, il y a de l’émotion en piste. Les deux dernières séries de doblones font se lever le public. Le torero entre à matar pour tuer ce manso qui n’a pas été piqué. Il pinche et se fait bousculer. La seconde tentative, à recibir, est la bonne. Un avis sonne mais c’est anecdotique. Ureña doit descabeller ce qui est loin d’être facile. Un second avis sonne avant que le toro ne tombe. Grande vuelta pour le torero et bronca pour le toro.
Pudoroso Victoriano del Rio Gines Marin
Le dernier est un Victoriano del Rio. Il est suelto quand Gines Marin le reçoit à la cape. Il charge avec alegria et renverse « illico presto » la cavalerie à la première rencontre. Très bien piqué, il pousse avec poder à la seconde. On aurait aimé voir une troisième rencontre. Le piquero Ignacio Rodriguez est ovationné. A gauche le toro est soso, se défend et se retourne vite. A droite il en est de même. Gines Marin s’applique mais le toro ne transmet rien. Le bicho part aux planches et le torero va chercher l’épée. Le Victoriano est difficile à fixer pour la suerte suprême. L’entrée à matar est prudente et l’épée habile. Silence
Corrida vue, sur One Toro TV en direct.
Thierry Reboul
J’étais à Las Ventas hier Allelujah!
Je vais commencer par le pire : Les anciens et les toros ont mis Gines Marin à sa place; celle d’un petit monsieur tricheur qui met en scène de scandaleux indultos (Dax 2018). Ne soyons pas trop dur avec son premier, très moche, avec lequel il n’y avait rien à faire. Mais devant son deuxième (pas assez piqué … à sa demande) il a été constamment sur le pico et s’est fait chahuter par le 7. Il n’a pas eu l’orgueil et le reste de se mettre au diapason des deux volcans précédents. Il quitte Las Ventas sous de copieux sifflets justifiés.
Le pire est aussi le tendido 6 qui ne connaît rien aux toros et surtout pas aux mansos. Et dire que c’est le 6 qui est de plus en plus copié en France…
Au 5°, grand burraco, Ureña a été énorme de courage et de vista. Face à ce manso perdido hyper dangereux sa série ultime valait à elle seule l’oreille. Il était quasi certain que la mise à mort serait bien difficile. Debout, le 7 l’a chaleureusement remercié.
Enfin Castella! En deux passes il a dompté ce manso con casta dont le tendido 6 demandait le changement (!).
Indescriptible l’émotion ressentie d’autant que j’étais installé en plein tendido 7 lequel s’est levé dès la fin de la première série.
Qu’importent les oreilles envolées, l’ovation au centre fut tellurique, et alors qu’il regagnait le callejon (déçu quand même) le 7 à l’unanimité lui demande la vuelta.
Cette vuelta valait peut-être n’importe quelle grande porte.
Chapeau à sa cuadrilla qui a largement contribué à améliorer ce toro! Là aussi le 7 a démontré toute son aficion.
Voilà un retour qui a du sens; Castella est revenu meilleur que jamais et peut-être désormais le meilleur tout simplement.
Vu le toro, peut-être la meilleure faena de sa carrière hier?
Et les toros? Bizarres; parfois je me demandais si, il y a quelques années, une vache de chez Valdefresno n’avait pas fugué pour aller trouver refuge chez Victoriano del Rio.
J’ai toujours pensé qu’il n’y avait rien de plus passionnant qu’un manso con casta, ça s’est confirmé aujourd’hui… et même un manso perdido lorsqu’il trouve un Ureña face à lui.
Cette corrida aurait pu être nullissime; elle a finalement été passionnante et tutoyé le sublime.
Beñat heureux
J’aime bien te lire enthousiaste benat !
Merci monsieur Christian, il paraît qu’il vaut mieux ne pas m’avoir comme voisin sur les gradins sauf si j’y fais la sieste…
Beñat
Ça doit brailler donc..
Je préfère mon silence quasi religieux.
Quoi qu’une bonne gueulante de temps à autre…