Valencia, El Fandi triomphe, Ureña torée
Les staticiens retiendront que El Fandi, égal à lui-même, a coupé deux fois une oreille et est sorti en triomphe de cette dernière corrida des Fallas de Valencia. Et pourtant c’est à Paco Ureña que l’on doit les meilleurs moments de cette tarde. Face un toro manso , qu’il a amélioré, il a construit une faena pure , sincère qui a culminé avec deux extraordinaires séries de naturelles, main gauche puis main droite, qui, à elles seules, valaient deux oreilles. Mais l’épée en a voulu autrement. Dommage car avec Roca Rey, Ureña aura été le torero de ces Fallas.
Emilio de Justo a toutes les raisons d’en vouloir au sorteo et aux deux carnes qu’il a du s’envoyer.
Les toros
Correctement présentés , mais morphologiquement hétérogènes, les toros de Montalvo, discrets au cheval, ont manqué de race et de moteur à la muleta. Seul le premier avait un peu de rythme. Il a fallu l’officio de El Fandi au quatrième et la toreria de Paco Ureña au cinquième pour que l’on voit quelque chose d’intéressant.
Les toreros
El Fandi est un bon capeador, un grand banderillero. Il l’a montré au noble Montalvo sorti en premier lieu. A la muleta, le répertoire est plus limité au plan artistique mais spectaculaire. Le toro plus brillant que de classe a servi pour cette forme de tauromachie . L’épée est efficace, oreille Au quatrième, El Fandi s’est adapté au manque de classe et de transmission du toro. Sa faena spectaculaire a porté sur le public et malgré une estocade basse il coupe une oreille synonyme de sortie à hombros.
Au contraire du premier, le second Montalvo était fade. Paco Ureña s’est appliqué mais la faena a manqué de transmission. Salut après une épée basse et longue à faire effet. Le cinquième est un manso que la technique du torero a amélioré. La faena de Paco Ureña était de deux oreilles mais l’épée en a décidé autrement, que pena.
Pas grand-chose à tirer du deslucido troisième, Emilio de Justo s’applique mais fait durer inutilement des débats qui auraient mérité plus de concision. Silence. Pas de chance pour le torero de Cacérès, le sixième est encore plus mauvais que le troisième.
Fiche technique
- Arènes de Valencia, Féria des Fallas 2024 , dernière corrida. Toros de Montalvo pour
- El Fandi : oreille , oreille
- Paco Urena : salut,silence (avis)
- Emilio de Justo : silence, silence
- Douze piques
- Président : Pedro Valero
- Demi-arène
- Ce n’est pas encore l’été.
Toro à toro
Patron El Fandi
C’est un negro , plutôt bien fait, qui fait office de tambour major de cette dernière corrida des Fallas 2024 . Il s’emploie avec noblesse dans la cape d’El Fandi. Bien mis en suerte mais mal piqué, il pousse à la première rencontre mais sort seul, de la seconde, dès le contact avec le fer. Bon quite avec deux gaoneras et une revolera de Paco Ureña avant qu’El Fandi n’entame son show avec les banderilles. Des trois poses, la première est la meilleure. Début de faena par doblones, le toro répond au cite avec volonté et énergie. Le torero profite de la bonne corne droite du Montalvo. C’est dynamique, spectaculaire, mais cela manque de temple. C’est du Fandi. Le torero ne pèse pas vraiment sur le toro qui le met en difficulté sur le dernier derechazo. Le toro va à menos et la fin de faena est plus destinée à porter sur le public. L’épée entière est contraire mais rapide d’effet, oreille.
Antojitos Paco Ureña
Le second est sérieux de présentation. Il se défend sous le fer à la première et seconde rencontre. Emilio de Justo réalise un quite par chicuelinas. Le Montalvo est suelto. Paco UreñaL l’entreprend par des statuaires. Le bicho s’échappe et est distrait et accroche la muleta lors de la première tentative de naturelles. Il humilie dans les premiers derechazos mais sans s’employer vraiment. La seconde série est meilleure. Le torero pèse sur le bicho et le pecho final est excellent. Les suivantes sont un ton en dessous car le toro se livre moins et transmet peu. La faena va à menos. L’épée est portée avec engagement mais résulte basse. Le toro tarde à tomber. Valencia aime le torero et l’invite à saluer.
Regente Emilio de Justo
Le troisième saute dans la cape d’ Emilio de Justo et finit par le désarmer. Première pique trasera et carioquée, le toro se défend sur une corne. Le bicho réfléchit à deux fois à charger pour la seconde rencontre , finit par y aller puis sort seul. Début de faena, le Montalvo s’échappe du premier muletazo puis prend les suivants sans grande conviction. Emilio de Justo le change de terrain pour s’abriter du vent. Très vite le toro qui dodeline du chef semble s’endormir. Si de Justo l’oblige, il perd les mains. Le torero s’applique mais le toro manque de classe et de transmission. Il prolonge inutilement une faena qui finit par lasser une partie du public. Tentative de naturelles, il n’y a plus rien à tirer du Montalvo et Emilio va chercher l’épée. Un pinchazo, une entière basse et un coup de cape approprié et le bicho tombe rapidement.
Tomatillo El Fandi
El Fandi réveille le public en accueillant le quatrième par un larga de rodillas. Le Montalvo prend un gros premier puyazo en chacaillant plus qu’en poussant. La seconde est plus brève et le toro s’est défendu au contact. Le second tercio, brillant et spectaculaire, enchante le public. Début de faeba de rodillas, El Fandi part à la chasse à l’oreille. C’est un peu brouillon. Suivent des derechazos, le toro est noble mais a tendance à vouloir sortir de la passe. La noblesse du Montalvo est fade, El Fandi toréé pour compenser ce défaut. C’est appliqué mais ne transmet pas autant que le torero ne le voudrait car le toro va à menos développant de plus en plus de soseria. Le final porte sur le public. Un pinchazo hondo bas suffit. La pétition est majoritaire, le Président s’exécute et El Fandi s’ouvre la Puerta Grande.
Cartero Paco Ureña
Le cinquième est un colorado ojo de perdix. Tardo, le Montalvo se réveille sous le fer à la première rencontre. Son comportement à la seconde confirme qu’il l’a fait par genio. Le tercio de banderilles est chaotique. Paco Ureña double avec élégance le toro. Le bicho humilie à droite et la première série à droite laisse augurer d’une bonne faena et déclenche la musique. Le torero baisse la main car le Montalvo le permet. Beaucoup de sincérité dans les derechazos donnés de face, dommage que le toro soit un peu fade (et le torero si triste). Les deux séries naturelles suivantes sont superbes. La faena est allée à mas. Ureña a lidié avec intelligence et a pu mettre sa tauromachie relâchée et profonde jusqu’à la grande série de muletazos droitiers sans l’épée qui conclut la faena. Demi-épée trasera, l’épée n’est pas à la hauteur de la faena. Le Montalvo tarde à tomber et un avis sonne.
Alegre Emilio de justo
Alegre de Montalvo ferme le ban de ces Fallas 2024. Il sort abanto. Sans mis en suerte, il prend un puyazo appuyé en poussant. Juste de forces, il est protesté. La seconde rencontre est une simple formalité administrative. Au troisième tiers, Emilio de Justo le toréé passe à passe. Le toro a du mal à charger et se défend sur place. Le torero fournit des efforts mais ils ne sont pas récompensés par un meilleur comportement du Montalvo. Cette faena, elle aussi, est inutilement longue. Le bicho n’avance plus du tout quand le torero prend la main gauche. Le public manifeste sa désapprobation et De Justo prend l’épée pour tuer en deux temps d’un pinchazo hondo . Le manque de race du toro contribue grandement à l’efficacité de l’estocade. Silence pour un final tristounet des Fallas 2024.
Thierry Reboul (corrida vue sur ONE TOROS TV)
Commentaires fermés.