Dia de campo
Dia de campo. 19 avril. Finca El Ontañal.
David Garzon
David Garzon! Sûrement que le nom de ce torero ne vous évoque pas beaucoup de choses. Equatorien de naissance et vivant en Espagne depuis tout petit, ce trentenaire tente de vivre son rêve, celui d’être torero. Les temps sont durs. Pourtant en 2023, il est devenu matador de toros d’alternative qui lui fut conférée par Miguel Angel Perera. Garzon fait partie de ces toreros en quête d’opportunités. Pour pouvoir être prêt le jour J, il s’entraîne sans relâche et dès qu’il le peut, il torée au campo. Il en a eu l’occasion à Lodosa à la finca El Ontañal de José Luis Baigorri « El Pincha ».
Au programme, une vache du second fer d’El Tolco dont les produits sont destinés principalement pour les spectacles taurins populaires de rue et un eral de Pincha.
El Tolco
Pour s’échauffer, un animal du Tolco vous met de suite dans le bain et il faut avoir quelques recours techniques pour arriver à lier les passes. L’éleveur aime à voir comment évolue l’élevage même s’il n’a aucune intention de le voir sortir pour de la tauromachie traditionnelle hormis quelques spectacles sans picadors. Il est d’ailleurs étonnant de voir de temps à autre, la vache embister au pas et au ralenti quand la muleta présente un mix entre douceur et fermeté avant de retrouver des manières plus ou moins bonnes le reste du temps et un piquant permanent.
El Pincha
Sorti en second lieu un eral de Pincha. Pas bien gros, pas bien beau, l’utrero ne pouvait sortir en spectacle officiel. Il aurait été dommage qu’il parte à l’abattoir et qu’il ne puisse exprimer ce pourquoi il avait été élevé. Courageux en diable et inépuisable, ce petit toro s’exprima pendant de très longues minutes qu’il passa en piste. Il commença pour aller se confronter trois fois au cheval pour trois piques qu’il alla prendre avec envie et esprit de combat.
On aurait pu penser qu’il accuse le coup. Que nenni! Au cours d’une faena au très long cours, il exprima une vraie noblesse loin d’être imbécile et s’il finit au bout d’une interminable faena, fatigué, par retenir ses charges, il permit à son torero de prendre du plaisir et d’exprimer sa tauromachie.
On sent chez David Garzon, une certaine finesse dans sa manière de faire et une personnalité qui demande à éclore. Les places les plus intéressantes à prendre ne sont-elles pas les places à part? A trop vouloir bien faire et écouter les autres, il faut aussi savoir ne pas se perdre soi-même. S’affirmer sans se justifier. Dans la douceur de cette journée d’avril, Garzon a emmagasiné de la confiance pour une temporada qui débutera bientôt par un festival.
Quant au petit novillo, il lutta jusqu’au bout. Même une épée entière n’eut pas raison de lui et il fallut un coup de verduguillo pour en finir. Il avait porté fièrement les couleurs de la devise jusqu’à son dernier souffle.
Dans le soleil couchant, ses frères de sang, attendaient avec nervosité que la nuit vienne les envelopper. Entre fâcherie de fin du jour, et désir d’en imposer, les nuages de poussière se soulevaient à intervalles réguliers. Combattre, dominer, être dominé.. Comme une rivière qui coule sans cesse, le sang brave n’est jamais vraiment au repos!
Vidéo de ce dia de Campo
Philippe Latour