Madrid, Trois avis pour Roca Rey
Roca Rey a pris trois avis ce jour à Madrid, non pas parce qu’il a fracassé à l’épée mais parce qu’il n’a pas pris le descabello à son cinquième toro alors que deux avis avait sonné. Il s’était préalablement fait chahuter par une partie du public. Le regard lancé au 7 en quittant le ruedo à la fin de la corrida en dit long sur la bouderie (et le mauvais caractère du Péruvien). Les Conde de Mayalde sont sortis sans race ni transmission. Avec son métier, Roca Rey a fait illusion avec le troisième mais il a mal tué. Jorge Martinez, qui confirmait, et Cayetano ont fait de leur mieux.
Les toreros
Jorge Martinez confirme l’alternative avec un toro avec du poder (limite violence) et de l’exigence. La faena méritoire et appliquée manque de transmission et va à menos. L’estocade entière (et efficace) est caida. Le second de Jorge Martinez est plus soso que noble. Le jeune matador s’applique mais le toro, et par conséquent la faena, transmettent peu. Mise à mort en deux temps, silence.
Le second met la tête mais est violent et de demi-charge. Cayetano, qui ne semble pas remis de sa cogida au premier, instrumente une faena superficielle et marginale qu’il conclut d’une épée trasera et tendida. Le second de Cayetano a offert peu d’options.
Le troisième est noble et collaborateur. Roca Rey en tire une faena poderosa et efficace qui porte sur le public. L’estocade n’est pas à la hauteur de la prestation du péruvien qui doit se contenter de saluer depuis le callejon. Le Péruvien instrumente une faena technique, poderosa a un toro sans grande race ni transmission. C’est bien mais sans plus. le public (surtout le 7 râle). La mise à mort est laborieuse. Roca Rey entend les trois avis car il a décidé de ne pas descabeller. Pitos
Les toros
Correctement présenté, le lot de Conde de Mayalde a présenté un panorama quasi exhaustif des différentes origines constituant cet élevage. Au cheval, ils se sont peu employés malgré deux chutes du groupe équestre. Au troisième tiers, ils suivaient la muleta sans conviction, sans classe et surtout sans transmission.
Fiche technique
- Arènes de Madrid, treizième corrida de la San Isidro 2024 . Six toros du Conde de Mayalde pour
- Cayetano : silence , silence (avis)
- Roca Rey : Palmas (deux avis) , pitos (trois avis)
- Jorge Martinez: (confirmation) silence , silence (avis)
- Douze piques et deux refilones pour deux chutes.
- Président :José Luis Gonzalez Gonzalez
- No Hay Billetes
- Soleil, 26°
Toro à toro
Estafador Jorge Martinez
Le toro de la confirmation de Jorge Martinez est sérieux de présentation. Il prend un premier puyazo en poussant puis en renversant le groupe équestre. Le jeune torero est en difficulté et la seconde mise en suerte est assurée par la cuadrilla. Le piquero se rattrape de la première avec une carioca. Le bicho s’emploie. En sortant le bicho, Cayetano se fait bousculer de façon spectaculaire. Une troisième pique aurait été nécessaire.
Au second tercio, le Conde de Mayalde poursuit les banderilleros tel un cocardier. Cayetano et Jorge Martinez échangent les trastos. Cayetano se rend à l’infirmerie une fois la cérémonie terminée. Le toro a du poder et est exigeant. Il se défend en fin de passe. Jorge Martinez l’entreprend à droite. Le jeune matador s’applique et enchaîne des derechazos méritoires. Le toro a baissé de ton quand il prend la main gauche. Sur ce piton, le Mayalde s’emploie moins. Toro et faena vont à menos. Une épée basse conclut les débats. Silence.
Entrador Cayetano
Le second a du tamaño et de la tête. Il sort abanto. Cayetano ne le fixe pas avant que n’entrent les piqueros. Le toro ne s’emploie pas lors d’une première rencontre trasera. Il sort seul puis revient de lui-même pour une nouvelle, et sévère, ration de fier. Jorge Martinez rend les trastos à Cayetano. Le parrain du jour, visiblement incomplètement remis de sa cogida, entame les débats par une tentative de derachazos de rodillas.
Le toro le met en difficulté et l’oblige à sauter dans le callejon. Reprise des hostilités par doblones (cela s’impose compte tenu du contexte), puis Cayetano prend la main gauche. Le Conde de Mayalde humilie mais est court de charge et parfois violent. La suite de la faena est marginale. A droite et à gauche, le torero ne se croise jamais. Une épée tendida et trasera et un descabello concluent la faena. Silence. Cayetano repart à l’infirmerie.
Abonador Roca Rey
Le troisième est joliment présenté. Roca Rey le reçoit par des delantales de classe. Le toro, mal mis en suerte et mal piqué, prend deux puyazos sans s’employer. Le Mayalde est juste de forces. Début de faena sans que le torero ne bouge d’un centimètre, Roca Rey amène le toro au tercio. Le Mayalde devient noble dans la muleta poderosa du péruvien. Le torero domine avec une facilité déconcertante son opposant. A gauche, les premiers muletazos sont un peu plus brouillons.
Roca Rey règle le problème et enchaîne des naturelles de face, une cambiada et un pecho. Du temple, de l’assurance et de l’efficacité dans les derechazos qui suivent. Conclusion par bernadinas et un pecho, le public apprécie. L’estocade est entière mais le toro tarde à tomber. Un avis sonne, le Mayalde se couvre et est difficile à descabeller. Un second avis sonne. Le bicho se couche sans descabello. Pétition d’oreille justement refusée, palmas
Joyero Jorge Martinez
Compte tenu de la blessure de Cayetano l’ordre de sortie est modifié. Joyero est un joli toro salpicado. Il met la tête dans la cape de Jorge Martinez. Il prend deux puyazos sans s’employer. Brindis au public, le torero commence sa faena à droite. Le Mayalde est noble mais un peu juste de forces. Martinez le cite de loin, il vient avec alegria mais il manque de transmission dans sa manière d’embIster. Le torero s’applique, enchaîne de bons derechazos. Le public connecte. A gauche, le toro est soso. Malgré les efforts de Jorge Martinez l’émotion n’est pas là. Retour à droite, le torero s’applique mais il manque toujours la transmission. Un avis sonne avant l’entrée à matar. Martinez pinche puis il met une entière efficace. Silence
Jarreton Roca Rey
Le cinquième a presque six ans. Il est suelto, fuyant la cape de Roca Rey. Il prend un premier puyazo au picador de turno qui tombe puis deux refilones au picador de réserve puis une pique brève au titulaire. Le président change le tercio alors que le manso a été peu piqué. Roca Rey commence la faena sur le voyage et par le haut. Avec sa muleta puesta, il impose trois derechazos au Mayalde. Le bicho manque de race mais le Péruvien sait comment l’obliger à passer.
A gauche, le toro est encore plus court de charge. Comme sur l’autre piton, Roca Rey le fait passer. C’est bien techniquement mais cela manque de transmission voire d’intérêt. Une partie du public, particulièrement le 7, finit par s’impatienter. Le péruvien tue mal et le public n’apprécie pas. ; Silence, deux avis sonnent. Le torero ne descabelle pas probablement pour provoquer le tendido 7. Le troisième avis sonne.
Atrevido Cayetano
Cayetano revient de l’infirmerie pour recevoir à la cape le sixième. Le toro prend deux puyazos sans grand style. Début de faena par doblones, le toro manque de chispa. Il proteste en fin de passe à droite. A gauche, il manque totalement de race même si sa soseria peut faire illusion. On s’ennuie ferme. Cayetano finit par aller chercher l’épée et tue d’une entière tendida mais efficace. Silence
Thierry Reboul (corrida vue sur One Toro TV)
Non un président n’a pas le droit de refuser une oreille pètitionnée par le public,après une telle faena, sous prétexte d’une épée nécessitant un descabello.
Non un torero n’a pas le droit de se venger en laissant agoniser un Toro blessé á mort pendant 5mn. (belle image pour les anti)
On a toujours parlé de valeurs dans la corrida. Je ne m’étonne plus de l’aimer moins en voyant cela.
Espérons qu’avec Luque aujourd’hui, on remettra l’église au milieu du village.