Reta de Casta Navarra : le défi de l’impossible
Reta de Casta Navarra : le défi de l’impossible
Il existe sept grands troncs fondateurs ou « encaste » de la race « resa brava », parmi lesquels se trouve l’encaste de Navarre, représenté par la race « Casta Navarra ». Au fil du temps, la négligence progressive de la sélection et la forte augmentation de la consanguinité dans les troupeaux, le manque de combativité des toros navarrais par rapport à d’autres races, ainsi que leur caractère bourru, leur a valu d’être ignorés par d’importants toreros. Cette race, a été condamnée au début de son déclin et de son métissage.
Pourtant en Navarre, il y a en moyenne 900 événements taurins par an : corridas, fêtes populaires, courses de taureaux, capeas, etc. C’est dire l’importance économique et sociale de ce secteur de l’élevage navarrais. Miguel Reta ingénieur agronome de formation a entrepris le pari fou et risqué d’essayer de redonner le lustre d’antan à ces toros si particuliers en les faisant passer de la rue où leur caractère fait merveille dans les fêtes populaires, à la piste afin de préserver ce patrimoine génétique en voie de disparition.
Le 17 août prochain, à Tafalla en Navarre, Javier Sanchez-Vara, guerrier parmi les guerriers a décidé de s’enfermer avec 6 toros de l’élevage Reta de Casta Navarra, évènement qui intrigue et passionne l’aficion torista. Tertulias est allé à Grocin, pueblo de quelques dizaines d’âmes à la rencontre de Miguel Reta pour parler de cette aventure de la caste navarraise, des doutes et des espoirs de ce ganadero lucide et attachant.
Tertulias : « Comment l’aventure a commencé ? »
Miguel Reta : « Nous avons commencé en 1996. Tout est venu de mon aficion pour les festejos populares et des relations que j’avais avec les éléveurs de toros bravos de Navarre. Je suis ingénieur agronome de formation, et mon travail était centré sur l’assistance technique aux éleveurs de bravos. Dans les années 90, il y eut en Navarre une épidémie de tuberculose. Il a fallu abattre beaucoup d’animaux. Avec ces abattages disparaissaient un potentiel génétique de grande valeur. Professionnellement j’ai donc été en relation avec les éleveurs pour les aider sur ce sujet de la tuberculose.
C’est ainsi qu’en 1996 , j’étais chez un ganadero des Bardenas, Nicolas Aranda, un des plus anciens, pour un traitement sanitaire et une vente d’animaux de pure souche Casta Navarra en faveur d’éleveurs de la région de Valence pour les « bous al carrer » très prisés dans la zone et pour lesquels le bétail de Casta Navarra est fortement valorisé. J’ai fait remarqué à l’éleveur qu’il était regrettable de voir partir un tel patrimoine génétique, le nôtre, hors de Navarre, ce à quoi il me répondit : « tu n’as qu’à les acheter, toi ».
C’est ce que j’ai fait et je les ai ramené à Gorcin dans la finca. Mon aficion s’est retrouvé mélée à mon travail. Ainsi dans le cadre de cette menace d’extinction de cette race pure, j‘ai mené des études génétiques. J’ai ainsi comparé l’ADN de têtes de bétail naturalisées avec l’ADN du bétail dans les ganadarias de race Casta Navarra. J’ai regroupé, les cinq ganaderias avec les souches les plus pures (ndlr: Nicolás Aranda, Adolfo Lahuerta, José Arriazu, Hermanos Domínguez, Ganadería Laparte). C’est devenu une mosaique de ce qu’était la Casta Navarra pour maintenir ce patrimoine génétique et le travailler. »
Tertulias : « Comment a germé l’idée de travailler pour la lidia dans les arènes ? »
Miguel Reta : « Même si la Casta Navarra fait partie des sept encastes historiques des toros de lidia, mon idée première était la sauvegarde génétique de la race qui était destinée aux spectacles de rue. Dans mon travail j’ai rencontré Victorino Martin fils, qui est à la base vétérinaire. Il avait une grande expérience de la tuberculose, et a fait une thèse sur le sujet. Il m’a beaucoup aidé. Victorino m’a encouragé à essayer de récupérer la Casta de Navarra pour la lidia.
Depuis 25 ans, nous tientons tous les animaux des cinq origines sans distinction. Trois rames se sont révélées plus adaptées. Pour ma part, à l’origine, j’avais un fer au sein duquel était regroupé l’ensemble des animaux du nom d’Alba Reta (ndlr: Alba fille de Miguel Reta, fer créé en 2000). Les ganaderos locaux m’ont mis en garde sur le fait que ces animaux depuis plus d’un siècle n’étaient plus utilisés pour le toreo. Destinés à la rue, la selection se faisait plus sur l’intelligence que sur le coeur, la bravoure ou la noblesse. En opérant une sélection différente sur la noblesse et la bravoure, je risquais de baisser le niveau des animaux destinés à la rue.
Trois ganaderias distinctes
Ainsi on a créé un autre fer au nom de mon frère défunt César (2006) pour apporter et sélectionner ce bétail différent de celui de la rue. Les animaux approuvés pour le toreo intégraient ce nouveau fer. En 2010, j’ai eu l’occasion de racheter un fer de la Union des Criadores, Viento Verde, des frères Peralta (ndlr: dont le bétail avait dû être abattu pour des raisons sanitaires (tuberculose)), devenu Reta de Casta Navarra (par apport de bêtes sélectionnées des deux fers Cesar et Alba Reta). Cela nous a permis de pouvoir lidier en public et obtenir la reconnaissance du monde du toro de lidia.
Aujourd’hui nous avons donc trois fers, Reta de Casta Navarra, Alba Reta (ndlr: avec des animaux de provenance Adolfo Lahuerta) , Cesar Reta (ndlr : avec des animaux de provenance Nicolás Aranda, Adolfo Lahuerta, José Arriazu, Hermanos Domínguez, Ganadería Laparte). Je continue à tienter le bétail des trois fers. C’est le travail que je réalise depuis bientôt trente ans. »
Tertulias : « Et ce travail le partages-tu avec quelqu’un ? »
Miguel Reta : « Avec nos trois fers, nous faisons partie de l’association des quarante ganaderias qui travaillent le toro de Casta Navarra mais nous sommes les seuls à travailler le toro de lidia. Les autres vivent et se consacrent au toro pour la rue. Ce que nous avons là, c’est un petit laboratoire »
Tertulias : « As-tu eu des demande de certains pour t’acheter des animaux pour raffraîchir le sang ? »
Miguel Reta : « Pour les festivals populaires, beaucoup. Je maintiens l’exploitation en vendant du patrimoine génétique de Casta Navarra mais uniquement pour la rue. Pour la lidia et le toreo, il y a eu aussi quelques demandes de fous comme moi mais tout n’est pas bon (rires..). »
Tertulias : « Pensais-tu à la base que ce serait si difficile ? »
Miguel Reta : « Non, mon père m’a récemment demandé si j’avais su comment évoluerait la tauromachie, aurais-je commencé l’aventure? Je n’ai pas su quoi lui répondre… C’est très dur et difficile »
Tertulias : « Quels furent les critères de sélection au tout début ? »
Miguel Reta : « Tout a été centré, pour la lidia, dans la recherche d’un animal qui se donne et s’emploie au cheval, qu’il soit brave. Mais aussi, il faut lui enlever de l’intelligence et lui donner plus de coeur. C’est difficile et ça se fait très lentement. Dans les critères de sélection n’entrent pas des critères de morphologie ou de morphotype. Je cherche seulement la bravoure au cheval.»
Tertulias : « Que penses-tu de cette idée qui se développe de la bravoure à la muleta ? »
Miguel Reta : « Qu’est-ce la bravoure? Pour moi c’est le coeur, c’est la combativité, Ce n’est ni la noblesse, la caste ou le genio. Dans les festivales populares, que je maîtrise le plus, la bravoure de nos animaux réside dans leur capacité à « travailler » chaque fois en étant courageux. Ils vont charger avec intelligence, plus ou moins de danger, plus ou moins de mobilité mais ils ont ce fond de bravoure. En fin de compte, dans la sélection que nous avons, nous recherchons, c’est de fixer les caractères.
Quand une vache à ce fond de bravoure elle doit transmettre ce comportement à sa progéniture. Et cette caractèristique principale, elle se voit au cheval. Il y a de la douleur et il faut y revenir. Beaucoup de mes animaux avec la douleur, ne veulent pas repartir au cheval. Ils peuvent être beaux, pour la rue, pour la muleta. Ils apportent du danger, de la transmission? Ca ne me va pas! Ce qu’il faut, c’est une base de bravoure et la manière de mesurer la bravoure c’est le cheval.
Dans la vie, être brave qu’est-ce que ça veut dire? Ca veut dire être courageux, se battre, défendre les siens. Tout le reste, ce ne sont que des caractéristiques qui qualifient ce que tu veux d’un toro et tu juges si ton toro est brave pour y répondre. Aujourd’hui certains recherchent un niveau de sélection très faible parce qu’ils vendent tout, tout sert. Des animaux beaucoup plus doux arrivent et la caste s’en va et s’effiloche. Beaucoup de ganaderos élèvent des bêtes, de plus en plus douces, « faciles » , c’est se tromper pour moi , c’est une sélection à court terme. Pour que les vedettes les toréent? Ce n’est pas bien!»
Tertulias : « Est-ce vrai comme dit Victorino, que le bétail d’un ganadero lui ressemble au niveau caractère ? »
Miguel Reta : « Je pense que oui. »
Tertulias : « Même en ce qui te concerne avec ton bétail? »
Miguel Reta : « Il faut demander à ma femme (rires). »
Cristina Reta (présente à l’entretien) : « Petit mais très brave oui, mais aussi travailleur et persévérant. Nous avons traversé tant de choses avec la pandémie, la maladie.. mais toujours en luttant . »
Tertulias : « Quelle est la morphologie d’un toro de Reta de Casta Navarra ? »
Miguel Reta : « Pour l’instant, c’est la diversité. Il y a cinq rames qui physiquement sont toutes différentes. Le point commun entre les cinq n’est pas physique, c’est la rusticité. C’est un animal court, bas et fort. Il y a des pitons corniveletos, d’autres en forme de lyre à l’ancienne, mais il y a de tout . Du coup, il peut y avoir un problème de présentation. Aujourd’hui on recherche le volume et le poids. Or pour certaines ganaderias, le poids et le volume, ne correspondent pas à la morphologie et au phénotype du bétail. Dans les spectacles de rue, ça passe parce que mes animaux ont un caractère et un comportement qui transcendent leur physique. »
Tertulias : « N’est-ce pas une utopie de vouloir aujourd’hui lier les caractéristiques des toros de Casta Navarra aux exigences de la tauromachie actuelle? »
Miguel Reta : « Quand j’ai commencé, je pensais qu’il y avait un marché de niche parce qu’il y a des aficionados toristas durs, notre public, ils sont peu mais ils nous défendent. Il y avait de la place pour la diversité. Nous avons connu le boom de la nouveauté. Nous sommes allés à Céret, Estella, San Agustin de Guadalix mais ça devient de plus en plus difficile de s’installer et de s’adapter.
Je pensais notamment dans le sud-ouest taurin trouver plus de « débouchés » mais on me demande des novilladas parce que les corridas sont trop dures, que les arènes ne sont pas sufisamment équipés au niveau médical pour intervenir en cas de cornadas graves… Donc c’est de plus en plus difficile, nous sommes une famille normale et je ne peux maintenir économiquement une utopie. Si c’est trop compliqué, on reviendra aux seuls spectacles de rue.
On a rien inventé. La Casta Navarra a disparu de la lidia moderne parce que les empresas n’en voulaient pas, les toreros de moins en moins. C’est difficile d’en trouver beaucoup qui acceptent de venir tienter. Tafalla? La corrida, l’encierro du matin va faire venir le public, les aficionados français vont venir mais après quelle empresa va mettre la jambe. C’est très dur. »
Cristina Reta : « Emotionnellement, c’est très frustrant. Ce sont des animaux que Miguel a mis beaucoup de temps à étudier, à faire évoluer avec beaucoup d’espoirs et de confiance mais tu n’as que peu d’options et d’alternative car même pour tienter c’est compliqué même si Joselillo, Sergio Serrano, Sanchez-Vara sont venus. »
Tertulias : « Qu’est-ce qui est mieux pour sélectionner, la lidia dans les arènes ou les tentaderos? »
Miguel Reta : « La lidia dans une arène, je la considère comme un tentadero de plus. C’est la sélection et les tests en continu qui te font évoluer. Il y a trois niveaux de sélection dans le monde ganadero. sélection, production, exploitation. Chez nous , tout est au même niveau et la sélection est continue à chaque stade. Il est important de ne pas voir s’en aller un potentiel génétique. Aujourd’hui la mode est à l’indulto dans les arènes mais pour moi, cela sanctionne un échec ganadero de sélection. C’est du marketing en faveur de la tauromachie par rapport à la pression de l’animalisme, du bien être animal. »
Tertulias : « Quel est le bilan des sorties en piste de Reta Casta Navarra? »
Du pire
Miguel Reta : « Pour la première sortie à Céret (juillet 2021), nous avions obtenu des dérogations pour faire lidier des toros de plus de six ans. Ce fut un désastre. Déjà que mes toros sont difficiles, à cet âge là, il est impossible de les toréer. Ils dominent trop la situation, ils ne veulent pas aller au cheval.
Au commencement du mieux
J’ai eu très peur. J’ai préparé rapidement une novillada de deux et trois ans pour la sortir à Corella (12 octobre 2021) avec des frères de ceux de Céret. Cela m’a rassuré car ils ont fait les choses que je vois en tienta même si les novilleros présents ce jour là ont dit que c’était l’enfer. Ensuite nous sommes sortis à Estella (août 2022). L’ambiance festive de l’arène nous a beaucoup aidé. J’ai été content. Avec des animaux plus jeunes, il y a eu de la diversité.
San Agustin de Guadalix pour la feria des aficonados (mai 2023 dans un desafio) fut une expérience difficile. Il y avait là-bas tous les » talibans » (sic). J’y ai vu une petite évolution, une lidia plus moderne mais il a manqué beaucoup de choses avec des toros desiguales de tamaño et de comportement à la pique (et quand ils y vont, ils s’y font trop dûrement châtier). A venir, maintenant Tafalla avec les problèmes liés à l’encierro, l’encierrillo, ça me préoccupe. J’ai dit à mon épouse il y a peu, que si j’avais l’argent, je ne dépendrais de personnes et je ferais des tientas publiques payantes mais avec mes critères et des toreros que je choisirais. Je le ferais en France parce que là-bas il y a du respect pour la lidia.
J’ai « l’illusion » de faire une corrida dans le sud-ouest mais je pense que cela va être impossible car c’est difficile de convaincre les organisations. »
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Tertulias : « Quelle est la génèse de l’encerrona de Tafalla? »
Miguel Reta : « Nous avons une relation de travail avec l’empresa de Tafalla pour les festejos populares, nous avions l’idée de faire quelque chose et est arrivée la proposition de Javier Sanchez-Vara. C’est lui qui s’est proposé de s’enfermer avec six toros de Reta. C’est son idée. »
Tertulias : « En dehors de Sanchez-Vara y’a t’il des toreros capables de prendre tes toros? »
Miguel Reta : « Il y en a qui pourrait mais ceux qui peuvent, ne le veulent pas . Qu’ont-ils à gagner? Il y a des toreros qui s’offrent pour toréer les Reta mais il faut être sérieux, il est nécessaire qu’ils aient de l’oficio, que ça se fasse dans des endroits de confiance financièrement, médicalement »
Tertulias : « Ca ne te fait pas peur pour pour l’avenir? »
Miguel Reta : « Bien sûr que si. Victorino m’a dit les toristes durs, les français vont te soutenir 4 à 5 corridas. Mais s’il y a une évolution qui rend tes toros plus toréables ce n’est plus leur toro. Si le toro évolue mais ne sert plus à rien, je perds leur soutien, on est foutu Les aficionados quand ils voient un de mes toros qui refléchit beaucoup, qui ne veut pas combattre parce qu’il se sent dominé, ils ne comprennent pas. Comme à San Agustin de Guadalix où mon public, celui des « talibans » me criait « fuera ».»
Tertulias : « En quoi Sanchez-Vara est il compatible avec Miguel Reta? »
Miguel Reta : « C’est l’homme le plus courageux qui est passé par ici et qui a le plus d’oficio. Attention, il y en eut des toreros de catégorie qui sont passés comme Juan José Padilla, Alberto Aguilar et d’autres qui sont même allés à l’hôpital après un tentadero. Javier a beaucoup d’aficion comme un jeune qui débute, qui a l’autorité morale. Il est au dessus de ce que l’on va dire ou penser de lui. Je pense qu’il n’a rien à perdre ou à gagner. »
Cristina Reta : « C’est une belle personne. Il s’intègre bien à la famille dans cette maison. Il a beaucoup de caractère. »
Tertulias : « Quel est l’objectif de Tafalla? »
Miguel Reta : « Une tienta de plus. Je n’ai pas plus d’objectifs. Je ne peux pas me fixer d’objectifs. Il y aura des choses bien, des choses mauvaises. Ca va être comme ça. »
Cristina Reta : « L’objectif est que nous puissions continuer. »
Tertulias : « Combien d’années faudra t’il pour savoir si la Casta Navarra a de l’avenir en corrida ? »
Miguel Reta : « Si on nous laisse continuer comme le dit Cristina, il nous faudrait 40 à 50 ans. La réalité c’est que d’ici cinq à huit ans on saura. Non par rapport à la sélection et l’évolution des toros mais par rapport à ce qu’il y a autour. Je ne suis pas pessimiste de nature, je fait juste face à la réalité. »
Tertulias remercie Miguel Reta et son épouse Cristina pour son accueil et le temps qu’il nous a consacré pour la visite de La Tejeria et l’entretien. Nous remercions aussi « l’équipe » de canidés, notamment Messi le berger allemand protecteur dans les cercados. Comme il se doit Tertulias sera à Tafalla le 17 août pour cette encerrona et nous ne manquerons pas de vous rendre compte de cette corrida qui sort de l’ordinaire.
Propos recueillis par Philippe Latour
Merci à Tertulias pour cette interview et l’intérêt que vous portez à cette encaste. A part vous, qui en parle?
Beñat
Bonjour,
Merci pour cet article avec une pensée pour ces « petits » eleveurs qui essaient de valoriser des toros durs au combat….et pas des « toros a oreilles »…
Juste pour info, le village où se trouve l’élevage n’est pas Gorcin mais Grocin près de Pamplona.
Jean Phi
Bonjour, merci à vous erreur de frappe corrigée dans l’article (pas dans la vidéo), et pourtant pour aller à Tejeria il a bieN fallu indiquer Grocin au GPS…