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Séville a t’elle toujours une couleur spéciale?

Séville a t’elle toujours une couleur spéciale?

Avec ou sans Miguel?

Dernier week-end de septembre en terres maestrantes, celui de la San Miguel. Celui de l’an 0 côté télévisuel version One Toro. Effet induit ou pas, trois très belles entrées dont un « no hay billetes » le samedi. C’est sûrement la bonne nouvelle pour l’empresa Pagès, car côté piste les bons moments furent bien plus rares que ceux où l’ennui et la frustration furent présents.

Même les clarines eurent un coup de mou tout au long des trois corridas.. Les Sévillans restent uniques. Comme le dit plus souvent qu’à son tour David Casas « el publico se puso de pie » quand pour la dernière sonnerie, le chargé des cuivres tint la note sans faillir comme bien trop souvent durant cette San Miguel.

Les clarines furent à l’image du ganado bravo ou réputé tel. Hors les Capea pour le rejon, seuls quatre toros sur seize sortirent de la médiocrité, les douze autres furent au mieux ordinaires, au pire indignes de porter le nom de toro bravo.

Plaie

Les Garcia Jiménez sont une plaie pour le public, l’aficionado, les toreros et au final pour la santé de la fiesta brava… Côté veedores, sachants divers, professionnels de la profession, il serait bon quand même de se poser les bonnes questions. Comment continuer à programmer sinon par intérêts convergents (l’élevage appartient à la casa Matilla) de telles bestioles ? Les quatre qui sortirent le dimanche ne dépassèrent pas la première série avant de commencer à fuir le combat voire à proprement s’arrêter sur place et avoir la charge d’un bloc de béton… Les toreros peuvent effectivement se plaindre du mauvais sort, mais avec leur entourage pourraient aussi avoir une réflexion sur le bénéfice au nom d’un terreau favorable à leur expression artistique et leur « confort » en piste, d’autant se tromper sur la « marchandise ». Ils ne servent ni leur intérêt, ni celui de la tauromachie qui est censée leur apporter gloire et beauté !!!

Où est passée la baguette?

Côté Garcigrande, Justo Hernandez, réputé dans le mundillo pour être un éleveur hors pair, un sorcier, a semble t’il perdu sa baguette magique cette année. Heureusement pour lui que Diablillo sorti en cinquième (le fameux no hay quinto malo) sauva l’envoi du néant. Et encore ce grand toro déguingandé eut l’opportunité de briller car il tomba sur un Borja Jimenez inspiré et veillant à économiser l’animal sous la pique pour servir une belle et grande faena, sûrement le sommet de ces trois jours. Pour le reste une indigestion de toros « sin opciones ». Le public demanda à Roca d’abréger, c’est dire …

A moitié vide ou à moitié plein?

Avec Victoriano del Rio, c’est toujours l’incertitude. Tant de bons toros ont cotoyé l’ordinaire que l’on ne sait jamais à quoi s’attendre. L’envoi inaugural en fut une illustration parfaite. Un intérêt soutenu avec les trois premiers avant une plongée dans la médiocrité avec les trois derniers.

Dalia fut un grand toro honoré d’une vuelta posthume. Il eut une charge vibrante. Alejandro Talavante n’en profita que partiellement pour s’enrouler le toro autour de lui dans des passes sans fin qui manquèrent souvent de cette profondeur qui arrache le olé du fond de la gorge. Trois oreilles au total qui dans une lecture rigoriste aurait pu n’être qu’une!! A la sortie, une nouvelle porte du prince qui s’ouvre et qui banalise un peu plus un évènement qui devrait rester exceptionnel. Luque batailla avec un toro complexe qu’il sut dompter dans une faena de poids. Castella alla chercher une oreille grâce à un début d’ouvrage où l’on retrouva le Sébastien de l’an dernier.

Le chat est maigre

Bref, le chat est resté quand même bien maigre …

L’effet COVID commence à peser, l’abattage en masse des bêtes en 2020 se fait dûrement ressentir désormais sur la qualité et la quantité. L’année 2025 est annoncée encore plus juste de ce côté-là des choses. Nous n’en avons pas fini de manger notre pain noir surtout si les empresas comme celles de Séville continuent de programmer toujours les mêmes élevages vus et revus. Négliger des recherches plus pertinentes même si moins bancables auprès des vedettes ou réputées telles va devenir une faute.

L’occasion de ne pas répéter ad libitum des cartels exceptionnels, devenus banals, est à saisir comme balle au bond. Le public d’aujourd’hui suivra t’il, lui si avide d’oreilles et de triomphes même faciles à partager en choeur? Le mundillo acceptera t’il de se remettre en cause? Les puissants accepteront-ils de partager un peu le gâteau? Quand on voit la programmation sévillane basée sur une répétion des stars actuelles de l’escalafon, ce n’est pas gagné!

Séville est belle!

Heureusement que Séville est belle se dit-on à la fin du séjour.. Oui mais un jour on ira profiter des charmes de cette ville unique en se disant que passer par le guichet des arènes n’a pas un intérêt majeur. Les Ginto, Cubata ou autres boissons festives seront bien meilleures à siroter ailleurs qu’en se faisant un plaisir canaille assis sur les gradins! La tentation de garder quelques billets à dépenser en bonne compagnie loin des arènes pourrait se faire grandissante.

Le bing bang qui devait suivre l’arrêt, dû au virus ami du pangolin, n’a pas eu lieu. Les habitudes se sont vite reprises et le système est reparti comme avant. Séville fais gaffe à toi! Le ver est toujours dans le fruit et cela ne semble pas être celui d’un quelconque gusanillo !!!

Philippe Latour

Une réflexion sur “Séville a t’elle toujours une couleur spéciale?

  • Bravo Philippe ! on est d’accord.Je vais à Séville quatre ou cinq fois par an : plus jamais pour les deux ferias. Heureusement que la Semana Santa est toujours magnifique et incontournable !
    Abrazo

Commentaires fermés.

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