Aignan, continuer sur la lancée de 2023.
Aignan, comme Mugron est un village où l’Aficion et le travail d’un groupe d’Aficionados permet de faire vivre une tradition taurine forte. Le village gersois compte 700 habitants et ce sont plus de 1000 personnes qui prendront place sur les gradins des arènes ce dimanche de Pâques. C’est le fruit du travail d’une équipe. Tertulias a rencontré Maxime Aurensan, président de la Commission Taurine d’Aignan y Toros, qui a dressé un bilan de 2023 et nous a présenté l’édition 2024 de la Journée Taurine.
Tertulias : « Quel bilan tires-tu de la corrida 2023 ? »
Maxime Aurensan :« Pour ce qui est du bilan artistique, ce qui est le plus important pour les aficionados, nous avons eu à nouveau un bon lot de Pagès-Mailhan. Il y a eu trois très bons toros et trois autres négociables pour les matadors. On finit « a mas » avec Isaac Fonseca qui coupe deux oreilles à un magnifique sixième toro.
On a eu la chance de répéter David Galvan qui était sorti en triomphe en 2022. Il nous a régalé avec ses naturelles. Nous avions fait confiance à Dorian Canton. Il a très bien commencé avec son premier toro. Malheureusement, il s’est fait spectaculairement accrocher. Il a quand même réussi à couper une très belle oreille à son second. On a fini avec la folie mexicaine. Isaac Fonseca a été un volcan, une révélation. Nous avons été très contents de l’avoir lancé à Aignan. Et en plus, son toro de Pagès-Mailhan aurait pu sortir dans n’importe quelle arène y compris de première catégorie
Pour ce qui est de la fréquentation, nous avons enregistré une hausse par rapport aux années précédentes. Grâce à l’UVTF, et son partenariat avec les villes qui ont choisi de prendre des élevages français, nous avons pu voir énormément de jeunes sur les gradins. Cette fréquentation, nous a permis d’équilibrer avec un solde légèrement positif. Nous repartons en 2024 sur de bonnes bases, ce qui n’est pas facile pour le club taurin d’un petit village de 700 habitants qui organise sa journée taurine en toute autonomie. »
Tertulias : « Qu’est-ce qui a fait que la fréquentation a été aussi bonne en 2023 ? »
Maxime Aurensan : «
Je pense que le plateau proposé était attractif et innovant ! David Galvan n’était venu en France la saison dernière qu’à Aignan et avait laissé une très bonne impression aux aficionados. Dorian le torero béarnais était très attendu. Issac Fronseca venait de prendre l’alternative à Dax et était sorti à hombros à Nîmes à la feria des vendanges. Il enchaînait les triomphes en Amérique latine, ce qui a entraîné la curiosité de certains. On peut ajouter à tout cela, les belles sorties des toros de Pagès Mailhan depuis deux ans ainsi que le soleil. Nous avons ainsi pu vivre une belle journée !
C’est une arène de troisième catégorie comme nous qui a lancé Dorian Canton, qui a relancé un David Galvan qui sera à Nîmes pour Pentecôte et Istres. Notre rôle est de relancer des toreros ou de lancer des jeunes toreros comme Isaac qui a ensuite remporté la Copa Chenel. On espère que Christian Parejo en fera de même cette année. »
Tertulias : « Aignan propose une non piquée en matinale, pourquoi ? »
Maxime Aurensan : « Elle est très importante cette non piquée. En premier lieu parce qu’elle permet à un élève d’Adour Aficion de venir s’exprimer. Il faut donner cette chance aux jeunes dans un contexte où il y a de moins en moins de novilladas sin caballos. Ils ont besoin d’apprendre et il faut les soutenir. Il ne faut pas se voiler la face, nous équilibrons sur l’ensemble de la journée et la non piquée est déficitaire mais elle nous apparait indispensable. Les matins à Aignan nous faisons appel alternativement aux ganaderias gersoises de Jean Louis Darré et de Jérôme Bonnet. Cette année, ce sera Jean Louis avec deux erales de l’Astarac, un fer que l’on voit très peu, et deux du Camino de Santiago. L’an dernier Jérôme Bonnet , nous a amené un très bon lot de novillos. La saison du Lartet par la suite a été excellente. »
Tertulias : « C’était la première année d’organisation pour l’équipe des jeunes d’Aignan y Toros, qu’en ont-ils retenu ? »
Maxime Aurensan : « On a beaucoup appris. Quand on est à l’extérieur de l’organisation, on se demande pourquoi les organisateurs s’y sont pris de telle manière, pourquoi telle chose a été faite. Quand tu es dedans et en particulier le jour J, c’est différent. Il y a plein de choses auxquelles tu n’as pas pensé. Cela nous a fait grandir en peu de temps. Monter une journée taurine à Aignan économiquement et avec tout ce qui se passe à côté, c’est compliqué. Nous avons vite gagné en maturité mais nous avons encore besoin, et pour longtemps, des anciens.
La construction et la réalisation d’une telle journée ne serait pas possible sans le travail en amont des membres du Club Taurin auxquels viennent s’ajouter le jour J les bénévoles aficionados ou pas. Toutes ces bonnes volontés permettent de proposer à nos visiteurs une prestation à la fois efficace et surtout conviviale. Je ne les remercierai jamais assez. »
Tertulias : « Quel est le programme de la journée 2024 ?
Maxime Aurensan : « La journée commencera par le traditionnel petit déjeuner œuf-ventrèche avec un verre de rouge (à consommer avec modération pour bien profiter de la journée.
A 11 heures, il y aura la novillada non piquée avec deux Astarac (encaste Pedrajas) et deux Camino de Santiago (encaste Domecq) qui seront lidiés par Hadrien Lucq (France) et Jairo Lopez (Mexique).
Pour le repas nous proposons deux formules avec un repas à la Salle Polyvalente et un autre plus festayre au boulodrome.
A 17 heures, ce sera le paseo de la corrida. Au cartel , les toros de Baltasar Iban dont , pour les toros, ce sera la seule sortie en France cette année. Ils seront en novillada le lendemain à Mugron. Ils seront lidiés par Uceda Leal, Dorian Canton et Christian Parejo. »
Tertulias : « Comment avez-vous chois les toros?»
Maxime Aurensan : « A Aignan, nous choisissons les toros en premier. Pour la non piquée, c’est différent car on alterne d’une année sur l’autre entre les deux élevages gersois. Pour les novilleros, nous faisons confiance au vécu et à l’expérience de Richard Milian. Cette année, on a complété le cartel avec Jairo Lopez, le protégé de Luis Miguel Encabo (gérant de la ganaderia Baltasar Iban).
Concernant la corrida, on voulait un peu de changement. Nous étions très contents des Pagès-Mailhan, ganaderia qui a évolué avec nous. Mais cette année, nous voulions revenir sur des toros espagnols. Les discussions ont été nombreuses. L’an dernier, il y a eu une novillada de Baltasar Iban à Mugron qui nous a plu. Il y a eu aussi deux très bonnes corridas de ce fer ces deux dernières années à Vic Fezensac. Quand nous avons su qu’il y avait un lot chez Baltasar Iban , on a eu envie de faire revenir à Aignan, cette ganaderia qui est déjà venue en 2011 et 2012. Ce fut un coup de foudre entre nous et cet élevage et nous espérons qu’il se transformera en belle histoire d’amour.
On a réservé neuf toros. On en embarquera huit. Il y aura deux cinqueños et six de quatre ans, certains typés Contreras. Il y a en particulier deux toros très contreras qu’il me tarde de voir dans l’arène.
.Les toros seront embarqués, le lundi avant la corrida et seront mis, avec les novillos de Mugron dans les corrales de Mont de Marsan. »
Tertulias : « Et pour les toreros ?»
Maxime Aurensan :« Le choix des toreros a été très simple. Chaque année, nous prenons un chef de lidia avec de l’expérience. On a reçu beaucoup de propositions et encore plus quand nous avons annoncé le choix de la ganaderia. Nous dressons une liste de trois noms potentiels par poste.
Pour le chef de lidia, on voulait un torero classique et peu vu en France. Le choix s’est porté sur Uceda Leal qui n’est pas venu dans notre pays depuis longtemps. On l’a vu toréer à la despedida d’El Juli aux côtés de Sébastien Castella à Las Ventas. Il a fait la démonstration d’une tauromachie classique et de classe. C’est un torero qui a du vécu et qui va amener toute son expérience et son calme dans l’arène. La négociation a été facile en lien avec sa personnalité très classe et très humaine. Il est très content de revenir en France. C’est un torero qui connait très bien la ganaderia. »
Tertulias :« Et pour le reste du cartel ? »
Maxime Aurensan :« Pour le second, nous voulions donner à nouveau une chance à Dorian Canton. L’an dernier, il est venu chez nous puis il a été blessé ce qui a perturbé sa temporada. En accord avec la commission, nous avons décidé de lui renouveler notre confiance. Il a une très belle temporada devant lui. Nous pensons qu’il va montrer à Aignan toute l’étendue de son talent et que sa main gauche va faire des merveilles avec ce lot de Baltasar Iban.
Pour rester dans la jeunesse, on a fait confiance à Christian Parejo et à Tomas Cerqueira son apoderado. Ce sera sa première corrida en France après son alternative prise à Béziers. Il fera sa présentation dans le Sud-ouest comme matador de toros. Je pense que nous avons fait un bon choix, la preuve en est son excellente prestation lors de la Copa Chenel avec le toro de Montealto. C’est un torero entier et nous voulons par notre choix, amener de la jeunesse et permettre à de jeunes professionnels, en début de temporada, de se montrer pour pouvoir décrocher des contrats pour la saison qui vient. »
Tertulias : « Comment s’annonce la taquilla ? »
Maxime Aurensan :« Les réservations effectives ont commencé le 18 mars. Pour équilibrer nous avons besoin de 1200 entrées payantes. Nous sommes contents car les réservations sont en avance par rapport à l’an dernier (qui a été une bonne année). C’est encourageant pour la suite. On sait que les gens attendent de voir l’évolution de la météo. L’an dernier, nous avons eu plus de 400 entrées le jour de la corrida. Les gens de la Côte attendent souvent de voir s’il fait beau . Sachant qu’après un léger refroidissement , la météo du week-end pascal est optimiste et ce qui va favoriser la taquilla. J’invite tout le monde à venir à Aignan car nous allons vivre une belle journée que ce soit le matin avec la novillada ou l’après-midi lors de la corrida. »
Tertulias : « Quelles sont les autres animations prévues lors de cette journée du 31 mars ? »
Maxime Aurensan :« Au boulodrome, il y aura à l’issue de la novillada une tertulia avec les intervenants de la matinée. Après la corrida, toujours au boulodrome, il y aura une seconde tertulia (animée par Miguel Darrieumerlou et Thierry Reboul). Elle se fera avec la participation des différents participants de la corrida. »
Tertulias : « Un dernier mot pour conclure ? »
Maxime Aurensan :« J’espère qu’il y aura du monde chez nous et à Mugron pour la novillada de lundi. Il est important, si on veut défendre la corrida contre les attaques animalistes, de soutenir les arènes de troisième catégorie. C’est là que se construit la Tauromachie et l’Aficion de demain. »
Merci à Maxime et suerte pour cette nouvelle édition de la Journée Taurine d’Aignan.
Les réservations sont ouvertes au 05 62 09 20 96 .
Propos recueillis par Thierry Reboul
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