Aire: la blessure de Canton, le professionnalisme de De Aranda
Aire: la blessure de Dorian Canton, le professionnalisme de Morenito de Aranda
Cette corrida a été marquée par la blessure de Dorian Canton. Le Béarnais a pris un coup de corne au visage en tuant son premier toro. Il a été évacué à l’Hôpital de Mont de Marsan. Comme à VIc, Morenito de Aranda a fait preuve de beaucoup de professionnalisme. Il a fait oublier par son implication le peu d’intérêt de ses deux premiers toros. Sa faena à l’exigeant sixième a été la meilleure de la tarde.
Jésus Enrique Colombo est un torero emballant pour une partie du public et exaspérant pour l’autre. Ceux qui ont apprécié le tréméndisme brouillon du Vénézuélien ont quitté les arènes contents et y reviendront sûrement. Les autres, les plus aficionados, ont su apprécier la technique et l’implication de Morenito de Aranda et ils reviendront eux aussi aux arènes. Sic transit gloria mundi.
Pour ce qui est des toros, justes de présentation, d’armures commodes, sans race ni fond , ils n’ont plu ni aux uns ni aux autres.
Les toreros
Le premier est juste de forces et soso. Morenito de Aranda compose une faena avec quelques bons passages à un toro soso et fade. Mise à mort en deux temps, avec raison le président ne cède pas à la pétition minoritaire. Vuelta. Le quatrième est mansote. Morenito de Aranda instrumente une faena appliquée, méritoire mais trop longue. Une oreille Le sixième est compliqué et exigeant. Morenito de Aranda réalise la faena la plus sérieuse et sincère de la tarde malheureusement il tue mal. Palmas (avis ).
Le second toro s’est vite éteint et Jésus Enrique Colombo n’a pas contribué à le réveiller. Pour conclure, il tue mal. Être pueblerino, cela fonctionne. Jésus Enrique Colombo en use et en abuse. Il coupe une oreille sans avoir lidié un toro qui a fini par perdre un sabot. L’oreille est celle du public mais elle est contestable.
Dorian Canton se fait prendre en tuant un toro « bipolaire » alternant humiliation suave et derrote criminel (surtout à gauche). Beaucoup de courage et d’application du torero face à un animal compliqué qui l’a averti à plusieurs reprises. Le torero français est évacué vers l’Hopital de Mont de Marsan.
Les toros
Les Peñaranda avaient été décevants à Céret l’an dernier. Ceux d’Aire, très justes de présentation, aux armures commodes, ont été encore plus décevants. Très justes de forces, ils ont été plus que discrets au premier tiers. Au troisième, ils ont oscillé entre soseria, noblesse fade et mansedumbre. Ils ont forcé les toreros à compenser leur manque de transmission. Morenito et Canton l’ont fait avec leur motivation, leur technique et leur sincérté. Colombo l’a fait avec ses artifices habituels.
Fiche Technique
- Arènes d’ Aire sur Adour , Corrida des Fêtes 2024. Six toros de Peñajara de Casta Jijona pour
- Morenito de Aranda: vuelta, oreille, palmas (avis) à celui tué pour Dorian Canton
- Jésus Enrique Colombo: silence, oreille
- Dorian Canton: blessure
- Dix piques et picotazos cavalerie Heyral
- Président: Franck Lanati
- 2/3 d’arène
- Cela commence à ressembler à un printemps
La corrida vue au travers de l’oeil de Philippe Latour
Toro à toro
Librero Morenito de Aranda
Le premier est gordito et commode de tête. Bonne réception à la cape de Morenito de Aranda, le toro met la tête mais il est juste de forces. Il prend un picotazo en guise de première pique. La seconde est aussi un picotazo. La troisième est anecdotique. Début de faena par le haut, le toro est soso et tombe si on l’oblige trop. Le torero s’applique mais la faena ne transmet rien faute de toro. La dernière série de naturelles est la meilleure. A droite le Peñajara n’a plus de charge et Morenito prend l’épée. Un pinchazo précède une entière contraire. Vuelta
Secouyo Jésus Enrique Colombo
Le second est anovillado. Il fléchit au dernier capotazo de Jésus Enrique Colombo. Très juste de forces, il ne prend qu’un picotazo. Le tercio de banderilles est surtout spectaculaire. Début de faena, le toro est noble et répète. Dès la série suivante, le toro va à menos. Le torero est profilé et torée sur le voyage. A gauche on est sur la même longueur d’onde. Le final oscille entre trémendisme et toréo de pueblo. Colombo tue très mal. Silence
Guapito Dorian Canton
Le troisième est très commode de tête. Il met la tête dans la cape de Dorian Canton. Il pousse sur une corne à la première et seule rencontre. Début par doblones, le toro humilie. Il permet au torero une première bonne série à droite. A gauche, il chacaille et met le torero en difficultés. Retour à droite, le torero prend le dessus et lie de bonnes séries de derechazos. Puis le toro donne des coups de tête. Il arrive décomposé en fin de faena. Dorian se fait bousculer et prend un coup au visage en portant une bonne épée. Morenito de Aranda descabelle.
Siguiñelo Morenito de Aranda
Morenito de Aranda reçoit le quatrième par une larga de rodillas. Picotazo trasero tels sont les deux puyazos qu’il prend. Morenito commence par le doubler puis le met au centre. Le toro est juste de forces et donne des coups de tête. Le torero s’applique et enchaîne sur les deux pitones des muletazos méritoires même s’il met une certaine distance entre lui et l’animal. Le toro baisse de rythme. La faena est essentiellement gauchère et inutilement longue. Un pinchazo précède une épée très légèrement tombée. Elle tarde à faire effet. Une oreille
Cocinero Jésus Enrique Colombo
Le cinquième est lourd mais pas très joli. La réception de Jésus Enrique Colombo manque de classe. Une seule pique en plus elle est mal placée. Le quite par zapopinas est brouillon et chahuté. Des quatre paires seule la dernière n’est pas à cornes passées. Le torero commence par des cambiadas. Le toro charge sans baisser la tête mais est collaborateur et Colombo le torée sur le voyage mais sa tauromachie porte sur le public Le toro perd un sabot et Colombo doit le tuer fort mal d’ailleurs. L’ oreille est déplacée mais la pétition est majoritaire.
Botinito Morenito de Aranda
Le dernier est le seul correctement présenté du lot. C’est Morenito de Aranda qui se charge de le toréer. Première pique brève mais le toro pousse. Il en est de même à la seconde. Le toro est faible. Morenito débute sa faena à droite. Le Peñajara est collant et se défend dans la muleta. Le torero s’applique, s’arrime. La faena est sincère et méritoire. Le toro est exigeant et le torero au niveau de la difficulté. De Aranda nous a proposé à ce sixième toro les meilleurs moments de l’après-midi. Malheureusement les aciers le trahissent. Palmas.
Thierry Reboul