Aire, Solalito survole les débats
Solalito est sorti à hombros des arènes d’Aire sur Adour après avoir coupé trois oreilles à une novillada noble mais trop juste de forces de Flor de Jara.
La novillada des Arsouillos 2023 a été intéressante, avec de bons moments. Mais il a manqué peu de choses pour que d’intéressante, elle devienne entretenue. Constituant un lot de trois et trois pour ce qui est de la présentation, les novillos de Carlos Cancela ont manqué de forces pour pouvoir exprimer cette noblesse « très Santa Coloma » qu’ils avaient tous à l’exception du dernier.
Le premier et surtout le troisième se sont vite éteints. Le second a été toréé comme un Domecq , pas dans le bon sitio, et n’a jamais pu s’exprimer. Le quatrième et le cinquième, les plus charpentés, ont été braves au cheval. Bien que justes de forces, leur noblesse offraient des options mieux exploitées par Solalito que par Sergio Rodriguez.
Le Santa Coloma peut avoir du piquant, le dernier en est la preuve. Le plus armé, il a été le plus solide mais aussi le plus exigeant du lot. Il a débordé Ismaël Martin.
Ismaël Martin a touché un premier novillo qui s’est très vite éteint. Face au compliqué sixième, il a manqué de recours er a accentué les défauts du novillo plutôt que de les résoudre.
Sergio Rodriguez, comme à Mugron, a été en dessous de ce qu’il a montré lors de la temporada 2022. Il n’a jamais trouvé le sitio à son premier qui permettait probablement plus. Son second était noble et se « laissait faire » malgré sa faiblesse. Le novillero a toréé avec élégance mais sur le voyage. Il a mal tué ses deux toros.
Solalito a acquis de la maturité. Il a coupé une oreille après une faena appliquée à un premier qui manquait de transmission. So second lui a infligé une impressionnante voltereta lors d’une pose de banderilles. Noble et encasté, il a permis au nîmois de construire une faena structurée avec des séries données avec temple et sincérité. Deux oreilles sont venues récompenser le nîmois à une semaine de sa présentation à Madrid.
Fiche technique
- Arènes d’Aire sur Adour, novillada des Arsouillos, six novillos de Flor de Jara nobles mais justes de forces pour
- Solalito: une oreille, deux oreilles
- Sergio Rodriguez : silence, silence (un avis)
- Ismael Martin : silence, silence (un avis)
- douze piques, cavalerie Bonijol
- Président: Michel Florenza
- 1/3 d’arène
- il s’est mis à faire beau à l’heure du paseo.
Reportage photographique de Peio Peyrelongue ⤵️
Toro à toro
Le premier est suelto. Solalito le fixe rapidement. Juste de forces, il prend deux puyazos, ne poussant qu’à la première. Le torero banderille, partageant les palos avec Israël Martin. Les deux jeunes toreros offrent au public un bon tercio . Début par derechazos de rodillas, le nîmois cite de loin. Le toro est soso. A gauche, Solalito torée avec temple. Le novillo est juste de forces, noble il permet au torero de lier des séries à gauche avec élégance. Dommage que le bicho manque de transmission. L’épée est basse et efficace. Une oreille, malgré l’épée, pour une faena appliquée dont on retiendra une belle série de naturelles de face.
Le second est très typé Buendia. Mal piqué il prend deux puyazos en poussant. Ismaël Martin fait un quite original mais tire-bouchonné. Le toro remate aux planches aux banderilles. Il charge en humiliant. Sergio Rodriguez le cite de trop près. Il reste sur le voyage et ne permet pas au novillo de s’exprimer. De temps en temps une bonne passe surnage au milieu de muletazos , hors sitio, en dessous du potentiel du Flor de Jara. Un bajonazo prudent pour finir, silence pour le torero.
Le troisième est un beau Santa Coloma. Suelto, il met quand même la tête dans la cape d’Ismaël Martin. Lui aussi mal piqué, il prend deux puyazos en mettant les reins. Le novillero partage les palos avec. Solalito, le toro poursuit les deux toreros jusqu’aux tablas. Le bicho est juste de forces. Par contre, il est noble et embiste sur la première série à droite. Il s’éteint complètement à la suivante. Le novillero prolonge inutilement une faena qui devient languissante. Une demie et un descabello mettent fin aux débats. Silence.
Le quatrième est très bien fait. Solalito le reçoit par trois véroniques de rodillas, trois « de pie » et une demie applaudies. Bien lidié et piqué, il prend deux puyazos en mettant les reins. Solalito, pose deux bonnes paires de banderilles. Puis il se fait prendre spectaculairement à la sortie de la troisième paire, heureusement sans mal. Brindis au public très applaudi. Le novillo est encasté. Il est noble et humilie. Le nîmois commence sa faena par trois séries de derechazos templés et sincères . Il prend la main gauche, le toro faiblit mais les naturelles sont profondes et elles aussi très sincères. Final par manoletinas et un pecho de grande classe, Solalito s’engage et met une bonne entière en place, deux oreilles méritées. Palmas à l’arrastre.
Le cinquième est applaudi à son entrée en piste. Il est malheureusement très faible. Il est très peu piqué. Sergio Rodriguez commence sa faena à droite. Le Flor de Jara est noble malgré sa faiblesse. Le novillero enchaîne des muletazos élégants, templés mais profilés et sur le voyage. La faena manque de transmission parce que le toro manque de forces. Il ne pèse pas sur le toro qui, bien que collaborateur, le rappelle à l’ordre deux fois. Le Santa Coloma permettait mieux. Épée de gendarme contraire et traversante, un pinchazo et une demie, le toro méritait vraiment mieux. Un avis et silence.
Le dernier est le plus armé du lot. Il prend une première pique en se défendant, il pousse sur la corne droite à la seconde. Ismaël Martin prend les banderilles pour un tercio brouillon. Début par cambiadas, le bicho a du genio et un coup de tête à droite qui gêne le torero. Il passe mieux à gauche le temps d’une série. Le novillero se fait accrocher et le novillo finit par taper en sortie de passe sur cette corne. Martin est vert et n’a pas les clés pour résoudre le problème posé par un Flor de Jara exigeant. Plusieurs désarmés, une mise à mort laborieuse un avis et silence.
Thierry Reboul