Alès, Tibo Garcia à hombros
Il n’y avait ni soleil, ni mouches dans les arènes pour cette première corrida de la Féria d’Alès qui a vu Tibo Garcia sortir en triomphe. Un crachin intermittent, une froidure humide et une humidité froide nous ont fait regretter la canicule de l’an dernier. Pour cette ouverture, c’est un desafio entre les ganaderias Margé et Jalabert qui était proposé au public des arènes du Temperas. Il y avait une différence de présentation entre les Margé très légers, et des Jalabert costauds, qui semblait plus criante à l’oeil que ce qu’a pu mesurer la bascule des arènes.
Les deux premiers toros du Mas des Monteilles ont manqué de forces et de race. Le dernier, typé Cebada Gago, a été le plus intéressant. Il est allé « a mas » mais son manque de forces l’a trop handicapé.
Trop faibles, manquant d’énergie, ceux de La Chassagne, ne permettaient pas de construire des faenas avec un brin d’émotion. Dommage car le quatrième avait un fond de race qu’il n’a pas pu exprimer.
Octavio Chacon même s’il semble mieux que l’an passé, n’a pas pu s’exprimer. Il lui faut des toros qui transmettent pour passer la rampe. Aucun des bichos de la tarde ne correspondait au bétail qui lui convient.
El Rafi a trop fait durer les débats face à un premier toro très faible. Il a su amener le sixième à rompre mais la faiblesse du toro a limité l’impact de la faena. Le nîmois a quand même coupé une oreille à ce Margé.
Tibo Garcia a coupé une oreille à chacun de ses deux toros. Il a toréé avec beaucoup de sincérité et d’application et a tué rapidement ses deux adversaires.
Fiche technique
- Arènes d’Alès, première corrida de la Féria 2023, trois toros de Margé, légers, et trois de Jalabert, plus costauds, pour
- Octavio Chacon : silence, salut
- Tibo Garcia : une oreille , une oreille
- El Rafi : silence , une oreille (avis)
- Neuf piques, cavalerie Heyral
- Tomas Ubeda et David Miran saluent au sixième
- Président: Monsieur Buttet
- 6/10ème d’arène
- météo désagréable, pluvieuse et froide
Le reportage photographique de Philippe Gil Mir ⤵️
Toro à toro
Le premier est un toro de Margé. Léger il prend deux puyazos sans pousser et en sortant seul. Il ne pousse pas plus à la troisième rencontre. Blando, sa charge est désordonnée. Octavio Chacon commence à droite. Avec autorité, il oblige le bicho à charger. Le toro a une charge courte et il se retourne vite. Le torero fournit des efforts et lie une bonne série de naturelles. Malheureusement, le Margé transmet peu .Ce type de toro ne correspond pas du tout à la tauromachie de Chacon. A droite le torero domine, tire ce qui est possible du toro mais la faena manque de relief. Sans atteindre les sommets, les deux dernières séries sont les meilleures. La mise à mort est laborieuse. Un pinchazo, une mete y saca basse puis une entière tombée sont nécessaires. Silence
Le second, Margé est le plus lourd du lot. Typé Domecq, il est haut. Suelto, il est reçu avec efficacité à la cape par Tibo Garcia. Bien piqué, il prend deux puyazos sans pousser. El Rafi prend son tour et réalise un bon quite. Sur la dernière passe, le toro serre à gauche. Tibo commence sa faena par des doblones. Le toro n’humilie pas et se défend sur chaque passe. La première série pèse sur le toro. La seconde est plus brouillonne. Le torero met beaucoup de sincérité sur les naturelles de face mais le toro va très vite « a menos ». La faena perd alors de l’intérêt. Une entière trasera et tombée fait rapidement effet. Le provençal coupe alors la première oreille de la tarde.
Le troisième est un Jalabert. Très bien fait et costaud, il détonne par rapport aux toros de Margé. il est applaudi à son entrée en piste. Bien reçu par El Rafi, le toro est juste de forces. Il est économisé à la pique (une seule rencontre). Le Jalabert accuse le coup après les deux premiers tercios, il tombe au troisième derechazo. El Rafi en tire une bonne série à droite. Il torée à mi-hauteur et sans obliger le bicho qui trop faible ne transmet rien. Les séries à gauche sont jolies mais sans émotion. La faena est trop longue. Elle finit par irriter une partie du public. Le toro tombe rapidement après une entière basse. Silence
Le quatrième, Jalabert, est costaud mais, colosse aux pieds d’argile il est très juste de forces. Mal mis en suerte, il prend une seule pique en poussant. Deux derechazos pour commencer la faena, Octavio Chacon prend rapidement la main gauche. Le Jalabert est court de charge et se défend. Il rompt mais vire soso. Chacon s’applique mais le toro ne transmet rien quel que soit le piton malgré les efforts et les artifices du torero. La faena est trop longue, le toro est de plus en plus réservé et l’ensemble va « a menos » . Après une demie en place, le toro tombe rapidement. Salut.
Le cinquième est bien présenté. Il humilie dans la cape de Tibo Garcia. Il prend un unique puyazo appuyé en poussant. Le Français brinde au public. Le Jalabert est un toro sérieux exigeant mais manque de chispa. Tibo Garcia choisit de le toréer à « moyenne distance », le toro aurait peut-être demandé à être cité de plus loin pour aller « a mas ». Tibo s’applique. La faena, sur un terrain réduit, porte sur le public mais le toro transmet peu. Le torero s’engage pour trois quarts de lame en place, le bicho tarde à tomber. Un descabello est nécessaire, le public acquis à la cause du torero obtient pour lui, une oreille.
Le sixième, Margé, est le plus léger du lot. Il est très typé Cebada Gago. Il ressemble au toro indulté en novembre à Vauvert. Reçu par un farol et des véroniques par El Rafi, il prend deux puyazos avec bravoure et en mettant les reins. Tomas Ubeda et David Miran saluent après un bon tercio de banderilles. Le toro est encasté mais manque de forces. Le côté Nuñez prédomine en début de faena. Il charge en protestant.
Le nîmois commence sa faena par des derechazos de rodillas. Sur les premiers muletazos, le Margé donne des coups ce tête violent et accroche la muleta. Sur un bonne série à gauche, le toro rompt. Son comportement change, il humilie. Il devient collaborateur. Il humilie, charge avec noblesse et va « a mas ». Rafi s’applique mais se fait toucher la muleta sur des naturelles de face. Les séries suivantes sont meilleures. Le toro fait même l’avion sur un derechazo. Le final, le meilleur moment de la faena porte sur le public. Un avis sonne, avant que Rafi ne mette un grand coup d’épée, en place qui fait tomber le toro rapidement. Le nîmois coupe lui aussi un trophée.
Thierry Reboul
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