Avant le congrès d’Orthez, interview de Dominique Valmary, Président de la FSTF.
Le monde des toros adore les acronymes. UVTF, AMTF, ONCT, UCTF, FSTF, il est difficile pour les aficionados de comprendre qui fait quoi, en particulier dans la période troublée que nous traversons. A l’occasion du Congrès de la FSTF, Tertulias a rencontré Dominique Valmary, son président, qui nous a présenté le but et les actions menées par cette structure. »
Tertulias : « Quand a été créée la Fédération des Sociétés Taurines de France? »
Dominique Valmary : « La FSTF a été créée en 1910 en réaction aux premières actions menées par la SPA fin 19ème, début 20ème pour interdire la corrida. Comme il n’y avait pas de structure pour gérer la corrida en France, elle s’est constituée pour la défendre. Par la suite, elle a toujours joué un rôle institutionnel. C’est elle qui a œuvré pour la création de l’Union des Villes Taurines de France. Elle a ensuite rédigé pour l’UVTF, le premier Règlement Taurin Municipal Français sur le modèle de celui en vigueur en Espagne.
Depuis, elle considère qu’elle a un rôle de maintenance de ce règlement. Cela se faisait jusqu’à maintenant en bonne intelligence avec l’UVTF. En 1952, au congrès de Séville, elle a obtenu le marquage apposé sur l’épaule des toros du dernier chiffre de l’année de naissance. Plus récemment, Roger Merlin, qui la présidait alors, a créé le Corps des Présidents lieu d’échanges et de formation pour ceux qui montent au palco. Quand j’ai pris la présidence, j’ai insisté sur ce point. Dernière action importante, qui conforte ce rôle institutionnel, l’organisation des Etats Généraux des Tauromachies. »
Tertulias : « A quoi sert la FSTF ? »
Dominique Valmary : « Les trois objectifs statutaires de la Fédération sont :
- La défense d’une corrida authentique et éthique
- La défense des intérêts des aficionados
- La défense de l’intégrité du toro.
Elle est force de propositions et aussi empêcheur de toréer trop en rond quand les choses ne vont pas bien. »
Tertulias : « Et par rapport aux autres structures? »
Dominique Valmary : « Par rapport à l’UVTF, c’est tendu puisque nous ne sommes plus invités aux assemblées générales de cette structure. Aujourd’hui on n’a pas de correspondant pour la révision du règlement taurin. On nous a dit que cela allait évoluer. Pour l’ONCT, la Fédération a participé à sa création et en est membre de droit. Pour ce qui est de l’Union des Clubs Taurins de France( ex-clubs taurins Ricard), ils n’ont jamais répondu à nos sollicitations. »
Tertulias : « La FSTF a organisé les Etats Généraux des Tauromachies, Quel en était le but ? »
Dominique Valmary : « Les Etats Généraux sont en quelque sorte, une anticipation de ce que nous vivons aujourd’hui. On butait sur les modalités pratiques. Nous sommes tous dispersés aux quatre coins de la France et au-delà. Paradoxalement, la COVID, nous a aidé. On a découvert et utilisé la visioconférence qui nous a ouvert le champ des possibles.
Comme pour toute démarche de projet, nous avons commencé par une consultation, la plus large possible. Cinq questionnaires, 2500 réponses, 150000 informations recueillies ont été dépouillés. Ensuite on a lancé une phase de concertation car on ne pouvait pas rester sur cette matière brute. On a donc conduit les ateliers thématiques. De ce grand débat nous avons rédigé les cahiers des Etats généraux avec 40 propositions d’évolution et de changement.
Nous aurions pu en rester là, faire une jolie plaquette et l’imprimer. Le milieu taurin est plutôt résistant au changement. Nous nous sommes dit qu’il fallait que nos propositions se traduisent en actions mises en œuvre sur le terrain. Pour rentrer dans le concret, on a lancé des chantiers. »
Tertulias : « Quels sont ces chantiers et les actions qui en découlent? »
Dominique Valmary : « Nous avons fait un premier chantier et rédigé une note sur les droits sociaux des acteurs de la tauromachie. En France, on dispose d’un guichet unique URSSAF qui gère les cotisations des toreros. Beaucoup d’organisateurs ne l’utilisent pas, n’en connaissent pas toutes les arcanes, ou l’utilisent mal. C’est dommage car c’est la seule reconnaissance spécifique de la corrida par l’Etat Français.
Le second chantier, et il est important, c’est la Route du Toro. C’est-à-dire faciliter l’accès des élevages aux non-initiés (touristes, aficionados en herbe ou qui ne sont pas dans les régions taurines). Il va être mis en ligne prochainement sur le nouveau site internet de la FSTF. Ce chantier a permis de travailler avec les éleveurs et d’intégrer leurs attentes.
Le troisième a concerné la révision du Règlement Taurin. Après sa présentation au Corps des Présidents,. on y reviendra lors du Congrès de la FSTF. On souhaite continuer à travailler sur ce sujet en y intégrant en particulier des éléments relatifs à la bien-traitance animale.
Le quatrième a concerné la communication et la transmission de la Culture Taurine. On a fait une plaquette, à disposition des clubs taurins, destinée aux personnes découvrant la corrida. Elle répond avec pédagogie aux questions que se posent les personnes qui assistent à leur première course. Cela complète la plaquette « le président répond à vos questions ».Ce groupe de travail a également rédigé un argumentaire « Quelques vérités sur la corrida » pour défendre la corrida et répondre aux arguties des anti-corridas. Elle complète les publications de l’ONCT et l’UVTF » .Tous ces documents seront à disposition des aficionados sur notre nouveau site. Ce groupe continue à travailler en aidant les Ecoles Taurines à répondre aux exigences normatives, comme l’ a fait le CFT de Nîmes, de la Formation. »
Tertulias : « Quels impacts ces chantiers ont eu sur le fonctionnement de la Fédération ? »
Dominique Valmary : « Pour ce travail concerté et collectif, on en est aujourd’hui à plus de deux cents visioconférences. Cela a fait évolué notre fédération. Elle avait tendance à être un peu dans le formalisme et la retenue et les certitudes. On a rajeuni notre bureau. On a changé nos statuts en créant les socios de la FSTF. Cela permettra à des aficionados qui ne sont pas membres de clubs taurins d’adhérer à la FSTF. On fera un appel aux candidatures à l’issue du Congrès de la FSTF. »
Tertulias : « Quels sont les prochains chantiers ? »
Dominique Valmary : « Ils restent à conduire les chantiers 5 et 6. Ce n’est pas un hasard s’ils viennent après les autres. On avait besoin de se roder avant d’attaquer deux montagnes. Le chantier 5 a pour intitulé « Charte déontologique des Tauromachie ». Nous souhaitons échanger et partager avec les représentants des différentes tauromachies françaises pour avoir un minimum commun entre les trois pratiques. La corrida est en ligne de mire des anti-spécistes. Les courses camarguaises et landaises, comme toutes les pratiques utilisant un animal, sont elles aussi dans leur collimateur. »
Tertulias : « Et le dernier ? »
Dominique Valmary : « Le 6ème concerne le management de la Corrida. Il concerne les structures qui actuellement régissent cette pratique et la manière dont elles doivent et peuvent évoluer. Aujourd’hui la corrida repose actuellement sur des structures LoI 1901 et du droit coutumier. C’est très instable comme base. On va essayer d’amorcer une analyse et proposer des pistes d’amélioration. D’autant plus que les trois Conseils Régionaux des régions taurines se sont déclarés contre la PPL Caron et le maintien la corrida. »
Tertulias : « Quels points seront abordés lors du Congrès de FSTF à Orthez ? »
Dominique Valmary : « Le matin ce sera l’assemblée générale traditionnelle. Après la présentation des différents bilans nous parlerons du vote pour les prix « Tio Pepe » et « Claude Popelin ».
L’après-midi , le programme a été modifié . Avant d’aborder la thématique prévue et qui concerne les « Maux de la Tauromachie », un focus sera fait sur les attaques subies au travers de la PPL Caron. Le congrès a lieu le 26 , il abordera ce qui se sera décidé et la suite qu’il convient d’y donner. On consacrera une heure de débat sur cette thématique. Les jeunes aficionados interviendront et Xavier Klein présentera la démarche de l’Appel d’Orthez. Leurs interventions seront le point de départ d’un échange avec la salle.
La suite du congrès abordera « la défense de l’aficionado en trois maux : Ethique, Economie et Règlement » . En premier nous analyserons les manquements éthiques dans le cadre du règlement. L’idée est d’aller vers des comportements plus éthiques parce que l’utilisation d’un animal en public impose des contraintes déontologiques indiscutables. André Roque interviendra pour présenter la problématique et on ouvrira ensuite le débat avec la salle. Ensuite nous échangerons sur les aspects économiques de la corrida . Nous nous demanderons, toujours au travers de l’éthique, ce qu’il faudrait faire évoluer sur le prix des places, l’accès des jeunes la structure des coûts des différents spectacles taurins, »
Tertulias : « Qui peut assister au Congrès de la FSTF ? »
Dominique Valmary : « Le congrès et les échanges sont ouverts au public y compris le matin . Cela permettra d’ouvrir les débats et donner de la transparence à notre Fédération. Bien entendu le droit de vote est réservé aux clubs adhérents. Aujourd’hui notre fédération propose aux clubs des services. Cela commence par les assurances en partenariat avec la fédération française du bénévolat. Ce partenariat permet aussi de bénéficier de tarifs réduits auprès de la SACEM. Le nouveau site proposera au club taurin d’héberger leur page de communication sur internet . On créera une bibliothèque des savoir-faire et bonnes pratiques en matière d’organisation. »
Merci à Dominique Valmary d’avoir répondu à nos questions. Rendez vous le 26 novembre à Orthez pour ce Congrès de la FSTF.
Propos recueillis par Thierry Reboul.
La « Fédé », une instance dynamique qui fonctionne et agit concrètement dans une perspective constructive.
Merci à Dominique Valmary et à son bureau de s’investir avec autant de volontarisme et d’enthousiasme pour dessiner éthiquement la tauromachie de demain