Bayonne: goyesque « bleu, blanc rouge »
En fait de corrida bleue, cette première corrida de la Féria de l’Atlantique a été une corrida « bleu, blanc, rouge » avec un triomphe d’Adrien Salenc et de Juan Leal. Souvent les corridas de « expectacion » sont des corridas décevantes. Avec un cartel remanié après le forfait de Roca Rey, une météo pluvieuse , celle de ce soir, qui ne l’était plus forcément a été un très agréable moment de tauromachie.
Il y a toujours une part d’émotionnel qui est inhérente à la corrida dans l’attribution des trophées, donc mettons de côté le débat sur le nombre de récompenses accordées. On a vu ce soir un encierro d’El Vellosino qui est allé à mas. Les deux premiers sont à oublier, les quatre derniers ont permis à la course d’être entretenue et intéressante. Les puristes préfèreront le quatrième, toro sérieux et encasté. D’autres préfèreront le sixième noble et qui a offert beaucoup d’options au torero. Pablo Aguado a été intéressant à son premier, un toro manso, dont il a tiré tout le possible. Il été moins convaincant au cinquième. Pas grand-chose à tirer du premier, Juan Leal a coupé deux oreilles au très encasté quatrième. Sa très intéressante faena , bien équilibrée entre classicisme et trémendisme, a été conclue par un estocade d’anthologie.
Sur sa lancée de sa faena de Villeneuve de Marsan, on a vu un Adrien Salenc lidiador. Il a coupé deux oreilles au troisième pour une faena très structurée qui a fait grandir un toro qui n’avait pas, en début de faena, fait preuve de beaucoup de potentiel. Le dernier, plus noble et collaborateur, a permis au torero de s’exprimer , de connecter avec le public tout en lidiant de manière trés efficace et adaptée au toro. Et comme l’estocade a été un grande estocade, le triomphe était inévitable. Cette année, Adrien a changé de catégorie et peut prétendre à faire une temporada 2023 avec des contrats « de responsabilité ».
Fiche technique :
- Arènes de Bayonne, 1ère corrida de la Féria de l’Atlantique., corrida goyesque bleue
- 6 toros de El Vellosino pour
- Juan Leal : silence (un avis), deux oreilles
- Pablo Aguado : salut au tiers (un avis), silence (un avis)
- Adrien Salenc : deux oreilles , deux oreilles et la queue
- Vuelta al ruedo au sixième
- Salut de Gomez Escorial et Manolo de los Reyes au troisième
- Douze piques, une chute, cavalerie Bonijol
- Président: Bernard Peytrin
- 2/3 d’arène
- Ciel nuageux. Pluie avant le paseo.
Avant le paseo, les jeunes aficionados ont lu un texte présentant leur action pour la défense de notre Culture. Dommage de l’avoir fait quand le public s’installait sur les gradins.
Le reportage photos de Philippe Latour ⤵️
Toro à toro :
Le premier est bien fait et bien armé. Il met la tête dans la cape de Juan Leal. Distrait. Il pousse à la première rencontre. La seconde est un picotazo. Début de faeana par la droite, le toro juste de forces se réserve. Soso, il est toréé par le haut et en douceur. Leal, s’applique, baisse la main mais le Vellossino n’a pas de moteur. A gauche, si le torero l’oblige, il fléchit. Retour à droite, le bicho n’avance plus. Leal réduit les terrains. Le toro s’est éteint et l’ensemble ne transmet rien. Juan Leal, après avoir pinché, tue d’une entière en place. Le bicho tarde à tomber. Silence pour le torero, sifflets pour le toro.
Le second est un burraco bien fait. Il est reçu avec élégance par Pablo Aguado. Juste de forces, il prend une première pique appuyée où il laisse des forces. La seconde est elle aussi trop forte. Adrien Salenc est applaudi après un bon quite. Aguado lui répond par des chicuelinas et une demie d’orfèvre qui déclenche olés et ovations. Par doblones le sévillan amène le toro au centre. Manso, il repart aux planches. Le torreo s’en voit pour le garder au milieu. Il y parvient sur une série à droite en lui laissant la muleta sur le museau. La suivante est excellente et déclenche la musique. A gauche, le Vellosino ne pense qu’à fuir. Aguado pinche avant de placer une entière. Le toro tombe au premier descbello. Salut au tiers.
Adrien Salenc reçoit le troisième un castaño abanto. Le toro, bien piqué, prend un premier puyazo sans trop s’employer. La seconde rencontre, se limite à un picotazo. Gomez Escorial et Manolo de los Reyes saluent après un tercio de banderilles spectaculaire . Le toro est noble mais juste de forces et ne va pas au bout de la passe. Adrien l’allonge sur la seconde série. Il se gagne ainsi la possibilité de lier une très bonne série de derechazos en suivant. A gauche, le français trouve le sitio et enchaîne de belles naturelles qui pèsent aussi sur l’animal. Le torero, avec une faena très structurée et adaptée, a amené le toro à mas. Final par redondos, puis passes par le bas Salenc s’engage pour une entière efficace. Deux oreilles pour le torero et palmas pour le toro.
Le quatrième fait impression à son entrée en piste. Il sort seul de la première rencontre et prend un second puyazo léger. Bon quite de Juan Leal, le toro remate aux planches en poursuivant les banderilleros. Cambiadas de rodillas pour commencer, toro et torero transmettent. Première série à droite, le toro marque le coup. Le torero utilise la noblesse et la classe du toro pour lier une belle série de derechazos.Le Vellosino se reprend et fait parler sa caste. A gauche, le toro est plus court de charge et exige plus .
L’arlésien tire quand même en citan de loin des muletazos classiques qui pèsent sur le bicho. Leal réduit les terrains, toréé dans les cornes et le public apprécie. Faena intelligente et courageuse alliant prise de risque et profondeur avec un bon équilibre entre toreo classique et trémendisme. Le torero aguante, s’engage et tue d’une très belle entière fulminante. Le président se fait tirer l’oreille puis finit par sortir les deux mouchoirs. Ovation au toro (qui aurait pu prétendre au mouchoir bleu).
Le’ cinquième est costaud mais plus basto de type. Il prend une bonne première pique en poussant. Il est mal piqué à la seconde rencontre. Pablo Aguado commence sa faena par des doblones. Le toro est noble. Premiers derechazos élégants, les suivants ne sont pas liés. le toro est court de charge et transmet de moins en moins. A gauche, le toro accroche la muleta. Le torero ne s’accorde pas avec un animal qui comme la faena va à menos. Plusieurs pinchazos, sans grand engagement, précèdent une demie en avant. Deux descabellos sont nécessaires. Silence
Le sixième est le plus léger du lot et a moins de tête que les précédents. Il a une bonne corne gauche dès les premiers capotazos. Adrien Salenc le fait peu piquer à la première rencontre. Pourtant il arrive à renverser le cheval à la seconde rencontre. Le torero le double avec élégance et autorité. Le toro a du fond et de la race. Il est de grande classe sur les deux pitones.
Adrien le cite de loin pour d’excellents derechazos. Après la deuxième série à gauche le Vellosino a tendance à regarder les planches. Salenc le retient dans sa muleta,et finit sa faena avec beaucoup de classe. La faena a comporté juste ce qu’il faut de passes et s’est terminée avant que le toro n’aille à menos Une grande épée , le toro tombe immédiatement. Le président finit par accorder les récompenses maximales. Le mouchoir bleu est rajouté , pourtant le toro cherchait les tablas en fin de faena et avait un peu moins de transmission que le quatrième.
Thierry Reboul
Commentaires fermés.