Bilbao, cinquième festejo: Talavante à hombros.
Devant des gradins à peine plus garnis que la veille s’est déroulée la cinquième course de la Féria de Bilbao 2023. Après les Garcigrande d’hier, ce sont les Domingo Hernandez qui étaient à l’affiche. Pas de grande différence avec leurs proches cousins, noblotes, inexistants au cheval, ils distillent l’ennui. El Juli, en grand professionnel, a construit deux faenas intelligentes mais gâchées par le manque de transmission des toros Alejandro Talavante, pour son second contrat de la temporada à Bilbao, a touché le seul toro qui avait de la suavité et un peu de fond. Il a pu mettre en place sa tauromachie et a coupé deux oreilles après une bonne estocade. Son second ne permettait pas grand chose.
Tomas Rufo a fait ce qu’il a pu avec deux toros qui manquaient de race. Il n’est pas sûr que le public revienne sur les gradins de Vista Alegre après de telles courses.
Fiche technique
- Plaza de toros de Vista Alegre (Bilbao): cinquième festejo des « Corridas Generales » de 2023
- 6 toros de Domingo Hernandez pour
- El Juli : silence ,salut au tiers.
- Alejandro Talavante : deux oreilles , silence.
- Tomas Rufo: salut au tiers (un avis) , silence
- Président : l’insondable Matias Gonzalez
- Curro Javier salue au premier et de Manuel Murillo au cinquième.
- Petite entrée
- quelques gouttes
Toro à toro
Palmas à la sortie du premier, le toro est bilbaîno de présentation. Suelto, il prend deux piques en se défendant sous le fer et en sortant seul. Talavante prend son tour de quite en enchaînant des chicuelinas et une demie. Curro Javier salue après une bonne paire de banderilles. Quelques doblones d’El Juli pour entamer le troisième tiers, les premiers derechazos sont là pour régler le toro. Le Domingo Hernandez manque de charge. A gauche, passe à passe, le torero arrache quelques muletazos. Le bicho ne permet guère plus. Une série à droite et Julian Lopez prend l’épée. L’estocade, de su casa, résulte trasera, basse et efficace. Silence pour le torero et quelques sifflets pour le toro.
Le second est plus lourd que le premier. Il vient seul au cheval, sans mise en suerte, et ne pousse pas à la première rencontre. Le second est juste là pour la forme. Tomas Rufo réalise un quite par véroniques très applaudi. Alejandro Talavante commence sa faena par le bas. Le toro est noble. Les premiers derechazos sont sur le bout de la muleta. Les suivants sont plus centrés. Les premières naturelles sont templées et ont de l’allure. Les suivantes aussi, le toro n’a pas beaucoup de transmission mais il sert quand on le toréé en douceur. Cela convient à Talavante à qui on peut reprocher de ne pas se croiser. Le final à droite puis à gauche (naturelles puis luquesinas) déclenche les applaudissements. L’estocade, porté en douceur elle aussi, résulte entière et efficace. Matias sort les deux mouchoirs, palmas au toro.
Le troisième désarme Tomas Rufo à la fin de sa réception à la cape. Il prend le cheval par l’avant et pousse un peu sur une corne à la première rencontre. La seconde se solde par un picotazo. Début par doblones puis naturelles, Tomas Rufo cite de loin le toro répond bien sur les deux premiers derechazos puis est plus réservé sur la fin de la série. A gauche, il réduit la distance, le toro ne se livre pas sur les naturelles du jeune torero. Retour à droite, le Domingo Hernandez a baissé de rythme et la faena perdu de l’intensité. Rufo laisse se reprendre l’animal puis le cite pour deux naturelles et un pecho qui manquent de transmission car le bicho n’a presque plus de charge. Final plus trémendiste, le torero entre à matar pour une pour une entière légèrement tombée qui nécessite l’usage du verdugo.
Le quatrième dépasse largement les 600 Kg. Lui aussi suelto, il prend deux piques sans pousser. El Juli, décidé, brinde au public. Le toro humilie mais est soso. Avec expérience, le torero tire des derechazos en l’obligeant. A gauche, il baisse la main et lie une bonne série de naturelles. Il revient sur l’autre piton, pour une série qu’il finira à gauche, on voit le professionnalisme du torero et les limites de l’animal qui est allé à menos. Le final par redondos et pechos est applaudi par le public. L’estocade, de su casa, résulte basse et efficace. La pétition d’oreille ne convainc pas Matias. El Juli salue au tiers.
630 Kg pour le cinquième, il s’intéresse peu à la cape que lui propose Alejandro Talavante. Il pousse de façon désordonnée à la première rencontre. Le bicho fléchit avant et pendant la seconde rencontre, un puyazo light. Il est juste de forces. Il bouscule Miguel Murillo quand il saute après avoir posé les premiers palos. Le banderillero salue après une bonne troisième paire. Alejandro Talavante amène le toro au centre. Le Domingo Hernandez est soso et tombe si on l’oblige un peu. Derechazos élégants mais sur le pico pour la première série à droite, la seconde est un peu plus centré mais le toro est plus réservé. Bonne série à gauche, mais le bicho est court de charge sur ce piton. Il transmet de moins en moins, si tant est qu’il ait transmis. Talavante prend l’épée pour une quasi entière prudente qui s’avère suffisante. Salut au tiers.
Le sixième est un joli burraco liston, le plus léger du lot. Suelto, il ne permet pas à Tomas Rufo de briller au capote. Il ne s’emploie pas au cheval. Rufo débute la faena à droite en citant de loin. Le toro est tardo et court de charge. A gauche, le torero cite de plus près. Il arrache les passes une à une. Retour à droite, le Domingo Hernandez manque de race et la faena d’intérêt. Le torero abrège d’un pinchazo suivi d’une entière.
A ma connaissance seule Nîmes avait osé programmer au cours de la même feria un lot de GARCIGRANDE et un lot de DOMINGO HERNANDEZ et bien la nouvelle empressa de Bilbao a aussi franchi le pas. Résultat non pas 6 mais 12 toros dans lesquels coule un sang strictement identique. Belle manœuvre d’avoir séparé les deux fers, permettant d’écouler plus facilement les nombreux lots produits à la chaîne. Résultat des courses, ce jour à Bilbao 6 toros au comportement strictement identique à celui de leurs frères de la veille. Deuxième aburimiento successif. Et sans le regalo de Matias à un Talavante qui n’a toréé tout l’après midi qu’avec le pico même si il a tué correctement ses deux limaces, nous aurions eu un bilan nettement plus objectif. Je ne reviens pas sur les prestations du Juli conclues de l’abject julipie et qui ne justifie donc que le mépris. Pour le reste, qu’est devenue l’aficion de Vista Alegre si exigeante mais toujours juste? Aujourd’hui le maigre public est devenu aveugle et triomphaliste réclamant la musique à tort et à travers comme dans n’importe quel vulgaire pueblo. Rendez nous le Toro de Bilbao et peut être l’aficion locale renaîtra de ses cendres!
L’Aficion locale ? Elle a disparu depuis une décennie. Auparavant la Plaza se remplissait au 3/4 à partir du Mercredi avec l’arrIvée des Figuras. Depuis dix ans il y a du monde les Jeudi et Vendredi. C’est tout. Bilbao, comme d’autres arènes, n’a rien fait pour maintenir et renouveler l’Aficion dans sa ville, à l’image de cette vieille Junta locale qui aura avec les Chopera réussie à plomber cette magnifique Semana Grande Bilbaína.