Bougue: Manuel Roman remporte le 26ème Bolsin.
Très bien présentés et intéressants les erales du Camino ont arbitré le duel entre deux jeunes toreros très prometteurs, Tristan Barroso et Manuel Roman Alvarez. Troisième qualifié de la finale du Bolsin de Bougue , Guillermo San José a entendu trois avis et a été éliminé de la compétition « au premier tour ». Tristan Barroso et Manuel Roman se sont qualifiés en coupant deux oreilles à leur novillo pour le « deuxième tour ». Opposition de style entre un Tristan , appliqué efficace et pesant sur les toros, et un Manuel Roman torero spontané, élégant et d’une très grande classe , la compétition a été remportée par le jeune espagnol. Le duel entre les deux jeunes garçons devrait pimenter la saison de non piquées dans le Sud-ouest
Fiche technique
- Arènes de Bougue, 26ème édition du Bolsin de Bougue organisé par le club taurin Soledad. 5 erales du Camino de Santiago bien présentés, différents mais tous intéressants à l’exception du faible premier pour
- Guillermo San José : trois avis et silence.
- Tristan Barroso : deux oreilles, deux oreilles
- Manuel Roman Alvarez : un avis et deux oreilles, deux oreilles
- deux tiers d’arène , Présidence généreuse de Nathalie Garcia , alternance de soleil et de nuages
- Salut du ganadero à l’issue de la course.
- Manuel Roman Alvarez est déclaré vainqueur du Bolsin de Bougue et participera donc aux novilladas non piquées de Plaisance, Mont de Marsan, Dax et Bayonne.
- Le prix des organisateurs du Sud-ouest est partagé entre Tristan et Manuel
Toro par toro
Le premier eral est juste de forces. Il freine dès les premiers capotazos de Guillermo San José. Après un échange de quites avec Tristan Barroso, à l’avantage du français, l’élève de la Fondation El Juli, brinde au public. Le Camino de Santiago est faible et manque de transmission. Il chute dès les premiers muletazos. Le jeune torero enchaîne des séries sur les deux mains appliquées mais qui manque d’émotion. La faena, très scolaire, va à menos. San José a de grosses lacunes quand il s’agit d’estoquer. Il accumule les pinchazos sans mettre une épée et entend les trois avis. Le toro est puntillé depuis un burladero.
Le second, lui aussi bien fait, est bien réceptionné à la cape par Tristan Barroso. Il est noble mais n’humilie pas. Le français et Manuel Roman se livrent un duel au capote qui laisse augurer d’une compétition entre les deux novilleros. Brindis au public et après des doblones autoritaires commence sa faena par une bonne série à droite. Le toro est sérieux et exigeant. Il a une charge courte et réfléchie. Tristan construit une faena sérieuse, s’impose à un toro de plus en plus complexe. L’épée est engagée mais résulte très contraire, trop pour ne pas dire que la seconde oreille est plus que généreuse.
Réception du troisième , très costaud, par Manuel Roman, des cinq premières véroniques, deux sont « de catégorie ». Le cordouan place d’entrée la barre haute. Le Camino est noble et sérieux. Il lui manque un peu d’alegria. Manuel va faire une démonstration de tauromachie. Il enchaîne les séries des deux mains avec relâchement, temple et de très grande sincérité. C’est beau, bien fait, profond, un vrai régal. Le novillero, au calme et à la sérénité étonnants, a un poignet exceptionnel et une manière de courir la main qui rappelle des toreros comme Mora, Munñoz ou Finito de Cordoba. La conclusion par naturelles de face est superbe. L’épée, ¾ de lame, est un peu basse. Comme pour Tristan, la seconde oreille est plus que généreuse. Mais, si la Présidence surenchérit sur les trophées, elle le fait de façon équitable entre les deux meilleurs toreros de l’après-midi.
C’est en toute logique que Tristan Barroso et Manuel Roman Alvarez se qualifient pour la deuxième partie de la finale.
Le quatrième eral, typé Albarreal, est superbe de présentation. Il est noble et a une très bonne corne droite. Nouveau duel de quites entre les deux finalistes. Le toro est intéressant. Il lui manque un peu de forces mais il transmet de l’émotion, ce qui de nos jours devient une denrée rare. Début par le haut, puis Tristan baisse la main et lie deux bonnes séries à droite. Après un petit temps d’adaptation des distances à gauche, il enchaîne avec application une bonne série de naturelles. Le toro transmettant un peu moins sur cette corne, il revient à droite pour une belle série de derechazos suivie de bernadinas. Tristan s’engage avec l’épée pour une entière en place efficace. Deux oreilles à nouveau, probablement une de trop.
Le dernier, lui aussi très Albarreal, est applaudi à son entrée en piste. Très belle réception à la cape, genoux ployés, Manuel Roman conclut par une très belle demi-véronique. Le toro a de la fixité et de la noblesse. Les qualités du toro et du jeune cordouan s’accordent pour donner une très belle faena, de celle qui vous classe un torero comme grand espoir de sa catégorie. Les premiers derechazos lents, templés, main basse qui semblent durer une éternité, sont exceptionnels.
Tout le reste de la faena est à loger à la même enseigne. Le garçon toréé avec une classe folle sans qu’aucun geste ne soit forcé. Son toreo est fluide, coule de source. Il se dégage de ce garçon une classe naturelle, une simplicité et une plastique impressionnante quand on sait qu’il n’a que 16 ans et n’a toréé que quatre non piquées. Tout est beau chez lui, il n’y a rien à jeter. Il a un talent qui quand il rencontre, comme aujourd’hui, un très bon toro créé une faena cumbre. Quelques défauts restent à corriger mais il a tout pour être un jour une figura. Il lui reste toutefois à travailler la mise à mort car son estocade fulminante, est vraiment trop basse et aurait dû le priver de la seconde oreille. L’arrastre est ovationnée.
Il y a fort à parier que les prochaines confrontations entre les deux jeunes toreros ne devraient pas laisser le public indifférent.
Thierry Reboul (photos Philippe Latour)
Remise du prix ⤵️
L’album photos complet (Philippe Latour) ⏬
