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Cristobal Reyes, à la croisée des chemins

Cristobal Reyes, à la croisée des chemins

Natif de Jerez de la Frontera, Cristobal Reyes a une histoire qui le lie à la France. Appuyé depuis longue date par un aficionado français, il a débuté en novillada piquée à Riscle dans le Gers. Son parcours, n’est pas celui, de ceux à qui on déroule le tapis rouge. Dans une corrida de la dernière chance dans la vallée de la terreur à Cenicientos en 2024, deux oreilles coupées à un Saltillo lui permettent de nouveau d’avoir des perspectives.

Désormais apodéré par le torero mexicain El Conde, la temporada 2025 sera de loin la plus complète de sa jeune carrière de matador de toros. Ce n’est pas pour autant que le chemin est dépourvu d’obstacles. Pour sa présentation à Saint Martin de Crau, un terrible Escolar Gil l’a rappelé. A quelques jours d’un week-end important avec une corrida à la feria des 3 puyazos suivie de sa confirmation madrilène à Las Ventas le lendemain face aux Saltillo, Tertulias a rencontré Cristobal Reyes.

Tertulias : « Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, peux-tu présenter en quelques mots ton parcours dans le monde taurin ? ?»

Cristobal Reyes : «  Je suis Cristóbal Reyes, actuellement matador de toros après beaucoup d’efforts et de travail. J’ai commencé à me former à l’école taurine à l’âge de 10 ans, à Jerez de la Frontera. J’ai suivi une formation de torero à l’école taurine, en participant à de nombreuses tientas. C’est ainsi que j’ai pu faire mes débuts sans picadors à Becerril de la Sierra, en Espagne, lors d’une novillada de Baltasar Ibán en 2015. Ensuite, j’ai participé à divers concours de novilladas sans picadors, avec de bonnes prestations, y compris en France, à Roquefort et à Rion-des-Landes.

Des débuts à l’alternative

Par la suite, j’ai connu une période où je toréais des toros dans des capeas comme à Ciudad Rodrigo ou dans différents villages. Cette expérience m’a permis de débuter avec picadors et d’attirer l’attention de l’afición française. On m’a programmé à Riscle pour une novillada du Marquis d’Albaserrada. Cette novillada m’a permis d’acquérir une bonne reconnaissance professionnelle et auprès des aficionados, ce qui m’a conduit à toréer des novilladas avec picadors dans les principales ferias de novilladas, tant en Espagne qu’en France, affrontant des ganaderías telles que Vega Teixeira, Pablo Romero, Dolores Aguirre ou encore Saltillo.

J’ai toréé de nombreuses novilladas jusqu’à mon alternative. Je l’ai prise lors d’une corrida de Miura, le 21 août 2021, face à des toros de Miura, avec le maestro Rafaelillo comme parrain et le maestro Octavio Chacón comme témoin. Ensuite, ma trajectoire de matador de toros a traversé une période en demi-teinte. J’ai connu un ralentissement, comme cela arrive souvent après l’alternative. Pendant quatre ans, je n’ai toréé qu’une seule corrida par an.

Du Pérou à Cenicientos

Ainsi, en 2024, j’ai décidé de partir au Pérou pour tenter ma chance. Je suis préparé en vue de la seule opportunité que j’avais l’an dernier, à Cenicientos. Et, grâce à Dieu, j’y suis arrivé préparé, mentalement prêt, et j’ai affronté un toro de Saltillo qui a changé le cours de ma carrière jusqu’à aujourd’hui.»

Tertulias : « Ton parcours de novillero n’a pas été facile

Cristobal Reyes : « Je ne dirais pas que ça a été compliqué. J’ai toujours été très heureux et très à l’aise d’avoir affronté ce type de ganaderías. Elles m’ont poussé à me dépasser, à m’engager davantage, et m’ont permis d’acquérir de solides connaissances. Cela m’a beaucoup servi pour en arriver là où je suis aujourd’hui. Certes, ça n’a pas été un chemin facile. J’ai reçu plusieurs cornadas et les novilladas ont été très exigeantes et dures. Mais je savais quel était mon chemin depuis mes débuts avec picadors. Tout cela a été un apprentissage pour aujourd’hui. »

Tertulias : « Tu as rencontré Christian Lamoulie avant même de débuter avec picadors. Il te suit et te soutient depuis. En quoi cette rencontre a-t-elle été importante pour toi ? ?»

Cristobal Reyes : « J’ai rencontré Christian à Rion-des-Landes. La semaine précédente, j’avais toréé une novillada à Roquefort, où il m’avait pris plusieurs photos. Je lui ai demandé s’il pouvait venir à Rion pour m’en faire d’autres. C’est là que je l’ai connu, et je lui ai exprimé toute ma gratitude.

Peu de temps après, mon grand-père est décédé, et j’ai toréé une novillada sans chevaux à Saint-Sever. J’étais très abattu. Christian m’a alors témoigné son soutien et son affection. Plus qu’une personne du milieu taurin, je le considère comme un second grand-père. À partir de ce moment-là, il a endossé ce rôle. Il a commencé à m’accompagner dans ma carrière de torero, à sa manière.

Je devais, de mon côté, me justifier dans l’arène, faire de mon mieux pour que les choses avancent comme il fallait. Il faut préciser qu’il n’a jamais été mon apoderado au sens strict du terme, car il n’a jamais gagné un seul euro dans la gestion de ma carrière. Il m’a soutenu de façon désintéressée, par amitié et par affection, et c’est ce qui donne encore plus de valeur à son engagement. Aujourd’hui, cela fait neuf ou dix ans que nous sommes liés. »

Tertulias : « Quels ont été les moments importants de ta carrière de novillero?»

Cristobal Reyes : « Parmi les moments les plus marquants de ma carrière de novillero avec picadors, il y a d’abord eu mes débuts avec chevaux, face à une novillada très sérieuse du Marquis d’Albaserrada. Ce fut un impact positif, une démonstration que l’on pouvait vraiment compter sur moi. Cette même année, je me suis présenté en tant que novillero en Espagne à Guadarrama. J’y ai remporté le concours de la feria en coupant deux oreilles à un novillo d’Adelaida Rodríguez.

À partir de là, j’ai été pris en main par un apoderado et j’ai commencé à toréer dans toutes les ferias importantes : Villaseca, Calasparra, Arnedo, Algemesí, Boujan, Orthez… Ma carrière de novillero a toutefois été marquée par une mauvaise gestion de l’épée. Le crédit que je gagnais, je le devais à la muleta et au capote. J’avais du mal à concrétiser avec l’épée. Cela m’a parfois porté préjudice numériquement, car je ne coupais pas autant d’oreilles que je l’aurais mérité.

Je me souviens par exemple d’une faena à deux toros de Dolores Aguirre à Villaseca de la Sagra. Si j’avais su les tuer comme je le devais, j’aurais probablement remporté l’Alfarero. J’ai laissé de nombreuses faenas de grande valeur, mais pour une raison ou une autre, elles se sont retrouvées ternies à la fin. C’est un aspect que j’ai travaillé. Je me suis mentalisé sur le fait que la première obligation d’un matador, c’est de bien tuer les toros.

C’est un point sur lequel je mets aujourd’hui beaucoup d’efforts et d’attention. Et la vérité, c’est que les derniers toros que j’ai eus à tuer, je les ai bien tués. Alors espérons que les choses continuent dans ce sens. »

Tertulias : « Tu prends l’alternative lors d’une corrida télévisée avec les Miura. Avec le recul, penses-tu que c’était une bonne décision?»

Cristobal Reyes : «  Aujourd’hui, trois ou quatre ans après l’alternative, je pense que oui, c’était une décision juste. À un moment donné, j’en ai douté. Cela ne s’est pas traduit par des contrats par la suite, et je ne comprenais pas pourquoi. Mais avec le temps, j’ai compris que c’était un processus par lequel il fallait passer.

Je pense vraiment que c’était la bonne décision, car ce jour-là, j’ai montré, par les faits, que j’étais prêt et que je voulais être un torero dans toute la dimension du mot. C’était clair pour moi.

Quand on veut aller quelque part, l’essentiel est de savoir comment y aller et de quelle manière. En prenant l’alternative face à une corrida d’une telle exigence, avec un tel niveau de sérieux, j’ai clairement affirmé mes intentions. Je crois donc que ce choix a été positif. »

Tertulias : « Ce jour-là, tu as été blessé en entrant a matar sans muleta. Pourquoi as-tu fait ce geste ?»

Cristobal Reyes : « Je savais que, vu ma situation à ce moment-là, je devais absolument attirer l’attention, coûte que coûte. C’était un jour clé pour moi, un moment décisif. La corrida était télévisée sur Canal Plus, et une bonne faena au premier toro ne suffisait pas. J’ai donc décidé de jouer mon va-tout, de jeter la pièce en l’air à la grâce de Dieu.

Aujourd’hui, je le regrette. Car, avec la conception classique et pure que j’ai du toreo, je comprends que ce n’est pas une manière correcte d’entrer a matar. Ce n’est pas la forme qu’un torero doit choisir. Mais ce jour-là était spécial. Je sentais que je devais me montrer, faire entendre ma voix, dire clairement ce que je voulais faire de ma carrière. »

Tertulias : « Après ton alternative, tu traverses une période compliquée, presque un désert, avec très peu de contrats. Comment as-tu vécu ce moment-là ? Comment as-tu réussi à t’en sortir et à subvenir à tes besoins pendant cette période

Cristobal Reyes : « A ce moment-là, j’ai dû commencer à travailler. Déjà avant l’alternative, je devais parfois travailler, mais là, j’ai dû m’y mettre plus sérieusement, car il fallait vivre et couvrir mes besoins. J’ai commencé à travailler dans une usine aéronautique, à Airbus, tout en continuant mes entraînements au même niveau qu’avant.

Grâce à Dieu, et aux ganaderos qui m’ont ouvert leurs portes, notamment au Portugal et dans le Nord, j’ai pu continuer à me préparer pour le jour où une opportunité se présenterait. Ça a été une période très difficile. A un moment où, face à tant d’attente, je me demandais si je pouvais vraiment encore me vêtir en torero. Mais je n’ai jamais cessé d’y croire. »

Tertulias : « As-tu eu la tentation, de tout abandonner ?»

Cristobal Reyes : « Oui. Je voyais que l’argent que je gagnais en travaillant, je le dépensais entièrement en essence pour aller aux tentaderos, dans la préparation. Je ne voyais pas la situation se débloquer, malgré le fait que je me sentais bien en toréant, avec de meilleures sensations à chaque fois.

Quand me donnerait-on une opportunité? En tant que personne, en tant qu’homme, j’ai aussi mes désirs. J’ai une compagne, je voulais aussi devenir père avec elle, fonder une famille, me marier. Ma vie était en pause, complètement conditionnée par ma profession. Et je commençais à trouver un peu injuste de devoir la suspendre ainsi, en attendant que ma carrière démarre vraiment et devienne plus fluide. C’était très difficile. Il y a eu des moments où, j’ai eu envie d’abandonner. À tel point que, ce dernier après-midi à Cenicientos, j’y suis allé avec l’idée claire que si ça ne se passait pas bien, si les choses ne tournaient pas comme il fallait, j’allais me retirer et continuer ma vie autrement. »

Tertulias : « Après cette corrida à Cenicientos l’année dernière, tu avais de l’espoir, mais craignais-tu que ce succès ne serve à rien?»

Cristobal Reyes : « Pendant la saison même, alors que tout était déjà bien avancé, je n’ai eu aucun contrat. Mais, des commissions de France ont commencé à me contacter, ainsi que plusieurs arènes ici en Espagne, même Madrid. Cela m’a redonné de l’espoir, l’idée que c’était peut-être le bon chemin et que la récompense était au bout. »

Tertulias : « Qu’est-ce qui s’est réellement passé sur le plan professionnel depuis ce succès à Cenicientos ?»

Cristobal Reyes : « J’ai conclu un contrat d’apoderamiento avec Alfredo Ríos « El Conde », qui dirige une empresa au Mexique. Il m’a emmené là-bas pour faire une partie de la saison, et j’ai toréé deux corridas ainsi que quatre festivals. Les résultats ont été très bons, non seulement en termes de chiffres, mais surtout dans la manière dont je me suis senti face aux toros. Petit à petit, j’ai pris le rythme, j’ai commencé à ressentir les premières sensations importantes avant de démarrer la saison ici, en Espagne et en France, où le niveau est réellement exigeant.

Ca a été positif pour ça. Maintenant, je dois me justifier chaque après-midi, prouver que je veux prendre ma place, que je veux être torero. Au-delà du résultat chiffré, le triomphe doit aussi venir de la manière d’être face aux toros, de l’attitude que l’on montre. »

Tertulias : « Tu es un torero classique et tu es programmé pour des corridas dites « dures ». Est-ce une étape nécessaire mais temporaire, ou bien une orientation définitive pour ta carrière?»

Cristobal Reyes : « C’est encore trop tôt pour le dire. On rêve toujours d’occuper une place privilégiée dans la profession, d’être dans les grands cartels et dans les arènes de prestige. Ce qui est clair, aujourd’hui, c’est que mon présent, c’est d’être dans ce type de corridas. Je l’assume avec sérénité et engagement.

Ces toros, même s’ils offrent moins d’opportunités, permettent parfois — quand on parvient à les dominer — de montrer son classicisme, sa pureté, et la manière personnelle avec laquelle on veut toréer. Donc je me prépare pour ça : dominer ces animaux, leur donner la lidia qu’ils exigent. Et quand le toro me le permettra, qu’il m’en donnera la possibilité alors j’essaierai de toréer comme je le ressens. »

Tertulias : « Le 5 avril à Saint-Martin-de-Crau, tu as dû affronter une corrida d’Escolar Gil très exigeante, avec un dernier toro presque intolérable. Comment as-tu vécu cette course, qui marquait ta présentation en France?»

Cristobal Reyes : « Je peux dire qu’à ce jour, ça a été l’après-midi la plus dure de ma vie. Il y avait beaucoup d’espoir, je savais aussi que l’afición de France voulait me voir dans les meilleures conditions, et c’est ce qui me rend aujourd’hui frustré et en colère contre moi-même.

Je sais que la corrida a été très exigeante. Mes deux toros ont été extrêmement durs. Mais je suis une personne honnête, et je reconnais que si j’avais abordé les choses autrement, avec une autre stratégie, j’aurais pu être bien meilleur que ce que j’ai été. Ce n’est pas une excuse de dire que le toro était difficile, car c’est justement pour cela que nous sommes toreros : pour faire face et trouver la meilleure manière de répondre.

Alors maintenant, je dois corriger mes erreurs, et lors de ma prochaine corrida, je veux être à un niveau supérieur, bien meilleur — c’est ce que je recherche vraiment. Pour autant, ce dernier toro, je n’en avais jamais vu un comme cela — ni moi-même en le toréant, ni en le voyant toréer par quelqu’un d’autre. C’était vraiment très dur. »

Tertulias : « Lors de cette corrida à Saint-Martin, il y a eu un grand danger. Tu viens de devenir père : est-ce que la paternité a changé ta perspective en tant que torero, vis-à-vis des risques que tu assumes dans l’arène

Cristobal Reyes : « C’était justement un des doutes que j’avais en moi depuis que je suis devenu père. Ensuite, j’ai pu l’éprouver au campo, puis dans l’arène, quand j’étais au Mexique. Ce que je ressens aujourd’hui, c’est une responsabilité plus grande. Dans le sens où je dois être à un niveau élevé pour pouvoir me positionner dans ma carrière comme je le souhaite, afin d’être bien, professionnellement mais aussi personnellement, en tant que père de famille et en tant qu’homme.

Ce que je veux, c’est offrir le meilleur du monde à ma fille, à mon foyer, à ma famille. Et je sais que ce qui se passe dans l’arène a une conséquence directe sur ce qui se passe dans ma vie. Aujourd’hui, j’ai plus de responsabilités. Je ne peux peut-être pas encore le dire de manière absolue, mais dans ma tête et dans mon cœur, je sais que je dois être à un niveau supérieur à celui que j’avais avant d’être père. Car maintenant, il y a aussi cette responsabilité familiale. »

Tertulias : « Tu vas bientôt vivre un week-end très important avec deux corridas, dont ta confirmation à Madrid avec les Saltillos, en l’espace de deux jours. C’est un véritable défi. Comment te prépares-tu physiquement et mentalement pour y faire face ?»

Cristobal Reyes : « Physiquement, je me suis toujours énormément préparé, parce que pour ce type de corrida, il faut être très fort — aussi bien sur le plan hormonal que physique en général. Mais surtout, c’est dans la tête que ça se joue. Il faut savoir gérer, penser que le triomphe doit venir par le toreo, par la lidia, par la connaissance que tu as pour faire les choses aux toros selon ce qu’ils demandent, et en vivant pleinement le présent.

En réalité, dans ma tête, je suis entièrement concentré sur le premier toro de San Agustín de Guadalix, sans penser si je vais arriver au second, ni si j’irai à Madrid après. Pour moi, Madrid est une chose encore lointaine, même si c’est le lendemain de cette première corrida. Elle est loin, car la manière la plus honnête d’aborder les choses, c’est de me livrer complètement avec le premier toro, d’être mentalement disponible à chaque instant. Puis dans le second. Et ainsi, je peux être en paix. Si je dois aller à Madrid le lendemain, ce sera avec la conscience tranquille d’avoir donné tout ce que je pouvais la veille. »

Tertulias : « Que cherches-tu finalement à transmettre dans un ruedo ?»

Cristobal Reyes : « Ce que je cherche à transmettre, c’est le ressenti que j’ai eu durant tout ce temps. Dans ma vie personnelle, il y a aussi eu un certain nombre de remises en question morales, intérieures, qui m’ont fait souffrir à certains moments. Et alors, comme pour les chanteurs de flamenco, il se passe quelque chose : plus ils souffrent, plus ils transmettent.

Et je pense que la tauromachie est un instrument parfait pour exprimer des sentiments de pureté, de profondeur, de don de soi. Mais bien sûr, tout cela doit être soutenu par une connaissance et une technique du toreo. »

Tertulias : « Puisque nous sommes Français, une question sur notre pays : qu’est-ce qu’il représente pour toi ?»

Cristobal Reyes : « Votre pays m’inspire beaucoup de respect, et une grande responsabilité, à chaque fois que j’y vais et chaque fois que j’échange avec un aficionado. Vous êtes un public cultivé sur le plan taurin, car en tant que société, vous n’avez pas vécu la tauromachie de manière aussi émotionnelle qu’en Espagne. Ici, elle se transmet de père en fils, c’est quelque chose de plus social. En France, c’est culturel.

Pourquoi ? Parce que vous vous intéressez à la tauromachie à travers la culture, à travers ce qu’elle représente en tant qu’art. Et à ce titre, vous vous informez. Vous savez que chaque chose qu’on fait dans l’arène a un moment et une raison.

En tant que torero, quand je me présente devant vous, je le fais avec une certaine inquiétude et un grand sens des responsabilités. Vous avez de l’exigence, et je la respecte profondément. »

Tertulias : «  A part Céret, tu auras d’autres opportunités en France?»

Cristobal Reyes : « On discute actuellement avec plusieurs commissions d’autres endroits, mais pour l’instant — et je les comprends — elles attendent de voir ce qui va se passer le week-end à San Agustín de Guadalix et à Madrid. Ce n’est qu’après cela qu’elles prendront une décision claire concernant ce qu’elles veulent et un éventuel contrat. Pour l’instant, je dois continuer au jour le jour à me battre pour mériter chaque chose. »

Tertulias : «  C’est la même chose pour l’Espagne?»

Cristobal Reyes : « C’est exactement ça. En ce moment, j’ai la chance de pouvoir me montrer en avril, un mois encore précoce dans la saison, où rien n’est encore joué. Et si tout se passe comme il faut, alors le chemin peut s’ouvrir devant moi. »

Tertulias : « Nous supposons que tu seras quand même répété à Cenicientos?»

Cristobal Reyes : « Oui, c’est réglé, j’y serai. Il y a des discussions avec la mairie et toutes les autres parties. J’aimerais beaucoup faire un geste dans cettee arène qui, en premier lieu, m’a donné l’opportunité de sortir de l’anonymat. Et surtout avec des ganaderías qui ont joué un rôle fondamental dans le fait que je sois aujourd’hui à cette place. Rien n’est encore défini sur le cartel. »

Tertulias : «  Comment se passe ta préparation aujourd’hui?»

Cristobal Reyes : «  Je sors d’un tentadero chez Prieto de la Cal qui s’est très bien passé avec un utrero. J’étais récemment chez Cuadri pour un tentadero. C’était un tentadero exigeant, qui m’a permis d’observer la morphologie propre à cet encaste. Fernando, le ganadero, m’a parlé de la manière dont il fallait toréer ses toros, et la vérité, c’est que ce tentadero a été très bon. Il m’a beaucoup servi pour me préparer. Je vais aussi très souvent aux tentaderos au Portugal : chez Vega Teixeira, j’ai passé toute une semaine à tienter chez Cunhal Patrício. Je vais aller également chez Jorge de Carvalho. La vérité, c’est que les ganaderos m’ouvrent beaucoup leurs portes en ce moment, pour que je puisse bien me préparer en vue de ces prochains engagements. »

Tertulias : « Pour finir, quelles sont, selon toi, les qualités qui devraient inciter un organisateur à te faire confiance et à t’engager?»

Cristobal Reyes : « Je pense que ce sont des qualités qu’on doit juger de l’extérieur. Mais ce que je peux affirmer avec certitude, c’est que ma passion et ma vocation m’ont permis, au fil du temps, de progresser comme torero, de mieux toréer.

Ce que j’apporte surtout dans l’arène, c’est mon honnêteté, mon sens de l’honneur, ce qu’on appelle ici la vergüenza torera, cette incapacité à reculer, à détourner le regard, et la sincérité avec laquelle je veux faire mon toreo.

Et je crois qu’avec ça, et avec l’expérience que je gagne face à ce type de corrida, je peux être un nom à considérer dans les affiches où j’aimerais figurer»

Après des années de vaches maigres, Cristobal Reyes a son destin en main et la possibilité de revendiquer une place dans l’escalafon. Nous lui souhaitons le meilleur et le remerçions pour sa disponibilité.

Propos recueillis par Philippe Latour et Thierry Reboul.

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