Dax, au revoir Maestro El Juli
Il y a eu quatre moments source d’émotion lors de cette seconde corrida de la Féria de Dax. avec El Juli. Le Maestro a été ovationné à l’issue du paseo, quand il a reçu la médaille de la ville, quand il a fait sa vuelta oreille en main et quand il a quitté le ruedo.
Le madrilène a su donner un peu de relief à ses deux faeanas face à des La Quinta qui demandait un minimum de toreria.
Clemente et El Rafi ont eu des difficultés à résoudre les problèmes posés par leurs opposants. Ils ont appris et c’est peut être le plus important.
Les toros
Anovillados à l’exception des deux derniers plus agés, les La Quinta, mansos au cheval, ont eu ce comportement caractéristique des Buendia les moins bons. Ils ont oscillé entre « je n’ai pas envie de passer » et je cherche les jambes des toreros. L’encaste Santa Coloma a cette particularité de ne pas produire des toros stéréotypés. L’écart-type que ce soit pour la bravoure et la noblesse est plus élevé que pour certaines autres encastes. C’est aussi ce qui fait le charme de cet encaste.
Les toreros :
La première faena du Juli, face à un toro noblote, est très bien construite et dominatrice mais mal conclue à l’épée. Le toro de l’adieu, manso au cheval, avait cette noblesse fade qu’ont parfois les Buendia. El Juli a instrumenté une faena appliquée mais sans grande émotion. Il coupe l’oreille de l’ Adischatz après une épée efficace. Le madrilène, en grand technicien, a montré comment gérer des toros comme les La Quinta de ce jour.
Clemente a été en difficulté technique face à deux toros peu collaborateurs. Le premier toro de Clemente, court de charge, est allé rapidement à menos . Le torero s’est appliqué mais la faena a manqué de transmission. Le cinquième est passé par tous les états négatifs, du toro de lidia, manso au premier tiers, il s’est vite éteint au troisième tiers. Il a offert peu d’options à Clemente qui a mal tué.
El Rafi a touché en premier, un bicho anovillado juste de forces et manquant de race. Malgré les efforts du torero la faena a manqué d’intérêt. Le nîmois, porté par le public, a fait preuve d’abnégation pour tirer quelques bonnes séries d’un sixième La Quinta manso au cheval, proche du Santa Coloma mexicain et qui, avec une certaine technique, peut donner des faenas à émotion.
Fiche technique
- Arènes de Dax, première corrida de la Féria 2023, six toros de La Quinta pour
- El Juli: silence (avis), oreille
- Clemente: silence, silence (avis)
- El Rafi: silence (avis), silence (avis)
- Salut de Thomas Ubeda au troisième et Medhi Savalli au cinquième
- 12 piques, cavalerie Bonijol
- Président: Franck Lanati
- Lleno de No Hay Billetes
- Ciel raccord avec la robe des toros et l’ambiance sur les gradins.
Toro à Toro
Azuceno El Juli
Le premier est fuera de typo. Il sort abanto. Toréé en douceur par El Juli, il prend une pique et un picotazo en se défendant. Début de faena genoux ployés par doblones, le torero cite de loin, le toro proteste dans la muleta. La série suivante il suit en humiliant. A gauche, le La Quinta se livre moins. Sur les dernières naturelles, il met la tête. Sur les derniers derechazos de face, le bicho est dominé. El Juli pinche avant de placer un épée à sa manière qui tarde à faire effet. C’est compliqué avec le descabello, un avis. Silence
Corbatillo Clemente
Le second est lui dans le type. Il est sur la réserve quand Clemente le reçoit. La première pique est trasera, le bicho pousse. Il sort seul de la seconde rencontre. Le toro est distrait et suelto. Clemente brinde à El Juli. Début par doblones, sur les premières naturelles et derechazos, le toro est au pas mais humilie. Il est juste de forces, le torero finit ses passes par le haut. Sur la troisième série, le toro ralentit et serre à droite. Le torero a du mal à trouver une solution aux problèmes posés. Retour à gauche, le La Quinta ne passe plus. Les derechazos suivants sont probablement de trop. Après un pinchazo, la seconde tentative se solde par une épée basse et rapide d’effet. Silence
Rayito El Rafi
Le troisième est léger mais armé. Juste de forces. Il prend une pique appuyée en poussant sur une corne. Il se défend aussi lors de la seconde rencontre. Thomas Ubeda salue après un bon tercio de banderilles. El Rafi brinde au chef de lidia. Le toro est distrait et a peu de charge. Le Français le toréé à mi-hauteur. A force d’insister, le nimois lui impose une série de derechazos. A gauche, le La Quinta fait montre de soseria. Malgré les efforts du torero la faena manque de transmission. El Rafi pinche avant de placer une entière caidita, un avis. Silence
Chamano El Juli
Le quatrième est léger mais dans le type. Il met bien la tête dans la cape d’El Juli. Il sort seul de la première rencontre mal placée et sort aussi seul de la seconde. Le toro n’a pas été piqué. El Juli brinde son dernier toro dans le Sud-ouest au public. Début par doblones, le torero met le toro au centre. Une série à droite et une à gauche, les deux à mi-hauteur, le bicho est noble. El Juli baisse la main, s’impose au toro mais manque de se faire accrocher sur un pecho. Le La Quinta baisse de rythme et la faena va à menos malgré trois bons pechos pour terminer. Estocade à la manière de, le bicho tombe rapidement. Oreille
Escribano
Le cinquième, presque 6 ans, est le plus lourd du lot, il est typé Saltillo. Il prend une première pique de manso. Bien piqué, il ne pousse pas à la seconde rencontre. Medhi Savalli salue après un bon tercio de banderilles. Premières séries à droite, le bicho est noble mais exigeant. Il charge sans humilier. A gauche, il est soso. Le toro va à menos. Clemente essaie de donner une dimension plus artistique à la faena sans y parvenir. Le toro est de plus en plus parado. Un bajonazo précède une épée basse. Avis, Silence
Pingon El Rafi
Le sixième est le plus joli toro du lot. Il met en difficulté El Rafi lors des passes de réception. A la pique, il est tardo. Bien piqué, il prend deux puyazos en se défendant. Le toro est manso et manque de charge. Début à droite, le toro est soso et court de charge. El Rafi lui impose une bonne série à droite . Le torero est désarmé sur coup de tête sur un pecho. Le toro est avisé. Le nimois s’arrime et enchaîne deux séries valeureuses avant de prendre l’épée. Deux pinchazos, un avis, la troisième tentative se solde par une entière basse. Silence
Thierry Reboul
Cher Thierry.
Pas du tout d’accord avec toi sur ce lot de VRAIS Santacolomas dans le type psychologique de cette ganaderia que très peu savent toréer avec profit, ce qui laisse l’impression que « les toros ne sont pas bons ».
Distance, sitio, rythme, sortie des passes, respect des caractéristiques de l’encaste: toros de caractère que l’on ne doit pas « obliger », et à qui l’on ne peut leur imposer les faenas à la mode.
Pour résumer : un maître qui savait mais n’a pas démesurément voulu et 2 qui voulaient mais ne savaient pas.
Je pourrais développer et argumenter…
Très cordialement.