Féria de Boujan: « Le pari de la nouveauté »
Boujan sur Libron, c’est la proche banlieue de Béziers. Chaque année s’y déroulent plusieurs novilladas et festivals taurins. Début juillet, c’est une Féria de novilladas . Tertulias a rencontré Marin Laval et Elodie Daure, membres de l’équipe d’organisation, qui nous ont présenté le programme de leur évènement taurin.
Tertulias : « Quand a commencé l’aventure de Toros y Campos ? » .
Marin Laval : « La Féria de Boujan a été lancée en 2015. Michel Bouisseren voulait créer dans le Sud-est une Féria de novilladas. Les créateurs de Toros y Campos voulaient compenser le manque de ce type de spectacles, essentiels à l’avenir de la tauromachie. Les arènes ont une capacité de 1700 places. Il est donc difficile de rentabiliser les novilladas même en faisant des « No Hay Billetes ». D’où l’idée de créer un Campo de Féria autour des arènes. Les animations autour de la gastronomie avec la présence de grands chefs et de la convivialité permettent d’équilibrer le bilan d’une Féria qui a très vite pris le nom de Toros y Campos.»
Tertulias : « Quels ont été les faits marquants depuis 2015 ? »
Marin Laval : « Ils sont nombreux. Roca Rey est venu dans nos arènes tout comme Manolo Vanegas, Maxime Solera et Adrien Salenc. Nous avons présenté des lots de Partido de Resina, Raso de Portillo, Escolar Gil avec le même jour une non piquée et une novillada piquée. On se souvient de la journée avec des élevages portugais de Villa et Vega Teixeira. C’est aussi à Boujan que Francisco Montero, découvert par Michel Bouisseren a fait sa présentation en France. »
Tertulias : « D’où vient le public de Boujan ? »
Marin Laval : « Notre public vient de partout. Il y a des gens d’Alès, Istres, de la plaine de Crau avec les amis de Valverde, du Sud-ouest et même de Paris. En plus des aficionados locaux toujours très impliqués, ce sont les aficionados de toutes les régions taurines qui nous aident à remplir les arènes »
Tertulias : « Quels sont vos critères pour le montage d’une Féria comme Boujan ? »
Elodie Daure : « Le fil conducteur est toujours de faire découvrir aux aficionados quelque chose de nouveau pour apporter un peu d’air frais. Nous aurions pu prendre les dix ou quinze premiers de l’escalafon et tirer au sort parmi ceux-ci . Mais cela ne nous ressemblait pas. Nous prenons le risque d’aller plus loin dans le classement pour faire découvrir d’autres toreros à ceux qui viennent aux arènes. Et malheureusement nous n’avons que 6 postes, ce qui fait forcément des déçus.»
Tertulias : « Comment avez choisi les novilleros de l’édition 2023 ? »
L’an dernier, Alvaro Burdiel a été apprécié avec sa tauromachie différente et très artistique. Il revient cette année pour la première novillada, celle de Pablo Mayoral, comme chef de lidia. Nous avons intégré sur cette course Clemente Jaume,. C’est le seul novillero biterrois. Il nous a paru essentiel d’apporter notre soutien. Le troisième poste a été attribué à Fabio Jimenez. Le cas de ce novillero est caractéristique de notre mode d’élaboration des cartels et fait partie de ces jeunes jamais venus en France, à découvrir. Il a été élève à l’Ecole Taurine de Salamanque, a coupé trois oreilles au Zapato de Oro d’Arnedo l’an dernier et sa tauromachie pure nous a séduit. Il est aidé par Dody Hernandez le petit fils de Garcigrande, qui a monté un élevage de sang Graciliano et Vega Villar avec une grande passion pour le campo et les encastes mineurs.
Boujan est une arène de village, classée en troisième catégorie, elle doit être le « The Voice » de la tauromachie. Nous voulons que notre Féria soit un tremplin pour les jeunes toreros et sortir des schémas des grandes arènes qui ont d’autres obligations au moment de concevoir les cartels. Notre rôle en troisième catégorie est d’aller chercher des jeunes qui ne font pas partie du système, qui ont peu de novilladas à leur actif et qui attendent que le téléphone sonne.»
Tertulias : « Par rapport aux toreros français ? »
Elodie Daure : » Notre volonté est de laisser chaque jour une place à un Français. On voulait monter une course 100% français le dimanche avec les toros de Valverde. Plusieurs ont refusé car ils ne voulaient pas toréer les utreros de Jean Luc Couturier. Cependant quand j’ai appelé Patrick Varin pour Nino Julian, il m’a dit oui tout de suite. Quand on a envoyé les photos de la novillada au père de Jarrocho, il m’a appelé un quart après pour me dire qu’il trouvait la novillada « muy bonita » et qu’il viendrait débuter en France avec plaisir. Le troisième est Alejandro Peñaranda qui est un novillero de poids avec l’expérience nécessaire pour ouvrir un cartel. Comme les deux autres, il a du tempérament. Il fera sa présentation dans une arène française. »
Tertulias : « Comment avez-vous choisi les élevages de l’édition 2023 ? »
Elodie Daure : « On voulait conserver la ligne directrice toriste impulsée à l’origine par Michel Bouisseren. Ce dernier devait nous aider à monter la féria avec l’idée de faire appel à deux élevages français. Michel nous a annoncé finalement que ses nouvelles activités professionnelles l’accaparaient et qu’il ne pouvait pas nous accompagner dans notre recherche. Nous avons été pressés par le temps. D’habitude on fait notre choix ganadero fin octobre et là on était fin janvier. Nous avons voulu aller chez Jean Luc Couturier. très apprécié par le maire de Boujan, grand défenseur de la Taurmachie, ainsi que par les aficionados de la ville. Dès notre visie à Coste Haute, nous avons confirmé le choix d’un lot de Valverde.
Ensuite nous sommes allés dans un autre élevage. On avait présenté un projet pour Pérols qui n’a pas abouti. Nous avons envisagé de garder l’élevage que nous avions prévu pour Pérols à savoir l’élevage de César Rincon « El Torreon ». Dans le même temps nous nous sommes intéressés à la ganadería de Pablo Mayoral, d’encaste Santa Coloma, qui colle parfaitement à l’identité des arènes. Géré par 3 femmes de tempérament, cet élevage reconnu et récemment primé lors de la Copa Chenel à Madrid, nous a proposé un lot homogène et très bien présenté pour Boujan. Nous avons ainsi donné notre accord.
Un fer espagnol pour le samedi, et deux fers français pour la non piquée et la novillada du dimanche. C’est le fruit d’un compromis entre le choix des encastes, la volonté de faire travailler les ganaderos nationaux et celle de proposer des originalités au public.
Tertulias : « Quel est le cartel de la non piquée du dimanche matin ? »
Elodie Daure : « L’an passé, cette novillada non piquée avait prise en charge par l’Ecole Taurine de Béziers. Juste avant la présentation des cartels, l’ETBM nous a informé qu’elle ne souhaitait pas continuer. Nous avons envisagé de la monter nous-même. Nous avons donc sollicité le Centre Français de Tauromachie et Christian Lesur qui l’organisait les années précédentes. Il nous d’abord proposé un mano à mano car vu la date tardive, les échanges inter-écoles étaient déjà tous bouclés.
Nous préférons offrir le maximum de poste à des novilleros. Nous lui avons dit que Lenny Martin avait rejoint l’Ecole Taurine de Badajoz. Il a pris contact et s’est mis d’accord avec Luis Reina. Lenny a intégré le cartel avec Manuel Leon un autre élève de Badajoz. Ils seront accompagnés de Rafael Ponce de Leon du CFT et Valentin, du CFT également, qui remplacera Manuel Fuentes initialement prévu. Les erales seront de Roland Durand (origine Miranda de Pericalvo). »
Tertulias : « Boujan n’ayant pas de corrales, quand arriveront les toros ? »
Elodie Daure : «On a bien essayé de demander au Maire de construire des corrales aux arènes de Boujan. Plus sérieusement, les Valverde seront embarqués en fin de matinée le dimanche, le sorteo sera fait au campo. Ils arriveront directement aux arènes pour la novillada. Les erales seront embarqués le matin même. Les Pablo Mayoral partiront de la finca durant la semaine précédant la feria. C’est Antoine Capdeville, à qui nous avons confié la communication et qui nous aide dans la préparation et la réalisation de la partie taurine, qui supervisera l’embarquement. Comme l’an dernier, nous avons écouté et pris en compte les recommandations de la ganadera.»
Tertulias : « Vous avez évoqué l’importance du Campo de Feria. Quel est le programme des animations ? ».
Marin Laval : « Elle démarre le vendredi à midi avec l’inauguration officielle suivi d’un déjeuner épicurien où on fait une ballade culinaire entre l’Andalousie et l’Occitanie. Il y a ensuite une messe rociera suivie d’une procession et la bénédiction des arènes. Le soir le bal sévillan sera suivi d’un spectacle flamenco et d’une soirée bodega. Le samedi matin, il y a une ferrade avec les vaches de la manade du Grand Salan et un déjeuner aux prés au campo. Toute le journée, et également le dimanche, il y a des animations avec des groupes et écoles de danse. Il y a des manèges et structures gonflables pour les enfants. Nous nous sommes inspirés de Séville avec un mini campo de Féria où seront mis en avant les produits de nos partenaires et une restauration diverse et variée. On recherche une fête très familiale.
Tertulias : « Qui est le parrain de l’édition 2023 ? »
Elodie Daure : « C’est le maestro Ortega Cano qui sera le parrain de cette Féria. Il fête cette année, les 50 ans de ses débuts en novillada piquée. Le vendredi, il participe, avec Alvaro Burdiel, au déjeuner des partenaires. Il fera une démonstration de toreo de salon. Sa muleta sera dédicacée et tirer au sort. Très attaché à la transmission envers les générations futures, il réalisera le samedi matin, une nouvelle démonstration de toreo de salon avec des jeunes. . »
Tertulias : « Qu’est ce qui fera que le dimanche soir, vous les organisateurs serez contents ? »
Elodie Daure : «Evidemment on va bien sûr regarder la fréquentation. On sera content si les novillos sortent bien. On a pris les têtes de camada. Même si on n’est pas dans la tête des toros, s’ils sortent bien cela confirmera les choix que nous avons faits. Nous serons aussi contents si les jeunes peuvent s’exprimer et montrer leur tauromachie. Ils le méritent. Et bien sûr le plus important sera que les gens venus à Boujan soient heureux des moments partagés durant le week-end. »
Merci Elodie et Marin, rendez vous ce week-end à Boujan dès vendredi. Info et réservations : 06 60 40 71 60 .
Propos recueillis par Thierry Reboul
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