Hugo Tarbelli, le début d’un rêve
Hugo Tarbelli, le début d’un rêve
« Fais de ta vie, un rêve et de ton rêve une réalité » disait Saint-Ex. Hugo Tarbelli qui vient d’avoir vingt deux ans rêve éveillé. En quête d’impossible, il veut devenir torero. Parti de presque rien, avec pour principal bagage une envie débordante chevillée au corps, il a pris le temps de se développer entre école (taurine) buissonnière et matches de rugby. Un circuit en zig-zag, le temps de transformer l’adolescent dissipé en un jeune adulte.
Alors, un jour le soustonnais Denis Labarthe le remarque, l’aide et crée les fondations d’une passerelle qui lui permet de (ré)intégrer l’école Adour Aficion de Richard Millian, quatre ans après l’avoir quittée. Deux ans plus tard dans ce chemin semé d’embûches, Hugo Tarbelli va enfin toucher du doigt une partie de son rêve et, revêtir pour la première fois le costume de lumières à Tyrosse dimanche prochain pour la non piquée organisée par le Cercle Taurin Tyrossais. C’était l’occasion pour Tertulias de rencontrer Hugo.
Tertulias : «Hugo, comment te sens-tu à quelques jours de cette grande première? » .
Hugo Tarbelli : « Plein d’enthousiame. Une pression s’installe petit à petit, même si cela reste encore léger…mais l’envie est bien là, à quelques jours d’arriver à ce premier objectif.»
Tertulias : « Qu’attends -tu de cette novillada? ».
Hugo Tarbelli : « De pouvoir me régaler en piste pour commencer. C’est un jour particulier pour moi, car Tyrosse c’est à côté de chez moi. C’est l’arène où j’ai vu ma première corrida, et il y aura pas mal de monde que je connais sur les gradins. J’espère être à la hauteur de l’évènement et que le public ait envie de me revoir en sortant des arènes. »
Tertulias : « Tu as sûrement déjà dû toréer plusieurs fois cette novilada dans ta tête, comment l’as tu rêvée? ».
Hugo Tarbelli : « Je l’ai rêvée en sortant en triomphe. Je sais bien que dans les toros, tout ne se passe pas toujours comme prévu, mais je me prépare et me mentalise pour que tout se passe au mieux afin d’au moins marquer les esprits. »
Tertulias : « Comment te prépares-tu et quel est ton quotidien? ».
Hugo Tarbelli : « Une fois terminé le travail, je m’entraîne tous les jours de salon aux arènes ou à l’école du maestro Richard Millian. Bien entendu, régulièrement, je m’entraîne physiquement. Pour l’instant, je fais des petits boulots via l’interim pour pouvoir gagner ma vie. A la rentrée j’aurai un poste au collège de Tyrosse en tant que surveillant. Ca va me permettre de mieux rationnaliser mon emploi du temps, et ainsi d’avoir un temps dédiée à cette passion tauromachique plus important. »
Tertulias : « Pourquoi vouloir devenir torero ? ».
Hugo Tarbelli : « La tauromachie me fascine. Elle m’a transmis des émotions que je ne retrouve pas ailleurs. Depuis tout petit, j’avais cette envie en moi. A la maison dans le jardin, gamin, je mettais en scène mes corridas avec l’aide de ma soeur qui faisait le toro. J’ai toujours voulu m’exprimer au travers du toreo. C’est là que peux me mettre à nu, et ressentir au plus fort mes propres émotions et de montrer au travers ce que je fais qui je suis. »
Tertulias : « Que veux-tu exprimer au final dans une arène? »
Hugo Tarbelli : « Une sensibilité que je vais cacher dans la vie de tous les jours. Ce qui ne m’empêche pas d’avoir envie d’une tauromachie dominatrice pleine de force qui en imposera à l’animal. Je suis déterminé, plein d’envie et je compte bien le montrer sur le sable d’une arène»
Tertulias : « Tu parles de sensibilité et de force à la fois. Toréer est-ce une manière d’expulser des sentiments que tu gardes au plus profond au quotidien? »
Hugo Tarbelli : « Mes émotions, ma fragilité, je ne les montre pas dans la vie. Dans l’arène tout me parait plus facile, car la rencontre avec l’animal me transcende, et je n’ai pas besoin de cacher qui je suis. »
Tertulias : « La tauromachie t’a aidé à devenir adulte? »
Hugo Tarbelli : « Sûrement, j’ai grandi. L’école taurine, c’est aussi l’école de la vie. Le maestro Millian sait se montrer dur mais juste et à son contact j’apprends énormément et sa rigueur m’apporte beaucoup. Depuis que j’y suis, j’ai évolué en tant qu’homme. J’ai acquis de l’expérience, pris de la maturité. Ce que j’apprends au contact des capes et des toros me sert dans la vie de tous les jours. On acquiert de la maturité tout au long de la vie qui défile, mais la tauromachie m’aide à franchir dès maintenant des caps. Tu n’as pas de certitudes, c’est une remise en question perpétuelle qui est frustrante car tu es rarement satisfait de ce que tu fais. »
Tertulias : « N’est-ce pas paradoxal de vouloir expimer à la fois de la fragilité et de la force? »
Hugo Tarbelli : « C’est ce qui fait aussi la beauté de la tauromachie avec un animal qui défend sa vie et qui veux prendre la tienne, et un torero qui veut créer une oeuvre artistique en exprimant des émotions très humaines. C’est peut-être un paradoxe, mais c’est un beau paradoxe! »
Tertulias : « Le jour J que redoutes-tu le plus, le novillo ou le public? »
Hugo Tarbelli : « En toute franchise, au moment où je te parle, ce que je redoute le plus à ce jour, c’est de ne pas être à la hauteur de mes propres exigences, en tout cas de celles que je me suis fixé. La peur de décevoir, de ne pas être à la hauteur de ce que j’ai imaginé est bien présente. Pour le reste, on verra bien dimanche. »
Tertulias : « Vingt deux ans, n’est-ce pas un peu tard pour débuter? »
Hugo Tarbelli : « Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Il y a des exemples récents dans la tauromachie de toreros ayant débuté tard qui ont fini par percer. Comme je t’ai dit, ce que j’ai vécu avec l’école m’a permis de prendre de la maturité, ce qui est plutôt un bon point pour appréhender l’évènement de cette première novillada. Au niveau technique, si le maestro Richard Millian accepte de me programmer, c’est aussi qu’il estime que je suis prêt pour affronter l’épreuve même si je sais bien que tout ne sera pas parfait, loin de là. »
Tertulias : « Pour cette première, tu vas défiler aux côtés d’Andoni Verdejo qui est de l’école et qui a déjà pas mal d’expérience , n’est_ce pas un poids supplémentaire sur les épaules? »
Hugo Tarbelli : « Oui et non. Andoni a maintenant de l’expérience, du vécu et une certaine aura après son bon début de temporada. J’ai intégrer ces paramètres, mais plutôt que ce soit un stress, ou une pression supplémentaire c’est une source de motivation. Andoni est un ami, on se respecte mutuellement mais dans l’arène il n’y aura pas de place pour l’amitié et je ferai tout pour tirer mon épingle du jeu. »
Tertulias : « Comment régit ton entourage à ce premier paseo à venir?
Hugo Tarbelli : « Franchement avec calme et sérennité. On me laisse tranquille pour me préparer, ce qui est appréciable. »
Tertulias : « Quels sont tes modèles en tauromachie? »
Hugo Tarbelli : « S’il y un bien un torero que j’admire c’est El Juli. C’est un torero poderoso, qui comprend les toros. Pour moi c’est un vrai génie. J’aimerai bien pouvoir m’en inspirer. En capea , ou en privé j’ai eu plutôt tendance à me confronter de près à l’animal. Le maestro Millian me dit que l’expression de ma tauromachie est celle d’un combat. Ce n’est pas forcément ce que j’ai en tête de faire et il est nécessaire que je travaille sur ce point là. Comprendre le novillo que tu affrontes est important car si tu lui fais les choses bien ,en général il te le rend»
Tertulias : « Tu as décidé de banderiller , n’est-ce pas trop ambitieux pour une première? »
Hugo Tarbelli : « C’est une suerte que j’aime bien, qui me correspond. C’est donc un choix personnel que j’assume. J’ai envie d’exprimer aussi ce pan de ma personnalité, et qui me permettra d’être libre d’établir une connection avec le public avec alegria. Là aussi, j’ai bien conscience que tout ne sera pas forcément parfait, mais si je dois banderiller, autant le faire de suite. »
Tertulias : « Et après Tyrosse, quelle sera ta temporada? »
Hugo Tarbelli : « Elle sera forcément courte. Pour l’instant, je torée à Rion fin août avec des erales d’Alma Serena et début septembre je dispute les demi-finales d’un certamen dont le vainqueur défilera pour la non piquée de la feria du riz à Arles. »
Rendez-vous est donc pris pour ce dimanche à Tyrosse. Suerte!
Propos recueillis par Philippe Latour
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