José Rojo, la résilience et l’espoir
José Rojo, la résilience et l’espoir
José Rojo, jeune torero a un parcours singulier. Sa carrière avec chevaux débute en 2017 mais les premières années sont dures avant qu’après le covid le vent tourne un peu en sa faveur. Le natif de Cacerés va s’illustrer dans les novilladas avec picadors, face à des élevages réputés difficiles. Sa carrière est lièe à notre pays où il a toréé assez souvent, son apoderado français Clément « Raul » Albiol l’a en effet accompagné vers l’alternative.
C’est dans sa province à Trujillo dans un cartel de luxe (parrain Castella, témoin Manzanares) qu’il devient matador de toros. Pourtant, ce moment charnière, va lui laisser un goût amer malgré le triomphe. Une très sérieuse blessure le met sur la touche et l’éloigne des ruedos. Ce « tunnel » difficile, sans contrat et marqué par l’incertitude, prend fin en bout de saison avec un nouveau succès au Pérou.
Aujourd’hui, José Rojo incarne la résilience et l’espoir, porté par la passion, il attend son heure pour pouvoir faire ses preuves muleta en main. Le Pérou va encore l’accueillir et lui permettre de vivre en torero le temps d’avoir cette opportunité tant attendue sur le sol européen. Tertulias a rencontré ce torero attachant et courageux, pour revenir sur son parcours, ses défis et ses projets.
Tertulias : « Comment et pourquoi es-tu devenu torero ?»
José Rojo : « C’est grâce à mon père, à sa passion pour les toros. Je ne me suis jamais décidé à franchir le pas jusqu’au jour où j’ai vu Joselito faire un tentadero chez lui. Ce tentadero, son art de toréer, m’ont tellement marqué que j’ai pris la décision de devenir torero ce jour là.»
Tertulias : « Ta carrière de novillero a été très longue et a duré sept ans. Cela a-t-il été pour toi une période d’apprentissage nécessaire ou as-tu eu le sentiment de perdre ton temps ?»
José Rojo : « L’année de mes débuts, c’était en 2017. Les trois premières temporadas ont été pour moi des années très difficiles, personnellement et en tant que torero, car il y avait peu de contrats. Quand un torero est à l’arrêt, il se forge dans l’adversité. Forcément, dans les moments difficiles, beaucoup de pensées négatives surgissent, comme celle de tout abandonner. J’ai parfois envisagé d’arrêter, de tout voir sous un jour très sombre. Mais ces moments sont ceux qui nous apprennent le plus. Cette dureté nous enseigne. Si tu sais la contrôler, tu en tires des leçons.
Dans les mauvais moments, j’avais effectivement l’impression de perdre mon temps. Mais avec le recul, j’ai compris que tout cela avait été un apprentissage. Ce furent des moments durs, mais également très instructifs. Dans le monde de la tauromachie, en tout cas pour moi-je parle de mon point de vue et de mon expérience personnelle-, j’apprends plus des mauvais jours que des bons.»
Tertulias : « Et pourquoi ce fut si difficile au début ? »
José Rojo : « C’était très difficile parce qu’une personne très proche de moi est décédée. Cette personne avait une grande influence sur moi. En 2017-2018, j’étais complètement perdu. J’allais très mal mentalement et émotionnellement.
L’année de la pandémie, en 2020, m’a beaucoup aidé. Cela m’a permis de me calmer, de clarifier mes idées et d’élargir mes perspectives. Aujourd’hui, même si j’ai traversé des moments vraiment très durs, cela m’a beaucoup servi, car aujourd’hui, je suis beaucoup plus fort.»
Tertulias : « Dans ta carrière de novillero, tu as eu l’opportunité de gracier un novillo d’El Torreón à Almendralejo (mai 2021). Qu’a ressenti le torero dans ce moment-là ?»
José Rojo : « Eh bien, à ce moment-là, cela faisait presque un an et demi, presque deux ans, que je n’avais pas toréé. Il y avait beaucoup de nervosité et énormément de préparation derrière.
Ce jour-là, lorsque j’ai gracié ce toro, cela m’a donné énormément de confiance. Dans ma tête, je me suis dit : « Nous sommes de retour, nous sommes de retour ! » Et effectivement, à partir de ce jour-là, tout s’est plutôt bien passé pour moi. Cet après-midi-là a été déterminante pour moi, mentalement.»
Tertulias : « Un autre événement marquant de ta carrière est cette spectaculaire cogida que tu as subie lors de ta présentation à Madrid. Comment as-tu géré cette épreuve, aussi bien sur le plan moral que physique ?»
José Rojo : « Je suis un torero qui travaille beaucoup le physique, donc physiquement, cela n’a pas été difficile de me rétablir. J’ai eu un peu mal à la poitrine et au genou, mais rien de grave. Par contre, mentalement, cela m’a coûté, parce que j’ai agi avec trop d’assurance.
Je suis un torero avec une vision du toreo puissante, et ce jour-là, j’ai un peu trop forcé. J’étais trop sûr de moi, sûr de ce que je faisais. J’avais l’oreille dans la main. Je savais que ce qui m’est arrivé pouvait se produire. Mais il y a des moments où il faut y aller, et c’est ce que j’ai fait. Malgré la cogida, j’ai appris.»
Tertulias : « Tu as également été grièvement blessé le jour de ton alternative. Quels souvenirs gardes-tu de ce moment ? Est-ce un moment heureux ou malheureux ?»
José Rojo : « Pour moi, se relever d’une cogida est toujours un moment heureux, parce que tout le monde n’en est pas capable, et j’en suis fier. Attention, je ne dis pas que j’aime recevoir une cornada, mais il y a des toreros qui, pour moins que ça, abandonnent. Moi, je me considère comme un torero fort, un homme, et je devais terminer cette après-midi-là. Pour moi, ce jour-là, les maestros, mon parrain d’alternative comme le témoin, se sont très bien comportés avec moi.
Les toros n’ont pas répondu comme nous l’espérions. J’ai vu que le maestro Castella et le maestro Manzanares donnaient tout, sans rien retenir. Évidemment, pour mon premier jour en tant que matador de toros, je ne pouvais pas rester en retrait.
Pour moi, c’était une journée positive, malgré tout. Le pire est venu après, avec les jours passés à l’hôpital. Mais, en vérité, mon alternative reste un jour heureux pour moi.»
Tertulias : « C’était une grave cornada. Tu es resté dans l’arène malgré la douleur pour triompher. Comment est-ce possible ? Combien de temps t’a-t-il fallu pour te rétablir ?»
José Rojo : « Pour être honnête, je ne sais pas. La blessure m’a complètement submergé, et je me forçais à tenir, mais je souffrais énormément. C’est la cornada qui m’a fait le plus mal. En fait, par moments, face au toro, je devais changer de posture, de position, pour essayer d’être un peu plus à l’aise malgré la douleur.
La récupération a pris beaucoup de temps. En réalité, je n’ai pas toréé dans la saison à cause de cette blessure, car je n’ai jamais réussi à revenir à 100 %. J’ai été en arrêt pendant longtemps. L’hôpital m’a donné mon congé après une semaine, enfin, au bout de cinq jours, mais j’ai continué la rééducation pendant plus de deux mois.»
Tertulias : « Ton retour dans l’arène a eu lieu au Pérou sept mois plus tard. Pourquoi au Pérou ? Comment cela s’est-il passé ?»
José Rojo : « J’ai attendu si longtemps parce que je n’étais pas en état de toréer à cause de la blessure. En réalité, même pour le Pérou, je n’étais pas à 100 %. J’y suis allé avec quelques séquelles. Cela s’est fait parce que l’opportunité s’est présentée, et j’avais très envie de toréer, de me tester. Nous sommes donc partis un peu à l’aveugle, dans le sens où je n’étais pas totalement rétabli, mais j’avais besoin de me prouver quelque chose.
De plus, le fait que ce soit un nouveau pays apportait beaucoup d’enthousiasme. Depuis ma blessure, je n’avais toréé qu’une seule vache au campo. Alors, me retrouver à nouveau en piste, enfiler le costume de lumières, était un grand défi. Mais il faut dire que la blessure avait été vraiment très grave.»
Tertulias : « Durant ces mois, as-tu eu des doutes ?»
José Rojo : « Oui, surtout à l’hôpital. J’y ai vraiment vécu des moments très difficiles. J’ai vu mes parents affectés, ma fiancée Yolanda passer des moments terribles, mes amis très inquiets, ma famille profondément préoccupée. Et la douleur était très intense.
Les soins ont été particulièrement pénibles. Ils étaient très durs à supporter, parce que j’avais de nombreux drains. Les liquides qu’on m’injectait ressortaient d’un autre côté. Je le remarquais, et c’était vraiment désagréable.
Passer autant d’heures seul dans une chambre d’hôpital te fait penser à beaucoup de choses. Mais, au final, si tu sais surmonter cela, ces pensées finissent par te renforcer.»
Tertulias : « Clément, je profite de ta présence pour te poser une question. En tant qu’apoderado, que ressens-tu au moment de la blessure?»
Clément Albiol : « Le souvenir que j’ai, c’est que je n’ai pas conscience de la gravité sur le coup. Il reste tellement fort et digne. Il ne veut pas montrer qu’il a mal. Le maestro Castella vient le voir en lui demandant s’il veut continuer. Il réagit comme s’il n’a pas grand-chose. Ca va tellement vite qu’on ne se rend pas compte que la cornada est si forte. En sortant de l’infirmerie, je me rends compte de la gravité de la chose. Là, je ressens beaucoup de fierté quand même, parce que tu te dis que c’est incroyable qu’il reste en piste, coupe deux oreilles, sorte sur les épaules et arrive à l’infirmerie pour que l’on se rende compte de la gravité de la blessure. C’est une fierté de l’avoir vu sortir a hombros.»
Tertulias : « Tu n’as pas à un moment regretté de l’avoir mené jusque-là et le voir se faire blesser si sérieusement ?»
Clément Albiol : « C’est dur, mais malheureusement, cette peur là est très souvent présente comme à chaque accrochage malheureusement. C’est la même peur tout le temps et pas seulement pour l’avoir amené jusqu’ici mais déjà simplement en tant qu’ami.»
Tertulias : « José, nous t’avons vu en France avec des novilladas dures (Beaucaire, Céret). Comment définirais-tu ton toreo ?»
José Rojo : « Mon toreo, eh bien… je pense que je le définirais par le « poder ». Sans « poder » je n’aurais pas pu toréer les novilladas que j’ai toréées. J’aime être différent. Avoir un toreo personnel, un toreo avec de la personnalité, un toreo détendu, basé sur la relachement. Mais quand c’est un peu le toro qui commande, nous devons nous adapter à lui. Les novilladas que j’ai toréées en France, justement, n’étaient pas faites pour se relâcher et s’abandonner, mais exigaient surtout du « poder ». Tu sais, c’est quelque chose que j’aime beaucoup aussi.»
Tertulias : « Avec quels toros t’exprimes-tu le mieux ?»
José Rojo : « Les toros avec lesquels je me suis le mieux exprimé et ceux que j’ai toréés le plus lentement appartiennent à la ganadería d’Adolfo Martín. Ce sont ceux dont je garde les meilleurs souvenirs. Il y a aussi la ganadería La Solana. J’ai toréé un de leur toro qui était vraiment excellent. Il y a également eu celui de l’indulto, qui venait de Torreón, via Domecq. L’encaste Domecq offre plus de possibilités, mais les toros avec qui j’ai pris le plus de plaisir à toréer, ce sont ceux d’Adolfo Martín. Cela vient aussi du fait que je suis obsédé par la lenteur, et c’est avec les Adolfo que j’ai toréé le plus lentement. C’est un véritable trésor du campo.»
Tertulias : « Ce sont des toros avec du piquant, non ?»
José Rojo : « Oui, ils sont piquants. Un toro qui arrive endormi, sans force, qui transmet peu, ça ne me remplit pas. Moi aussi, il doit me transmettre un peu ce piquant, même si, ensuite, le toro finit par se livrer et dire : « Allez, maintenant, on va bien faire les choses tous les deux. Tu m’as dominé, et maintenant je vais me livrer. ». Il ne te donne rien gratuitement, tu dois d’abord le dominer, et alors il se livre.»
Tertulias : « Qui donne l’émotion dans un ruedo, le toro ou le torero ?»
José Rojo : « Les deux. Je me souviens d’une après-midi dont je garde le meilleur souvenir en France. Je n’ai pas que des bons souvenirs, mais surtout ceux de la deuxième année, car cette année-là, j’étais mieux préparé. L’afición française m’était déjà connue. Le meilleur souvenir que j’ai de la France, c’est la novillada de Beaucaire, avec des toros de Dolores Aguirre. J’ai encore le trophée ichez moi, et je me souviens de ce moment comme d’un véritable défi.
Ce fut un moment intense, avec des toros pleins de piquant et d’émotion. Je me rappelle avoir jeté la pièce en l’air, et ce fut une véritable guerre. Ce n’était pas une soirée d’art, ni d’abandon, ni rien de ce dont nous avons parlé, mais cette soirée m’a énormément rempli, elle m’a donné beaucoup de confiance.
Je me souviens que l’émotion venait des deux : le toro voulait se battre, et j’ai répondu avec ma propre combativité. Je n’aime pas utiliser le terme « combat » dans le contexte des toros, parce que ce n’est pas un combat, c’est une harmonie entre le toro et le torero. Mais c’est un peu pour que vous compreniez à quel point cette soirée était marquante.»
Tertulias : « Pour un torero, qu’est-ce qui et le plus important, la technique ou l’inspiration artistique ?»
José Rojo : « Je pense que le courage, puis la réflexion, sont essentiels. Avoir du courage et réfléchir. Un torero qui n’a ni courage ni la capacité de réfléchir face au toro, ce qui est la chose la plus difficile, ne peut pas bien toréer, selon moi. Je crois que ces deux aspects sont les plus importants.»
Tertulias : « Mais le courage sans technique face à un toro, il manque quelque chose, non?»
José Rojo : « Oui, mais si tu as du courage, ensuite tu peux réfléchir, et en réfléchissant, tu appliques la technique qui est nécessaire.»
Tertulias : « Comment t’entraînes-tu, seul ou avec des compagnons ?»
José Rojo : « Je m’entraîne seul. Mon frère et mon père m’aident avec le chariot pour les banderilles et les entrées a matar. Mais pour toréer, je m’entraîne seul et je fais mes exercices seul.»
Tertulias : « Dans le toreo de salon, qu’est-ce que tu dois travailler : le geste parfait ou l’adaptation aux caractéristiques des encastes auxquels tu seras confronté ?»
José Rojo : « Tout le monde aime imaginer le toro parfait, celui dont on rêve, mais c’est très difficile à trouver. Moi, j’aime m’entraîner avec l’idée de différents types de toros, pour être prêt à tout.
Je me souviens qu’en 2021, après une année quasiment sans toréer en 2020, j’ai affronté une corrida d’Adolfo Martín. Quand la date s’est approchée, je me suis préparé pendant un mois : je regardais des vidéos, des corridas, des détails sur cette ganadería. Pendant un mois, je m’entraînais en me mettant dans la peau d’un toro d’Adolfo Martín, pour être prêt le jour venu.»
Tertulias : « N’est-ce pas difficile de t’entraîner seul, sans un regard extérieur pour corriger certains détails ?»
José Rojo : « Oui, c’est vrai, et j’ai eu des personnes qui m’ont apporté ces corrections. Mais actuellement, je n’ai personne. Je dois donc me souvenir chaque jour de tout ce que j’ai appris pour ne pas m’écarter d’un seul centimètre de la bonne ligne. Bien sûr, ce serait plus facile avec quelqu’un, mais pour le moment, je dois m’adapter à cette situation, et honnêtement, je suis assez à l’aise en m’entraînant seul.»
Tertulias : « Que penses-tu de la tauromachie en France et de son afición ?»
José Rojo : « Je pense qu’en 2024, avec seulement mon alternative et mes deux courses au Pérou, la France m’a beaucoup manqué. Parce que je n’aime pas la facilité, vraiment pas. C’est vrai que, parfois, la France peut être dure, mais elle est juste.
C’est une afición exigeante, et parfois, d’un autre côté, on n’aime pas qu’on nous demande autant, parce que cela peut être inconfortable. Mais la vérité, c’est que la France me manque beaucoup, justement pour cette raison : elle est juste.
Quand tu es bien, les aficionados le voient. Ils voient ton engagement, ils voient que tu es au-dessus du toro, que tu fais bien les choses. Pour moi, chaque détail a une énorme importance : la cape, les cheval, les banderilles, l’entrée a matar… Et ensuite, tu te sens récompensé par tes triomphes. Et ces triomphes, honnêtement, ils ont une saveur particulière, plus intense, plus vraie.»
Tertulias : « En quoi ton toreo pourrait-il être apprécié en France ?»
José Rojo : « Principalement parce que je n’ai jamais refusé d’affronter aucun élevage. J’ai toujours essayé, toujours, de triompher avec tous les encastes. C’est l’une de mes obsessions que j’ai apprise du maître José Miguel Arroyo « Joselito » : un torero doit triompher avec tous les encastes. Un jour pour une novillada, j’ai accepté de toréer l’élevage de Celestino Cuadri par pure obstination. J’aurais pu choisir une novillada plus facile, mais je voulais Cuadri parce que je souhaitais triompher avec cet élévage. Je n’avais jamais combattu un de leurs toros, et je voulais avoir cette expérience dans mon palmarès.»
Tertulias : « Je parle plus de toreo que de toros. Quelles sont les qualités de ton toreo qui pourraient plaire aux aficionados français ?»
José Rojo : « La personnalité. J’ai un style très personnel, je cherche constamment à être différent, à me démarquer de tous les autres toreros. Comme je l’ai dit, je commence par observer le toro, et ensuite, en fonction de lui, j’essaie de faire une chose ou une autre. Mais ce qui est sûr, c’est que le public verra un torero qui ne recule pas, qui fait face au toro d’une manière ou d’une autre. Jamais ils ne verront que tout est prévisible, ils verront toujours un torero capable de s’adapter et d’offrir quelque chose d’unique à chaque toro.»
Tertulias : « Avoir un apoderado français, c’est peu habituel pour un torero espagnol. Qu’attends-tu de lui ?»
José Rojo : « Eh bien, qu’il continue à faire un excellent travail, comme il l’a fait lorsque j’étais novillero. En tant que novillero, nous sommes allés de nombreuses fois en France grâce à lui, et j’espère qu’il obtiendra les mêmes opportunités pour moi maintenant. La vérité, c’est que la France me manque, et je l’appelle de temps en temps en lui demandant : « Quand est-ce qu’on revient, quand est-ce qu’on revient ? » Raúl a pris des risques pour moi lorsque j’étais novillero, et je suis très content de lui. Je sais que la situation est difficile, mais je continue à avoir confiance en lui. Il a toujours été là pour moi.»
Tertulias : « Comme un Français te soutient, la France peut-elle devenir un pays d’adoption ?»
José Rojo : « Oui, j’ai vécu chez Raúl, et il m’a presque adopté. Il m’a aussi appris les coutumes françaises. Il me disait : « Dans cette arène, ils aiment ceci, dans cette autre arène, ils préfèrent cela. » Et, franchement, je me suis toujours senti très bien accueilli par les amis et la famille de Raúl. Je me suis senti très aimé là-bas, et c’est pour cela que la France me manque tant. Malgré la dureté que l’on peut parfois ressentir dans les arènes, j’ai un attachement profond à ce pays.»
Tertulias : « Quel message veux-tu transmettre aux organisateurs et à l’afición de notre pays ?»
José Rojo : « Que je suis de retour. Je me prépare, je reviens après un accident très grave, et je vais revenir meilleur que jamais, meilleur qu’à l’époque où j’étais novillero. Je m’entraîne énormément et vous allez découvrir un torero différent. J’ai une grande envie de revenir, une grande soif de triomphes, et j’ai hâte de réussir à nouveau en France.»
Tertulias : « La saison 2025 approche, quelles sont tes ambitions et tes motivations ?»
José Rojo : « La première chose, c’est de retrouver des opportunités de toréer. Nous savons qu’après avoir passé presque une année d’arrêt, c’est très difficile, car les gens t’oublient. D’ailleurs, certains m’ont même appelé en pensant que j’avais pris ma retraite alors que j’étais en train de récupérer de ma blessure. En ce moment, Raúl travaille dur en France, et nous avons également beaucoup de travail en Espagne pour que les gens se souviennent de moi.
Je me prépare intensément pour revenir encore mieux que lorsque je suis parti. Pour le moment, j’ai deux corridas programmées au Pérou, ainsi que deux autres grâce à celles que j’ai toréées en octobre, où ils m’ont reprogrammé. J’ai aussi déposé ma candidature pour la Copa Chenel mais je n’ai pas été retenu. Quoi qu’il arrive, je suis prêt à saisir la moindre opportunité, à frapper fort et à montrer que je suis là pour rester. Nous savons que c’est compliqué après une année d’arrêt, mais c’est pour cela que les tentaderos et la préparation sont essentiels.»
Tertulias : « Qu’est-ce qu’une saison réussie pour toi ?»
José Rojo : « Pour moi, une saison réussie, c’est triompher là où je torée et être reprogrammé. Mais pas simplement triompher, non, triompher en toréant bien, en faisant les choses correctement. Je veux que les gens se souviennent de quelque chose de mes faenas, qu’elles soient importantes, marquantes, et que cela donne des raisons aux organisateurs de continuer à compter sur moi.»
Tertulias : « Pourquoi une empresa devrait-elle engager José Rojo ?»
José Rojo : « Il suffit de regarder mon parcours : tout ce que j’ai toréé et les triomphes que j’ai obtenus. Je suis un torero qui ne recule jamais, qui se donne entièrement dans l’arène. Je ne déçois jamais. Même si je ne peux pas toréer à mon meilleur niveau, je me justifie en me montrant supérieur au toro, en lui faisant face avec courage.
Regardez ce que j’ai accompli : j’ai affronté toutes sortes d’encastes, même les plus difficiles. Par exemple, avec une ganadería très compliquée comme Cuadri, j’ai réussi à couper deux oreilles. Ces oreilles représentent beaucoup de sacrifices et de moments éprouvants face à des toros importants.
Une empresa qui me fait confiance peut être certaine que je vais tout donner dans l’arène.»
Tertulias : « Et toi Clément quelles sont les raisons pour lesquelles tu peux convaincre un organisateur de contracter ton torero ?»
Clément Albiol : « J’ai la chance d’avoir un torero qui est capable de faire le paseo devant n’importe quelle corrida, devant n’importe quelle ganaderia et qui a les moyens, les recours et le pouvoir de le faire bien. Faire le paseo, c’est une chose mais à chaque fois il l’a fait avec sa manière, sa personnalité avec son pouvoir et son sérieux. Je pense qu’il a une tauromachie qui en France a plu et peut continuer à plaire.
Il y a eu des bons moments en France dans des arènes de respect et c’est une chance d’avoir quelqu’un d’aussi motivé et prêt à affronter n’importe quelle corrida. C’est une preuve qu’il a faim. Je suis assez confiant et si je me le bats pour le mettre au cartel dans des arènes, c’est parce que je sais qu’il ne décevra pas. J’ai une confiance totale dans ses capacités et dans ce qui se passera ce jour-là.»
Tertulias : « As-tu des contacts chauds en France ?
Clément Albiol : « Franchement j’ai contacté énormément d’arènes mais pour l’instant rien de très concret. On continue de lutter pour que quand s’offre à nous cette cartouche, cette opportunité , nous répondions présents.»
José Rojo attends une opportunité, José Rojo travaille, José Rojo y croit. Comme beaucoup de toreros, l’extremeño doit faire preuve d’acceptation et de résilience sans baisser les bras. Nous le remerçions pour le temps qu’il nous a consacré ainsi qu’à son apoderado Clément Albiol.
Propos recueilli par Thierry Reboul et Philippe Latour