Julien Lescarret: « j’ai la chance de faire les choses par plaisir et envie »
On ne le présente plus , Julien Lescarret homme aux multiples facettes, il va revenir pour une corrida le 3 juillet, c’est l’occasion de le redécouvrir.
Tertulias : « Entrepreneur , organisateur, commentateur taurin , torero, comment te considères-tu au final ? »
J.Lescarret : « Actuellement je suis chef d’entreprise commerçant car c’est ce qui me fait vivre moi et ma famille. Je suis en train de basculer vers une « reconversion » dans l’organisation et l’evènementiel, je l’espère à la fin de l’année. J’ai toujours été un garçon très actif et très curieux. C’est une source de vie de pouvoir faire beaucoup de choses , de tenter , de me tromper , de réussir, c’est mon rythme de vie en fait!.»
Tertulias : « A mixer tout cela , ne crains-tu pas que ton image se brouille? »
J.Lescarret :« Je ne me pose pas la question de mon image , je me pose la question de mon bien-être qui passe par ces multiples activités. Je pense donc que mon image est positive puisque je suis heureux! »
Tertulias : « Justement Carpe Diem est ta devise, mais quelle mouche t’a piqué de vouloir revenir toréer après 10 ans d’arrêt?»
J.Lescarret :« En réfléchissant à ça, je me suis rendu compte que j’avais des boucles temporelles de 10 ans. Premières passes en 1992, alternative en 2002, arrêt en 2012. Je souhaitais donc fêter ses 10 ans supplémentaires et donc mes 30 ans de vie taurine. L’idée a mûri de me projeter sur un spectacle donc je ne connaissais pas vraiment les contours à la base. Au fur et à mesure des reflexions et de discussions avec mon entourage mais aussi des professionnels, il m’est paru évident que le retour pour ces 10 ans devait prendre la forme d’une corrida. »
Tertulias : « C’est donc plus de l’envie qu’un manque qui guide ce retour?»
J.Lescarret :«Complètement, comme pour les activités professionnelles , j’ai la chance de faire des choses par plaisir et envie, que je peux maitriser et contrôler. C’est un privilège et ce retour est dans cette logique! »
Tertulias : « Tu organises cela à Soustons , une arène dont tu t’occupes , est-ce un vrai choix ou un manque d’opportunités extérieures ?»
J.Lescarret :« Les deux! J’ai eu des sollicitations extérieures qui ne me correspondaient pas et d’autres que j’espérais qui ne sont pas venues. J’avais dans un coin de ma tête d’organiser quelque chose moi-même. Il fallait que ça se passe dans le sud-ouest, là où je me suis fait en tant que torero. L’option Soustons est donc devenue l’option principale, quand il a fallu que je me prépare le plus tôt possible pour ce retour. La ville et les associations locales se sont montrées enthousiastes à l’idée, ça m’a aidé à prendre la décison. »
Tertulias : « Sans trahir de secrets, qu’est-il prévu lors de cette journée?»
J.Lescarret :« Je voulais une idée un peu originale , à mon image. La corrida sera flamenca. Cela s’est très peu fait dans le sud-ouest et, pour l’organisateur que je suis, c’est une manière de se démarquer et de pousser le concept sur une tonalité différente. Sur la piste j’ai joué la double carte de l’intérêt personnel et professionnel. Il y aura Léa Vicens,une amie, qui jouit d’une grande popularité. Elle est très appréciée à Soustons où elle est déjà venue à deux reprises. Il y aura aussi, celui qui pour moi est le numéro 1 français actuel, Juan Leal. C’est un garçon que j’ai accompagné à ses débuts à Séville quand je m’entraînais là-bas. Côté toros, j’ai choisi Margé car c’est l’élevage que j’ai combattu pour ma despedida et qui présente des toros sérieux et de qualité. La journée sera festive avec dans les gradins l’espace VIP auquel je tiens beaucoup, et une soirée d’après-corrida. Les gens pourront se restaurer à même la piste au son d’Alma Flamenca et des platines d’un DJ. »
Tertulias : « Qu’est-ce que tu aimerais vivre comme émotions ce jour là?»
J.Lescarret :« En tant que torero, j’aimerais que cela soit sérieux. En tant qu’organisateur qu’il y ait du monde. En tant que personne la joie de retrouver un peu avec nostalgie les gens de ma vie d’avant que je voyais aux arènes ou ceux qui vont venir pour la première fois parce que ce sont des amis de ma vie d’après. J’aimerais que Soustons aussi en profite. Que ses arènes vivent et que nous puissions rentrer dans une logique de programmation sur la durée. »
Tertulias : « Comment te prépares-tu? »
J.Lescarret « Je me suis fixé un programme de trois mois sur avril, mai, juin. J’ai commencé par une remise en route en Avril avec des entraînements et quelques tientas. Au mois de mai j’ai intensifié avec des semaines entières de tentaderos et quelques toros en privé. Cela va continuer en juin pour arriver fin prêt début juillet. »
Tertulias : « Qu’as tu ressenti? »
J.Lescarret :« De très bonnes sensations. Je ne sais pas si c’est bon signe ou pas, je me susi senti très à ma place , très heureux, sûr de moi et plus inquiétant (sourires) sans aucune appréhension. Je travaille avec un objectif clair et précis et si je n’ai pas remis le costume en piste , je suis redevenu un professionnel. »
Tertulias : « Soustons ce n’est pas que le 3 juillet, c’est aussi le trophée de France , peux-tu nous en dire plus? »
J.Lescarret :« L’année dernière avec la société La Vuelta (je suis associé aux 3 frères Vergonzeanne et Aude Lapique) nous avons repris les arènes de Soustons. Je suis en charge des spectacles taurins espagnols. Nous avons, avec la commission taurine, eu l’idée d’organiser une compétition à quatre. Intitulée « Coupe de France », cette compétition mettait en lumière que des acteurs français. Cette année nous basculons sur le « Trophée de France » avec toutes les nationalités. Le cartel n’est pas définitement bouclé (ndlr sont programmés Solalito vainqueur 2021, C Parejo, Tristan), la 4ème place restant à pourvoir pour un novillero qui aura impacté le début de la temporada, concept qui pourrait être reconduit par la suite. »
Tertulias : « Soustons pour toi n’est-il pas au final un laboratoire pour tester des idées différentes, novatrices? »
J.Lescarret :«Je ne me considère pas comme quelqu’un de novateur, je ne crée pas, je ne reprends que des choses existantes. En fait j’aime aller chercher ce qui me procure de l’émotion et l’amener aus gens. Je pense avoir l’intuition pour ressentir ce qui peut plaire au public et faire passer un bon moment. On m’a proposé par exemple, d’intégrer une équipe pour présenter un concours pour gérer une grand arène. J’ai refusé car je ne me sentais pas d’être en correspondance avec l’attente des gens. Par contre pour d’autres arènes , je me sens capable dans ce cas, de proposer un projet en phase avec l’identité du lieu comme ce que nous faisons à Soustons. Quand je dis d’autres arènes, je n’aurais pas la capacité d’en faire beaucoup. »
Tertulias : « Cette notion de plaisir et d’envie, l’as tu trouvée dans ta carrière d’apoderado plutôt courte?»
J.Lescarret :« A la base ce n’était spécialement pas une envie. Que ce soit avec Thomas Dufau ou Tibo Garcia, j’ai été sollicité. C’était une nouvelle expérience à tenter. Je sais fédérer , créer une dynamique , ouvrir des portes et donner un contrat à un torero, moins par contre porter ses rêves , ses échecs ou ses triomphes au quotidien. »
Tertulias : « Tu fêtes donc tes 20 ans d’alternative, mais où et comment te vois-tu dans 20 ans? »
J.Lescarret :« Dans vingt ans je ne sais pas, par contre comme je te l’ai dit j’ai des cycles de dix ans et dans dix ans il y un tour du monde qui m’attend. Je souhaite bien sûr me projeter sur le long terme avec l’organisation mais je ne peux pas disparaître de cette planète sans en découvrir ses merveilles. Faire un break en famille et faire le tour du monde au rythme de ses grandes fêtes est un objectif. »
Tertulias : « Dernière question , que faut-il faire pour sauver le soldat » corrida »? »
J.Lescarret :« Il ne me semble pas à court terme en danger surtout quand on voit en ce moment les remplissages d’arènes. Il y a une dynamique qui s’est ré-installée. Je trouve qu’il y a pas mal de jeunes aux arènes. Si les spectacles sont attractifs en utilisant les méthodes et les moyens d’aujourd’hui pour créer des événements, on arrivera à les capter. A long terme par contre, je ne sais pas si notre décalage avec les tendances du monde actuel , est un gage de longévité. »
Propos recueillis par Philippe Latour
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