La Brède, une terre taurine en Gironde
La Brède, une terre taurine en Gironde
Les arènes de La Brède sont les plus au Nord de la planète taurine. La cité girondine depuis plus de vingt ans a intégré dans le programme des « Fêtes de la Rosière » une corrida. Tertulias a rencontré Michel Campistrau, président de la Peña Taurine des Graves, qui nous a présenté les coulisses de l’organisation et le programme de l’édition 2023 de la journée taurine de La Brède.
Tertulias : « Quand a commencé l’histoire de la corrida à La Brède ? »
Michel Campistrau : « Ce sont Michel Dufranc, Alain Briscadieu et Philippe Sanchez qui sont à l’origine des corridas à La Brède. A l’époque les arènes de Floirac, situées dans la très proche banlieue bordelaise, fonctionnaient. La Brède est un peu plus éloignée du centre de la Préfecture girondine. C’était un pari audacieux d’y faire des corridas. La population locale n’était pas majoritairement favorable à la corrida mais il y avait tout autour un noyau d’aficion.
Le premier festival a eu lieu en 1997, puis après une pause d’un année de 1999 à nos jours, hors années Covid, il y a une corrida à La Brède chaque temporada.
Quand Floirac a arrêté, les organisateurs regroupés dans l’association Fiesta Garona, sont venus montter une novillada non piquée le matin de la corrida. »
Tertulias : « Qui organise la corrida de La Brède ? »
Michel Campistrau : « C’est la Mairie qui organise la corrida. La Peña Taurine des Graves, que je préside, apporte son aide à l’organisation. La corrida est intégrée dans les Fêtes de La Rosière. La totalité du risque financier est pris par la Mairie. Michel Dufranc , le Maire, porte et défend le projet face à une opposition de conseil municipal qui est loin d’être en faveur de la tauromachie. Il faut se montrer très rigoureux financièrement car tout est très surveillé.
C’est un exploit pour le Maire de maintenir cette tradition taurine. Tout repose sur son Aficion et sa volonté qu’il y ait des toros à La Brède. Il est donc difficile aujourd’hui de se projeter sur le long terme. Et pourtant la corrida, avec ses près de 2000 personnes, contribue au succès des Fêtes. »
Tertulias : « Comment se construit le cartel ? »
« Avec la commission taurine extramunicipale, le cartel se monte en tenant compte des contraintes financières. Nous essayons de répéter le ou les toreros qui ont triomphé l’année précédente. Pour compléter, on recherche les toreros qui vont plaire à notre public, tout en restant dans une enveloppe financière contrainte. Nous devons programmer des matadors potentiellement taquilleros. On garde une petite marge de manœuvre pour prendre un matador connu. C’est arrivé avec Daniel Luque ou Curro Diaz. La commission discute et propose ensuite un cartel au Maire qui décide en dernier recours. »
Tertulias : « D’où vient le public ? »
Michel Campistrau : « Il vient surtout de la région bordelaise et du bassin d’Arcachon. Si certains descendent du Nord, comme la Peña Angelina qui vient de Charente, il y a très peu de Peñas et de spectateurs qui montent du Sud vers La Brède. Les arènes font 2200 places. Nous avons la chance d’avoir un public fidèle qui revient d’une année sur l’autre. Pour équilibrer, et couvrir tous les frais, il nous faut vendre entre 1500 à 1800 billets. »
Tertulias : « Les arènes portatives sont-elles un handicap ? »
Michel Campistrau : « Les arènes sont un poste financier important puisqu’elles sont louées chaque année avec des frais de montage, démontage et contrôles de sécurité qui sont importants. L’achat des arènes serait amorti en cinq ans. En 2018, la Peña a lancé un appel aux dons pour acheter à Guerrero les arènes que nous aurions données en gestion à la Mairie. Nous avons réuni la somme nécessaire. Le projet, qui était pourtant porteur, a au final capoté et nous avons remboursé chacun des donateurs (au centime près). Depuis, nous continuons à payer la location des arènes qui a un poids imortant dans le budget global de notre organisation. »
Tertulias : « Quels ont été les grands moments de l’histoire de la corrida à La Brède ? »
Michel Campistrau : « Un des grands moments a été le mano à mano Javier Conde et Sébastien Castella. De très nombreux toreros sont passés chez nous. Il y a eu El Fandi, Perera, Ferrera, Fandiño, Curro Diaz, Fernando Cruz, Rafaelillo. Plus récemment Daniel Luque a triomphé à La Brède. On a aussi reçu le mexicain El Zapata. »
Tertulias : « Quel est le cartel de la corrida de 2023 ? »
Michel Campistrau : « Le cartel sera 100% français. C’était l’année ou jamais. En novembre, les matadors français se sont investis pour défendre la corrida contre les attaques du député Caron. Au paseo défileront donc Clemente et El Rafi. Ils devaient être accompagnés par Dorian Canton qui avait triomphé en 2022. Malheureusement le béarnais s’est blessé à l’entraînement. Nous l’avons remplacé par un autre matador français Maxime Solera en restant fidèle à notre concept initial. »
Tertulias : « Et pour les toros ? »
Michel Campistrau : « Depuis neuf ans, les toros provenaient de la ganaderia de Fuente Ymbro. Cette année, nous avons décidé de faire une « coupure » et de changer d’élevage. Cela tombait bien parce que la camada de Fuente Ymbro, cette année, est très courte. Avec l’accord de Michel Dufranc, la CTEM a choisi de faire appel à une ganaderia française de garantie, celle de Robert et Olivier Margé. Avec ce choix, nous avons pu proposé un cartel 100% tricolore. »
Tertulias : « Comment répond le public à cette programmation ? »
Michel Campistrau : « Le public répond positivement à ce cartel. Nous devrions avoir une affluence supérieure à celle de l’an dernier. »
Tertulias : « La Brède ce n’est pas qu’une corrida, quel est le programme de la journée du 24 ? »
Michel Campistrau : « La journée taurine est en fait la troisième des quatre journées des Fêtes de la Rosière. Fêtes qui commencent le jour de la Fête de la musique. Le jeudi, il y a un spectacle de force basque dans les arènes. Le vendredi, il y a un concert sur le podium près des arènes. Le samedi, c’est la journée taurine. Et pour finir, le dimanche, c’est le couronnement de la Rosière. Les équipes de la Peña seront sur le pont de mercredi à dimanche.
La journée taurine commencera par une partie gastronomique avec la chorizonade. Fiesta Garona ayant décidé de transférer son spectacle à Captieux, la NSP du matin sera remplacée, à 11h, par une capea avec les élèves d’Adour Aficion. C’est la Peña des Graves qui la finance car il est important pour nous d’aider les futurs toreros. Il en va de l’avenir de la tauromachie.
A l’issue de la capea , il y aura un repas proposé par la Peña qui aura lieu sous des voiles d’ombrage puis à18 heures ce sera la corrida. »
Tertulias : « Qu’est ce qui va faire que les organisateurs seront contents samedi 24 juin à 22h ? »
Michel Campistrau :« On ne vas se mentir, nous serons contents si la taquilla a bien fonctionné. C’est ce qui garantit que nous pourrons recommencer l’année prochaine. Bien sûr, il faut que toros et toreros fonctionnent. C’est quand même ce qui fait que le public revient reste fidèle. »
Merci Michel, rendez vous est pris pour le 24 juin à La Brède. La location est ouverte en ligne ➡️ Billeterie en Ligne et ☎️ 05 56 20 20 30 .
Propos recueillis par Philippe Latour et Thierry Reboul