Les Miura, toros de légende
Miura est une ganaderia de légende. Elle est aussi unique et constitue à elle seule un encaste. A la différence de Conde de la Corte qui a vendu des reproducteurs et des reproductrices à d’autres éleveurs, la famille Miura a gardé l’exclusivité du toro qu’elle a conçu.
Miura , l’histoire d’une légende
L’encaste Miura est le fruit d’une synthèse quasi alchimique entre les encastes Gallardo, et Cabrera avec apports ponctuels de Vistahermosa et Vasquez.
Les deux encastes d’origine
Gallardo est l’un des sept encastes fondateurs de la race de taureaux de combat. La législation espagnole, dans le Livre Généalogique de la Race Bovine de Lidia du Ministère Espagnol de l’Agriculture la reconnait comme telle. L’origine de cet encaste remonte au milieu du XVIIIe siècle, dérivant du bétail sauvage que possédaient les frères dominicains du couvent de San Jacinto à Séville et qui depuis 1790 était entre les mains du marchand Francisco Gallardo. À l’heure actuelle, la ganaderia de bravos qui maintient l’ascendance Gallardo est le fer sévillan du Partido de Resina et fondé par Felipe de Pablo Romero en 1885. Son impact génétique est aujourd’hui très dilué par le sang Cabrera chez Miura.
Cabrera est aussi un des sept encastes fondateurs de la race de taureaux braves. Son origine remonte à 1740, lorsque l’éleveur sévillan Luis Antonio de Cabrera Ponce de León y Luna a créé sa ganaderia avec des taureaux de différentes origines et a réussi à créer un animal avec ses propres caractéristiques qui survit aujourd’hui chez Miura.
Tout a commencé par un chapeau bien fait.
L’histoire commença par une récompense faite à un jeune apprenti chapelier. Antonio Miura, fils de Juan fabriquant de chapeaux à Séville, confectionne son premier couvre-chef. Pour le récompenser son père veut lui faire cadeau. La famille Miura a un petit troupeau de mansos. Antonio demande à son père d’en remplacer quelques exemplaires par des bravos et bravas. Ainsi naquit une des plus renommées des ganaderias.
La constitution de l’encaste Miura
Elle prendra en tout et pour tout douze années. Mi-mai 1842, Juan Miura offre à son fils 220 vaches d’origine Gallardo achetées à Antonio Gil Herrera. La sélection commence.
En 1849 La nouvelle ganaderia fait ses débuts à Madrid en avril et Séville en mai. Pour en améliorer les « performances » , Antonio intègre du bétail de José Luis Alvareda lui aussi d’origine Gallardo. Parmi les 168 becerros, il choisit ses futurs sementales. Pour compléter son cheptel, il achète également une centaine de vaches, d’origine Cabrera, à Jeronima Nuñez del Prado. Séduit à l’idée de croiser Gallardo et Cabrera, il se rend propriétaire de la ganaderia Cabrera soient 500 nouvelles têtes de bétail. A partir de cette date, c’est la lignée Cabrera qui prend le dessus sur la branche Gallardo. Ce phénomène est amplifié par le fait que deux sementales d’origine Vistahermosa de Arias de Saavreda (qui deviendra plus tard Parladé-Tamaron) puis uniquement des machos d’encaste Cabrera seront mis sur les vaches.
En douze années , l’encaste Miura a été fixée. Par la suite, en 1879 un étalon de Perez Lahorda, gracié à Cordoue, couvre une soixantaine de vaches. D’origine navaraise, il serait, peut-être, à l’origine des colorados « ojo de perdriz » fréquents chez Miura.
La même année, un toro semental de Veragua intègre la ganaderia. Tué rapidement par ses congénères, il n’a quasiment pas eu de descendance. Le dernier apport de sang a eu lieu en 1917 avec un étalon de Parladé-Tamaron (les futurs Conde de la Corte).
Depuis, du moins officiellement, plus aucun « rafraichissement » par des apports extérieurs. Cela relève d’un exploit, sur une telle durée, car il faut gérer « finement » les différentes familles si on veut limiter le risque de consanguinité.
La fronde des toreros
Le toro de Miura est un toro très particulier. Il est l’illustration du manso con casta. Cet animal complexe, compliqué nécessite de la part du torero courage et métier. L’histoire de la ganaderia est une succession de drames, de désillusions et de moments d’émotions intenses. De Pepete en 1862 à Madrid à Nimeno II à Arles en 1989 en passant Manolete en 1947 à Linarès, la liste des victimes des Miura est longue. Rapidement la légende noire s’est créée. Mis en difficulté par Catalan en 1902 à Madrid, Bombita initie une fronde contre la ganaderia. Dès 1908, il exige avec Machaquito un supplément de sueldo pour affronter les Miura. Ils accusent les ganaderos de monopoliser le marché (en 1907:105 toros lidiés) avec un bétail « exagérément » dangereux. Les éleveurs gagnent ce bras de fer et leurs produits remplissent les arènes. Les figuras, pour le rester, doivent les lidier.
La ganaderia ne cesse de grandir. En 1909, elle compte plus de mille vaches de ventres.
Miura conservatisme et modernité
Progressivement la mansedumbre prend le dessus sur la caste. En 1917, Antonio décède et ses héritiers, pour redresser la barre, rafraichissent le sang avec un étalon d’origine Vistahermosa. Le troupeau est réduit, la sélection plus rigoureuse. Les résultats s’améliorent tout en gardant une irrégularité certaine. Sortent de grands toros et d’autres illidiables.
En 1940, Eduardo, fils d’Antonio, prend les commandes de la ganaderia. Il entreprend d’adoucir le comportements de ses toros. Les Miura restent des toros difficiles, dangereux, mais ils acquièrent une certaine toréabilité. En 1965, vaches et toros quittent Dos Hermanas pour s’installer à Zahariche.
Un Miura a été grâcié.
En 1996, une nouvelle génération de ganaderos, Antonio et Eduardo, prend en main les destinées de la ganaderia continuant le difficile défi consistant à garder la personnalité des Miura tout en les rendant plus nobles. En 1997 un toro a été gracié à Utrera. Malgré cette modernisation, le Miura reste et restera un animal particulier devant lequel triompher, comme Castaño à Nîmes lors de son encerrona, confère au matador un statut particulier. Les aficionados sont prêts à faire des kilomètres pour voir toréer certains toreros. Ils le font aussi pour voir lidier les produits issus des prés de Zahariche. Il ne peut y avoir de ferias à Madrid, Séville, Pampelune ou Béziers sans eux. Même à notre époque les figuras se doivent, d’Ojeda à Morante en passant par Castella et El Juli, à un moment de leur carrière de les affronter.
Les Miura et la course camarguaise.
Beaucoup de drames ont accompagné l’histoire de cette ganaderia. Pourtant elle comporte aussi des anecdotes surprenantes et moins sombres. Des Miura ont été rasetés à Nîmes puis à Arles.
En 1952, des Miura étaient prévus pour la première féria nîmoise. Quatre toros ne supportent pas le voyage. Un cinquième meurt rapidement. Le sixième, castré, ce qui rassure l’éleveur quant à son utilisation comme semental, sortira dans les arènes de Nîmes le pour les raseteurs .
En 2014, à Pâques, au moment de l’embarquement dans les corrales de Gimeaux un Miura s’échappe. La catastrophe est évitée grâce au sang froid de Paquito Leal. Le toro « rattrapé » mais blessé, ne peut pas participer à la corrida du jour. Il sera raseté par les as du crochet lors de la Féria lors d’une matinée « multi-tauromachique » lors de la Féria des Prémices du Riz.
Aucun des deux cocardiers, rapidement querenciosos, ne marquera l’histoire de la bouvine.
Caractéristiques morphologiques principales
- Ils sont très longs et hauts . La légende dit qu’ils ont une côte supplémentaire.
- Ils sont fins
- Les cornes sont grandes et ouvertes. A leur base, elles partent vers l’arrière.
- Le morillo et le fanon sont peu développés. Le cou est long et flexible.
- Le profil de la tête est concave , le museau large,les yeux grands et vifs
- Les robes sont variés allant du noir au colorado en passant par le sardo.
Comportement en piste
Premier tiers
- Très agressifs, ils compliqués à manipuler au campo
- Ils sortent abantos, courent beaucoup avant de se fixer dans les capotes.
- Leur comportement à la pique est très aléatoire. Il va du manso perdido au toro très brave.
- Ils ont du poder, tout en étant souples et agiles (parfois pour sauter à la gorge du cheval ou du cavalier).
Second tiers
- Ils sont difficiles à banderiller car compliqués à fixer.
- Leur comportement peut se détériorer très vite aux banderilles, en particulier si les peones multiplient les capotazos.
- Il est préférable de conduire rapidement le second tercio comme lorsqu’il est à charge du maestro.
Troisième tiers
- La charge est en générale courte.
- Ils humilient peu.
- Ils se décomposent assez rapidement. Ils apprennent vite. Les faenas doivent être courtes.
- Ils ne permettent difficilement une seconde entrée à matar. La première doit donc être réussie.
Faits et toros marquants de l’histoire de l’encaste
- La légende noire n’est pas une légende
- José Rodríguez Pepete, tué à Madrid en 1862 par le taureau « Jocinero »
- El Esoatero, tué en 1894 dans les arènes de Madrid lors de l’estocade du taureau « Perdigón »
- Domingo Del Campo y Alvarez Dominguin , tué à en 1900 à Barcelonepar le taureau « Receptor »
- Manolete, mort d’une blessure infligée le 28 août 1947 à Linares par le taureau Islero
- Christian Montcouquiol NimeñoII blessé très grièvement par « Pañolero » le 10 septembre 1989 à Arles ; il se donnera la mort le 25 novembre 1991 car il ne pouvait plus toréer.
- Les grands toros de Miura (les plus récents)
- Banderillero, 15 août 1991, Plaza de toros de Béziers, Trophée du meilleur toro de l’ Union Taurine Biterroise de Béziers
- Bienmirado, 24 août 1997, El Puerto de Santa María, Vuelta al ruedo
- Bombito, 11 juillet 1999, Plaza de toros de Pamplona, Le tercio de varas dura dix minutes . A reçu le prix Carriquiri et le trophée du meilleur Toro du Club taurin de Pamplona
- Damito, 26 mars 2000, Plaza de toros de Valencia, Plaza de toros de Valencia
- Datilero, 21 avril 2013, Plaza de toros de Séville, vuelta al ruedo, Escribano coupe deux oreilles
- Tahonero, 22 juin 2019, Plaza de toros de Utrera, Premier toro indulté de la ganadería de Miura
- Africano, 22 août 2020, Plaza de toros de Sanlucar de Barrameda, Vuelta al ruedo avec pétition d’indulto
- Cuajadito, 3 octobre 2021, Plaza de toros de Séville, Meilleur toro de la Feria de San Miguel.
Principales ganaderias de l’encaste en Espagne
- Miura est la seule ganaderia représentante de cet encaste.
Principales ganaderias de l’encaste en France
- Encaste non représentée en France
Sources : www.terresdetoros.fr, Corps des Présidents et Alguaciles de corridas, Chaine You Tube « Les Encastes
Bel et passionnant article sur unes des dernières vraies ganaderias pour aficionado a los toros.
Merci.
C’est le Toro de Miura qui m’a toujours sublimer c’est un Toro qui comprend vite et n’est pas comme les autres ganaderias en présentation il est élégant et surtout la tête haute de dire c’est MOI ici et je vais combattre !!!!!!Quand je peux je me rends toujours a une corrida de Miura ……….