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ll y a un avenir pour la corrida à Villeneuve de Marsan

Juillet et août sont le temps des grandes férias dans le Sud-ouest. Mais il y a aussi des corridas organisées par des bénévoles dans les petites arènes. Tertulias a rencontré Colette Lacomme  pour nous parler de la corrida organisée par le Cercle Taurin de Villeneuve de Marsan le 06 août à 19h.

Tertulias :  «Depuis quand sont organisées des corridas à Villeneuve de Marsan ? »

Colette Lacomme : « La corrida est assez ancienne à Villeneuve de Marsan. La création du Cercle Taurin remonte à 1984. Nous avons fêté les quarante ans de sa création début juin. Le Cercle Taurin a été créé par un groupe d’aficionados dans le but premier d’organiser des corridas. Au début, il y a en eu quelques unes de montées. Il y a eu surtout ensuite l’organisation chaque année d’un festival monté avec l’aide du matador Manolo Cortès. Il y a eu 15 éditions de ce Festival. Nous avons eu la participation de toreros prestigieux comme Curro Romero, Rafael de Paula, Espartaco et d’autres toreros importants y sont venus.

On le faisait en principe début mars. C’était un peu compliqué par rapport à la météo.  Le festival était intégré dans un week-end complet avec le samedi des soirées conférences ou spectacles flamencos….Il a acquis une grande renommée avec des heures de gloire. Puis petit à petit, c’est devenu plus difficile d’attirer des toreros vedettes. Le festival, s’est arrêté car il avait un coût difficile à couvrir. Il y a eu quelques années sans spectacle. C’est ensuite reparti avec l’émergence de Thomas Dufau avec au début des capeas puis des novilladas et des corridas. Nous avons en fait suivi sa carrière. Il y a eu douze ans de corridas avec Thomas. »

Tertulias :  « Comment se fait-il que Manolo Cortès ait organisé un festival à Villeneuve de Marsan ? »

Colette Lacomme : « La connexion s’est faite à Saint Vidou un petit village près de Villeneuve de Marsan. C’est par l’intermédiaire d’Aline et Jojo Dumont, les propriétaires de l’auberge « chez Aline », très réputée à l’époque que s’est nouée une grande amitié avec Manolo Cortés. C’est là-bas que l’idée du festival de Villeneuve de Marsan est né. Georges Dumont a été le premier président du Cercle Taurin.»

Tertulias :« Comment vit le Cercle Taurin en dehors de l’organisation de la corrida annuelle ? »

Colette Lacomme : « Nous essayons d’organiser pendant l’hiver une à deux conférences. On le fait en fonction des disponibilités. Cette année, nous avons reçu Dorian Canton en janvier. On organise chaque année un voyage de trois jours sur une féria soit en Espagne soit en France. Et tous les quatre ans, on organise un grand voyage dans un pays taurin d’Amérique du Sud. On a commencé en 1993 . Nous sommes allés en Colombie et au Venezuela. En 1997, nous sommes allés en Equateur. Ensuite nous avons fait Séville, le Pérou, le Mexique, à nouveau l’Equateur. En 2025, nous retournerons au Pérou. »

Tertulias : « Combien de personnes constituent le Cercle Taurin? »

Colette Lacomme : « Le club regroupe 80 personnes. La difficulté que nous rencontrons aujourd’hui, c’est d’arriver à mobiliser les gens. Les membres du club sont vieillissants. Le challenge est de renouveler et rajeunir . On mobilise moins de personnes pour aider sur un évènement qu’il y a quatre ou cinq ans. »

Tertulias : « A quoi est du ce manque de renouvellement ? »

Colette Lacomme : « A Villeneuve, il y a aussi une aficion courses landaises. Je ne sais pas si elle est plus importante que celle pour la tauromachie espagnole. C’est le Club Taurin qui organise les courses landaises. Ils sont repartis cette année mais eux aussi ont connu des difficultés. La population de Villeneuve se renouvelle mais nous avons du mal à les faire venir au Cercle Taurin. Peut-être que nous avons des progrès à faire en matière de communication. Nous avons créé une commission communication dont nous attendons qu’elle donne une autre visibilité de notre association. » 

Tertulias : « Comment financez-vous la corrida des Fêtes ? »

Colette Lacomme :« Le Cercle Taurin autofinance la corrida. La subvention de la mairie est une goutte d’eau dans notre budget. Tout le monde se retrousse les manches pour aller chercher des partenaires, commerçants et artisans locaux. Sans ce partenariat, nous ne pourrions pas y arriver. Quand un partenaire nous promet une subvention, c’est un acquis.

La taquilla, c’est toujours un point d’interrogation. Sur les dernières années, en 2019 pour l’alternative de Dorian Canton nous avons fait un « No Hay Billetes ».  Après la COVID, on est reparti en 2022 et en 2023 le résultat a été légèrement excédentaire. Il faut rester vigilant. Toutes les dépenses sont maîtrisées. Ce qui nous aide, c’est que notre corrida a lieu le dernier jour des Fêtes de Villeneuve. D’autres dates, ont été essayées dont un matin des Fêtes de la Madeleine, un jeudi de l’Ascension sans grand succès public. »

Tertulias : «Combien de places vendues sont-elles nécessaires pour couvrir les frais engagés ? »

Colette Lacomme :« Le partenariat représente environ 30% du budget global. La capacité des arènes est de 2206 places. Elle a été réduite avec la mise en place d’un accessibilité (ascenseur + places réservées) pour les personnes à mobilité réduite. Il nous faut plus de 70% des places vendues pour équilibrer. Plusieurs facteurs jouent sur cette fréquentation en particulier la météo. On a une chance que les gens de Villeneuve viennent à la corrida. Cela s’expliquait par la présence de Thomas Dufau, l’enfant du pays, le voisin. Cette année sera une année test puisque Thomas s’est retiré des ruedos. »

Tertulias : « La présence de Thomas a été importante pour la corrida à Villeneuve. Dans cet esprit, Dorian a pris l’alternative chez vous. Sera-t-il le nouveau fil conducteur ? »

Colette Lacomme :  « Pourquoi,pas? On s’est donné comme objectif, depuis trois ans, de privilégier la tauromachie française. Dorian qui a pris l’alternative chez nous a déclaré que Villeneuve est une arène qui compte pour lui, une arène importante. Nous sommes attachés à poursuivre cette histoire avec lui. En plus quand on le connait, c’est un garçon sincère et attachant. »

Tertulias : « Pour revenir à l’actualité, qu’est ce qui vous a amené à choisir les toros de Pagès-Mailhan cette année? »

Colette Lacomme :  «D’une part, le fait de choisir un élevage français nous permet de reconduire l’opération avec l’UVTF et d’offrir des places à des jeunes de moins de 25 ans. Ce sera la troisième année que nous avons choisi des élevages du Sud-est. Après Margé et Cuillé, nous avons choisi Pagès-Mailhan. Pascal Mailhan nous a proposé un lot qui correspond à nos critères et entrant dans notre budget. C’est un monsieur très attachant lui aussi. Il a une façon de travailler qui fait que ses toros sont manipulés le moins possible. Ils sont dans des marais, avec des herbes au milieu desquelles parfois les toros disparaissent. Quand on voit son début de temporada, on se dit que l’on a peut-être fait le bon choix. Dans le lot, il y aura le frère du toro primé à Vic Fezensac. »

voir le reportage de Tertulias sur l’elevage de Pages-Mailhan
Tertulias : «Il y aura donc Dorian Canton, vous avez pris deux français pour l’accompagner.»

Colette Lacomme :  «Le chef de lidia sera Adrien Salenc. Il est déjà venu chez nous et a triomphé en 2022. C’est un jeune qui est intéressant et qui a de la personnalité. On compte sur lui pour mettre de l’ambiance dans les arènes. Il a une tauromachie assez enlevée qui porte sur le public. Il est allé au Pérou et y sera d’ailleurs le week-end avant Villeneuve. Adrien l’a déjà fait à Arles quand, à l’occasion d’une substitution, il est sorti par la grande porte lors d’une corrida de Victorino en arrivant tout droit du Pérou. »

Adrien Salenc
Tertulias : « Le troisième est un peu l’invité « surprise » ? »

Colette Lacomme : «Notre philosophie est de donner l’opportunité à un jeune. On l’avait fait avec Yon Lamothe l’an passé pour sa première corrida après son alternative. Cette année, nous donnons sa chance sa chance à Solal. Il a pris son alternative en septembre à Nîmes. Il y a toréé aussi cette année, le lundi de Pentecôte et est sorti par la Porte des Consuls après avoir coupé trois oreilles. Ce sera sa présentation comme matador dans le Sud-ouest. En plus il pose les banderilles. On aura un cartel de jeunes 100% français sur lequel nous fondons beaucoup d’espoirs. »

Tertulias : «Quelle est votre politique tarifaire ? »

Colette Lacomme :  «On a une capacité d’arènes réduite. Nous renouvelons l’opération avec les moins de 25 ans conjointement avec l’UVTF mais sans limiter le nombre de participants. L’année dernière, nous avons refusé des personnes. Cette année on s’adaptera en fonction des demandes. Notre objectif est de faire venir les jeunes. Le renouvellement des spectateurs dans nos arènes passe par là.»

Tertulias : « La billetterie électronique, est-ce une nouveauté? »

Colette Lacomme :  « On a commencé à le faire l’an dernier du 1er juillet au 30 juillet puis nous avions ouvert le bureau des locations à Villeneuve de Marsan. On a vendu 292 places sur internet sur un mois. Ce qui n’est pas négligeable. C’est dans l’air du temps, les plus jeunes du Cercle nous l’ont dit. Le net pour une réservation est rentré dans les moeurs. En 2024, la billetterie électronique a commencé le 1er juillet et restera en parallèle avec le bureau de location jusqu’au 04 août.»

Tertulias : « Qu’est-ce le Cercle Taurin espère de cette corrida ? »

Colette Lacomme :  «Ce que nous en espérons, c’est qu’elle fonctionne. Que bétail et toreros fonctionnent. Cela permettra de prouver qu’il y a un avenir pour la corrida à Villeneuve de Marsan malgré la retraite de Thomas Dufau. On a fait en sorte de mettre tous les atouts de notre côté pour réussir. Les toreros voudront prouver qu’ils méritent d’être sur un cartel et le début de saison de Pagès-Mailhan est très positif.»

Merci Colette et suerte pour cette corrida.

La réservation par internet est possible 01/07/2024 au 04/08/2024 ➡️ https://corridavilleneuve.festik.net

À partir du 29/07/2024 au cercle taurin de Villeneuve de Marsan place des états du Marsan. Réservation possible au 09.86.06.02.57.

Propos recueillis par Philippe Latour et Thierry Reboul

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