Madrid : Puerta Grande pour Tomas Rufo, El Juli la perd à l’épée.
La vie est parfois injuste. Tomas Rufo, après la Porte des Princes de Séville, a ouvert la Puerta Grande de Madrid et El Juli est sorti à pied. Le jeune matador a été très bon à son premier toro. Il a bien tué son second après une faena bien construite qui témoigne d’une maturité étonnante pour un matador qui toréait sa neuvième corrida. Il a tout d’un futur grand. Le public, qui l’a soutenu tout au long de la course, a demandé et obtenu, après la mort du sixième toro, qu’il sorte par la Puerta Grande. L’aurait-il fait si Rufo avait eu dix ans d’alternative?
El Juli s’est rapidement débarrassé de son premier, un invalide. Il a été exceptionnel à son second, toro manso, qu’il a transformé en quelques muletazos en toro noble . Les deux dernières séries à gauche sont de cumbre. Malheureusement, la mise à mort n’a pas été à la hauteur de cette grande faena.
Talavante inexistant au troisième s’est rattrapé au cinquième mais lui aussi a mal tué.
Les Garcigrande, bien présentés, ont manqué de force et de fond à l’exception du premier, le seul encasté du lot. . Entre d’autres mains, la corrida n’aurait pas été aussi entretenue.
Fiche technique :
- Arènes de Las Ventas (Madrid): treizième festejo de la San Isidro: 6 toros de Garcigrande ( 5 marqués du fer de Domingo Hernandez et un, le troisième, de celui de Garcigrande) pour
- EL Juli : silence, deux avis et vuelta al ruedo
- Alejandro Talavante: quelques sifflets, un avis et salut au tiers
- Tomas Rufo : (confirmation de son alternative) un avis et une oreille, une oreille
- douze piques, salut de Manuel Murillo au cinquième et de Fernando Sanchez au sixième
- Lleno de « No hay billetes »
Toro par toro
Le premier, mal piqué, prend deux puyazos sans s’employer. Très élégant le toreo de cape de Rufo est aussi très efficace. Après la cérémonie de confirmation , Tomas Rufo brinde au ciel. Début par doblones, d’emblée les derechazos affirment le pouvoir du toreo sur le toro. Le bicho est noble et humilie. Cite de loin, Rufo baisse la main et allonge ses passes à droite. A gauche deux muletazos pour trouver la distance, le toro est meilleur sur l’autre corne mais les deux dernières naturelles sont très belles. Retour à droite, main basse et corps relâché, la maturité et la classe de ce jeune torero sont surprenantes. Retour à gauche, le Garcigrande est dominé. Final à droite près des cornes, le toro est allé à menos. Entière engagée et efficace, une oreille.
Le second prend lui aussi deux puyazos en poussant. Le toro est juste de forces. Cérémonie de restitution, Le toro est noble et humilie. Mais il est faible et fléchit si El Juli l’oblige un tant soit peu. Deux embryons de série et le torero prend l’épée. Pinchazos, une entière contraire, silence pour le matador, sifflets pour le toro.
Le troisième, le seul cuatreño de la course, Il met la tête dans le capote de Talavante et humilie sur les deux cornes. Pas très bien piqué lui aussi, il prend deux piques en poussant. Début de faena à droite, le toro tombe. Bonne série à droite, le Garcigrande embiste. Sur la série suivante Talavante prend de la distance en toréant sur le pico. Il est un peu plus centré sur la première série à gauche. Retour à droite, le torero est desconfiado et prend l’épée de muerte. Bajonazo devant le 7 , cela ne pardonne pas. Quelques sifflets accompagnent le retour de Talavante au burladero.
Le quatrième, lourd plus de 600Kg, est abanto. El Juli le fixe pour une très belle série de véroniques templées. Le toro se défend à la première pique et renverse cheval et cavalier. Sans mise en suerte, il prend un picotazo sur le voyage. Début de faena par doblones, deux derechazos par le haut puis le reste par le bas. La suite sera aussi donnée en baissant la main. Le toro n’est pas noble, il a jeté quelques coups d’oeil vers les planches. Le poder du torero fait tout. Après une démonstration à gauche, Julian Lopez reprend la main droite et les derechazos arrachent les olés au public. Dernière série magistrale de naturelles dominatrices, Madrid se lève. La même avec l’épée de muerte, le public est aux anges. Pinchazo hondo, entière , le toro tarde à tomber. Le Président résiste à la pétition majoritaire, vuelta al ruedo à l’appel du public.
Le cinquième, très bien armé, très châtié à la première rencontre ne pousse qu’à la seconde. Talavante brinde au public. Début de faena de rodillas, le dernier muletazo est chahuté. Nouvelle série à genoux, meilleure que la première. Bonne série à droite, le toro est noble mais proteste à mi-passe. Grande série à gauche, main basse, le Garcigrande est meilleur sur cette corne. Un bon enchaînement sur ce piton, retour à droite , le toro manque de prendre le torero sur un extraño. La dernière série en regardant le public est terminée par deux très belles firmas. Pinchazo, entière en avant et basse salut au tiers.
Le sixième mal mis en suerte est très mal piqué. Début par doblones, le toro est noble mais manque de charge à droite. C’est un peu mieux à gauche. Bonne série, passe à passe, sur cette corne , retour à droite, Tomas Rufo, extraordinairement mature pour un matador qui vient de prendre l’alternative, domine un toro qui manque de classe. Quatre naturelles dont deux de face , le Garcigrande part aux planches. Adorños dans les tablas, coup d’épée engagé, pétition d’oreille , Madrid ouvre à Tomas Rufo sa première Puerta Grande .
Thierry Reboul (corrida vue sur Toros TV)