Madrid, à Valadez l’oreille du jour.
Madrid, à Valadez l’oreille du jour.
La ganaderia de Fuente Ymbro qui a son rond de serviette désormais à Las Ventas, a envoyé un lot de sérieuse présentation, fort de tête et pour moitié de cinq ans et plus. La forme était là, pour le fond c’est autre chose, et globalement le lot de Fuente Ymbro a manqué de fond pour permettre à cette après-midi de prendre toute son importance. Les toreros étaient décidés et le troisième et à un degré moindre le cinquième permettaient.
Adrian de Torres ou une version de Monsieur Courage. Sa faena au premier a montré un courage absolu et une entrega totale qui lui valu quelques frayeurs et des voltiges spectaculaires. Ce garçon mérite qu’on lui donne des opportunités, ce qui lui permettra d’affiner sa technique et d’exprimer au mieux une tauromachie que l’on sent destinée aux arènes qui donnent des corridas dures.
Juan Leal a eu un premier toro de peu d’options. A son second, avec son courage habituel il offrit une faena rapidement encimista alors que le toro demandait sûrement plus de distance pour donner de l’importance à la faena. Son arrimon s’est miraculeusement terminé sans blessure lors d’une estocade donnée en partant droit devant entre les cornes.
Leo Valadez a marqué des points en coupant une oreille légitime du noble troisième. Il a fait preuve d’une belle maturité et a offert une tauromachie appaisée et des séquences droitières de grande qualité. Tout au long de la tarde, il fit montre de tout son savoir cape en mains, un capote varié mais aussi engagé notamment sur le dernier quite qui mit Las Ventas debout.
Fiche technique
- Madrid: onzième festejo de la San Isidro 2023, Toros de Fuente Ymbro pour
- Adrian de Torres : vuelta (avis), silence (avis)
- Juan Leal : silence , palmas (avis)
- Léo Valadez : oreille, palmas
- Douze piques ou contacts
- Saluts de Marco Leal au 2ème, de Curro Javier au 4ème
- Président: Victor Oliver Rodriguez
- 20°, temps orageux
- 2/3 d’entrée
- Durée de la corrida: 2 heures et 25 minutes
Toro à toro
Mimoso 560 kgs
Adrian de Torres se heurte à un piton droit qui serre l’homme à la réception au capote. Le toro est puissant. Sans obtenir la chute, il lève la cavalerie sur la première pique. Miracle sur le quite par chicuelinas ou le torero se fait ceuillir à droite de très vilaine manière, heureusement sans mal apparent. Le toro reste discret sous le deuxième pique.
Très bon début par statuaires. Très decidé , De Torres aguante dès la première série de derechazos une charge loin d’être claire. Toute la faena se déroule sur ce ton avec un torero valeureux et un Fuente Ymbro dont la charge laisse planer le danger (un peu moins sur le côté gauche). De nouveau De Torres subit une spectaculaire voltereta sans que cela ne le décourage nullement. Allant jusqu’au bout de ses intentions, l’estocade entière est donnée al encuentro en toda ley. Vuelta après une pétition jugée non majoritaire..
Sacacuartos 528 kgs
Allant vers ses six ans, le toro est armé supérieurement. Il s’emploie peu et garde la tête haute dans la cape de Juan Leal. S’il pousse sous la première puya, le Fuente s’éteint sous la deuxième morsure du fer. Marco Leal s’illustre au banderilles. Juan après brindis à tous, s’agenouille plein centre. Le toro reste collé aux planches où l’arlésien finit par aller donner cette première série à genoux. L’animal est très réservé, et ne livre ses charges qu’au compte-gouttes. Leal lui vole des passes à droite près des cornes, et la corne gauche s’avère quasi impossible. Médiocre estocade avant un descabello final. Silence.
Trasmallo 549 kgs
Réception fleurie au capote de Leo Valadez. Le mexicain se fait remarquer au quite par des Gallosinas spectaculaires, le Fuente Ymbro moins sous les deux piques réglementaires. La série initiale par doblones lance bien la faena. La deux séries suivantes à droite de bon tracé maintiennent un rythme que le Fuente accepte. C’est plus compliqué à gauche, le Fuente n’humilie pas. A la reprise à droite , le toro baisse de ton et sa noblesse commence à virer à la soseria. Final par manoletinas à genoux. Le mexicain s’engage derrière l’épée pour l’estocade dont il sort accroché. L’épée légèrement tombée est efficace. Oreille. Applaudissement pour la dépouille.
Patrullero 551 kgs
Le Fuente Ymbro est défensif dans ses charges au capote, et plutôt brave à la pique. Après une première série à droite désordonnée, le toro s’affale au sol. En dehors de cet incident, il est de peu de qualités, manquant de tout y compris de forces. Les efforts d’Adrian de Torres des deux bords sont vains pour donner de l’intérêt à sa faena. Entière au second essai. Silence.
Sacacuartos 536 kgs
Le toro met en difficulté Juan Leal au capote. Il part de loin pour prendre le chatiment mais s’éteint un peu sous le fer. Aux caleserinas de Valadez répond les gaoneras exposées du français. Il commence bien cette fois-ci à genoux au centre par une cambiada mais se fait désarmer sur le retour. Il essaie de profiter du piton droit mais a du mal à complètement s’accorder avec la charge. A gauche le Fuente Ymbro a peu d’options sur la première série avant d’un peu plus se livrer. Juan choisit de réduire les distances pour terminer dans un corte qui lui est habituel. L’ambiance se divise, le 7 « chacaille » Juan , le reste de l’arène apprécie son entrega. Tout le monde se rabiboche à l’estocade ou l’arlésien va droit sur le toro et enfouit l’épée en se faisant spectaculairement prendre. Miracle, il en ressort indemne. Palmas.
Ibicenco 554 kgs
Le toro sort abanto ne permettant rien à Valadez au capote. Deux bonnes piques ovationnées d’Alberto Sandoval. Le mexicain continue son festival de quites en donnant des zapopinas très ajustées et une belle demie qui enthousiasment le public. Le Fuente Ymbro accuse le coup au deuxième tiers. Valadez est au dessus de la condition déclinante de l’animal et l’ensemble de ses efforts pour animer sa faena ne trouve pas une charge de qualité. Estocade efficace.
Philippe. Corrida vue sur Mundotoro TV.
Le plus « motivé » des trois a couoé une juste oreille.
Adrian de Torres garde tout son crédit dans ce remplacement de dernière minute, mais j’ai quelque crainte depuis Saint-Martin-de-Crau à le voir sur )des contrats signés malgré son grand courage. Plus de quiétude ? Sa prestation saint-martinoise permet d’en douter…
Quant à Juan Leal, ses problèmes sont toujours là malgré le nombre de courses. Il veut faire du Ojeda à des toros qui ne le permettent pas ; il fait ses faenas à l’hõtel sans tenir compte de ce qui va sortir en piste ; et enfin il doit impérativement travailler l’entrée a matar : il ne sait pas passer la corne et reste de ce fait sur la tête de son toro avec voltereta garantie… Combien de tardes va-t-il lui falloir pour rectifier tout ça …? sous peine de ne voir que le Portugal pour unique salut.
adrian de torres m’avait scotché à cenicientos l’an dernier, le coté je pose ma peau sur la table ne peut que me plaire.
hélas il n’a pas le zen de son idole et sa fébrilité lui fait prendre des volées qu’il pourrait payer cher un jour.
mais je le kiffe toujours , son engagement fait plaisir à voir.
juan leal toujours en recherche d’une identité….c’est long.
le mexique , comme souvent, avait les plus grosses.
léo valor
Le courage n’est pas le Toreo.
Quand vous passez plus de temps dans les airs que les pieds sur le sable… vous devez postuler à « Air France » !
C’est par les baffes qu’il veut apprendre à atterir.
Il y a d’autres méthodes.
Il a choisi celle la.
C’est un dur chemin, grâce lui soit rendu de vouloir l’emprunter.
Dieu fasse qu’il ne le paie pas au prix fort (blessure grave qui vous stoppe).
Je dirais que la voie choisie, toute respectable qu’elle soit, ne doit pas être suicidaire.
Les coups de corne peuvent vous vider de vos illusions et vous faire tomber dans l’oubli en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire. Même pour les belluaires… surtout pour les belluaires… qui comptent bien souvent les contrats sur les doigts d’une main.
Le torista demandent au matador de faire avec ses moyens devant un tio, mais aussi de sortir du ruedo par où il y est entré. Combien de fois ai-je entendu que nous étions des irresponsables qui veulent des totos qui tuent les toreros… et pas que dans le « camp d’en face » !
comme tu as raison cher Lazaro.
je m’inquiétais dès mon premier billet des conséquences de sa « philosophie » .
l’immense josé tomas avait la même ..sauf que la technique était plus solide.
je mets cette fébrilité too much sur le compte d’une envie de bien faire à madrid et j’applaudis encore. une chose : le coté pueblerino putassier ne s’est pas (trop) fait sentir.c’est bien.
pour en revenir sur sa philosophie , je la sais périlleuse et possiblement sans issue mais mon coté vieux con romantico- réac ne se refera plus.
Le courage n’est peut-être pas le toreo, mais qu’est le toreo sans courage?
Qui êtes-vous pour juger ainsi deux garçons qui ont choisi de se jouer la vie à chaque fois qu’on leur propose un contrat? Choisir cette voie est peut-être un peu suicidaire tout en étant une façon d’apprivoiser la peur de la mort.
Qui peut affirmer que Valadez était le plus motivé des trois?
Juan Leal se cherche encore une identité? Je crois au contraire qu’il l’a trouvée. Qu’elle déplaise à certains, c’est autre chose. Et je ne suis pas un fan de Juan Leal.
Je vous trouve bien cuistre sur ce coup-là.
Beñat
Si peu….
« Je ne sais pas conduire mais j’ai le permis en poche, alors… »
Vous avez une « analyse de callejon » Du moment que l’on a un costume de lumières sur le dos tous vous est dû et pardonné. Hé bien non ! Le courage est de le porter, ensuite il faut l’honorer dans le ruedo, et ne pas le ternir en utilisant toutes les ficelles des « pseudo-figuras » du Système.
Valadez a compris où il était et l’importance du contrat. Leal compte plus sur le contrat nîmois (terre conquise et fan-club) que celui madrilène, au grand dam des absents…
Cuistre ? Excusez-moi d’avoir quelques notes en plus sur ma partition dans ce coup… de Jarnac.
La discussion c’est aussi l’Aficion !