Madrid, des Alcurrucen, de la pluie et Luque.

La corrida d’Alcurrucen de ce soir à Madrid a été le négatif de celle d’hier. Des toreros du haut de l’escalafon et des toros décastés et sans rythme. Dommage les toreros ont fait ce qu’ils ont pu, inventant quelques passes à des toros mansos ou sosos.

Diego Urdiales a touché un premier toro faible et un second manso perdido. Avec dignité, il en a tirer quelques muletazos sincères.

Le premier toro d’Alejandro Talavante ne permettait rien. Son second manquait de race. Le torero de Badajoz avec aguante, après une très bon début de faena de rodillas, a pu lier une belle série de naturelles en fin de faena.   

C’est le Daniel Luque technique et efficace qui a réussi à construire une faena intéressante à son sixième, un toro deslucido (et soso). L’estocade méritait une oreille. Le palco en a décidé autrement. Petite pétition au troisième, un toro noblote dont le torero de Gerena a tiré des muletazos vibrants et de classe sur la corne droite.

Fiche technique

• Arènes de Madrid, Féria de la San Isidro, 20 ème festejo, six toros de Alcurrucen pour
  • Diego Urdiales : silence (un avis), silence
  • Alejandro Talavante: silence , salut (un avis)
  • Daniel Luque: salut (un avis) ,
• 14 piques et rencontres
• Président : José Luis Gonzales Gonzales
• Salut d’Ivan Garcia au troisième
• Quasi lleno
• 17 degré, pluie au cinquième, les ponchos sont de rigueur

Toro à toro

Antequerano

Diego Urdiales accueille le premier par des véroniques. Le toro prend deux piques en se défendant, sortant seul de la première rencontre. Alejandro Talavante réalise un quite par chicuelinas. Urdiales amène le toro au centre par des doblones. Le toro, noble, manque un peu de forces. Le torero va à mas et sa troisième série de derechazos est la plus dominatrice. Il laisse le toro récupérer avant de l’entreprendre à gauche. La faiblesse du Nuñez limite l’impact du milieu de la faena. Urdiales s’applique, toréé bien mais la faena manque de transmission. Le toro s’affale au sol à la fin de la dernière série à droite. Il tarde à se relever malgré les efforts des toreros. Le bicho finit par se redresser pour que Urdiales puisse entrer à matar. Un avis sonne. Le toro est complètement arrêté quand le matador place une entière en place.  

Cornetillo

Le second est bien armé. Il se freine quand Alejandro Talavante le reçoit à la cape. Mal mis en suerte à la première, il prend deux piques en poussant sur une corne. Le torero l’amène le toro au centre pour commencer sa faena par naturelles. L’Alcurrucen charge en humiliant mais proteste à mi-passe. A droite, il est tardo quasi parado. Talavante insiste pour montrer qu’il n’a pas de passes avant d’aller prendre l’épée. Il pinche à plusieurs reprises avant de vouloir descabeller. Le 7 proteste à juste titre. Nouvelle entrée à matar, elle résulte trasera et basse. Silence pour le torero, pitos pour le toro. 

Tonadillero

Le troisième est gordito. Il a quasiment six ans et est juste de hechura et de tête pour une arène comme Madrid. Protesté, il prend deux puyazos sans s’employer sortant seul de la seconde. Aux banderilles, il est distrait et parado. Comme à son habitude, Ivan Garcia est excellent. Le public l’invite à saluer. Daniel Luque commence sa faena par des derechazos, genoux ployés. Le toro, très Nuñez, se réveille au troisième tiers.

Luque enchaîne des séries à droite templées. Il conduit avec classe la charge du toro. Il compense le manque de chispa du bicho et sa difficulté à baisser la tête en allant le chercher loin. A gauche, le toro a moins de fond et les muletazos sont moins vibrants. Retour à droite, le bicho est allé à menos . Le torero de Gerena finit par des luquesinas. Luque tue d’une demi- épée trasera et desprendida. Un avis sonne, un descabello suffit. Petite pétition, le torero de Gerena se contente de saluer.

Flauta

Le quatrième est lui aussi gordito. Il désarme Diego Urdiales dès le premier capotazo. LLe Nuñez est suelto. Il prend deux piques, se défendant un peu et ne s’employant pas du tout. Dès le premier tiers il part en querencia. Sa mansedumbre exige une troisième pique. Le picador change de terrain. Le toro sort seul de cette dernière rencontre après un picotazo. Le toro est un manso perdido. Il est difficile à banderiller. Urdiales le double puis commence sa faena à droite. Sur ce pition, le bicho se défend. Le torero se bat, fait des efforts pour arracher quelques derechazos. Rapidement, le torero d’Arnedo renonce et va chercher l’épée de muerte. L’estocade est habile et rapide d’effet. Silence pour le torero et pitos pour le toro.

Rompe-Plaza

Le cinquième est sérieux mais plus fermé de cornes que les précédents. Il met bien la tête dans les premiers capotazos d’Alejandro Talavante puis part visiter le ruedo. La pluie se met à tomber. Le toro traverse la piste et prend un picotazo au piquero de réserve. Il sort seul de la seconde rencontre. Talavante commence sa faena par des derechazos puis des pechos de rodillas avec un certain temple. Le bicho met la tête dans la muleta sans grande conviction mais il passe à droite. A gauche, il manque de classe mais passe quand même. Il cherche à sortir de la muleta. Talavante arrive à lier une bonne série de naturelles. Il aguante sur la dernière et compense l’absence de noblesse et la mansedumbre du quinto manso. Talavante met une demie légèrement tombée, un avis. Salut au tiers

Mimoso

Le sixième manque de tête pour une arène comme Madrid. A peine piqué, il sort seul de la première et la seconde rencontre. Il en fait de même à la troisième. Le toro est mou et manso.  Dans un ruedo boueux, Daniel Luque commence sa faena par des doblones. Le bicho met la tête dans la muleta mais manque de rythme et de race. Après quelques derechazos, Luque prend la main gauche. Le Nuñez sort de toutes les passes la museau dans les étoiles. 

Le torero de Gerena s’applique , tire une bonne série à droite avec beaucoup de technique. Il en faut pour donner de la transmission à un animal de si peu de race. Deux naturelles, le toro regarde les planches. Final, plus trémendiste, sur un terrain réduit , Luque va chercher l’épée de muerte. Un avis sonne quand il entre en s’engageant pour une entière rapide d’effet.  Pétition d’oreille auquel le président ne cède pas.  Daniel Luque Vuelta.

Thierry Reboul, corrida vue sur Mundotoro