Madrid , Puerta Grande pour De Justo, petite porte pour Morante.
Emilio de Justo est sorti par la Grande Porte des arènes de Madrid. Morante est sorti à pied et sous les sifflets.
Les toros de Garcigrande à l’exception du second ont été décevants. Bien armés mais juste de tamaño, ils ont eu des comportements divers et variés. Le deuxième discret au cheval; s’est trouvé être noble avec du moteur, et donc de la transmission au troisième tiers. Le troisième et le cinquième , inexistants au cheval, ont été nobles. Leur noblesse fade ont permis aux toreros de couper des oreilles. La vuelta accordée au cinquième fait tâche dans une arène de première catégorie. Le sixième est allé rapidement à menos.
Les deux de Morante étaient totalement décastés et offraient peu d’options . Avec un matador, jqui avait sa tête des mauvais jours, on est vite passé à l’estocade.
Tomas Rufo a coupé une oreille après une faena appliquée à un toro qui se laissait faire.
De Justo revenait à Madrid après son dramatique accident du Dimanche des Rameaux 2022. Le public l’a invité à saluer après le paseo. Gêné par le vent, il a fait preuve de beaucoup de courage face à l’encasté (au troisième tiers) second sans pouvoit prendre le dessus sur un toro très exigeant. La noblesse plus fade du cinquième lui a permis de construire une faena sincère, avec des muletazos profonds et templés. Bien que l’on soit à Madrid, ll a coupé deux oreilles malgré une épée basse .
Fiche technique
- Arènes de Madrid, second festejo de la San Isidro 2023, 6 toros de Garcigrande inégaux de présentation et de comportement pour
- Morante de la Puebla: silence (avis), pitos
- Emilio de Justo: salut depuis le callejon (un avis) , deux oreilles
- Tomas Rufo : une oreille, silence
- Le public des arènes de Madrid a invité Emilio De Justo à saluer après le paseo.
- treize piques et rencontres
- Président: Eutimio Carracedo Pastor
- lleno
- il faut toujours chaud à Las Ventas mais il y a du vent.
- Durée de la corrida : deux heures et quinze minutes.
Toro à toro
Le premier est hors type et vilainement armé, il est protesté par une partie du public. Suelto, il a peu de charge quand Morante de la Puebla le reçoit à la cape. Sévèrement châtié à deux reprises. Il est déjà boca abierta dès le début du deuxième tercio. Les gradins grondent. Mal banderillé, le toro est handicapé au niveau du train arrière. Le Garcigrande est décasté, sans race et sans charge. Morante, qui a commencé la faena avec l’épée de muerte, tire quatre ou cinq muletazos prudents et entre à matar. La mise à mort est prudente et laborieuse. Deux minutes de faena et huit minutes pour que le toro tombe. Pitos au toro, silence pour le torero.
Le second est très armé mais sans excès de poids , surtout pour un cinqueño. A la cape, il est suelto. Sans mise en suerte, il part au réserve et prend un puyazo trasero. Il encaisse la seconde pique sans pousser et revient seul au cheval pour une brève troisième rencontre. Le Garcigrande ne déborde pas de caste.au premier tiers. Début par doblones, le toro se défend. Le vent gêne le torero.
Le bicho a une charge entre vibrante et violente qu’il faut canaliser. Ce que fait très bien Emilio de Justo dans les séries suivantes. Le toro transmet et le torero s’arrime. A droite et gauche, le toro est exigeant et De Justo se bat avec lui (et le vent) . Le Garcigrande prend le dessus. Deux trincheras pour conclure cette faena courageuse, le torero pinche à deux reprises . La troisième résulte contraire et tendida. Un avis et salut depuis le callejon.
Beaucoup de tête , un tamaño discret pour le troisième qui prend deux piques, forte la première, sans pousser. Tomas Rufo brinde au public. Le torero attaque fort avec un début de faena de rodillas avec un très bon derechazo. Le toro manque de chispa. Première série à droite, le torero prend la main gauche. Bonne première série avec une naturelle et un pecho superbes pour finir. La seconde série est plus brouillonne. Le torero est bon mais le toro, d’une noblesse fade, manque de charge et de transmission. Rufo, qui a connecté avec le public, termine la faena par de belles naturelles de face qui manquent d’émotion par la faute du toro. L’épée .entière et en place est efficace. Pétition tout juste majoritaire, le président accorde la première oreille de la San Isidro.
Le quatrième est très armé avec un piton astifino. Morante tarde à le prendre en charge. Les premiers contacts manquent de chaleur. Le Garcigrande, qui est manso, prend trois piques sans pousser et en sortant seul. Totalement décasté il n’a pas de charge et n’inspire pas Morante. Trois ou quatre passes d’alignement, le torero entre (ou plutôt sort) à matar. La seconde épée et les autres sont du même niveau. Le public gronde, Morante fait la tête. Pitos pour le toro, sifflets pour le torero.
Le cinquième, pas très bien présenté, est juste de forces. Il prend deux piques « light » sans pousser .Emilio de Justo, le brinde au public. Doblones puis trois superbes derechazos et un pecho superbe pour commencer, le toro est noble et met bien la tête. Une bonne série à droite, le torero prend la gauche. La première série est brouillonne, la seconde plus templée pèse sur le Garcigrande. Les derechazos suivants sont « de classe ». A retenir les pechos qui ont conclu chaque série. Le toro permet mais il n’a pas la transmission du second. L’épée portée avec sincérité résulte basse. Le bicho, mort debout, tarde à tomber. Deux oreilles, la seconde peut se discuter car l’épée est basse . Le mouchoir bleu, lui, est incompréhensible compte tenu du tercio de piques. La Grande Porte de Madrid s’ouvre pour Emilio de Justo.
Le sixième est très armé et a le plus de tamaño de la course. Tomas Rufo sort du burladero motivé et reçoit son toro par de bonnes véroniques et une belle demie. Il s’agenouille à la sortie de la première pique prise sans pousser. Il ne pousse pas non plus à la seconde. Début par doblones, première série à droite, le Garcigrande est noble mais juste de forces ; Rufo, toréé à mi-hauteur, s’applique mais la noblesse du toro est trop fade pour transmettre de l’émotion. Le bicho, et la faena, vont à menos. La mise à mort est laborieuse. Silence.
Thierry Reboul, corrida vue sur Mundotoro TV.
Deux belles faenas d’Emilio de Justo hélas gâchées par deux pinchazos la première et une épée un peu basse la deuxième, qui aurait dû n’autoriser qu’une oreille. Et pourtant ce fut une belle émotion de voir sortir a hombros ce torero qui, il y a 12 mois de cela semblait perdu pour la tauromachie.
Tomas Rufo fait partie de ces jeunes élevés au rang de figura avant même de prendre l’alternative. Il a certes des capacités mais il s’est fait manger par ses deux opposants même le premier malgré quelques belles naturelles. L’oreille qui lui a été généreusement accordée explique probablement les deux oreilles coupées par de Justo.
Beñat