Madrid: quand Morante régale!
Après un petit crochet par les corridas toristes , retour immédiat sur des choses dites plus commerciales. En présence du roi, le paseo s’ébroue pour cette corrida de grand prestige. Morante après son pétard de sa dernière comparution, allait-il faire taire les moqueurs ? Juli remplaçant d’Emilio de Justo allait-il confirmer qu’il est redevenu le n°1? Gines allait-il dépasser le stade du blessé courageux ? Et pour finir les Alcurrucen allaient-ils offrir une opposition de qualité ? Pour deux d’entre eux ils se révélèrent au dernier tiers et permirent tout d’abord à El Juli d’offrir une faena qui sans l’échec aux aciers lui aurait valu un oreille. Morante a régalé au 4ème , la faena était de deux oreilles , la conclusion aux aciers de zéro, le public en demanda une et la présidence céda à la pétition majoritaire. Difficile de comprendre les critères d’attribution ou de résistance aux pétitions dans cette San Isidro. Gines fit preuve de volonté face à un lot peu propice au franc succès et frôla la récompense au manso dernier.
Fiche technique
- Madrid Las Ventas, corrida de la Beneficencia (hors abonnement San Isidro)
- 6 toros de Alcurrucen disparâtes en âge, intéressants les 2 et 4ème au dernier tiers, beaucoup plus ordinaires les 4 autres.
- Morante de la Puebla sifflets, oreille
- El Juli salut, silence
- Gines Marin salut (un avis), salut (deux avis)
- 12 piques
- temps chaud, léger vent
- lleno de « no hay billetes »
Toro a toro
Bas, un œil purrulent, le toro est peu intéressé par les premiers cites. Accueil en demi-teinte de Morante de la Puebla. Lidia chaotique à la puya, l’Alcurrucen étant muy tardo. Première pique en faisant sonner les étriers et en prenant la seconde à contrecœur. Le toro est vidé. Quelques timides tentatives droitières le long des planches à un toro sans qualité et Morante monte l’épée pour une pénible conclusion (demie épée au 5eme jet plus descabello). Huées pour les deux opposants.
Le 2ème, berrendo à une charge désordonnée dans le capote d’El Juli. Pas très bien piqué en deux fois. Joli quite de Gines. Début par le bas pour prendre le pouls du toro. L’Alcurrucen délivre un coup de tête à chaque fin de passe. Le côté droit semble être le meilleur. A la 3eme serie Juli prend le dessus en réduisant les distances. Alternant des deux mains , il construit une faena méritoire arrivant à tirer des passes à un toro qui offre ses charges sans benoîte naïveté. Épée en arrière au 2nd essai plus un descabello. Salut.
Bonne réception de cape de Gines Marin au 3ème. L’Alcurrucen ne s’emploie guère sous la puya. Il répond par contre aux cites des capotes de brega. Le toro se laisse d’entrée embarquer dans la flanelle dans un debut de faena de belle intensité. Par contre il se livre moins sur les deux séries suivantes. Gines raccourcit la distance, tire passe à passe dans un ensemble qui va a menos. L’Alcurrucen à une charge courte et n’humilie pas. Entiere en arrière donnée à un toro arrêté. 2 descabellos. Salut.
Lourd, corpulent, le 4ème est distrait avant de subir le capote de Morante qui tente par le bas de discipliner sa charge. S’il obtient une chute par surprise, l’Alcurrucen ne se livre pas sous la morsure du fer de la pique. Les premières passes aidées par le haut donnent l’eau à la bouche. Le toro avec noblesse prend les passes inspirées de l’artiste de la Puebla. Après un léger temps faible , Morante délivre une série extra de derechazos avant un remate final de gauchères de face qui embarquent toro et public. Redondos et pecho « en su corte » pour finir. Entiere engagée mais tendida. 2 descabellos. Oreille. ( la cohérence des présidences madrilènes devient de plus en plus discutable). Ovation pour le toro.
Comme souvent avec un toro d’encaste Nuñez, le 5ème reste froid au capote. Deux piques réglementaires ( la 1ère en s’employant). Brindis à Emilio de Justo présent au callejón. Le toro répond au toque ferme du Juli mais a du mal à tenir la charge. Une série de droitières émerge de la faena qui a du mal à décoller le toro n’ayant pas assez de coffre pour supporter la répétition des séries. Mauvaise conclusion avec l’épée en 5 essais et un descabello. Silence.
Le dernier comme ses congénères à un mal fou à se fixer sur le capote. Il finit par se mettre seul en suerte sur les deux puyas où il fait surtout sonner les étriers. Fuyard, sans classe , seules les passes données dans sa querencia près des tablas font charger l’Alcurrucen. Au bout de quelques passes , le toro opte pour la fuite au grand large. Impossible de combattre avec un animal qui ne veut pas le faire. Gines insiste près du toril et finit par lier quelques séries volontaires. Entière en arrière (2 avis). Salut.
Cher ami,
Autant une estocade de ley peux faire obtenir une oreille après une faena quelconque, dans le cas de Morante hier soir sa faena, une fois de plus, dépasse le tout venant,je la qualifie de surréaliste. On ne peut pas copier les muletazos du Genio et sa manière de conduire le toro, ses adornos, rien n’est écrit d’avance, de plus son engagement à la mort est plus que sincère, cf. le susto
Si le public , rendu heureux , demande à la majorité, dans ce cas en totalité un trophée, pourquoi le refuser ?
Je te le dis , cher ami , quand il y aura plus Morante nous allons sacrément nous embêter sur les étagères, car plus de représentant de cette tauromachie ORIGINELLE
Merci dr m’avoir lu.
Morante a gravé sur le sable une faena pour le souvenir, cela me parait évident. Si je ne suis pas comptable des émotions avec les oreilles que l’on donne ou que l’on refuse ce qui est vrai pour l’un doit être vrai pour l’autre..et il convient alors que toutes les présidences madrilènes fassent tomber le mouchoir à partir du moment où la pétition est majoritaire et donc fassent preuve de cohérence.Philippe