Mano à mano montois: 50 nuances de gris
Mano à mano montois: 50 nuances de gris
La couleur qui caractérise cette quatrième tarde de la Madeleine 2024 est bien le gris. Gris comme la couleur des toros de La Quinta, mais on le savait à l’avance. Le ciel est devenu gris se chargeant de nuages qui ont rendu l’atmosphère du Plumaçon plus supportable que les jours précédents. Gris comme le comportement des toros et toreros (un De Justo peu inspiré et un Clemente en grosse difficulté) qui ont contribué les uns et les autres à ce que la corrida soit ennuyeuse.
Gris comme le moral des aficionados qui subissent une Madeleine qui finit par devenir chaque après-midi une séance de torture. Il faut vraiment être maso pour subir chaque jour passant des corridas de si peu d’intérêt. Heureusement que les voisins de tendidio et de callejon sont sympathiques et que le concert des bandas qui a suivi la corrida à redonner un peu plus de couleurs aux pensées des aficionados.
Les toreros
Le désastre ganadero continue. Le premier se couche avant que le torero n’entre à matar. Il recommence après un pinchazo. L’animal s’étant vite éteint, Emilio de Justo n’a pas insisté et a tué rapidement. Silence pour le torero. Le troisième a une charge de toro mexicain fatigué par le transport. De Justo le fait passer en s’adaptant à son rythme sans se croiser. Certains passages à gauche sauve une faena tristounette et conclue par une épée très habile mais rapide d’effet. Une oreille tombe. Le cinquième est noblote et ne transmet rien. Quelques passages à droite ne sauvent pas une faena sans émotion et mal conclue à l’épée. Silence
Le second a une bonne corne droite. Clemente l’exploite sans vraiment peser sur un toro qui va à menos tout comme la faena qui laisse l’impression d’un travail non terminé. L’épée, habile et tombée, est rapide à faire effet. Le Français coupe la première oreille de la tarde. Le quatrième est deslucido et ne transmet rien. Après une première faena sans grand intérêt, le Français en entame une seconde avec plus de recherche artistique mais le toro ne répond plus. Silence poli après une épée défectueuse. Clémente va à menos. Sa faena, au dernier, un toro sur lequel il fallait peser, n’est ni dominatrice, ni artistique. Elle est sans fond ni forme. L’épée est approximative et le torero français est sifflé par le public .
Les toros
Hétérogènes de présentation, les toros de La Quinta ont eu pour certains des comportements de mansos deslucidos. Les autres ont été sosos, collaborateurs fades et sans intérêt. Ce type d’animal ne peut exister qu’avec des toreros capables de leur inventer des qualités qu’ils n’ont pas. Les deux matadors du jour n’en n’ont pas eu la capacité.
Fiche technique
- Arènes de Mont de Marsan, quatrième corrida des Fêtes de la Madeleine 2024. Six toros de La Quinta pour
- Emilio de Justo: silence, oreille, silence (avis)
- Clemente: oreille, silence (avis), pitos
- Sobresaliente: Alvaro de la Calle
- Juan José Domínguez et Mario González ont salué au second
- Douze piques, cuadra Bonijol
- Président: Denis Labarthe
- Lleno
- Le ciel vire progressivement du bleu au gris.
Le mano à mano vu par l’objectif de Philippe Latour
Toro à toro
Pregonero Emilio de Justo
Le premier est bien présenté. Il se freine dans la cape d’Emilio de Justo qui le reçoit avec classe. Le toro pousse sur une corne lors de la première rencontre. Il ne s’emploie pas lors de la seconde. Clemente fait un bon quite par chicuelinas. De Justo répond avec une cape très suave. Le La Quinta poursuit les banderilleros au second tercio. Début classique par doblones, le toro est noble. De Justo le place au tercio. Le bicho est juste de forces et rapidement cherche à partir. A gauche il est éteint. Il finit les passes la tête dans les nuages. De Justo va chercher l’épée. Le toro se couche avant l’estocade. Un pinchazo et le toro s’affale. Un tiers de lame l’achève. Silence pour le torero et pitos pour le toro.
Distinguido Clemente
Clemente attend le second à Porta Gayola. La réception par Clemente est spectaculaire. Le toro est astifino mais plus léger. Il prend une première pique en poussant. Mis au centre, il charge bien pour un simple picotazo. Juan José Domínguez et Mario González saluent après un bon tercio de banderilles. Le toro est noble et Clemente lie une bonne série à droite. Beaucoup de classe chez le torero et de douceur chez le toro, la faena semble bien engagée. Le toro se réserve et n’humilie pas. Clemente continue à droite sans vraiment peser , ni se centrer. A gauche, le toro est andarin. Clemente ne traite pas le problème et abrège la faena sans la conclure. .Torero, toro et faena sont allés à menos.Après avoir manqué se faire prendre en mettant en suerte, le Français tue d’une entière à peu près en place. L’oreille est protestée.
Sargente Emilio de Justo
Le troisième est plus lourd que les précédents. Il s’échappe de la cape d’Emilio de Justo Faible il sort seul au contact du fer. Il se défend lors de la rencontre suivante puis repart au cheval.pour une pique light. Suit un quite très templé de Clemente. Mathieu Guillon est excellent aux banderilles. De Justo brinde à Clemente. Début de faena par le haut, le toro est soso. Première série à droite sur le voyage au rythme du toro et sur le pico. Les séries suivantes sont un peu plus profondes Le toro manque de chispa. A gauche le torero cite de face en s’adaptant à la lenteur du toro. C’est joli mais il n’y a aucune émotion. L’épée habile est tombée . Une oreille , elle aussi tombe.
Tratante Clemente
Nouvelle Porta Gayola de Clemente, le toro sort au pas et bouscule le torero. Sans mise en suerte, le La Quinta prend un fort puyazo en se défendant. La seconde pique est légère. A la muleta le La Quinta est deslucido. Il a peu de charge et transmet peu. Le torero s’applique mais la faena manque d’intérêt. Clemente insiste inutilement. Le toro est de plus en plus soso. Le Français commence une seconde faena plus artistique à un animal qui n’a plus rien dans le ventre. Les muletazos suivants sont beaux mais l’émotion n’est pas au rendez-vous. L’épée plate, trasera et tombée est longue à faire effet. Un avis sonne avant que le toro ne tombe. Silence
Clavelito Emilio de Justo
Le cinquième est plus Saltillo. Il ne s’emploie pas dans la cape de De Justo puis prend une première pique en mettant les reins mais sans bouger le cheval . Il en fait de même à la seconde. Emilio de Justo brinde au public. Il commence sa faena par des doblones autoritaires. Le bicho charge bien et en humiliant sur les premiers derechazos. Il baisse de rythme dès la seconde série. La troisième est presque tire-bouchonnée. A gauche, le Buendia est soso et le torero peine à trouver le sitio. De Justo pose l’épée et donne des naturelles avec la main droite, le toro charge sans rythme ni entrega. Le torero pinche puis met une vilaine épée trasera. L’épée suivante est légèrement contraire. Un avis sonne et le toro tombe. Silence
Rabioso Clemente
Le dernier est le mieux présenté du lot. Il est très typé Buendia. Il pousse à la première rencontre. puis se défend plus lors de la seconde. Clemente brinde au public. Début par doblones élégants, le toro est noble mais andarin. Sa noblesse est fade et absente de transmission. Clémente est complètement hors sujet. Sa lidia est chaotique et sa faena sans fond ni forme Elle va rapidement à menos puis le toro, non dominé, suit le même chemin. Clemente tue d’une demie trasera longue à faire effet. La cuadrilla se met au diapason de la faena .Pitos pour le torero et palmas pour le toro.
Thierry Reboul