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Maurrin continue, Hugo Alquié débute

Maurrin continue, Hugo Alquié débute

Depuis 2015 et malgré la période de la COVID, la Peña Taurine « Toro Cardeño » et le comité des Fêtes ont organisé six novilladas. 2024 sera donc la septième édition d’un festejo qui veut assurer la promotion de la tauromachie en donnant leur chance à des novilleros débutants.

Tertulias a rencontré Jean Michel Biarnès le président de la Peña organisatrice et Hugo Alquié qui fera ses débuts en costume de lumières à Maurrin le 09 août à 19h30 ;

Maurrin, une tradition qui s’installe

Tertulias :« Quel bilan tires-tu de l’édition 2023 ? »

Jean Michel Biarnes :  « L’an dernier le bilan de la novillada a été plutôt positif Au niveau artistique, il y a eu un très bon lot d’Alma Serena dont un eral a fait la vuelta. Les toreros ont rencontré quelques difficultés pour les exploiter. La novillada a laissé une très bonne impression d’ensemble. Le public a répondu présent, en plus grand nombre que les années précédentes.  Le bilan a été plutôt positif.

Il y a eu une centaine de personnes de plus. Le partenariat a été meilleur que l’année précédente. A l’arrivée, nous avons eu un petit résultat positif.  C’est la première fois depuis que nous organisons des novilladas. C’est important pour nous. Les membres de la Peña nous sommes des aficionados convaincus mais nous coorganisons la novillada avec le comité des fêtes de Maurrin dont tous les membres ne sont pas aussi aficionados. Il est très important pour eux  de présenter un spectacle dont le bilan est équilibré. Nous sommes aussi aidés par Christian Lesur et le CFT de Nîmes. »

Tertulias :«Pourquoi plus de monde ? »

Jean Michel Biarnes :  «Petit à petit, la novillada de Maurrin prend sa place dans la temporada. On a aussi mis plus de moyens sur la partie communication en amont. On a augmenté l’affichage et la distribution de prospectus dans les arènes des alentours Ces actions de communication ont porté leurs fruits. »

Tertulias :« Quel est le programme de la novillada 2024? »

Jean Michel Biarnes :  « Cette année, la novillada a lieu le 09 aout à 19h30 .  Il y a quatre erales de la ganaderia Alma Serena. C’est un élevage qui est dans un très bon moment on l’a encore vu récemment à Hagetmau.  Nous sommes très satisfait du bétail proposé par Philippe Bats et nous lui avons renouvelé notre confiance pour la troisième fois.

Au niveau des toreros, il y a Pedro Gomez de l’Ecole Taurine El Yiyo de Madrid. Il sera accompagné par Mathias Sauvaire de l’Ecole Taurine du Pays d’Arles et Baptiste du CFT de Nîmes.  Avec eux défilera au paseo Hugo Alquié d’Adour Aficion qui débutera en costume de lumières ce jour-là. »

Le 09 août sera un grand jour pour Hugo Alquié

Tertulias :«  Qui est Hugo Alquié ? »

Hugo Alquié :  « Je m’appelle Hugo Alquié. J’ai 25 ans. Je viens de Gavarnie un petit village des Hautes Pyrénées. Je travaille actuellement dans un centre de formation à Pau. Parallèlement je prépare une thèse en Espagnol et Histoire sur la naissance de la presse taurine en France et en Espagne entre 1880 et 1930. Vivant à Gavarnie, quand j’étais petit, j’étais éloigné des toros. Cela explique mes débuts tardifs. Mais de toute façon les toros ne demandent jamais votre carte d’identité. Si on fait les choses bien, le public ne s’attarde pas trop sur l’âge du torero. »

Tertulias :«  Comment en es-tu venu à la tauromachie ? »

Hugo Alquié :  « C’est ma grand-mère maternelle avec qui j’ai une relation très particulière qui m’a amené aux arènes. Elle aime beaucoup la tauromachie et depuis que je suis tout petit je suis allé à Tyrosse, Dax, Bayonne, etc. Elle est aussi originaire de Gavarnie et a rapidement déménagé pour s’installer dans la région de Dax et Tyrosse. C’est une région qu’elle apprécie et qui la rapproche ainsi des arènes. Pour mes 18 ans, elle m’a offert un merveilleux cadeau en m’amenant à la Féria de Séville. Elle sera là vendredi à Maurrin. »

Tertulias :«  Qu’est-ce qui a fait que tu as aimé la corrida ? »

Hugo Alquié :  «Quand on est petit, cela fait rêver de voir des hommes qui font quelque chose que tout le monde n’est pas capable de faire. On les voit comme des surhommes. Au début on ne comprend pas forcément tout, mais on ressent beaucoup d’émotions. C’est très propre à chacun. C’est une des forces de la tauromachie. Même des gens qui ne comprennent pas, peuvent percevoir ces sentiments. J’ai ressenti des choses qui m’ont donné envie d’y retourner. J’ai posé des questions. J’ai voulu aller encore plus loin, et vivre ce qu’il y avait derrière la barrière. »

Tertulias :«  Comment es-tu passé d’aficionado à apprenti torero ?»

Hugo Alquié :  «Je pense que c’est quelque chose de très personnel, un cheminement intérieur. J’ai eu envie d’exprimer quelque chose . Jai essayé de faire de la guitare mais cela ne me parlait pas. J’ai fait du théâtre mais cele ne me correspondait pas. Avec les toros, je trouve cette manière de faire passer, d’extérioriser des sentiments qui sont à l’intérieur de moi.

 J’ai donc décidé de me mettre devant les toros. Il y a des moments magnifiques, d’autres très durs. Même si à notre niveau, on a peu vécu de choses, se mettre en connexion avec un animal, de se sentir bien à un endroit alors que notre instinct de conservation nous dit de fuir, c’est indescriptible. On se sent à sa place. Ce sentiment que je n’arrivais pas à verbaliser, c’est cela : se sentir à sa place devant un toro. »

Tertulias :«  Comment as-tu commencé ton apprentissage ? »

Hugo Alquié :  « J’ai commencé sérieusement quand je suis rentré à l’Ecole du Maestro Richard Milian. Comme tout le monde, avec la chance d’avoir ma grand-mère dans la région, j’ai pu approcher des veaux (en particulier grâce au Cercle Taurin Bayonnais). Mais ce n’était qu’une première approche. Dès que j’ai été autonome pour me déplacer, j’ai appelé le Maestro.  L’année d’avant j’étais à Cordoue , je m’étais rapproché de l’Ecole Taurine locale. Il m’avait donné la chance de participer à une paire de tientas et de sortir de second. Cela a confirmé mon envie. Mon apprentissage réel a commencé quand je suis rentré à Adour Aficion. Cela fait presque cinq ans. »

Tertulias :«  Quelles ont été les principales étapes de cet apprentissage?»

Hugo Alquié :  «Un peu compliqué à expliquer, c’est avant tout une construction personnelle. Pour ce faire, il y a aussi un apprentissage technique. Ce ne sont pas des gestes que l’on répète sans leur donner de sens. Il y a des notions de temps, de distances, d’absorption, de déplacement. On apprend aussi à gérer la vitesse de nos gestes mais aussi à mettre la technique au service de la création personnelle. Elle est indispensable mais cela ne suffit pas pour faire quelque chose d’intéressant.

Ce qui est merveilleux c’est que le Maestro nous connait, il adapte sa manière de travailler. On bénéficie de la technique et des conseils d’un matador de toros expérimenté . Mais en plus il nous accompagne au niveau de notre recherche personnelle. Cela va de la manière de prendre un capote à la manière de marcher dans une arène et la manière d’habiter l’espace. C’est plus qu’une Ecole Taurine, c’est une formation personnelle et personnalisée. »

Tertulias :«  Quels sont tes premiers souvenirs devant des vaches ? »

Hugo Alquié :  «Je me souviens d’une arène portative dans un village du Gers. On avait sorti deux becerros pas très forts. On était là-bas tous ensemble. C’est un bon souvenir. »

Tertulias :«  Comment définis-tu ta tauromachie ?»

Hugo Alquié :  «C’est une question un peu compliquée, un peu vaste. En tant que novillero, on n’a pas une tauromachie très définie. Il y a quelques chose que l’on préfère, vers lequel on tend. Parfois le manque de technique ne nous permet pas de faire ce que l’on veut. J’aime les choses classiques, bien faites. J’essaie d’avoir de la pureté. Dans le choix de mes passes, je reste très classique avec des véroniques, des demies, des naturelles et des derechazos. Je fais peu de passes « aériennes », plus impactantes. Je préfère les choses plus simples, plus pures. C’est souvent difficile à mettre en œuvre en non piquée avec des erales qui sont souvent vifs. »

Tertulias :« Quels sont tes matadors de référence ?»

Hugo Alquié : «Parmi ceux en activité, ce sont Pablo Aguado et Juan Ortega. J’aime Curro Romero que j’ai vu en photos et vidéos. Je lis beaucoup d’ouvrages sur la tauromachie. Il y a un matador plus ancien dont je me sens proche. C’est Rafael   « El Gallo ». Plus que son frère Joselito, c’est sa personnalité, sa façon de vivre et ressentir le toreo de façon très pur que j’aime »  

Tertulias :« Comment t’es-tu préparé pour ces débuts à Maurrin ?»

Hugo Alquié :  «Depuis que je suis à l’Ecole Taurine, je m’entraîne beaucoup. Je fais beaucoup de physique. Nous ne sommes pas des sportifs mais il faut que le corps ne soit pas un frein à notre activité. La respiration, le renforcement musculaire sont essentiels pour pouvoir bien faire les choses. Mon corps doit pouvoir me permettre de faire ce que je veux faire.  Le toro, le vent et d’autres paramètres sont souvent difficiles à maîtriser , j’essaie de maitriser tout ceux qui dépendent de moi que ce soit au plan technique ou physique.  »

Tertulias :«  Comment imagine-tu cette journée de vendredi?»

Hugo Alquié :  «La journée va être longue car la course est à 19h30. Je vais essayer de ne pas me faire manger l’esprit. Je vais la vivre comme une journée importante car il y a de la responsabilité. C’est une suite à toutes ces années d’entraînement. On rentre dans le réel et je concrétise tous les efforts que j’ai fait jusqu’à maintenant. Pour moi c’est plus de la responsabilité que de l’appréhension ou du stress. Je veux faire les choses bien tout en sachant que je me suis entraîné pour. Il me tarde que cela arrive. Il y aura l’habillage puis des temps de réflexion personnelle. Je veux tout faire pour ne pas avoir de regrets en sortant des arènes. »

Tertulias :«  Comment vois-tu la suite?»

Hugo Alquié :  « On en discute avec le Maestro et mes compagnons. On est mi-août. Tous les cartels jusqu’à la fin de la saison sont faits. Il est important de marquer les esprits en bien pour débuter la saison 2025 plus tôt. On espère quelques dates en début de temporada qui pourront en déclencher d’autres.  L’objectif est de faire une saison 2025 avec plusieurs dates pour pouvoir montrer mon évolution au public et à ceux qui me suivent. »

Suerte à Hugo et aux organisateurs de Maurrin. L’avenir de la corrida passe par la promotion de tels spectacles et le soutien des apprentis toreros qui débutent. La billetteries est ouverte au 06 10 66 62 15  ou au  06 87 87 01 04    La novillada est au prix de 15€. C’est gratuit pour les moins de 14ans. Le repas qui suit est au prix de 12€.

Propos recueillis par Thierry Reboul

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