Mont de Marsan, les épées de Colombo

Les toros de Cebada Gago ont été mauvais à Vic l’an passé et à Pampelune récemment. La ganaderia de Medina Sidonia a connu un nouveau fracaso, ce vendredi, sur le sable des arènes de Mont de Marsan. Sérieux de présentation, pas forcément tous dans le type, leurs armures astifinas forçaient le respect. Par contre, discrets au cheval, ils semblaient complètement absents au troisième tiers. Pas de moteur, des charges sans baisser le tête, ils étaient difficiles à toréer. Pas difficiles parce que exigeants ou compliqués, mais difficiles parce que mansos sans aucune caste et totalement deslucidos. On imagine combien la corrida, pourtant la plus courte depuis le début des Fêtes, a pu paraître pénible aux spectateurs et probablement encore plus aux toreros.

Trois toreros très différents

Domingo Lopez Chaves pour ses adieux à l’Aficion Française, s’est retrouvé dans la situation de ces presque-retraités à qui on demande de faire un travail complexe et pas très passionnants la veille de leur départ. Ces deux toros ne valaient pas grand chose, le torero de Ledesma a fait à peine le miniimum.

Fernando Robleño, qui reprenait après une blessure, a aussi touché deux toros sans option. Avec le pundonor et le professionalisme qu’on lui connait, il a en particulier à son second, tiré, avec sincérité, le peu de muletazos que les Cebado Gago avaient à proposer. Le public lui en a été reconnaissant.

Jesus Enrique Colombo, banderillero spectaculaire même s’il pose souvent à cornes passées, a encore tout à apprendre de la lidia des toros Ses faenas sont brouillonnes et manquent de construction. Par contre, il est un très grand tueur et l’oreille coupée au premier est venue récompenser une très belle épée qui a « découpé en deux « le toro ». Il a été tout aussi sincère et appliqué quand il est entré à matar au dernier mais, tuer à recibir est toujours alléatoire et après avoir pinché, sa seconde épée a été bien moins rapide d’effet qu’à son premier toro.

Fiche technique

• Arènes de Mont de Marsan, troisième corrida des Fêtes de la Madeleine 2023, six toros de Cebada Gago de peu de caste pour
  • Domingo Lopez Chaves : silence, silence
  • Fernando Robleño : silence, vuelta
  • Jésus Enrique Colombo : oreille, vuelta
• Treize piques, cavalerie Bonijol
• Président : Bernard Sicet
• 9/10ème d’arène
• Il a fait chaud sur les gradins

Le reportage photographique de Philippe Latour :

Toro à toro

Peludo Domingo Lopez Chaves

Le premier,bien présenté,humilie mieux à droite quand Lopez Chaves le reçoit à la cape. Bien mis en suerte, il prend deux piques en poussant à la première. Début de faena, par le haut et à droite le bicho est distrait et proteste. Lopez Chaves lui fait baisser la tête.  A ce bicho de peu de charge, le torero arrache les derechazos un à un. A gauche l’animal proteste encore plus que sur l’autre piton. Le torero essaie de revenir à droite mais le toro n’avance plus. L’épée portée avec engagement est en place et efficace. Silence

Pregonero Fernando Robleño

En deuxième position sort un colorado très armé. Abanto. Il visite le ruedo de long en large . La réception à la cape très autoritaire parvient à le fixer. Mal piqué, le toro prend deux puyazos sans pousser. Colombo est applaudi pour son quite par chicuelinas. Fernando Robleño double le toro puis enchaîne par derechazos. Le toro est court de charge et proteste. Les muletazos sont arrachés à un bicho qui ne se livre pas. La faena est également courte car le toro va très rapidement à menos. L’estocade opportuniste à la rencontre, une demie en place, et un descabello mettent fin au pensum. Silence

Barbero Colombo

Le troisième est lui aussi sérieux de présentation. Il sort abanto. Colombo a du mal à le fixer. Très mal lidié, il prend deux puyazos légers soulevant le cheval à la seconde rencontre. Après un tercio de banderilles qui a porté sur le public, le Vénézuélien débute par doblones, le toro est juste de forces et tardo. La faena reste marginale et manque de construction. Le toro s’éteint et rapidement il ne permet plus rien.  Le torero abrège et va prendre l’épée. Colombo s’engage et tue d’une belle entière très efficace. Pitos au toro,  une Oreille pour l’épée.

Dolorido Domingo Lopez Chaves

Le quatrième ,plus léger mais bien armé, tricote dans le capotazo de Lopez Chaves. Il prend une première pique sérieuse en mettant les reins. La seconde est trasera et carioquée. Le toro,compliqué à fixer, n’inspire pas la confiance aux toreros, et le tercio de banderilles est chaotique. Lopez Chaves  brinde, au public, son toro d’adieu à l’Aficion française.  Le toro est andarin et le torero se méfie du Cebada Gago. Sans charge franche, il ne livre pas et le torero que l’on sent peu enclin à faire un effort, abrège. Domingo Lopez Chaves tue à la première épée mais c’est un prudent et très vilain bajonazo. Silence pour le torero et bronca au toro.

Olivito Fernando Robleño

Rien à reprocher à la présentation du cinquième qui sort lui aussi abanto.Fernando Robleño a du mal à l’intéresser à la cape.  Le Cebada Gago sort seul de la première rencontre et ne pousse pas à la seconde. Il s’échappe de la troisième. Le toro est décasté, deslucido entre autres défauts. Robleño le double puis lui impose deux bonnes séries de trois derechazos. La musique joue à la troisième. A gauche le bicho derrote en fin de passe. Le torero tire quelques naturelles avant de finir par une bonne série à droite. Au contraire de son compagnon de lidia, le madrilène a fait l’effort de tirer ce qui pouvait l’être d’un Cebada Gago aussi mauvais que le quatrième. Le toro lève la tête au moment de l’entrée à matar.  L’épée en résulte plate et basse . Le toro tombe au quatrième descabello. Vuelta du torero

Agualimpia Colombo

Le sixième est lui aussi bien armé. Il désarme Colombo au premier capotazo. Abanto,  il est difficile à fixer. La lidia au premier tiers est brouillonne. Le toro finit par prendre deux puyazos sans pousser. Le tercio de banderilles est dynamique, porte sur le public mais les deux premières paires sont à cornes passées. La troisième est sur la corne. Colombo brinde à Lopez Chaves. Début de faena de rodillas, le toro soso charge en marchant sans conviction. Manso, il part aux planches à la seconde série.La faena, peu construite, ne pèse pas sur un toro qui a un besoin irrépressible de partir aux planches. Le bicho finit par mettre en difficulté le torero à droite. Quelques naturelles pour finir et le Vénézuélien prend l’épée. Le toro pinche une première tentative à recibir. La seconde est efficace et le Cebada Gago tarde un peu à tomber. Colombo fait une vuelta.

Thierry Reboul