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Mugron, voir les vedettes de demain

Mugron, voir les vedettes de demain

Les arènes de Mugron sont prêtes à accueillir les Pâques Taurines 2025. Les bénévoles, venant de 16 communes des alentours, se sont mobilisés pour les repeindre, chercher des sponsors et construire le programme de la journée. Sans compter leur temps, pas loin de 3000 heures de bénévolat en 2024, ils feront tout pour accueillir, avec convivialité,  les aficionados aux arènes de Condrette.

Tertulias a rencontré Frédéric Marcel, un des présidents de la Peña Mugronnaise, qui nous a présenté le programme des 40èmes Pâques Taurines de Mugron.

Tertulias : « Quel bilan tires-tu des Pâques Taurines 2024 ? »

Fréderic Marcel : « L’édition 2024 nous a laissé une impression très mitigée. C’est un mélange de sensations. Sur le plan taurin, nous pensons que nous avons pleinement réussi. Le matin Julio Norte a triomphé et Hadrien Lucq a coupé une oreille. Les novillos de Philippe Bats ont été très bons. L’après-midi, lors de la novillada de Baltasar Iban, s’il y a eu trois novillos sur la réserve, il y en a un qui s’est laissé faire dans la muleta de Chicharro qui a eu un après-midi plein. Sur le plan taurin nous étions satisfaits. Par contre ce ne fur pas le cas pour ce qui est de la fréquentation. La taquilla nous a laissé un goût amer. Nous avions l’impression d’avoir fait les choses correctement au plan de la construction du cartel. La météo était mitigée et a pénalisé. Cela a mis en péril l’équilibre financier de la journée. »

Alejandro Chicharro
Tertulias : « Comment expliques-tu cette réponse insuffisante du public? »

Fréderic Marcel : « C’est la problématique du lundi de Pâques. S’il fait beau le matin, les personnes qui habitent à moins de 50 Km se déplacent. Si c’est venteux, que cela tarde à se lever, les spectateurs potentiels restent chez eux. » 

Tertulias : « La météo était certes plutôt contraire, la programmation n’y est pour rien? »

Fréderic Marcel : « A postériori, le manque de Français l’après-midi peut jouer. Nos meilleures taquillas nous les avons réalisées avec Yon Lamothe, Dorian Canton et d’autres novilleros français à l’affiche. Mais cela n’explique pas tout. »

Tertulias : « Est-ce qu’à un moment la question de ne pas repartir s’est posée ? »

Fréderic Marcel : « Non. Une mauvaise année cela peut arriver et c’est déjà arrivé. Tous les ans nous sommes très sérieux sur nos dépenses et notre budget prévisionnel. Nous sommes conscients qu’il peut y avoir une année ou deux mauvaises années de creux à la suite. Nous sommes préparés à cette éventualité. C’est pour cela que nous gérons cette organisation en « bons pères de famille ». Nous savons depuis 40 ans que notre novillada existe, que la taquilla peut être impactée par des aléas climatiques. Nous sommes indépendants et autonomes et notre gestion est d’autant plus sérieuse. Il n’y a pas, à ce jour, d’inquiétudes sur la pérennité malgré une augmentation de tous les coûts d’organisation que nous ne répercutons pas entièrement sur le prix des entrées. »

Tertulias : « A l’issue de la novillada, êtiez-vous déjà en train de réfléchir au coup d’après et sur les évolutions possiblesà amener à votre ligne directrice? »

Fréderic Marcel : « Changer tout, c’est très compliqué. Le week-end de Pâques est ancré dans les habitudes des aficionados. Il est hors de question pour nous de changer de date. Par contre, nous réfléchissons en permanence à essayer de trouver des sources de recettes supplémentaires. Nous nous sommes penchés sur le sujet dès le lendemain de la novillada. Cela passe par un investissement plus important des bénévoles, par la recherche de partenaires financiers, d’idées d’animations pour faire rentrer de l’argent dans les caisses. »

Tertulias : «En termes de partenariat, avez-vous des difficultés pour trouver des partenaires qui acceptent d’accoler leur nom à un spectacle taurin? »

Fréderic Marcel : « Ce qui est difficile, c’est que notre bassin économique n’est pas extensible. Nos partenaires sont aussi sollicités par le rugby, le basket et la course landaise. Je n’ai pas l’impression que cela les dérange d’être partenaires des Pâques Taurines à Mugron. Les partenaires ont une image festive, sympatique de notre journée qui plus est très ancrée dans notre territoire. Nos partenaires sont fidèles et attachés à ce que nous faisons dans nos campagnes. »

Tertulias : « Est-ce que vous arrivez à attirer de nouveaux partenaires. Quel est l’argumentaire pour les convaincre à devenir un de vos sponsors? »

Fréderic Marcel : « Oui, il y en a quelques-uns. L’argument , c’est de venir passer un bon moment avec nous. Ce sont des personnes que nous côtoyons au quotidien. Le capital sympathie joue beaucoup. Ils aiment bien notre image de personnes sérieuses mais qui restent simples et conviviales. »  

Tertulias : « Ce sera la troisième année consécutive que Mugron programme les Baltasar Iban, pourquoi et ne risque-t-il pas d’y avoir un effet de lassitude  ? »

Fréderic Marcel : « Il est tout à fait légitime de se poser la question sur le risque de lassitude. A Mugron, nous avons encore en tête la novillada mémorable de 2015. Les Baltasar Iban avaient vraiment mené un combat incroyable tout au long de l’après-midi. Ils ont confirmé par la suite avec les corridas de 2022 et 2023 à Vic. En 2024, ils ont eu le meilleur toro de la San Isidro. La Féria madrilène c’est quand même 25 spectacles et le meilleur toro est un Baltasar Iban. Sur les sept novilladas d’Arganda del Rey, toutes plus armées les unes que les autres, le meilleur lot a été celui de Baltasar Iban. Pour nous ce sont des toros solides. Nous aimons ce mélange Aldeanueva/ Contreras qui est parfois noble, souvent piquant et tout le temps intéressant. La lassitude viendra peut-être un jour mais pour l’instant ce n’est pas le cas. »

Tertulias : « Du côté de Baltasar Iban, est-il facile de revenir à Mugron alors que c’est un fer aujourd’hui très sollicité? »

Fréderic Marcel : «Il est clair que la ganaderia n’a pas besoin de Mugron pour briller. Par contre, à force de nous côtoyer, je pense qu’ils apprécient la manière de travailler en France. Ils apprécient l’Aficion française, le sérieux de nos organisations. C’est aussi important pour eux de lidier un lot en début de saison alors que toutes les férias de novilladas en Espagne ont lieu en septembre. De plus Mugron est une petite arène où les novillos peuvent s’exprimer. »

Tertulias : « Comment peut-on décrire le lot 2025? »

Fréderic Marcel : « Il ressemble au lot de 2024. Il est bien proportionné. On sait que c’est un toro harmonieux , qui bouge, n’a pas de faiblesse. Les têtes sont bien présentées sans être terrorifiques. Pour une arène comme la nôtre, c’est parfait. » 

Tertulias : « C’est un élevage qui auprès des toreros a une certaine réputation. Est-il de facile de concocter un cartel de novilleros qui vous conviennent et qui acceptent de venir ? »

Fréderic Marcel : « Cette année, nous avons contacté trois novilleros et les trois ont répondu favorablement. Je pense que les toreros et ceux qui s’occupent d’eux savent qu’avec ce fer il va y avoir de l’émotion et des possibilités de triomphe. Malgré que cela soit un nom qui puisse inspirer quelques craintes, c’est un élevage qui permet régulièrement aux novilleros et aux matadors de triompher et en particulier quand il s’agit de frapper un grand coup en début de saison. »

Tertulias : « Quels sont les trois novilleros choisis? »

Fréderic Marcel : « EmilIano Osornio, a impacté fortement à Arnedo et à Villaseca de la Sagra face à des Los Maños et des Concha y Sierra ou Partido de Resina. Les Baltasar Iban ne lui font pas peur. El Mene, en 2024, a pris des élevages tout aussi renommés. Pour Julio Mendez, c’est différent. Il monte en piquée. Pour lui c’est un vrai défi qu’il a accepté. Tomas Bastos l’avait accepté en 2023, Tristan Barroso l’avait accepté l’année d’avant. Je pense que ce sont des novilleros qui ont beaucoup de pundonor. Ils ont la technique et le courage pour prendre des Ibanes. »

Tertulias : « Tristan et Tomas étaient des débutants et à la limite de leurs possibilités. Intégrer au cartel quelqu’un de plus expérimenté que Julio Mendez a t’il été une option? »

Fréderic Marcel : « C’est effectivement un sacré défi. Mais Julio Mendez est dans une école taurine où il voit du toro tous les jours. C’est potentiellement un futur crack. Nous essayons de mettre en troisième un jeune inédit  (ils le seront d’ailleurs tous les trois en piquée en France). On préfère un jeune talentueux même si c’est difficile pour lui qu’un chevronné qui n’y arrive pas. Nous sommes très contents d’avoir choisi cette terna. »

Tertulias : « Comment vous est venue l’idée de mettre au cartel un novillero mexicain? »

Fréderic Marcel : « Nous sommes très amis avec un groupe (de jeunes) d’Arnedo. Depuis 10 ans, ils viennent aux Pâques Taurines à Mugron. En échangeant avec eux, ils nous ont parlé de ce jeune torero. Ils nous ont parlé de son toreo très calme, profond, alluré. Il a ce détachement qu’ont souvent les Sud-américains mais sans le côté virevoltant et spectaculaire. C’est un mexicain atypique. »

Tertulias : « El Mene est un torero classique qui va beaucoup toréer en France? »

Fréderic Marcel : « Il sera la veille à Arles puis il fera ses débuts dans le Sud-ouest chez nous. Au-delà du torero, on va avoir un gamin qui a très faim. Nous aimons ce type de torero, comme Chicharro, qui forge leur destin. Pour El Mene, cela n’a pas toujours été facile mais je pense qu’il atteint la plénitude de sa technique de novillero. Il amène avec lui un personnalité grave comme l’était El Viti. Avec Osornio et El Mene, nous ne pouvions pas mettre un troisième torero classique presque austère. Il fallait un torero spectaculaire. Il y aura une vraie opposition de style avec Julio Mendez. »

Tertulias : « Quelle est le programme de la non piquée? »

Fréderic Marcel : «Tout d’abord, nous restons fidèles à la non piquée. Chaque année, nous faisons une belle entrée. C’est un spectacle familial qui est à la portée de tout le monde. Pour nous, c’est aussi une satisfaction de voir les premiers pas de novilleros. Il y aura deux français qui vont vouloir triompher à Mugron. Pour Hadrien Lucq, ce sera sa troisième participation. Il devrait confirmer les progrès entrevus en 2024. Ce sera un mano à mano Sud-est / Sud-ouest avec la participation de Clovis Germain. »

Hadrien Lucq
Clovis Germain
Tertulias : « Et pour la ganaderia ? »

Fréderic Marcel : « Ce sera comme d’habitude Alma Serena. C’est un long mariage entre Mugron et l’élevage de Philippe Bats. Mais il est difficile de divorcer quand tout va bien. Les erales de ce fer sont toujours présentés, solides et ils donnent du jeu. Avec Philippe, c’est une relation de confiance. » 

Tertulias : «Qu’est ce qui est prévu autour des deux moments taurins de la journée? »

Fréderic Marcel : « Le week-end de Pâques devrait être un week-end ( je croise les doigts) très festif puisque le dimanche l’US Mugronnaise joue son maintien. Cela devrait être le point de lancement d’une fin de semaine de fêtes. On attend beaucoup de monde pour notre soirée du dimanche. Nous avons changé la formule des repas du lundi midi pour que tout le monde y trouve son compte. Il y aura un repas haut de gamme dans la salle Henri Emmanuelli animé par les sévillannes d’Hagetmau et un repas sur le pouce avec une paella aux arènes. »

Tertulias : « Y-a-t-il des tarifs pour les jeunes ? »

Fréderic Marcel : « Le matin, c’est gratuit jusqu’à 18 ans. L’après-midi, c’est gratuit jusqu’à 16 ans et demi-tarif jusqu’à 22 ans. »

Tertulias : « Donne nous trois raisons pour qu’un spectateur vienne à Mugron le lundi de Pâques ! »

Fréderic Marcel : « Comme tout organisateur, nous essayons d’aligner les planètes, de mettre tous les arguments pour que cela soit réussi en piste. Avec les Baltasar Iban, répétés pour la quatrième fois chez nous. Plus le temps avance et plus nous nous approchons du jour où va sortirle toro de bandera dont on va parler pendant dix ou quinze ans.

Deuxième argument, dans ce contexte économique et politique anxiogène, il ne fait pas bon rester à la maison à se torturer l’esprit. Je pense qu’il est d’utilité publique de venir à Mugron (sourires), y prendre beaucoup de plaisir en passant un bon moment avec nous et repartir avec des souvenirs pleins la tête. 

J’ai pu constater dimanche à Gamarde qu’il y avait un bel engouement pour notre Culture Taurine. J’espère que cela va se confirmer et que les aficionados viennent dans nos petites arènes. Ils pourront y voir les vedettes de demain. José Tomas, Morante, Rufo, Ginès Marin, Daniel Luque, Castella, Ferrera, Conde, Aguado sont tous venus à Mugron.»

Merci Frédéric et suerte à nos amis mugronnais pour ces 40èmes Pâques Taurines. La réservation est ouverte 2 place de la Laîcité à Mugron ou en ligne (téléphonique) au 05 58 97 74 45 . Les équipes de la Peña vous attendent de 10h à 13 h du 07 au 19 avril inclus.

Propos recueillis par Philippe Latour et Thierry Reboul

Une réflexion sur “Mugron, voir les vedettes de demain

  • CAROLINE MOREAU

    j’adore , c’est super. vous connaissez Kevin Ribeiro ? c’est mon pt neveu.

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