Plaisance le 14 juillet : toros et convialité
A Paris, le 14 juillet c’est le grand défilé militaire. En France, ce sont les bals des Pompiers. Dans le Sud-ouest, c’est la journée conviviale et taurine organisée par la Peña Vivement 5 heures à Plaisance du Gers ce 14 juillet. Tertulias a rencontré Olivier Kandel, vice-président de la Peña , qui nous en a présenté le programme.
Tertulias : « Comment a commencé l’aventure à Plaisance du Gers ? »
Olivier Kandel :« Plaisance a commencé, il y a vingt ans, en 2002. Une bande de copains qui étaient très portés rugby , dont quelques passionnés, de toros se sont dit, lors d’une soirée, pourquoi ne pas faire une corrida à Plaisance. Il y avait des arènes de 1200 places. A l’époque, forte tradition de courses landaises étaient fortes. Ils ont lancé l’idée dans une soirée. Au départ, Au départ cinq ou six puis d’autres sont venus les rejoindre. Ils ont ensuite créé une association. et ont monté une non piquée. »
Tertulias : « Pourquoi une non piquée ? »
Olivier Kandel : « Les arènes ne sont pas très grandes. Elles peuvent accueillir 1200 personnes au plus. Il n’était pas possible de se lancer dans un spectacle plus lourd. De plus, les personnes à l’origine du projet se sont fixé pour objectif de le monter et le financer eux-mêmes. Ils voulaient tout maîtriser du choix des toros à celui des toreros. Dès le début l’aspect convivialité et le côté gersois a été mis en avant. La Peña s’est choisi un nom français « Vivement 5 heures ». Plaisance s’est aussi la tradition du bien vivre, de la gastronomie gersoise mariés à la tauromachie espagnole.
Rapidement s’est installée une idée. La Peña s’appelle « Vivement 5 heures » On a toujours voulu avoir des toros français. En général, on alterne une année Sud-est avec une année Sud-ouest. Ce n’est pas toujours vrai, mais c’est notre objectif. On a évolué vers un choix de deux élevages qui fournissent trois toros chacun. La non piquée nécessite que l’on ait des novillos bien présentés. On essaie de choisir des toreros qui banderillent. C’est difficile aujourd’hui mais on essaie d’en avoir au moins un ou deux. »
Tertulias : « Quel est l’ADN de la Peña Vivement 5 heures? »
Olivier Kandel : « C’est la convivialité et les toros. Il est très important de maintenir la tauromachie des villages. Nous avons 80 bénévoles dont la moitié ne sont pas aficionados. Ils viennent donner un coup de main pour l’aspect convivial C’est aujourd’hui compliqué de faire vivre les petites arènes. Notre défi est de donner les clés du camion aux jeunes. J’ai accepté d’être co-président avec un jeune, Cyril Sorbet, qui a attiré quelques amis de sa génération et qui en attireront d’autres. La présence de ces jeunes et, une solidarité plus forte entre grandes et petites arènes sont essentielles, si on veut préserver la tauromachie. »
Tertulias : « Quels ont été les faits qui ont marqué ces 20 ans ? »
Olivier Kandel : « On a un torero très connu qui a failli venir chez nous mais qui s’est blessé quelques jours avant la novillada. C’est Roca Rey. On n’a jamais eu de grands toreros même si certains comme Juan Leal sont aujourd’hui connus, mais pas de figuras. Nous choisissons, même si on le perd un peu aujourd’hui un français, un espagnol et un américain. On se réconforte en disant que nous faisons notre job d’organisateurs de non piquée.
Nous donnons la chance à des jeunes, à eux de la saisir. Les premières courses avec des toros de Gallon ont laissé des souvenirs et étaient alors prisés. Ils étaient assez forts et donnaient du jeu. Les erales du Lartet ont permis d’avoir quelques après-midi mémorables. Ils ont permis à Paul et Jérôme d’avoir des prix. Ils recevront d’ailleurs le jour de la novillada, à midi, celui des critiques taurins du Sud-ouest de 2019. Cette récompense n’a pas pu, à cause de la pandémie, leur être remise.
Les souvenirs sont plus en interne pour les organisateurs, les membres de la Peña. On s’occupe de tout et en particulier des problèmes de dernière minute. Parfois on a géré des toreros qui ne pouvaient pas, la veille, venir. On a des toros qui arrivent au dernier moment. En 2006 un des erales avait l’air malade. Pendant une soirée, on se demande si on doit le sortir ou pas. Ce qui est amusant c’est qu’il y a une énorme passion dans l’équipe. Parfois on se monte la tête comme si nous organisions une corrida à Madrid ou Bilbao. On a plein de souvenirs des situations de stress que nous avons vécues et résolues ensemble. »
Tertulias : « Quel est le programme de ce 14 juillet à Plaisance ? »
Olivier Kandel : « D’habitude on fait une tienta , un spectacle taurin le matin. On fait souvent appel à l’Ecole taurine Adour Aficion de Richard Milian. Richard commente ce qui se passe en piste. Cela a un côté pédagogique qui permet aux gens du coin de mieux connaître la tauromachie. Cette année on ne peut pas la faire.
Nous avons fait le choix de monter une course goyesque pour marquer le coup pour cette 20ème novillada. Un des membres du club nous a proposé un projet autour de Goya. Les arènes ont été repeintes en rose, avec l’accord de nos amis de la course landaise. Il y aura 14 représentations de toros collées sur les planches. Le kiosque à musique, les gradins seront décorés. Il y aura une exposition de photos retraçant les 20 années qui sera dispatchée tout autour des arènes. Cela permettra de se rappeler des souvenirs que nous avons partagé tous ensemble
La veille au soir, il y a une course landaise. Nous avons juste la matinée pour tout installer dans et autour des arènes.
On fera quand même, le matin, un petit encierro pour les enfants et une séance de toreo de salon devant les arènes. A chaque fois que nous le faisons cela plait. Les gens sont contents de manipuler capes et muletas. Cela peut être convivial et faire plaisir aux gens.
Le matin à 11h, il y aura un apéritif avec le concert d’Al Violin. Ce groupe musical vient depuis des années. Ils aiment beaucoup Plaisance. Nous, on les aime aussi beaucoup. A midi, il y aura le déjeuner de l’Aficion et à 15h , un spectacle flamenco et sévillanes (gratuit).
A 18h, il y aura la novillada goyesque. Il y aura une petite mise en scène avec une calèche dans lesquels arriveront les toreros. Tous les acteurs de la novillada porteront les costumes de l’époque de Goya. Tout cela a un coup, c’est un risque. Il a fallu louer les costumes pour les areneros, les toreros
Tertulias : « 2022 est une date anniversaire aussi pour la Bastide de Plaisance ? »
Olivier Kandel : « On fêtera nos 20 ans après deux ans de galère avec le COVID en 2020 et en 2021 avec le seul 14 juillet pluvieux depuis 19 ans. On était un peu cassé. On s’est dit on repart en « flamboyant ». C’est aussi les 700 ans de la Bastide de Plaisance du Gers. En 2022, il y a un week-end festif par mois. Dans ce cadre, nous avons relevé le gant en participant à notre manière à cette commémoration. Le soir, il y aura un repas « plato combinado » à l’issue de la novillada. Et à 22h30, il y aura une descente sur L’Arros , la rivière juste derrière les arènes, de barques illuminées. Il y aura ensuite un spectacle pyrotechnique sur la rivière. Pour le coup, le village renoue avec ses traditions puisque, dans les années cinquante-soixante, il y avait, lors des fêtes de Plaisance, ces barques. »
Tertulias : « Quel est le cartel de la novillada ? »
Olivier Kandel : « Cette année était une année Sud-ouest. On a décidé pour notre 20ème novillada de mettre à l’honneur les éleveurs du Gers à savoir la famille Bonnet et Jean Louis Darré. Il y aura trois toros du Lartet et trois de L’Astarac. Pour les toreros, il y a Tristan Barroso. Il a été excellent au Bolsin de Bougue. Il nous parait sérieux, il a de l’expérience. C’est important car nous choisissons des erales bien présentés, il faut que les jeunes qui se mettent devant, aient la capacité de les affronter. En second il y a un novillero de Salamanque Roberto Martin « Jarrocho ». Il pose les banderilles. Roberto a une tauromachie assez sérieuse. Le public français l’a vu à Magescq. Il est moins connu mais on lui fait confiance.
En troisième, on se faisait plaisir d’accueillir Manuel Roman Alvarez de Cordoue. Ce poste lui revenait naturellement. Il a gagné le Bolsin de Bougue et depuis des années nous engageons le vainqueur de cette compétition. Il y avait fait forte impression. Nous avons appris, il y a quelques jours qu’il lui a été proposé un contrat à Bilbao le 14 juillet. Nous avons accepté sans difficulté de le libérer de son engagement. Il sera remplacé par Nino Julian du Centre Français de Tauromachie. Il est venu l’an dernier et a fait bonne impression. En balance avec Rafael Ponce de Leon. Il y a eu débat puis nous nous sommes mis d’accord sur Nino Julian. Il posera probablement les banderilles. »
Tertulias : « D’où vient le public qui participe à cette journée taurine ? »
Olivier Kandel : « On a un public mixte. On a la réputation, avec les 80 bénévoles, de bien faire les choses pour la partie festive. Cela nous attire du monde extérieur et des gens du coin qui ne voient qu’une course par an. Il y a aussi des gersois, des landais. Cette année, notre projet de goyesque, attire des gens qui viennent de plus loin, de Toulouse par exemple. »
Tertulias : « Qu’est ce qui fera qu’à la fin de la journée que les organisateurs de Plaisance seront contents ? »
Olivier Kandel : « En premier lieu, ce qui nous émeut c’est que le spectacle taurin ait bien fonctionné. Quand les toros ont été bons et les gamins à la hauteur, nous sommes contents. Nous sommes aussi satisfaits quand le public a pris du plaisir et que, après la course, autour des arènes les gens aient le sourire aux lèvres. Pour nous convivialité et toros sont deux éléments indissociables. On ne demande pas d’avoir 25 oreilles, on veut des erales dont on peut être fiers et des jeunes qui s’en sont bien sorti. Pour nous le plaisir pris par le public, autour et dans les arènes est très important. »
Merci à Olivier de nous avoir accordé cette entrevue. Rendez vous le 14 juillet à Plaisance du Gers.
Pour réserver repas et billets pour la novillada : Réservation pour le repas de l’aficion et la novillada
v5h@vivement 5 heures 06 64 92 95 40 ou Chez Florence Coiffure (25 rue Adour) à Plaisance du Gers.
Propos recueillis par Thierry Reboul.
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