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Pourquoi faut-il aller à Arzacq?

Pourquoi faut-il aller à Arzacq?

La temporada taurine 2025 démarre dans un contexte particulièrement préoccupant pour les organisateurs de spectacles taurins en France. Les récentes annulations des corridas d’Eauze, La Brède et Vieux Boucau ont tiré la sonnette d’alarme sur la fragilité de ces événements, souvent à la merci du bon vouloir des municipalités.

Restrictions économiques, retournement de veste politique, calcul electoraliste … les raisons sont diverses et variées pour expliquer les difficultés que nous espérons ponctuelles de certaines organisations quand elles sont dépendantes du soutien des collectivités locales.

Face à ces difficultés, il devient plus que jamais indispensable que les aficionados répondent présents dans les gradins afin que les organisateurs qui se veulent indépendants puissent continuer à proposer des spectacles

A Arzacq en Béarn, dans une arène couverte de 1000 places, depuis 2014, le club taurin local organise une novillada sans picadors. Bénévolat, bonne volonté et débrouillardise sont les maîtres mots de Jean Dubroca et des membres du club taurin local en charge de l’organisation. Et c’est toujours sur le fil du rasoir que se dresse le bilan économique « En 2024, la fréquentation a été bonne. On a fait plus de 600 entrés et servi 500 repas.  Ce qui est correct pour nous. On a vraiment besoin d’avoir du monde sur les gradins car nous n’avons aucune subvention de la mairie ou d’autres structures. Nous devons compter sur la taquilla, les repas, la buvette et les sponsors.  Et encore le partenariat c’est de plus en plus compliqué. Par ailleurs tout augmente mais pas les recettes. » nous a t’il dit.

Programmation

N’oublions pas que dans les endroits qui vont baisser pavillon cette année que soit à La Brède, Eauze, Vieux Boucau (et Castelnau Rivière Basse), la fréquentation 2024 n’a pas été au rendez-vous des attentes avec des cartels très différents.

C’est pour cela qu’il faut dans la programmation faire preuve d’inventité, d’originalité et de pertinence pour attirer le challand  » L’an dernier, c’est Jairo Lopez qui a triomphé et remporté le trophée du Jambon de Bayonne de Cristal. Nous avions beaucoup misé sur Tomas Bastos qui avait marqué les esprits en 2023. Il nous a déçu. A quelques jours de son passage en piquée, il avait probablement plus la tête à Olivenza qu’à Arzacq.  C’est une des premières fois où nous mettions un torero prêt de passer à l’étage supérieur. Notre politique est plutôt de mettre des jeunes en début de carrière et inédits en France.

Bruno Martinez a été intéressant et nous a amené du monde. Une trentaine de ses supporters sont venus de Navarre. Le jour de la présentation de Victor en 2023, il était venu avec plus de cent supporters. Ce phénomène n’est pas négligeable pour des organisateurs comme nous. Les sud-américains comme Jairo Lopez déçoivent rarement. Ils arrivent prêts, avec une tauromachie variée en particulier à la cape. Pour un public comme le notre qui n’est pas très aficionado et parfois un peu froid cela met de l’ambiance. Les novillos de Gallon ont fonctionné peut-être un peu moins bien que les deux années précédentes mais ils ont quand même servi les toreros.« 

Rareté et cherté

Comme on peut s’en rendre compte, chaque place vendue est importante, chaque repas pris sur place l’est tout autant. Alors il faut travailler la programmation de sa journée taurine de façon à ce qu’elle soit la plus attractive possible en dépit des obstacles. 2025 est une année de pénurie en matière de toros bravos. Même pour une non piquée, Arzacq s’est heurté à bien des difficultés cette année «  Cela a été compliqué de trouver des novillos. Michel Gallon avec qui nous collaborions depuis trois ans n’avait que sept erales à nous proposer en avril l’an dernier ce qui est peu et ils manquaient de charpente. A notre grand regret, nous n’avons pas pu répéter cette année l’élevage.

Ne trouvant rien, côté français, nous avons opté pour des erales de Sepuvelda de Yeltès. Nous avons pu choisir parmi une quarantaine d’entre eux. Des toreros qui ont tienté chez Sepuvelda nous ont confirmé que la ganaderia remonte bien après avoir changé d’encaste. Les origines ne sont plus d’Atanasio. Les sementales sont du Conde de Mayalde et les vaches d’origine Sanchez Arjona. Pour le ganadero, ces toros sont d’encaste Sepuvelda.  La ganaderia va sortir aussi à Castellon (après un passage réussi l’an dernier) et pour le certamen de Las Ventas. Le lot est bien présenté. Ce fut aussi difficile de trouver deux vaches pour l’Ecole Taurine Adour Aficion. Les ganaderos landais n’en ont que très peu de disponibles. On en a trouvé finalement chez Aiguillon, qui d’origine La Paluna. « 

C’est bien connu, la rareté créée la cherté. Arzacq donne l’opportunité au torero du cru de toréer un toro, ce ne fut pas sans mal cette année « Le matin Dorian va toréer en lidia complète un toro et on a eu beaucoup de mal pour le trouver. Les prix étaient astronomiques jusqu’à 7000 euros pour un animal. C’est le prix qu’un ganadero peut obtenir en le réservant pour un spectacle de rue. Ce prix là pour nous est tout simplement impossible. On a fini par se mettre d’accord avec Sepuvelda de Yeltès. »  

Dorian Canton à Arzacq
Côté piétons

Même pour le cartel piétons, 2025 a réservé sa difficulté « côté toreros, nous avions fait un premier cartel. Juste au moment de l’annonce, un des novilleros a décidé de mettre un terme à sa carrière. Elève de l’Ecole Taurine de Saragosse, nous espérions qu’il soit accompagné par quelques supporters. Après réflexion, nous avons décidé de le remplacer par Alfonso Morales qui faisait partie de notre short-list. Nous l’avons vu à la télévision car il a fait les novilladas de Canal Sur. C’est un torero classique.« 

Heureusement pour les organisateurs, ils n’ont pas eu à subir d’autres avatars et les deux autres toreros sont bien ceux choisis à l’origine « Il y a Clovis que nous suivons depuis un bout de temps. Il a seize ans. Nous l’avons vu lors de ses débuts triomphaux à Fourques.  C’est un très bon toreo. Il vient de l’Ecole Taurine de Béziers et est accompagné par Thomas Cerqueira et Thomas Dufau. Il est complet dans les trois tiers car il pose les banderilles. C’est un plus pour un public comme celui qui vient à Arzacq. C’est un torero qui va pas mal toréer cette année en France et en Espagne. Fernando Vanegas, le troisième du cartel, pose aussi les banderilles. Cela devrait créer de la competencia. Fernando est le frère de Manolo. Il est à l’Ecole Taurine de Salamanque. Il va faire ses débuts en costume de lumières chez nous. « 

Clovis
En conclusion

Se rendre à Arzacq en ce début de temporada, n’est-ce pas donc bien plus qu’assister à un spectacle? C’est sûrement affirmer son attachement à une culture, défendre la liberté des organisateurs, donner du poids aux structures locales qui portent ces événements à bout de bras. Dans un contexte où chaque manifestation taurine hors grande feria, semble sur la sellette, remplir les gradins d’Arzacq est une nécessité. L’appel est donc lancé aux aficionados. Ne laissons pas les opposants et les politiques dicter l’avenir de la tauromachie en France. Soyons nombreux à Arzacq pour montrer que la passion taurine est toujours vivante et prête à se battre pour perdurer c’est toujours mieux que de signer une pétition en pure perte. Les actes sont toujours plus forts que les paroles

Le programme complet
  • 9h00 : Casse-croûte Béarnais
  • 10h30 : Fiesta Campera de l’ACOSO pour les élèves d’Adour Afición. A l’issue, le torero béarnais, Dorian Canton, combattra un toro-novillo de Sépulveda (entrée gratuite)
  • 13h00 : Repas de l’Afición (Hall des Sports). Animation musicale par le groupe Alegria Gipsy
  • 16h30 : Novillada sans Picadors Novillos de SEPÚLVEDA pour Alfonso MORALES, CLOVIS, Fernando VANEGAS

Pass journée : 38€ Novillada : 20€ (gratuit pour les moins de 18 ans)

Réservation au 06 79 78 64 94

Thierry Reboul – Philippe Latour

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