Rion, il s’appelle Tomas Bastos
Il est portugais, étudie à Badajoz, il s’appelle Tomas Bastos et il a enchanté les arènes de Rion des Landes. Vu cette saison à Bougue, Mont de Marsan, Plaisance du Gers, le jeune novillero confirme de course en course qu’il a tout d’un grand. Torero dans l’âme. Il allie un vrai sens artistique et une capacité à lidier même les mansos impressionnants. Il ne faut jamais s’enflammer, même si l’aficionado aime à le faire, mais Tomas Bastos a rappelé aux plus anciens d’autres débutants nommés Emilio Muñoz et El Juli. Le jeune garçon est vraiment à suivre et on ne peut que lui souhaiter de concrétiser les espoirs que les aficionados présents à Rion ont vu en lui. En attendant, il a ouvert la Porte Nicolas Fraile et a été le triomphateur de cette belle journée à Rion des Landes.
Face à des Valdefresno mansos et faibles, Andoni Verdejo et Salvador Herrero, le plus mal servi par le sorteo, n’ont pas démérité et ont gardé intact leurs cartels.
Les toros
Légers et très faibles, les novillos de Nicolas Fraile de Valdefresno ont été décevants. On est loin, depuis plusieurs éditions, des lots qui ont fait l’histoire commune de la ganaderia et de la placita de Rion des Landes. Heureusement les novilleros ont su, au moins partiellement, corrigé les défauts du bétail.
Les toreros
Andoni Verdejo coupe une oreille à son premier. Il a su en début de faena exploiter les quelques muletazos que le toro, juste de forces, offrait. Il a bien tué. A son second Andoni Verdejo perd à l’épée le bénéfice d’une très bonne seconde partie de faena avec de très bons passages à gauche.
Le second était très faible. Salvador Herrero s’est appliqué, a fourni des efforts mais difficile d’oeuvrer avec si peu de matériel. Très mal servi au sorteo, Salvador Herrero a essayé mais il n’y avait rien à tirer du cinquième.
Tomas Bastos est un torero complet. Bon lidiador, il est élégant. Sa lidia au troisième a permis de compenser la faiblesse du novillo puis de le faire aller à mas et permettre une très bonne conclusion. Tomas Bastos coupe deux oreilles malgré une épée basse. Le sixième toro était tardo, querencioso et décasté, pourtant Tomas Bastos a construit une grande faena avec des moments de très grande classe. La gestuelle, le choix des terrains, la lidia et le sens artistique sont ceux d’un torero d’avenir. Mise à mort en deux tentatives et oreille méritée.
Fiche technique
- Arènes de Rion des Landes, novillada non piquée des Fêtes 2023. Six erales de Nicolas Fraile de Valdefresno pour
- Andoni Verdejo: oreille, salut (avis)
- Salvador Herrero: silence, silence (avis)
- Tomas Bastos: deux oreilles, oreille
- Vuelta discutée au troisième
- Président: Lionel Lohiague
- 6/10ème d’arène
- Un peu de vent et beaucoup de chaleur
Le reportage photographique de Matthieu Saubion
Toro à toro
Pompito Andoni Verdejo
Le premier est haut et léger. Il est bien reçu à la cape par Andoni Verdejo. Il manque de forces. L’élève d’Adour Aficion réalise un bon quite en réponse à Salvador Herrero. Le novillo est suelto et court de charge. Andoni le toréé à mi-hauteur à droite avec aguante et douceur. A gauche le novillo a tendance à partir. Toro et faena vont à menos. Le Valdefresno finit décomposé. Un pinchazo et une entière en place ont raison du novillo. Oreille
Dudito Salvador Herrero
Le second est gacho. Il sort abanto. Salvador Herrero le fixe avant que Bastos ne fasse un bon quite. Le novillo est blendo et faible. Début par des doblones light, le novillo tombe. Il est soso. La faena manque d’intérêt et d’émotion malgré les efforts du novillero. Quelques bons muletazos et beaucoup d’ennui, la mise à mort est approximative et laborieuse. Un avis et silence.
Campanero Tomas Bastos
Le troisième est un joli burraco. Tomas Bastos le reçoit avec élégance à la cape. Le novillero répond par véroniques en parones à un bon quite de Verdejo. L’élève de Badajoz pose deux bonnes paires de banderilles. Début de faena de rodillas le novillero enchaîne sur deux bons derechazos. Séries suivantes, le toro n’humilie pas. A gauche, le torero est élégant et efficace mais le bicho manque de charge. Bastos est très au-dessus du Valdefresno. Il finit par tirer de très bons muletazos à un novillo qui va à mas. Le torero s’engage et met une épée tombée rapide à faire effet. Deux oreilles malgré l’épée et mouchoir bleu qui ne s’imposait pas.
Madrileno Andoni Verdejo
Le quatrième est léger. Il est abanto et distrait. Andoni Verdejo commence sa faena par des doblones. Le Valdefresno est noble mais demande une lidia ferme. Le début à droite est heurté. A gauche la faena prend une autre dimension. Le Français peut mettre en place sa tauromachie et donner des naturelles templées et élégantes. Le novillo finit par partir aux planches. Andoni le sort de ce terrain et donne de très jolis derechazos. Trois quarts de lame contraires puis le torero pinche avant de mettre trois quarts tombés et deux descabellos. Salut après un avis
Madrileno Salvador Herrero
Le cinquième est bizco. Lui aussi sort abanto. Le novillo part aux planches au second tiers. Salvador Herrero le double avec efficacité. Le novillo a peu de charge et donne des coups de tête. Le torero s’applique mais le novillo a peu d’options. Le Valdefresno va de menos à peor. Il se réfugie dans les planches au moment de tuer. De ce fait la mise à mort est difficile. Silence
Buscador Tomas Bastos
Bien reçu à la cape par Tomas Bastos, le toro permet un bon quite à Andoni Verdejo. Le novillero pose trois grandes paires de banderilles. Beaucoup d’aguante dans les premiers muletazos et de classe dans les suivants. Le torero est décidé mais le toro part aux planches. Bastos le remet au centre. Grande démonstration de lidia et de poder sur un périmètre restreint, le novillero choisit le bon terrain, le bon sitio et la bonne manière pour tirer des grands muletazos à un manso de gala. Les bernardinas de conclusion sont excellentes. Le jeune portugais a inventé un toro à la manière d’un Luque ou d’un Roca Rey. Un pinchazo, une demie, l’oreille est largement accordé.
Thierry Reboul