San Isidro 26 mai : quand Madrid se fâche!

Ce cartel si andalou , bigre plutôt si sévillan, avait attiré la foule des grands jours. Le lleno de no hay billetes (un de plus), le soleil radieux , l’élégance dans les gradins, bref il y avait un peu de maestranza dans la majestueuse et austère Las Ventas. Messieurs Morante mais surtout Ortega et Aguado avaient été un peu chahutés lors de leur précédente visite , et le Juan Pedro Domecq sorti pour l’encerrona d’Ureña avaient soulevé son lot de critiques. Bref il y avait de la revanche dans l’air et de l’exigente attente dans les gradins. Pour tout dire le fond a été clairement touché, les toros mal présentés et au moral plus que contestable ont plombé la corrida. Qui plus est côté torero ce ne fut guère reluisant. Alors que piste trop dure oblige, Morante avait dit-on fait changer tout le sable en fin de matinée , il ne fit rien de la soirée. Il fut vite évident qu’ il n’en avait aucune envie. Juan Ortega esthétise, cela peut être agréable à regarder mais aujourd’hui c’était hors de propos. Pablo Aguado avec le 3ème aurait pu faire un peu mieux, et au 6ème un peu plus court. Soirée de frustration et de colère résumé par la banderole brandie par le 7 « hay que recuperar el toro de Madrid »

Fiche technique :

• Arènes de Las Ventas (Madrid) : 19ème festejo de la San Isidro 2022.
• 6 toros de Juan Pedro Domecq ; présentation indigne de Madrid, sans race ni caste ( seul le 3 est à exclure de ce très triste constat) pour
  • Morante de la Puebla : sifflets et bronca
  • Juan Ortega : silence et salut contesté
  • Pablo Aguado : silence, et silence.
• Douze piques
• Lleno de no hay billetes.

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Toro a toro

Grand lourd mais pas bien foutu le 1er Juan Pedro garde la tête haute dans le capote de Morante. Apres les deux piques, le quite inégal du maestro ne donne pas de signes plus positifs. Un doblone émerge de la première série par le bas .Elle est suivie d’un désarmé dès la 2eme série et d’une bourrasque de vent. Si on ajoute quelques remarques venues des tendidos, Morante trouve les arguments pour abréger et en finir prudemment en 3 essais et un descabello. Les sifflets raccompagnent les deux adversaires.

La bonne série de réception de Juan Ortega fait oublier le temps de ces véroniques la présentation du Juan Pedro limite en ces lieux. Deux piques sans histoire. Le toro s’arrête dans le quite en delantales d’Ortega à la 3ème passe. L’ambiance dans le gradins vire au grognon. Dès l’entame de la faena, le toro est déjà vidé. Toutes les tentatives d’Ortega pour lier quelques muletazos sont vaines. Silence. Les pitos raccompagnent la dépouille.

La prise de contact entre le 3ème toro et son torero Pablo Aguado ne restera pas dans la annales. Deux bonnes piques de Mario Benitez ovationné à sa sortie. Le JPD s’est employé. Belle prestation d’Ivan Garcia aux palos(saluts). Le toro répète ses charges , enfin un! Aguado tout en restant trop sur le passage sert trois séries droitières en rythme mais qui manque de dominio. Avec la main gauche le sévillan perd la tête du toro et le sens de sa faena. Il finit par abréger avec deux mauvais sabres et trois descabellos. Silence.Ovation au JPD.

Avec le 4ème , encore un toro à la présentation contestable. Les coups de tête délivrées n’inspirent pas le capote de l’artiste de La Puebla. La lidia à la pique est bâclée et fait monter d’un cran le mécontentement du public. « Torchonade » vite fait, mal fait avec l’épée de mort qui plus est. L’ambiance monte et Morante décide de pétarder. Un lanceur de coussins anime le moment et se fait expulser des gradins. Madrid touche le fond! Bronca majuscule. Le Juan Pedro repart avec sa bordée de sifflets.

Une paire de cornes ne suffisant pas à faire un toro , le 5ème qui sort lui aussi n’est pas digne de Madrid. Il présente de plus des signes de faiblesse. Deux piques pour la forme. Concours de quites par chicuelinas que remporte Aguado. Miracle, le toro répète ses charges sans trop de chispa et sans classe. Ortega a une main de velours et s’accommode volontiers de ces arrancadas fades. Des détails émergent de la faena mais l’esthétisme et la forme ne sont ils pas un peu vains quand il ne sont pas au service du fond? Entiere au 2nd essai. Les avis se partagent quand Ortega salue.

« Toro, toro » scande le 7 quand sort le dernier. Comment ne pas leur donner raison en cette soirée ? Devant les charges de l’animal au train arrière flageolant, l’ambiance devient délétère. Seul le président semble ne pas voir les problèmes physiques du Juan Pedro. Dans ce cadre avec un public en colère, Aguado insista longuement pour faire coûte que coûte une faena. Le début genoux ployés, excepté, il n’y eut au final que peu de choses à garder en mémoire. Final longuet aux aciers.

Philippe